FFCT 2018 19 20 l'embrouille des formules et du certificat

Houlà ! Il a l'air bien long ton texte dans cette page. Y'a rien à colorier, et très peu de photos. Tu pourrais nous faire un résumé ? Suffisait de demander...
La fédération française de cyclotourisme instaure pour 2018 trois formules de licence au lieu d'une seule auparavant. Elle le présente comme une conséquence des aménagements suite à l'obligation d'un certificat médical pour tous, obligation obtenue par les assurances. La fédération était déjà favorable à ce certificat. Il est probable que, tôt ou tard, le certificat sera effectivement obligatoire pour tous les pédaleurs. Les estropiés seront alors de fait virés des activités pédalantes des clubs de la FFCT.

La Fédération française de cyclotourisme (FFCT) instaure pour 2018 trois formules de licence. Avant, il n'y en avait qu'une. Voici la hiérarchie, telle que recopiée sur un document de cette fédération :

  1. Balade : cette formule, pensée pour une pratique douce et familiale permettra aux licenciés de participer aux événements FFCT et de bénéficier de l’assurance sans avoir besoin de fournir un certificat médical. 
  2. Rando : idéale pour une pratique régulière du cyclotourisme, cette formule convient aux licenciés qui ont l’habitude de rouler sur toutes distances. Elle donne accès à toutes les manifestations fédérales. 
  3. Sport : cette formule, identique à la formule Vélo Rando, ajoute la possibilité de participer, en plus des événements cyclotouristes, à des cyclosportives (donc hors FFCT).

Avant, une seule formule de licence. A partir de 2018, trois formules. L'assurance liée à la licence a elle-même trois formules, combinables avec chacune des formules de licence. Voici le petit tableau simple des prix des licences ffct 2020 (hors cotisation club) et de ses trente-deux possibilités Tarifs pour une licence clubs saison 2020Tarifs pour une licence clubs saison 2020 (110.34 Ko)  A ces joyeusetés, viennent donc s'additionner les certificats médicaux, dans les cas 2 et 3, à produire tous les cinq ans en 2 et tous les ans en 3. Bonjour la gestion ! Il faut quitter l'amateurisme gentillet pour entrer dans l'époque des dirigeants compétents. Finie l'époque où la bonne volonté et le souci de rendre service suffisaient. La FFV se veut une fédération sportive comme les autres, inscrite dans des olympiades et tout ça. Pour une activité sans compétition ? Ben oui ! On remarque l'estampillage Fédération Française de Vélo, le cyclo tourisme se cache, ringardisé.

Balade  Brevet audax  Competition  Chute

balade, rando, sport : choisis ton camp camarade !

La gestion du bazar est l'affaire des gestionnaires, c'est entendu. Elle est aussi hélas celle du croyant pratiquant quand il doit choisir. Je ne suis pas convaincu que cet embrouillamini encourage les vocations de dirigeant de club de cyclotourisme. Et d'ailleurs, pourquoi cette multiplication des formules ?

L'obligation du certificat médical en août 2016.

En août 2016, parait un décret relatif au certificat médical attestant de l'absence de contre-indication (CMNCI) à la pratique du sport. La notice introductive résume bien : "le décret fixe les conditions de renouvellement de la licence sportive et énumère les disciplines sportives qui présentent des contraintes particulières pour lesquelles un examen médical spécifique est requis. Il prévoit que la présentation d'un certificat médical est exigée lors de la demande d'une licence ainsi que lors d'un renouvellement de licence tous les trois ans. A compter du 1er juillet 2017, les sportifs devront remplir, dans l'intervalle de ces trois ans, un questionnaire de santé dont le contenu sera arrêté par le ministre chargé des sports."

Ils nous ont dit "simplification", le ministre en tête. Avant, le certificat était obligatoire tous les ans pour la compète. Et les autres ? Quels autres ? Ceux qui ne font pas de compétition n'existent pas. Toute la presse dans un bel élan panurgique a embrayé sur la "simplification". Quelques médecins ont fait entendre une voix dissonante, pour que les examens demeurent annuels. Les certificats, c'est du chiffre d'affaires quand même... 

