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VAE, personnalisation
Mes vélos sont des tas de ferraille. Il m'est arrivé d'en affubler certains de surnoms comme « la mule grise », « le bourricot » ou juste « le noir », d'ailleurs devenu orange. J'y tiens à mes vélos. Je les entretiens avec soin. Je les cadenasse avec paranoïa et antivols dès que je m'en éloigne. Certains ont été chargés de mémoire. Ils restent des objets.
Un soir, à une table d'hôtes chez qui j'avais pris une chambre, ces hôtes me firent état d'un échange avec un de mes prédécesseurs. Rien n'était plus précieux pour lui que ses vélos qu'il considérait comme ses enfants. Ils eurent l'air un peu déçus quand je leur répondis qu'il ne devait pas en avoir, d'enfants, pour dire des choses pareilles et que j'étais tout disposé à passer tous mes vélos sous les chenilles d'un bulldozer en échange d'un bout de phalange d'un rejeton. On peut être passionné sans oublier de hiérarchiser. Le cyclotourisme est un humanisme, et non pas du fétichisme.
L'objet est déclinable. Je passe sur les beaux vélos que j'ai eu, et que j'ai revendus car ils ne correspondaient plus à mes besoins. Ils avaient été fabriqués à mes mesures, peints de la couleur de mon choix, pourvus des composants et équipements que j'avais sélectionnés. Il arrive que leurs nouveaux propriétaires me donnent de leurs nouvelles. Je suis heureux qu'ils fassent à présent le bonheur d'autres personnes. Ces relations s'étioleront probablement. Je ne saurais donc sans doute pas comment ils auront évolué. Car, que ce soit à partir d'un outil déjà fortement personnalisé ou d'un produit industriel relativement standardisé, chaque cycliste apporte des modifications à sa machine selon l'usage qu'il en a et l'idée qu'il s'en fait.
Le VAE n'échappe pas à cette règle. Je ne vais causer que des deux derniers. En ordre chronologique inverse, le premier est un engin de grande série, un VTC électrique de marque allemande, le second est un produit français, fabriqué en Bretagne, que le client peut largement adapter dès l'origine. Je ne les ai profondément modifié ni l'un ni l'autre, juste ajouté des accessoires ou procédé à quelques changements. Quelque soit le degré de personnalisation d'un vélo, le béotien n'y verra qu'un vélo. Le spécialiste appréciera au premier coup d’œil les petites choses en plus ou en moins qui font de ce vélo le reflet de la pratique et de la personnalité du cycliste qui le chevauche. Nous reconnaissons d'ailleurs les vélos de nos amis aussi sûrement que nos amis eux-mêmes.
On peut agrandir les photos en cliquant dessus.
détails personnels sur le Kalkhoff i27
Ce petit cercle en alu imprimé est une plaque de cadre d'un club. C'est devenu rare. Il permettait l'identification de l'appartenance, de l'origine. Les vélos me semblent moins personnalisés qu'ils le furent. Les marques semblent avoir pris le pas sur les identités.
L'autocollant sur le garde-boue arrière est aussi un affichage identitaire. A ce moment, je me revendiquais de l'ACC. Ceux qui sont convaincus que le VAE est pour les fainéants respectent en général le handicap, ce qui peut éviter des réflexions oiseuses. Rien n'empêche d'être en excellente santé et d'utiliser un pédalage assisté pour d'excellentes raisons. Je change l'autocollant de temps en temps, en apposant celui d'une autre association, ou de ma ville d'origine. Le petit feu arrière anglais ajouté est puissant (diode clignotante ou fixe de 1 W). Je m'en sers les jours de visibilité limitée pour ne pas mettre en permanence la dynamo-moyeu qui mange quelques pour cent d'énergie.
L'autocollant peut changer. On affiche les opinions qu'on veut à un moment. "La bicyclette, c'est chouette" n'était pas le slogan attendu au début de la pose. J'avais récupéré à l'occasion d'Alternatiba "la bicyclette, c'est chouette pour la planète". C'était trop long pour être casable sur le garde-boue. Le début est bien aussi. Le VAE est-il vraiment chouette pour la planète ? Plus que l'automobile, c'est certain ; moins que le vélo sec, il y a des chances... J'ai aussi changé le feu additionnel arrière. Le feu à pile a été démonté (mieux pour la planète?) et remplacé par un feu clignotant à induction qui est donc permanent.
Les deux petites barres jaunes de part et d'autre du feu arrière sont constituées d'autocollant réflectorisant 3M qui ajoutent à la sécurité par temps sombre. Je n'en ai trouvé que chez Salmon. Les autocollants pour casques de moto sont un peu plus coûteux, tout autant sécurisants et existent en plusieurs couleurs.
Les garde-boue d'origine protégeaient le cycliste et le vélo. Ils étaient en revanche insuffisants pour ne pas asperger le camarade qui suit les jours de pluie. La bavette de la marque du garde-boue est acceptable. Celle en cuir de chez Brooks a meilleure mine, plus "vintage".
