Le vélo à assistance électrique s'est immiscé en trois étapes dans la revue de la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), Cyclotourisme, sauf erreur de ma part, ce qui est possible.
Ce fut d'abord la retranscription d'une décision d'une certainement Très Haute Instance. J'ai oublié laquelle. La décision, il me semble, était raisonnable. Ce vélo avec petit moteur n'a pas sa place dans les organisations de la FFCT, sauf si son utilisateur peut médicalement prouver que l'assistance lui est nécessaire. Et ceci à titre expérimental. J'imagine que la suite sera un bilan avant une décision plus définitive. Du raisonnable je vous dis.
Un article ensuite a dit sensiblement la même chose sur le fond, sans la distance de la Très Haute Instance. Je prie l'auteur de bien vouloir m'excuser d'avoir oublié son nom. J'ai eu beau chercher, je n'ai pas réussi à remettre la main sur le numéro de la revue où son article était publié. Il me faut reconnaitre avoir autant d'ordre que de mémoire. L'auteur m'avait paru avoir une détestation particulière pour les mobylettes, à qui il assimilait peu ou prou le vélo à assistance électrique. Les mobylettes et plus récemment les scooters, il est vrai, sont des engins plutôt bruyants et puants, dont la dangerosité n'est plus à prouver, surtout entre de jeunes mains.
Bon, ok, admettons. Ce scooter n'a pas sa place à la FFCT.
La troisième étape était dans le numéro 588 de janvier 2010 de notre revue, dans la rubrique « souriez, vous écrivez », sous la plume de Michel Barrière. C'est donc au second degré que j'ai interprété ce courrier nous demandant d'accepter la déchéance, assorti d'un exemple croquignolet. L'épistolier a fait du rugby, puis du vélo, et préconise l'usage de l'automobile comme étape finale de la déchéance. Le vélo à assistance électrique, pour lui, n'est pas une transition admissible. Ainsi, n'étant pas passé par la case « rugby », j'ai eu la confirmation d'avoir bien fait de choisir d'emblée le vélo, activité d'handicapé, puisqu'étant visiblement tombé tout petit à côté de la marmite. De même, j'accepte la déchéance en refusant absolument d'user de quelque subterfuge que ce soit, genre lentille correctrice, bien qu'ayant dépassé la cinquantaine, et ne puis donc plus ni lire ni écrire... Je dicte ce courrier au petit-fils de ma voisine. Cette proposition me paraît en parfaite harmonie avec l'histoire de l'humanité.
un rugbyman ?
Pourtant, le vélo à assistance électrique a quand même pas mal à voir avec le vélo. Tu ne pédales pas, tu n'avances pas, sauf en roue libre. En France, la puissance de son petit moteur est limitée, la vitesse jusqu'à laquelle l'assistance agit également. Il est en conséquence autorisé à rouler dans les pistes cyclables. N'en déplaise à l'auteur de l'article, peut-être traumatisé par une mobylette qui l'a mordu quand il était petit, vélo à assistance électrique et mobylette ne peuvent être assimilés. Le vélo à assistance électrique ne pue pas. Il ne fait pas de bruit.
J'avais trois vélos. Un pour chaque usage. Une randonneuse « légère », pour le dimanche, deux fois lourde comme un carbone, une randonneuse 650 grand tourisme pour les vacances en cyclo-camping, et un vélo à assistance électrique pour la semaine. Je n'ai nulle intention de tenter de faire concurrence aux habituels vainqueurs de la côte du Moulin (ou du Château d'Eau) le dimanche. Mon vélo à assistance électrique me donne la liberté de circuler tranquillement et confortablement en ville au quotidien, avec imper bien couvrant les jours de pluie, sans être en sueur les jours de soleil, donc en restant présentable, et sans avoir à m'interroger sur le poids du transportable. Il m'a rendu la liberté éprouvée il y a longtemps par l'usage de la bonne vieille bicyclette, en ôtant quelques contraintes, en me permettant de faire sans y penser des petits déplacements ici et là, pour aller chercher le pain, passer au bureau de poste, chez le cordonnier, etc., ce que je ne faisais plus hors le samedi, notamment en raison d'un emploi du temps professionnel chargé.