Avant août 2016, le code disait déjà : "la présentation d'un certificat médical d'absence de contre-indication datant de moins d'un an est exigée : tous les trois ans lorsque la licence permet la participation aux compétitions organisées par la fédération sportive qui la délivre, tous les trois ans lorsque la licence ne permet pas la participation aux compétitions. Cette durée peut être allongée par les fédérations, après avis de leur commission médicale (...)". 

Le certificat médical devient donc obligatoire, même pour jouer aux boules ou pêcher à la ligne, même pour ceux qui renouvèlent leur licence. Pour les nouveaux, il l'était déjà. Pour les pêcheurs, il semblerait que les anciens adhérents puissent attendre encore un peu avant de voir le docteur pour prendre la mouche.

Peche

Dans un club, ou pour un concours, ceci est un sport de compétition avec obligation d'un certificat médical de non contre-indication à la pratique. De préférence avec un ECG, pour éviter les morts subites. Ils devraient peut-être se tremper la tête (ou autre chose) dans l'eau froide de temps en temps dans le ministère et les fédérations, histoire de retrouver un peu de sens commun.

Mais cette activité débonnaire peut être intense. Voici ce que dit Steve, un canadien (électrifié, horreur!) sur son blog chaleureux et drôle après un passage près d'un canal "Nous avons remarqué que le week-end prochain, il y aura une compétition de pêche géante ici. Tous les sièges sont réservés. Et ils ont déjà leurs panneaux Route Baree (Road Closed), pour contrôler la foule. Cela signifie que les gens que nous voyons ici maintenant ne sont pas seulement assis, ils sont en entraînement intense pour la compétition!" Le certificat serait-il justifié ?

Au fait, pourquoi ce certificat ? Les accidents de santé au cours des pratiques sportives coûtent cher aux assurances. Faudrait voir à ne pas entamer le versement de dividendes aux actionnaires. Même sans actionnaires, mieux vaut être salarié d'une assurance que, au hasard, dans le BTP ou l'agriculture. Je gage sans risque que le lobby n'est pas étranger à ce décret. Comme il se doit, on nous a présenté ça comme une avancée dans la protection des sportifs, en mettant en avant les deux ou trois cas de footballeurs victimes de mort subite, pourtant déjà contraints de présenter un certificat médical... A ce que j'en comprends, la prévention de la mort subite du sportif supposerait a minima que les médecins certificateurs soient équipés d'appareils pour les électrocardiogrammes (ECG). Ils ne les ont pas, et c'est cher. Voyez tous ces pauvres médecins qui font faillite. Alors, ce n'est pas obligatoire. Alors, ça sert à quoi ? Ben à rien. Mais chut...

Le certificat médical déjà souhaité par une bonne partie des instances fédérales.

A la FFCT, les accidents cardiovasculaires sont statistiquement plus fréquents que dans la population générale. C'est embêtant. Comment alors tenir un beau discours sur les bénéfices du "sport-santé" s'il y a des morts ? Pour moi, sport et santé s'opposent. Les sportifs sont des compétiteurs. Ils se cassent à force de charges d'entrainement et de compétitions où leur corps est poussé à l'extrême. Ce n'est pas bon pour leur santé, quand bien même ils seraient tous parfaitement propres. En fin de carrière, ils sont brisés. "Sport" est valorisé par le pouvoir, les médias, et donc la populace. On met "sport" partout, même dans des activités de loisir, comme le cyclotourisme où, en principe, la compétition est interdite.

