On croyait que. Et puis finalement, les progrès ont fondu. La preuve par l'embrouille des formules.
Les nets progrès de la nouvelle charte 2014 VAE de la FFCT
Les avancées par rapport à la version antérieure au 20 septembre 2013 sont notables et je les salue comme elles le méritent. Le texte complet de la nouvelle charte est proposé à la fin de cette page.
Un engagement sur l'honneur suffit.
L'utilisateur de vélo à assistance électrique (VAE), que d'autres nomment vélec ou pédelec, n'est plus a priori un tricheur. Il atteste sur l’honneur d'une difficulté à la pratique du cyclotourisme sur une machine classique mue par la seule force musculaire, du fait de l’état de santé ou de l’âge nécessitant l’usage d’une machine à assistance électrique. Le rappel des dispositions relatives à l'assurance et la transmission des documents qui suit est tout à fait bienvenu.
L'usage du VAE demeure limité aux sorties individuelles, cyclos-découvertes, sorties de club, manifestations de cyclotourisme organisées par la Fédération française de cyclo-tourisme (FFCT). Je ne comprends pas a priori si la participation aux brevets sportifs est autorisée ou non. Sont-ils ou non "des manifestations de cyclotourisme" ? Personnellement, je m'en badigeonne le nombril avec le pinceau de l'indifférence, n'ayant rien à y faire, mais ce serait juste pour savoir. J'espère que les voyages itinérants sont inclus dans les manifestations autorisées.
Le nota bene sur l'exclusion de tout encadrement ou stage de formation de cadre fédéraux demeure. Pourtant, si un des usages du VAE est d'éviter des accidents cardiovasculaires, il pourrait ne pas être inutile d'apprendre un peu à s'en servir, et donc que des moniteurs fédéraux apprennent à apprendre aux autres.
Je continue d'être inquiet face à la possibilité d'exclusion de l'usager d'un VAE par le président du club ou du comité départemental FFCT, sur des motifs toujours aussi vagues (« les principes fondamentaux du cyclotourisme ») et sans mention de la possibilité du contradictoire ou d'un appel, d'autant que la gradation de la peine n'existe pas non plus. Cette « justice » me paraît bien expéditive et peu digne d'une démocratie.
On devine que le VAE ne devant pas être modifié est celui que le décret du 30 avril 2009 nomme « cycle à pédalage assisté », bien que ce ne soit pas spécifié. Il eut été plus clair de faire référence à l'article R311-1 du code de la route, et notamment au point 6. 11 qui le définit ainsi : « cycle équipé d’un moteur auxiliaire électrique d’une puissance nominale continue maximale de 0,25 kilowatt, dont l’alimentation est réduite progressivement et finalement interrompue lorsque le véhicule atteint une vitesse de 25 km/h, ou plus tôt si le cycliste arrête de pédaler. » Reconnaissons que le code de la route n'est pas non plus très cohérent et limpide puisqu'il s'obstine à considérer comme cycle ce qui est mû par la seule force musculaire au point 6.10 du même R311-1, tout en ajoutant au point suivant un "cycle à pédalage assisté".
L'utilisateur d'un VAE peut maintenant être dans le groupe.
Cette modification est essentielle à la convivialité naturelle au sein d'un groupe de cyclotouristes. La version précédente du règlement contraignait le cycliste assisté électriquement à demeurer systématiquement à l'arrière du groupe. Avec ses copains sur la route, il faisait déjà comme il voulait le cycliste handicapé et assisté. Là, le règlement devient acceptable. On lit certes que la crainte du VAE derny existe encore à la FFCT dans l’interdiction de se tenir en tête du groupe. J'y vois surtout une survivance presque à l'état de trace archéologique de la Grande Peur antérieure du VAE pulvérisant les records de moyenne dans... quoi au juste ? Les cyclo découvertes et les randonnées FFCT où aucun classement ni chronométrage n'est fait ? Quand je pense que j'aurais pu conduire une cyclo découverte à une semaine fédérale. Il m'aurait fallu trouver quelqu'un en vélo sec pour rouler juste devant mon VAE.