En changeant de cassette (il faut en changer bien plus souvent sur un VAE à moteur central et dérailleur externe que sur un vélo sec), j'ai fait monter une 12/36 à la place de la 11/34 d'origine. Je n'ai jamais assez petit même avec le petit moteur dans les côtes avec le chargement de voyage. Il n'est pas possible de mettre un plateau plus petit à l'avant. Hélas. Je n'utilise quasiment jamais les développements supérieurs à 5,50 mètres, au contraire de ceux inférieurs à 2 mètres dès que la route s'élève. A 90 tours de pédalier à la minute, sur 5,50 mètres, je suis déjà à 30 km/h ; la vitesse supplémentaire en descente est assurée par la pesanteur. C'est dire que la moitié de mes vitesses ne me sert à rien. Je préfèrerais des développements plus rapprochés pour rouler à cadence plus régulière.
La selle est une question centrale pour le cycliste, à tous points de vue. Du moins sur un vélo droit. J'ai substitué cette Brooks B17 Aged (pré-rodée) à la selle en plastique d'origine. Elle me donne un réel confort et un look là encore vintage avec son laçage et ses rivets. Je suis moi-même vintage. Je ne sais combien de temps elle durera. Elle a tendance à se détendre assez vite. Tant que ça va, ça va. Sa déformation prononcée et très personnelle montre qu'une selle adaptée m'est nécessaire.
Ce fut quasiment le premier changement. Les pédales plates d'origine ne me convenaient pas complètement. J'ai installé des double face. Une plate pour les chaussures de ville. Et une autre pour les chaussures avec cales intégrées SPD convenant bien aux voyages.
Cette petite bouteille est une réserve d'air pour le klaxon. L'Airzound de conception canadienne est puissant, 90 à 100 dB. A peu près autant que celui d'un camion. Quand la pression de l'air baisse, je la remonte avec quelques coups de pompe par la valve Schrader située sous le bouton. Je l'utilise avec parcimonie, jamais à proximité des piétons, ou de la maréchaussée.
La petite sonnette sonore de type ring m'a été offerte par les collègues à la fin de mon activité professionnelle. Je m'en sers pour dire aux piétons que j'arrive sans les agresser.
Au cintre plat d'origine de ce VTC, j'ai préféré un papillon plus confortable avec sa mousse et ses positions diverses. Je suis beaucoup plus à l'aise grâce au raccourcissement de la distance selle-cintre. Comme les cintres "de course" utilisés auparavant, il est à peu près à hauteur de ma selle. Il permet une position de mains plus près de la potence, les guidons plats étant le plus souvent trop larges, ce qui n'est bon ni pour les articulations ni pour la respiration ni pour l'aérodynamique (quoique l'aérodynamisme ne soit pas ma préoccupation). Le changement est peu coûteux. On peut voir que je ne lésine pas sur les équipements et accessoires. Pourtant, rien n'est inutile : console (compteur du vélo) au centre, boitier de commande du moteur à gauche, manettes du dérailleur à droite, avec tirette pour le Dual Drive (boite 3 vitesses dans le moyeu donnant l'équivalent d'un triple plateau) et poignée tournante pour le dérailleur externe, klaxon, sonnette, rétroviseur, support pour la montre Suunto (contrôleur cardiaque, altimètre, etc.), support pour le Rox (autre compteur déjà utilisé sur de précédents vélos)., support Klix-Fix, compatible Vaude et Ortieb, pour l'indispensable sacoche de guidon avec lecteur de carte, et manettes des freins hydrauliques.
Le Rox 8.1 de Sigma : ses capteurs (tours de roue, tours de pédalier, altitude, rythme cardiaque, température extérieure, pression atmosphérique) et son calculateur autorisent l'affichage de plusieurs dizaines d'informations. A gauche, il me dit que j'ai utilisé en moyenne un développement de 3,60 mètres en montée lors de cette tournée. A droite, il est en affichage standard : distance, altitude, rythme cardiaque, pente, cadence de pédalage. Toutes les fonctions ne sont évidemment pas utiles en permanence, mais je surveille les principales du coin de l'oeil. Et je fais des stats, dont l'utilité reste à démontrer, mais quand on aime, on compte...
Le petit rétroviseur cyclo star de Bush & Müller est costaud. Celui-ci a des dizaines de milliers de kilomètres au compteur et a survécu à quelques traitements de choc sur plusieurs vélos. Il remplit son office en m'évitant de regarder en arrière, ce qui me ferait dévier de ma trajectoire. Je l'ai remplacé depuis par le même mais en diamètre 80 mm, où je vois mieux par derrière.
La bavette d'origine à l'avant était trop courte pour protéger les pieds du cycliste et le moteur du vélo des projections d'eau et de boue de la route. Rien de gênant pour le fonctionnement, mais salissant. J'avais d'abord installé la plus longue de la marque du garde-boue, qui était encore trop courte. J'en ai donc vissé une deuxième sur la première, pour descendre jusqu'à 2 ou 3 cm de la route. La protection est plus satisfaisante. Cette longue bavette a tendance à s'accrocher dans l'herbe haute et les trous. Ce type de montage n'est pas recommandé en VTT. Ce montage n'a d'ailleurs pas tenu. Trois passages dans les herbes et hop ! Je l'ai perdu quelque part. Je me contente de la bavette longue de la marque du garde-boue, déjà préférable à celle d'origine.