"Sport", c'est tellement chic et carrément smart qu'il est impossible de s'en passer. On encourage, et même on génère, les comportements compétitifs. J'ai bien souvent entendu dans les groupes FFCT que les côtes à fond, c'est bon pour le coeur, puisque le fractionné est recommandé... Il a été démontré scientifiquement, donc indiscutablement, que l'entrainement de fond était très insuffisant pour être capable de faire du fond. Comment faisaient nos anciens ? Chut...Zola a velo

Et comment je fais avec un organisme diésélisé pour suivre le groupe lors d'une accélération inutile mais où les plus grosses cuisses se mesurent ? On en fait des tonnes ensuite sur la prévention des crises cardiaques dues à ces comportements compétitifs qu'il est malséant d'évoquer. Cherchez vous-même, la banque des documents est si fournie qu'on sent bien la campagne orchestrée par l'état-major fédéral et reprise par les colonels dans les Coreg, les capitaines des Codep et les lieutenants des clubs. C'est juste une image pour les régions, départements et clubs, il n'y a pas de grade explicite à la FFCT. Quand même, les pompiers sont pyromanes, parfois. Relisons La débâcle d'Emile Zola, cycliste et photographe. Avait-il son CMNCI ? 

"Plus que tu vas vite à vélo quand t'es vieux, plus que tu risques de te faire du mal. Fais du tourisme à vélo et sois heureux mon frère." Ah non ! Il n'est pas convenable de s'exprimer ainsi, il convient à l'inverse d'encourager au fractionné et au certificat médical. Cette obsession du cardiovasculaire et du vélo dangereux est clairement inscrite dans le préambule de l'examen médical type datant de 2015  Examen medical 2017 cyclotouristeExamen medical 2017 cyclotouriste (62.6 Ko) : "il s’agit d’un sport susceptible d’amener les sollicitations cardiaques à leur maximum, ce qui constitue le facteur déclenchant de nombre d’accidents vasculaires, coronariens essentiellement." Et les vieux, c'est dépassé, c'est du passé. On veut de la chair fraiche et ferme, comme dans le Petit Poucet.

Le comité directeur de la FFCT et sa commission médicale (ou plutôt "sport-santé", alors que sport et santé sont contradictoires) sont depuis belle heurette majoritairement en faveur du certificat médical obligatoire. Dès 2013, l'assemblée générale de la FFCT avait voté à plus de 60% la résolution suivante : "Seriez-vous favorable à ce que les dirigeants de la FFCT, allant au-delà des obligations du Code du sport, à tous les niveaux, étudient la mise en place d’un “certificat médical obligatoire de non contre indication à la pratique du cyclotourisme” lié à la prise de la licence ?” Juste après une présentation de la dangeorosité du vélo pour les coronaires vue par les sportifs ? De là à penser que la FFCT a suscité les modifications du code du sport, il n'y a qu'un peu de déduction. Et après, ils nous font l'article pour nous dire que c'est pas eux. Mais bien sûr ! Et c'est écrit "benêt à qui on peut faire avaler n'importe quoi" sur mon front. Je le lis tous les matins en me rasant.

Malgré la publicité faite en faveur du CMNCI depuis des années à la FFCT, les pratiquants ne se sont pas précipités. Le président de la FFCT écrivait également : "nous savons qu’en 2016 nous avons plus de 30 % de pratiquants qui disposent d’un certificat médical." (c'est lui qui soulignait) Ce qui revient à dire que 70% des pratiquants n'ont pas présenté de certificat. Le certificat n'était pas obligatoire pour les anciens adhérents. Pourquoi payer ? Le coût d'une consultation chez le médecin pour obtenir ce certificat n'est pas remboursé. Une belle forme d'encouragement à la prévention... Le ministère des sports et celui de la santé s'accordent-ils ? Doutons un peu. Il n'empêche que la manière dont la FFCT présentait la chose visait à anticiper le "petit" effort nécessaire (70% des pratiquants-adhérents...) pour que tous présentent leur certificat.

La FFCT est une grande maison. Je doute qu'elle soit monolithique. Ce dont on n'entend pas non plus parler dans la revue ou le site. N'encombrons pas la petite tête du sportif dont la capacité de réflexion est très limitée. Ne dérangeons pas le pratiquant. Il est tout à fait possible qu'une partie des instances dirigeantes de la fédération soit favorable au certificat, et qu'une autre n'y soit pas favorable. Les uns au nom de la prévention dans un cadre sportif, les autres demeurant adeptes d'une activité de loisir la moins contrainte possible par des paperasseries. Bien d'autres nuances d'opinions sont envisageables. On n'en sait rien. Officiellement, il n'y a pas de débat. Pédalez, y'a rien à voir. Regardez benoîtement les jolies photos dans la revue et les articles convenus sur nos belles régions à visiter en pédalant. Et c'est tout. Tellement insipide cette revue qu'on se s'étonnera pas de la baisse régulière du nombre de ses abonnés. C'est dommage, car une grande fédération a besoin d'une publication dans laquelle les sociétaires (ceux qui font société) se reconnaissent.

