le chien et le château

Bonsoir l'ami,

Je te joins mes remarques sur le parcours du jour afin que tu puisses les intégrer dans notre nouveau livret des circuits du club.

Si les indications des routes et des lieux sont celles que j'ai pu vérifier ce matin, je suis un peu moins assuré que d'habitude de l'exactitude de mes indications sur les kilomètres.

En voici les raisons. Ce matin au départ, il faisait plutôt frais (entre 0 et 1° C). Je me suis donc arrêté moins souvent que par temps moins froid, pour ne pas risquer l'onglée. La première partie du parcours, à peu près la moitié, a donc des kilométrages portés de mémoire qui, sans être faux, peuvent être approximatifs.

Pour la deuxième partie, ça relève de la (toute) petite aventure dominicale. Dans la côte, en arrivant à Vigneux-de-Bretagne, un gros chien brun aboyait au milieu de la route en me regardant venir. J'usais de mon organe vocal pour tenter de le persuader de bien vouloir me laisser passer, mais sans succès. Je stoppais. Je lui causais, il aboyait. Nous étions à dix mètres l'un de l'autre, donnant chacun de la voix, sans céder de terrain ni chercher à en gagner. La situation était bloquée. 

Arriva un monospace de marque allemande, dont le conducteur klaxonna. J'expliquais la situation à la dame au volant, qui me proposa derechef de passer au travers du parc de son château pour que je n'ai pas à affronter le molosse, qui avait l'air plus effrayé que méchant. Comme je ne suis pas non plus très courageux face aux grosses bêtes pleines de dents, l'addition de nos peurs aurait pu conduire à l'agression. Je redescendis donc la pente, précédant la dame et son monospace, prenait à gauche l'allée menant au château, où elle me dépassa. 

Plusieurs allées se présentaient. Je pris à droite. Une voiture vert kaki arriva à ma rencontre. L'homme qui la conduisait, qui avait une tête de brave homme, me demanda si je n'avais pas vu deux chiens. Je lui fis le descriptif de celui qui m'avait barré la route, sans le lui préciser. Il me dit que c'était sûrement un des deux qu'il recherchait, un labrador (je n'avais pas reconnu un labrador, mais il est vrai que je suis nul en marques de chiens). Si le maître est brave, le chien ne doit pas être bien méchant.

L'allée conduisait à des maisons contemporaines, rien à voir avec le château recherché. Je fis demi-tour et en choisis donc une autre. J'aperçus à ma droite, dans une clairière, une vingtaine de jeunes gens, portant presque tous la même chemise grise et s'affairant à faire un feu produisant surtout de la fumée à cause de l'humidité. Sans doute des scouts ou quelque chose du genre. Le plus jeune courut vers l'allée où je passais et me déclara : "la dame m'a dit de vous dire que c'est bien par là et qu'il faut que vous continuez jusqu'au château pour passer de l'autre côté". La dame est décidément organisée.

Je continuais donc, et découvris le château de la Bretonnière, charmant logis de granit gris en forme de L, niché dans une vaste prairie entourée d'arbres. La prairie s'achève en contrebas par un étang beaucoup plus grand que celui du Parc de Procé. La dame m'attendait sous les arches de pierre qui soutiennent une des branches du L. Elle m'indiqua le chemin qui menait à la petite route permettant de rejoindre le cimetière de Vigneux. Elle m'informa que son chien que nous apercevions dans l'allée était un épagneul breton (journée faste pour progresser dans les marques), répondait au nom d'Absinthe et n'était en rien agressif. Je la remerciais de son amabilité, tout en la félicitant de l'agrément de ce cadre qu'elle m'avait permis de découvrir.

château sans rapport avec le texte, mais château quand même

Château mayennais, sans rapport avec ce texte, mais château quand même.

Je n'ai rencontré ensuite ni farfadet ni troll ni même un chat, rien qu'un prosaïque mobilhome au sortir d'une allée un peu boueuse où il me fallu porter ma monture légère du dimanche qui n'est pas conçue pour ce type de terrain.

Merci le chien, et merci le hasard. Sinon quelles chances aurais-je eu de voir de près ce si beau petit château, perle de granit dans son écrin de verdure, alors même que j'en suis passé à proximité bien des fois ? Merci surtout à la dame prévenante pour le pauvre cycliste craintif. Et merci aussi au vélo. Il est plus que probable que ma toute petite aventure, dépaysante à souhait par un dimanche hivernal et grisâtre, ne me serait jamais arrivée avec un autre moyen de promenade.

Évidemment, ma moyenne s'en est ressentie. Pas dans l'absolu, un demi ou un kilomètre-heure de plus ou de moins a depuis longtemps cessé de faire partie de mes préoccupations, mais en relatif ça fait quelques pour cent. Tant pis. Quant au kilométrage sur l'itinéraire, c'est du reconstitué, mes écarts par rapport au circuit prévu ayant un peu perturbé mes calculs.

Voilà, c'était ma rédac de ce dimanche pour expliquer l'éventuelle approximation de mes reports d'indications kilométriques sur le descriptif du circuit circulaire nord 75-1.

Bien à toi,

On aura compris bien sûr que ces lignes datent de bien avant l'arrivée du GPS qui rend obsolète les repérages.

Tour de france cyclisme 1900