La limite maximale des 60 km par jour avec un VAE a disparu.
On voit que le regard a mûri, et sans doute que quelques bons offices ont agi. Peut-être aussi que des responsables ont changé, et les gens intelligents qui sont restés ont changé d'opinion et/ou ont réussi à faire basculer une majorité dans le bon sens. Les deux dispositions qui constituaient des discriminations à l'égard des utilisateurs contraints d'un VAE, les invalides, c'est-à-dire l'obligation d'être toujours à l'arrière du groupe et l'interdiction de faire plus de 60 km par jour ont été versées dans les poubelles de l'histoire. Je n'oublie pas davantage la disparition du caractère provisoire de l'utilisation d'un VAE, puisqu'il est indiqué que l'usage d'un VAE résulte de l'état de santé ou de l'âge qui, malheureusement, peuvent être des états permanents.
Certes on pourrait chicaner sur un ou deux points plus mineurs ici ou là, peut-être la liste des manifestations autorisées aux VAE, ou plus certainement le caractère expéditif de la justice au sein de la FFCT à l'égard des utilisateurs de VAE (le traitement des justiciables dans la fédération est peut-être le même que l'on utilise un VAE ou non). Cependant, de mon point de vue, on ne peut plus parler de discrimination à l'égard des handicapés à la FFCT.
Une cohérence bienvenue...
Cette profonde modification positive du règlement relatif à l'utilisation du VAE donne aussi de la cohérence aux positions de la FFCT sur la santé ou le handicap.
Le corps humain se porte mieux quand il bouge. Georges Renaud, de l'Académie française, écrivait en 1891 : "(...) l'homme complet, harmonique, doit être athlète autant qu'artiste. Et puisque le vélocipède y aide, vive le vélocipède. Sans fausse vergogne, je le crie, dussent en crever de rire les ventrus assis sur des couronnes en caoutchouc, les ankylosés de cabinet, les anémiques confits dans l'air confiné, les lamentables sédentaires au front d'hydrocéphale et au cul de plomb et puisque le vélocipède y aide, vive le vélocipède." J'ajoute : puisque le VAE y aide, vive le VAE !
... côté santé,
Le risque cardiovasculaire fait l'objet d'une campagne et de préconisations. Le taux de décès par accident cardiovasculaire est plus important à la FFCT que dans la population générale. La modération de l'effort est sans doute un peu plus difficile à acquérir chez des personnes qui ont du mal à accepter de vieillir, à cause de leur passé de sportif. Il peut aussi être tentant en groupe de chercher à suivre ceux qui sont devant, d'autant que les adhérents de la FFCT, dans une proportion importante, jouent à la petite course. De plus, les débutants relativement âgés (plus de 45 ans pour l'homme et plus de 50 ans pour la femme), sans bilan médical préalable à la reprise d'une activité physique, se connaissent mal et peuvent commettre des erreurs graves. Je demeure néanmoins réticent à l'obligation d'un certificat médical, tout en étant partagé entre la nécessité de prévenir et celle de préserver une certaine forme de liberté individuelle que les assurances et les certificats médicaux grignotent.
On trouve sur le site de la FFCT, sous la plume de Jean-Michel Richefort, directeur technique national : « La fédération a entamé une campagne nationale de prévention des risques cardiovasculaires pilotée par le médecin fédéral et relayée dans les structures par les médecins de ligue et les éducateurs fédéraux. ». Cette action est effectivement déclinée, comme par exemple ici par le médecin de la Ligue FFCT des Pays de la Loire, Jean-Luc Langeron, qui écrit très justement qu'il convient "[d']éviter à tout prix un esprit de compétition" : http://paysdelaloire.ffct.org/sante/projet.htm
... et côté handicap.