3 petits singes

Les rédacteurs de Cyclotourisme ?

Il y a eu des négociations, et le certificat médical est devenu (un peu) moins obligatoire en octobre.

En fouinant, on trouve quand même des choses comme ça : Structures infos 2016. Sous la plume du président de l'époque, on peut lire que "Suite aux différentes actions menées depuis le mois de septembre, un nouveau décret concernant l’obligation d’un certificat médical de non contre-indication (CMNCI) est paru le 12 octobre 2016. Des évolutions ont pu être constatées : le choix possible de la durée du CMNCI pour le sport de loisir, proposition qui sera faite par la commission sport santé, seuls les fédérations et licenciés restent concernés. Depuis plus d’un mois, le Comité directeur fédéral a étudié les possibilités d’évolution de l’offre de nos licences pour tenir compte de l’impact de ce décret." La FFCT dit que les formules de licence sont la conséquence des négociations après l'obligation du certificat médical et de cette obligation, qui posait donc problème à certaines fédérations.

Le ministère des sports résume ainsi l'obligation du CMNCI.

  • L’obtention d’une licence d’une fédération sportive est subordonnée à la présentation d’un certificat médical.
  • La présentation d’un certificat médical d’absence de contre-indication est exigée tous les trois ans, c’est-à-dire lors d’un renouvellement de licence sur trois.
  • Ce certificat médical permet d’établir l’absence de contre-indication à la pratique du sport et mentionne, s’il y a lieu, la ou les disciplines dont la pratique est contre-indiquée. Il peut ne porter que sur une discipline ou un ensemble de disciplines connexes.
  • Si la licence sollicitée ouvre droit à la participation à des compétitions le certificat médical doit mentionner spécifiquement l’absence de contre-indication de la pratique du sport ou de la discipline concernée en compétition.

Avec une exception : les fédérations sportives scolaires pour lesquelles le certificat n'est plus exigé. Exception à l'exception (c'est beau comme de la grammaire antique) : les disciplines à contraintes particulières (ndr : celles où ça castagne le plus et celles où on s'éclate encore plus les artères), pour lesquelles un certificat est exigé comme pour la pratique de la compétition.

Pour être bien sûr, entre les certificats médicaux, on a déjà dit que le décret du mois d'août a prévu que le licencié doit répondre à un questionnaire de santé normé sous la forme d’un formulaire Cerfa n°15699*01. S'il répond "OUI" à l'une des questions, il doit présenter un nouveau certificat médical. L'impétrant licencié garde pour lui le questionnaire et ses réponses, mais atteste sur l'honneur pour renouveler sa licence qu'il a bien répondu "NON" à tout. Une fausse déclaration pour soi-même peut avoir des conséquences, même si ce n'est pas considéré comme un délit de fausse attestation. Cette fausse déclaration peut être regardée comme une escroquerie. Au-revoir l'assurance. Le système est verrouillé.

On a donc trois types de licence fédérales, pour les fédérations sportives en général :

  • les licences de loisir,
  • les licences de compétition,
  • les licences scolaires (sauf pour les sports particulièrement risqués qui entrent dans la deuxième catégorie).

A la FFCT, on retrouve les licences de loisir (= Rando) et les licences de compétition (=Sport). Je note en passant que le sport est donc bien de la compétition. Mais que sont donc les licences du troisième type dite "Balade" ?

Les formules Rando et Sport paraissent conformes.