vélo avec assistance
Jusque récemment, j'allais plus vite et bien plus loin avec mes vélos des champs, mus par la seule force musculaire, qu'avec mon vélo à assistance électrique de ville. Je n'exclus cependant pas qu'un jour je ne puisse plus monter les côtes ou lutter contre le vent, parce que le temps n'arrange pas l'affaire quand on est tombé à côté de la marmite. Alors, plutôt que de m'enfermer dans une boite, je choisirai sans doute de continuer à rouler à vélo, avec mes amis, et mon petit moteur électrique.
La position de la Très Haute Instance est équilibrée et ménage l'avenir. Il me semble inutile de tenir des discours de détestation qui n'apportent rien. Les points de vue moralisateurs, voire ayatolesques, polluent le propos. Je ne crains pas d'affirmer que mes kilomètres, du moins certains, peuvent ne pas se gagner à la sueur de mon front.
Si l'égalité des mollets importe avant tout, ce qui n'était pas directement le propos des deux auteurs évoqués, il nous faut agir en conséquence. La FFCT pourrait, par exemple, faire régulièrement subir des tests à ses adhérents, et les contraindre à transporter du poids supplémentaire en proportion inverse de leurs VO2 max. Comme dans les courses de chevaux à handicap, même s'il me semblait avoir compris que la course n'est pas notre fait. Quand à ceux à qui il manque un bras ou une jambe, ou deux, qu'ils acceptent leur déchéance et se trainent en chariot à roulettes avec des fers à repasser...
Ci-dessous : un groupe de cyclos arrivant en vue de la côte ?
Il est aussi possible que les responsables de la revue aient voulu ajouter un débat binaire à ceux qui nous agitent depuis des lustres : 650 ou 700 ? avec ou sans sacoches ? Et d'autres du même acabit, en complétant par « avec ou sans petit moteur électrique ». Mon opinion est claire, elle vaut toutes les autres et toutes les autres la valent : ça dépend. Ça dépend de l'usage et des circonstances. Le vélo ne fait pas l'état d'esprit. La lettre (engin mu par la seule force musculaire) ne permet pas de réponse définitive dans toutes les situations pour tout le monde.
Ce gentil courrier écrit en février 2010 (sans les illustrations) a été envoyé à la FFCT, j'avais été contacté par le responsable d'une rubrique de la revue, mais il n'est jamais paru.
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En 2013, ma santé m'y contraignant, je suis passé à l'électrique en toutes circonstances. L'alternative était de ne plus faire de vélo du tout. Mon point de vue s'est modifié : voir ici
Fin 2013, le règlement pour les utilisateurs de VAE à la FFCT a évolué, dans le bon sens. Mon point de vue a donc changé et tient compte de cette nouvelle version de la Charte : voir là
En juin 2015, le dossier de la revue mensuelle de la FFCT "Cyclotourisme" s'intitulait, sans hostilité, "le VAE et notre fédération". Je cite le dernier paragraphe du propos introductif de Jacques Fourna : "Aujourd'hui, le nombre de licenciés FFCT pratiquant le VAE est faible. Ceci est lié en grande partie à l'image qu'on lui prête et au manque de structures d'accueil. Demain, après-demain, la demande inévitablement augmentera et le critère santé pour son intégration ne sera plus l'unique référence. Personnellement, je suis partisan d'une plus grande ouverture, toujours contrôlée par le biais de la Charte d'usage du pratiquant VAE mais adaptée à cette ouverture pour ne plus diaboliser cette pratique. Alors, bon vent au VAE." Ce dossier est mis à disposition sur le blog du Vélo Club Clermontais, ici : http://veloclubclermontais.blogs.midilibre.com/media/02/02/2873300536.pdf