La fin de la discrimination permet aussi une cohérence par exemple avec l'action Arc en ciel aventure, qui se déroule sous l'égide et avec l'aide financière de la FFCT. Cette action veut donner un autre regard sur le handicap et proclame : « Le cyclotourisme, outre ses valeurs traditionnelles, se doit d’être moteur de solidarité, d’intégration et de reconnaissance. » Ça va mieux en le disant, et plus encore en le faisant.
Les actions concrètes peuvent se voir par exemple sur le site de La Voix du Nord dont des articles rendent compte de l'activité de Jean Desombre : http://www.lavoixdunord.fr/region/bois-grenier-jean-desombre-organise-des-circuits-velo-ia11b49727n1497136
Le médecin de la Ligue FFCT des Pays de la Loire déjà cité, écrit également : "L'âge venant, la force et l'endurance déclinant, il est souvent dommageable de quitter le milieu associatif, créateur de lien social et d'épanouissement, le vélo à assistance électrique (VAE) est alors plus qu'une roue de secours car il permet de ne pas quitter le " peloton ". L'opinion unanime que j'ai rencontré en route de la part des cyclistes de tous poils est pleine d'empathie et enfin rejointe par la FFCT : le VAE, c'est très bien pour continuer à faire du vélo et à faire partie du groupe, que la diminution des capacités soit due à l'âge ou à une autre cause.
Ce que dit la nouvelle charte
Charte d'usage du pratiquant VAE (Vélo à Assistance Electrique)
Rappel des statuts de la Fédération française de cyclotourisme : titre I, article 1er, alinéa 2 : le cyclotourisme est une activité sportive de loisir et de plein air, touristique et culturelle, excluant la compétition, et pratiquée sans but lucratif. Il utilise le cycle, mû exclusivement par la force musculaire.
Le 05/06/2009 puis le 20/09/2013, le comité directeur de la Fédération française de cyclotourisme a adopté la décision d’autoriser sous certaines conditions l’usage du VAE.
Démarche obligatoire
Fournir un engagement sur l’honneur attestant une difficulté à la pratique du cyclotourisme sur une machine classique mue par la seule force musculaire, du fait de l’état de santé ou de l’âge nécessitant l’usage d’une machine à assistance électrique.
L’assureur fédéral prend en compte le vélo à assistance électrique utilisé selon les modalités définies par la FFCT. Pour les licenciés qui ne seraient pas assurés par l’assureur fédéral, il leur faudra vérifier que leur assureur garantit l’utilisation du VAE. Dans ce cas, une attestation de son assureur sera à fournir avec l’engagement sur l’honneur.
Le licencié transmet l’engagement sur l’honneur au siège fédéral de la FFCT, 12 rue Louis Bertrand, CS 80045 94207 Ivry sur Seine, signé par son titulaire et par le Président de son club, ou par le représentant départemental ou le Président du Codep concerné pour un membre individuel.
NB : le double de la charte est à conserver par son titulaire et à présenter lors de l’inscription à une manifestation de cyclotourisme organisée sous l’égide de la FFCT.
La charte est téléchargeable sur GILDA, « gestion documentaire », « espace fédéral ».
L’usage du VAE sera autorisé uniquement pendant les sorties individuelles, les cyclo-découvertes®, les sorties du club et les manifestations de cyclotourisme organisées par le FFCT, ses clubs et ses structures.
NB : son usage sera exclu dans tout encadrement et/ou stages de formation des cadres fédéraux.
Attestation sur l’honneur
Le signataire atteste avoir des difficultés physiques ne lui permettant pas d'utiliser un vélo mu par la seule force musculaire et s'engage sur l'honneur :
- à signer la charte d’usage et à respecter les principes fondamentaux du cyclotourisme. Les présidents de clubs ou de codeps sont habilités à prononcer l’exclusion en cas de non respect,
- à ne pas modifier son vélo à assistance électrique afin que celui-ci conserve son fonctionnement d’assistance et sa vitesse limitée à 25km/h,
- à respecter la vitesse des groupes fréquentés, à ne pas se tenir en tête du groupe et ne pas lui servir d’entraineur,
- à présenter la charte signée pour l’inscription aux manifestations autorisées.