Pour la formule Rando, le certificat médical est valable 5 ans. La FFCT a décidé de prolonger de deux années supplémentaires la durée de validité dans la formule de licence hors compétition, comme le Code du sport l'autorise. Cette formule est centrale dans le dispositif de la FFCT. Les autres formules sont facultatives "le président de club est libre d’organiser l’activité de son club avec son bureau. Les formules Vélo Balade et Vélo Sport peuvent être considérées comme des options." Un club n'est donc pas obligé de mettre en place la Balade et la Sport.

Je connais des clubs où une attitude sportive suffit à ne pas être admis. Ils ne mettront peut-être pas en place la formule Sport, ce que je trouverais plus clair. Difficile dans mon club, qui n'est qu'une section d'un ensemble plus vaste. On y trouve également une grosse section de compétition, où les plus marchands espèrent depuis toujours recruter de futurs cyclotouristes. Ils ne voient pas que les cyclotouristes sont de plus en plus nombreux (regardez, par exemple, les statistiques de fréquentation de la Loire à Vélo), mais de moins en moins à la FFCT. Voyez mes amis. La cohabitation avec les sportifs ne pose aucun problème. Ils ne mordent pas.

Je ne vois aucun intérêt à la formule Sport, sauf pour aller manger dans la gamelle des autres fédés dont les clubs sportifs viennent grapiller dans le ratelier de la FFCT en organisant aussi des sorties de vélo sans compétition. Que les épiciers se débrouillent avec leurs épices. Les clubs FFCT avec de nombreuses licences Sport se sentiront valorisés. Le sport, c'est plus bien mieux. Le sport, c'est jeune, viril, et, de nos jours, encore plus "in" car dans le ton des premiers de cordée, pas comme ces gens de rien qui se baladent sans faire beaucoup d'efforts dans les gares et le long des canaux sur des gros vélos avec plein de sacoches.

La formule Balade, pour balader la réglementation ou juste pour différer l'obligation ?

Comment la FFCT a-t-elle pu créer (ou plus exactement conserver) une telle formule Balade, pour laquelle ni certificat médical ni questionnaire de santé ne sont exigés et ceci en contradiction apparente avec le Code du sport, d'autant qu'aucune activité n'est a priori interdite avec cette licence Balade ?

Les images peuvent être agrandies en cliquant dessus.

Codes couleurNiveaux pratiques

Plus de détails sur ces cotations dans ce gros PDF : Tourisme a velo referentiel nationalTourisme a velo referentiel national (7.46 Mo)

La foire aux questions sur les licences est explicite : "La formule Vélo Balade invite les licenciés à accéder aux parcours vert et bleu lors de leurs randonnées ou événements FFCT. Cette cotation reste une valeur indicative. Chacun est libre du choix de ses circuits selon sa propre capacité." En d'autres termes : FAIS CE QUE VOUDRAS, comme Gargantua. Rabelais ajoutait : "car des gens libres, bien nés, biens instruits, vivant en honnête compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse toujours vers la vertu et retire du vice; c'est ce qu'ils nommaient l'honneur." Belle marque de confiance à l'égard des pratiquants baladeurs. Le Tableau des licences 2018 ffctTableau des licences 2018 ffct est également explicite sur l'absence de CMNCI pour la formule balade a priori ad vitam aeternam, aucun délai n'étant indiqué.

Dans cette même réponse, la FFCT insiste pour que tous soient accueillis au sein des clubs, y compris les mal foutus, les éclopés et autres conjoints, débutants et adhérents ayant des problèmes de santé : "Toutefois la formule vélo Balade est un moyen d’accueillir les débutants et constitue un signe de la volonté d’accueil du club. Cette formule est aussi destinée aux conjoints souhaitant participer à des séjours organisés par le club, ainsi qu’à des adhérents ayant des problèmes de santé qui souhaitent rester en contact avec le club en prenant une licence alors qu’il leur serait difficile d’obtenir un certificat médical."

A ce stade, je suis ravi. Tout cela me convient parfaitement. Une lègère paranoïa, tenant compte d'expériences antérieures, me souffle malgré tout qu'il ne faut peut-être pas être le ravi de la crèche dans cette belle affaire. 

