10ème jour de la tournée des pancartes

de FROSSAY Le Migron à LES MOUTIERS-EN-RETZ

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La deuxième réparation de la chambre aura tenu. Une jolie rustine autocollante, transparente et souple. Le matin, l'éclaircie était de retour. J'ai pu déjeuner dehors et étaler mes vêtements trempés. La progression a été fulgurante. De dégoulinant, je suis passé à humide.

Comme après chaque épisode très pluvieux, ils ont mis des vaches neuves dans les champs. Tout a l'air propre. Le ciel, les maisons, les prés et les animaux.

Le ciel redevenu menaçant après Corsept.

Lumières d'orage sur la basse Loire à Paimboeuf.    

 A Paimboeuf, face à Donges (ci-dessus et ci-dessous).

L'éclaircie aura été de courte durée. Après CORSEPT, la pluie a remis ça. Pendant que je me vêtais d'imperméables de la tête aux chevilles (pas les pieds ; tant qu'il ne fait pas vraiment froid, ils restent nus dans les sandales), sous un abribus don du département, une dame et sa fille, en automobile, se sont arrêtées et m'ont proposé leur aide. Il m'a fallu insister pour décliner. La solidarité manifestée est rassurante. Le jour où ça n'ira pas, il y aura des humains pour ne pas me laisser crever au bord de la route. C'est mieux.

Je me suis résolu à prendre Vélocéan sur une portion de sa partie sud-Loire. Le parcours est très tourmenté, quelquefois cahoteux, souvent trop pentu pour un vieux cyclo-campeur chargé, mais sécurisé. J'ai noté que le poids des « obstacles » a été sensiblement augmenté. Les précédents étaient déplacés par des riverains fâchés de devoir céder du terrain à ces petites choses où pédalent des bizarres qui ne sont même pas d'ici. Les rafales de vent d'ouest en haut des côtes à fort pourcentage n'ont pas réussi à me faire repartir en marche arrière, mais tout juste.

À PORNIC, passée l'invraisemblable pente pour sortir du parc où même un vélo à assistance électrique a coincé (encore un coup du club des saboteurs d'aménagements pour vélos – CSAVÉ, prononcer « Csavé », et fabriquer tous les jeux de mots approximatifs possibles avec ce pseudo-sigle d'une pseudo société secrète), et les encombrements du vide-grenier organisé sur Vélocéan avec parkings sauvages et piétons dans tous les sens (la section pornicaise du Csavé est décidément très active), je me suis reposé un instant près du port.

A Pornic, deux silhouettes près du port.

Je vis deux silhouettes près de vélos chargés, recouvertes de K-Way avec des casques sur les capuches et des barbes dedans. Les deux jeunes chiliens ont fini par venir taper la causette, dans un français remarquable. Ces éléves ingénieurs à LYON, au terme d'une année prise de tête ont acheté chacun un vélo Peugeot des années 70, pour 15 € l'un et 30 € l'autre. Ils sont partis vers le midi, ont fait le canal éponyme, ont rejoint Bordeaux, visité les Landes par les pistes, sont remontés par l'île de Retz et arrivaient à PORNIC 1850 km plus tard, décidés à rentrer en ayant vu au passage les châteaux de la Loire. Sans un rond ou presque. Dormant à l'écart des campings, sous une bâche.

Nous avons longuement causé matériel français des années 1970 et antérieures. Sans être un puits d'histoire, mais profitant lâchement d'en avoir vécu un peu plus qu'eux, et lu Rebour et quelques autres, j'ai pu leur dire des trucs sur leurs équipement : moyeux Maxicar, freins Mafac Racer, dérailleurs Huret, etc., que ces composants étaient faits pour durer, la preuve, et que leur choix était excellent. Il n'était pas le seul fruit du hasard et de la nécessité. Ils faisaient partie de l'association des cyclistes urbains de LYON et participaient aux ateliers-vélos. De fins connaisseurs déjà, passionnés de culture, de technique, d'histoire et de rencontres, sereins et gais. Des vrais cyclotouristes.

Leur voyage les avait ravis, en tant que moyen économique, riche de rencontres, de paysages, de découverte de la France. Après une bonne heure à babiller, sans autre sujet que le vélo, son histoire et son présent, nous nous sommes quittés heureux de nous être croisés. Ils sont repartis vers le nord, et moi vers le sud, face au vent de plus en plus déchainé.

 Les deux jeunes chiliens à leur retour à Lyon, au terme de leur périple de 32 jours et 2680 km.

La tenancière du camping des MOUTIERS-EN-RETZ m'a gentiment attribué un grand emplacement bien à l'abri des rafales assez fortes pour décorner un cocu. Un voisin en a profité pour venir y garer son automobile après m'avoir demandé l'autorisation, et non sans m'avoir causé vélo et voyage, et matériel et tout et tout, pendant un bon moment. Le temps continuant d'être assez moyennement plaisant, la conversation fait passer le temps, même debout sous la pluie et dans le vent, plus agréablement que tout seul au fond d'une guitoune de moins d'un mètre de haut. La solitude est plus belle au soleil. Je suis allé ensuite me gaver d'une grosse pizza au restaurant du camping. Na. J'ai fait pour finir quelques photos du rayon de soleil sur la baie. Belle journée.

Rayon de soleil au coucher aux Moutiers-en-Retz entre deux coups de vent.

Suite et fin de ce voyage : 11ème jour de la tournée des pancartes et bilan

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