Au départ, ce VTC à assistance électrique, comme la majorité, avait une fourche suspendue. Je n'aime pas les tous mous pour faire de la route. Trop lourd, trop flou, une complication de plus, et pas du tout adapté au transport. Heureusement, la marque propose une fourche rigide de même géométrie pour un prix contenu. Et hop !
Avec une fourche rigide, surtout pourvue d'oeillets, j'espérais installer un porte-bagage surbaissé avant (low rider) sérieux, facile à monter et démonter en fonction de l'usage du moment. Que nenni. Les fabricants de vélos allemands ne sont pas foutus de faire des fourches où les porte-bagages allemands sont simples à arrimer (ou : les fabricants de porte-bagages allemands ne sont pas foutus de faire etc.). Ils devraient peut-être faire des normes en Allemagne. Ils pourraient créer par exemple un "Deutsches Institut für Normung" afin de se mettre d'accord entre eux. Hihihi. Le porte-bagage est vissé dans l'oeillet fileté en principe réservé aux tringles du garde-boue. J'espère que cet oeillet en cannette (alu) supportera le poids des sacoches et le choc des cahots. Au moins, le montage est propre, sans colliers disgracieux. Toute la boulonnerie est en inox A4 et ne craint pas la rouille.
Et voilà le tout, plus proche du break confortable et pouvant transporter de multiples sacoches que du coupé sport. Même avec ses aménagements, l'ensemble demeure d'une sobre discrétion de bon ton. C'est le vélo qui convient à ce que j'en fais.
On remarquera l'autocollant de la ville apposé sur la batterie, un entameur de conversation, qui restera là jusqu'à ce que j'en mette un autre, ou rien.
J'ai ajouté des morceaux de chambre à air sur les porte-bagages, aux endroits où les sacoches abîment la peinture. J'avais testé le Tressorex (ruban toilé autocollant que l'on mettait autrefois sur les guidons), ça ne tient pas vraiment là où ça tape et ça frotte. La peinture écaillée, la rouille pointe le bout du nez sur les porte-bagages en acier, et la matière diminue sur ceux en aluminimum. Au moins, la chambre à air recyclée et le ruban collant d'électricien sortie d'un fond de boite, ça ne coûte rien.
Petits changements sur un Cybien Sport
Les manettes permettent un passage des câbles le long du cintre, et donc d'avoir une bonne grosse sacoche de guidon pour y mettre du bazar et un lecteur de carte étanche par-dessus.
La barre supplémentaire au-dessus du guidon pour y poser le compteur 48 fonctions, ou la lumière avant, sans restreindre l'espace disponible pour les mains. L'inconvénient : ça siffle quand il y a du vent.
Le danger principal vient de l'arrière, surtout par faible visibilité, d'où le collage de bande rétro-réfléchissantes efficaces sur le garde-boue et le boulonnage d'un feu-réflecteur sur le porte-bagage arrière.
Les petits moteurs à friction en forme de dynamos inversées obligent à décaler le porte-bagage vers l'arrière. Au départ, il y avait une porte-bagage poutre vissé sur la tige de selle, mais la sacoche me semblait bizarrement perchée. Alors j'ai bricolé, pour le moins cher possible. Le porte-bagage et les tiges ont été commandés directement en Allemagne (merci Internet car 40 % moins cher qu'en France).
J'ai choisi un porte-bagage à fixation unique centrale dans sa partie avant.
Je l'ai décalé vers l'arrière avec deux petites plaques d'acier ne coûtant presque rien.
J'ai fixé le porte-bagage en accrochant une tige de porte-bagage à la tige de selle via un collier récupéré d'une fixation de feu arrière, et en reliant les deux tiges de porte-bagage l'une à l'autre avec des colliers de plomberie pour tiges de 8.
Le problème de ce porte-bagage, par ailleurs très léger pour sa robustesse, est son plateau supérieur très étroit (6 cm dans sa partie avant, 9 derrière). Or, ma sacoche arrière, indispensable au cycliste « tout temps » que je suis car contenant bonnet de casque, veste, pantalon et couvre-chaussures résolument imperméables, fait 13 cm de large. Elle avait donc tendance à déborder et se déformer. Le problème a été résolu en récupérant des bouts de seuils de porte en aluminium, sciés à la bonne dimension, percés puis fixés avec des colliers nylon, sans omettre d'ajouter des morceaux de chambre à air entre ces plaquettes alu et les colliers nylon et le porte-bagage pour ne pas rayer la peinture.Une sonnette ping, modèle chinois, on n'y échappe pas complètement, pour avertir gentiment les piétons de mon arrivée, voire, très exceptionnellement, des cyclistes que je voudrais dépasser. Un cyclotouriste bien élevé a toujours un mot gentil pour le cycliste qu'il dépasse, et jamais, au grand jamais ne gueule "à droite" comme les abrutis de sportifs.
Et donc, au final, voici un VAE très touristique avec ses deux sacoches, sa belle selle française en cuir et ses garde-boue.