Il est possible que nos instances disposent de compétences juridiques pointues (j'espère qu'elles existent en effet), qui lui auraient permis de s'abstraire de la réglementation. En principe, chacun des niveaux ne peut prendre de décisions qu'en conformité avec les règles du niveau supérieur. A moins que la FFCT, et les pêcheurs à la ligne, ménagent le présent pour que l'avenir arrive moins brutalement.

Je n'ai pas lu tout le Code du sport. Juste les articles cités. Je n'ai pas consulté tout le tintouin des arrêtés et encore moins les éventuelles circulaires qui précisent tout ça pour le commun des mortels. J'ai parcouru et picoré ici et là. J'ai bien vu par exemple que l'assurance est obligatoire. Le contraire m'aurait abasourdi et aurait anéanti tout ça que je viens d'écrire.

Je m'étonne quand même de cette formule Balade, sans aucun certif ni questionnaire pour un temps indéterminé.

  • Soit la FFCT jette par dessus les moulins le parlement et ses lois, le ministère et ses décrets, dans un mouvement de révolte résolument rock'n roll qui ne lui resssemble guère (Monsieur Lamouller, maintenant vice-président en charge de la communication institutionnelle serait plutôt du genre à dénoncer ses petits camarades comme en atteste la fin de cet article d'Olivier Razemon), mais les collègues du ministère des sports pourraient faire vinaigre quand ils s'en apercevront, et ce ne sera pas bon pour la fédération des cyclotouristes.
  • Soit il y a un trou dans la raquette réglementaire, que les compétences fédérales ont vu et où elles se sont engouffrées pour que les bienheureux baladeurs continuent de se balader sans CMNCI ni questionnaire. J'ai du mal à le croire dans le contexte et du mal à penser que les juristes rédacteurs des lois et décrets et arrêtés auraient laissé un trou aussi béant, quand bien même errare humanum est.
  • Soit la licence formule Balade a une durée de vie limitée, mais on n'ose pas nous le dire pour ne pas susciter de protestations (70% sans certif et des habitudes de liberté). Je pencherai assez pour cette dernière hypothèse, sans avoir la possibilité de la vérifier. La logique y incite pourtant, car toutes les briques sont prêtes : différenciation des formules, différence sémantique entre "adhérents" et "pratiquants", cotation des parcours... On nous opposera que rien n'est changé, que l'on peut choisir, bla bla bla. La place a été nettoyée. Le semi-remorque de la fédé est passé. Ils ont tracé les limites pour chaque groupe et déposé toutes les ganivelles. T'as qu'à croire qu'elles serviront à rien les limites et les barrières. Pour qui nous prend-t-on ? J'ai une réponse, mais chut...

Barriere galva

L'hypothèse qui semble bien avoir été préparée.

Dans cette hypothèse vers laquelle un faisceau d'indices concordants nous dirige logiquement, un moment arrivera où le certificat médical devra être produit. Alors, faute de pouvoir obtenir un papier attestant de leur conformité, les handicapés dans mon genre ne pourront plus prétendre à faire partie de la société, seront rejetés dans les limbes des inadaptés, expulsés hors les murs, frappés de bannissement. excommuniés de la communauté des pratiquants. Les handicaps visibles pourraient être admis, pour donner le change, contenter la galerie et ne pas déjuger trop vite les naïfs qui se sont impliqués dans Arc-en-Ciel Aventure ou le Sport pour tous. Le terme de "pratiquants" prend sa signification. Les diverses rédactions pour exposer ces nouvelles formules de licences y préparent. Les handicapés, par l'âge, ou les diminutions physiques ou psychiques de diverses sortes, pourront quand même "rester en contact". Ils seront généreusement autorisés à être de gentils adhérents, mais ne seront plus de glorieux et vaillants pratiquants. Les mots ont un sens, et les formules aussi. Verra-t-on bientôt fleurir des "pratiquants" et des "dirigeants", comme à la FFC ? La FFCT semble bien en prendre le chemin. Les "adhérents" seront résiduels, au moins quelques temps ou à titre de caution de charité.

