le retour

Un bon appétit et un sommeil de qualité au retour d'une randonnée sont des indices d'une sortie justement dosée pour Paul de Vivie dit Velocio. Le retour d'un voyage à vélo obéit au même principe. L'envie de raccrocher le vélo au clou et de l'y abandonner démontre une gestion approximative de la dernière partie de la tournée qui n'a pas été conduite conformément aux possibilités du cycliste.

Un délai raisonnable entre la fin prévue du voyage et la reprise du travail permettra d'envisager sereinement un problème mécanique éventuel, un temps de chien (animal que l'on ne met pas dehors quand le voyageur à vélo pédale encore), un petit problème de santé, etc. qui ont vite fait de faire « perdre » un jour ou deux. Faire trois étapes au lieu des deux dernières prévues permet une arrivée pacifiée avec une mine moins décatie. Ce temps sera aussi utilisé au nettoyage et au rangement. Le retour fait partie de la préparation du voyage suivant.

Tel le cow-boy au sortir d'une longue chevauchée, le voyageur à vélo a besoin d'un bon bain chaud. J'en ai entendu dire qu'une douche progressivement refroidie était plus tonique. Faut voir. Je n'ai pas besoin d'être tonique pour aller dormir. Le bain chaud est souverain pour des muscles un peu raides et les petites misères de la peau : piqûres d'insectes, échauffements... La Biafine fera le reste, sauf problème plus durable.

Le vélo également a besoin d'un grand nettoyage, tout comme les vêtements, les sacoches et le matériel de camping. Le voyage à vélo par tous les temps est une épreuve, même si tout est fait pour la rendre aussi insouciante que possible. La pluie cochonne tout. Le beau temps génère la poussière. Les jantes sont recouvertes d'un mélange cacadeux de boue et de graisse. Les sacoches sont verdies par les arbres où la machine a été posée. La guidoline peut avoir été arrachée par un barbelé. Les boulons non chromés peuvent être rouillés.

Curieusement, certains cyclistes au long cours aiment à trimballer leur tas de ferraille couvert de la glorieuse poussière de leurs voyages antérieurs. Si vous en faites partie, nettoyez au moins les transmissions (chaîne, pignons, plateaux, dérailleurs, câbles), les patins de freins et le flanc des jantes pour maintenir l'état de marche ; il est vrai que le reste relève davantage de l'esthétique. Encore qu'un point de rouille non traité sur un cadre peut avoir de fâcheuses conséquences.

« Plus un vélo a l'air pourri, moins il est volé » entend-t-on parfois. Ce n'est peut-être pas complètement faux. Néanmoins, je ne dispose pas de statistiques sur le vol en fonction de l'état apparent. Je ne suis pas non plus convaincu que la crasse remplace un bon antivol.

On commencera par un bon coup de balayette bien partout, suivi d'un lavage au chiffon humidifié avec de l'eau additionnée de savon de Marseille ou d'un peu de produit vaisselle. Si besoin, un dégraissage au savon noir permet de faire disparaitre les taches d'huile. Puis on rince, surtout pas avec un jet à pression pour ne pas faire entrer d'eau dans les roulements. Une fois sec, on attaquera la bécane au chiffon. Un beau vélo se nettoie comme une vulgaire voiture, à ceci près que la quantité de produits utilisée fait qu'un flacon suffit par décennie. Tout sera essuyé, voire lustré, du cadre aux jantes et aux pneus. La transmission est traitée comme le soldat entretient son arme : nettoyage, huilage, essuyage. Voyez cette page pour les détails pratiques le nettoyage du vélo et le rangement du bazar

Les accessoires spécifiques au portage (porte-bagages, notamment surbaissés) pourront être démontés - sauf si vous utilisez votre vélo pour aller acheter des packs de lait au supermarché - traités à l'antirouille et à la peinture si nécessaire, et leur boulonnerie graissée. La tente sera séchée, éventuellement lavée et réimperméabilisée. Les sacoches seront nettoyées, les sangles en cuir graissées. Etc.

Bref, tout sera prêt à repartir, dans les meilleures conditions de sécurité et d'agrément, et sans avoir à s'exciter pour retrouver tous les trucs et les machins au moment de la préparation du voyage suivant.

Le retour est aussi l'occasion de constater l'absence de douleurs particulières. Qu'une certaine bonne fatigue générale se fasse jour est assez normal, et plutôt agréable. En revanche, des problèmes de nuque raide, de mains ou de cuisses encore douloureuses le lendemain de l'arrivée sont des signes d'une position à rectifier. Rouler pendant des heures chaque jour des semaines durant est un banc d'essai sans appel. Le moindre défaut est amplifié par la répétition.

Après, tout étant mis au net, on s'occupera des activités touristiques standard : montrer ses photos, raconter son aventure... On peut aussi ne rien montrer ni raconter. Mon voyage est d'abord une affaire personnelle. Le but de mon voyage, c'est le voyage. L'après du voyage a encore moins d'intérêt que le but.