Oui, je sais, on avait écrit avant sur le vélo à assistance électrique, en avril 2015, dans la rubrique Santé : "L’intégration du VAE pour tous les usagers en général ne devra pas occulter l’aspect santé. La pratique du VAE c’est aussi une possibilité pour accueillir les personnes ayant des problèmes de santé ou physique. Cet impact devra être préservé pour permettre de promouvoir le maintien le plus longtemps possible de la pratique du cyclotourisme auprès de ces personnes, et pouvoir ainsi leur permettre de prolonger ou d’intégrer la pratique et la vie en club." Cette formulation me convenait complètement. Mais ça, c'était avant... Ce n'est pas de notre faute. C'est l'obligation du certificat.

Nous, on est généreux, ouverts, empreints de compassion, de charité et de commisération. Voyez toutes les belles actions que nous faisons pour accueillir les estropiés, les aveugles sur des tandems, les hémiplégiques, paraplégiques et tétraplégiques avec des brouettes à pédales, les vieux et les autres diminués avec des VAE. Là, on ne peut plus, c'est le certif. Ils pourront rester en contact, coller des timbres, passer la serpillière après le départ de nos vaillants et glorieux sportifs, venir baver dans leur assiette au repas annuel du club. Mais pratiquer, non, vous n'y pensez pas sérieusement. Le vélo dans une fédération, c'est le muscle avant tout, l'entrainement conduit scientifiquement, la volonté qui peut tout plier, les rassemblements de vélos légers et rapides, la supériorité de l'homme blanc. Nous sommes une fédération sportive tout de même. Pour les autres, voyez avec la FFSA (non, pas les vroum-vroum, les autres) s'il vous manque des bouts dans la tête, et créez une autre fédé s'il vous manque un bras, une jambe, un poumon ou si votre coeur a des ratés. 

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Sportif en fin de randonnée.

L'avenir dira qui a raison, de la subtilité de la fédé pour maintenir les handicapés parmi les vivants, ou de la malignité de la fédé pour ne pas dire ce qui va leur arriver.

Les choses évoluent peut-être dans les têtes et les pratiques. Je ne vais plus aux semaines fédérales. Ces organisations sont très lourdes, et inadaptées aux cas particuliers dont je fais partie. C'est peut-être dommage car mes dernières participations m'avaient amplement montré que les traditionnalistes musculaires aux concepts hérités des années 1930 (du sport ! du muscle ! du dépassement de soi ! du mépris pour les diminués !) avaient complètent tort à propos des pratiquants du VAE, que j'ai vus être surtout des estropiés, des dames et des vieux, tous aimables et conviviaux touristes à vélo,

Je ne lis plus la revue fédérale, à force d'agacements face aux erreurs répétées sur les VAE démontrant l'absence de culture et de relecture sur le sujet. Le monolithisme apparent ne me désole pas moins. Il est bien pire que dans tout syndicat ou parti politique, sauf en Corée du Nord. L'absence totale de tout débat ou de nuance d'opinion, sauf sous la forme de lettres de lecteurs que l'on distille avec soin en fonction de ce qu'on veut faire voir ou croire sans s'engager le moins du monde est invraisemblable et donc insupportable. Aucun groupe humain ne fonctionne ainsi, ne pense ni ne se pense ainsi. Quelle triste et minuscule idée de la démocratie se font les instances. Elle traduit une peur de toute forme de débat. On dirait des musulmans extrémistes, ou des catholiques traditionnalistes, face à une femme libre. Je ne vois aucune évolution dans la charte. Elle est très difficile à trouver sur le site de la FFCT-FFV. Cette charte s'adresse au pratiquant du VAE, ce dernier terme étant inconnu dans le code de la route. Ce n'est pas grave en soi dans un contexte sain et équilibré, c'est significatif dans un contexte putride.

Je n'ai aucun souci dans mon club où les ami-e-s sont des braves gens qui estiment les autres d'après leur pratique et non à partir de l'idéologie mortifère qu'ils projettent sur leur matériel. Des comités départementaux, et peut-être régionaux, sont souvent bien plus ouverts, mais la fédération demeure d'apparence rigide, en poursuivant un chemin inexpliqué.