Qu'est ce que c'est que ce règlement pour les VAE ?

La position de la FFCT s'est heureusement infléchie depuis la date où j'avais rédigé ces lignes. Plusieurs des points du règlement que je mettais en cause ont été remaniés de manière raisonnable. Cette page a dorénavant un caractère plus historique que d'information sur l'actualité.

Mon point de vue actuel est là : fin discrimination

J'ai d'abord cherché cette charte sur le site de la FFCT. Je ne l'ai pas trouvée. J'ai peut-être mal cherché. Ce site n'a pas de moteur de recherche. Elle n'y est peut-être pas. Son absence serait alors significative. La FFCT ne tiendrait pas à l'ébruiter. Je l'ai trouvée ailleurs, sur un site d'une ligue régionale de la FFCT. Elle n'est pas cachée. En version 2011. J'ai considéré que la version 2012 ne doit pas être très différente. Elle est présentée comme provisoire. Ce caractère éphémère me paraît montrer que :

  • le débat sur son contenu n'est pas tranché, 
  • son existence demeure fragile, et donc également celle du VAE à la FFCT.

Ses différentes parties m'apparaissent davantage juxtaposées qu'articulées, comme souvent avec des textes résultant de débats contradictoires.

Le texte du règlement

Charte d’usage du pratiquant VAE (Vélo à Assistance Électrique) 2011 FFCT

Respecter les conditions d’utilisation suivantes :

  • la pratique du cyclotourisme à l’aide d’un VAE oblige les utilisateurs à posséder un certificat médical valide, à signer une charte d’usage et à respecter les principes fondamentaux du cyclotourisme. Les présidents de clubs sont habilités à prononcer l’exclusion en cas de non respect,
  • l’usage du VAE sera autorisé et assuré uniquement pendant les cyclo-découvertes®, les sorties du club et les manifestations de cyclotourisme route de 60 km maximum dans la journée, organisées par le FFCT, ses clubs et ses structures, ne faisant pas l’objet d’une homologation
  • NB : son usage sera exclu dans tout encadrement et/ou stages de formation des cadres fédéraux.
  • L’utilisateur devra respecter la vitesse des groupes fréquentés et s’engage à se tenir à l’arrière du groupe.
  • En cas d’accident une copie du certificat médical valide, signée de son titulaire et par le Président du club ou du Codep, sera à joindre à la déclaration de sinistre.
 

Mon interprétation

Au préalable, et pour la bonne compréhension de ce qui suit, il convient de replacer ce texte dans un contexte plus large de ce qu'est la FFCT.

L'objet de la FFCT (extraits des statuts)

La Fédération a pour objet : 

  • de diriger, d’organiser, de développer et de défendre la pratique du cyclotourisme sous toutes ses formes, tant sur route que sur tous les autres terrains (VR, VTT, VTC, etc.), en France, dans les départements d’outre-mer, à Saint-Pierre et Miquelon ou à Mayotte ;
  • d’orienter et de contrôler, en qualité de Fédération dirigeante, l’activité des associations ou groupements d’associations dont les adhérents pratiquent le cyclotourisme ;
  • de représenter la France à l’étranger en ce qui concerne le cyclotourisme, et de participer, à ce titre, à l’activité des groupements internationaux ;
  • de combattre la délinquance routière ;
  • d’intégrer le concept de développement durable et de l’environnement dans toutes les actions et les activités du cyclotourisme. 

La Fédération a pour objectif l'accès de tous à la pratique des activités physiques et sportives. Elle s'interdit toute discrimination. Elle veille au respect de ces principes par ses adhérents, ainsi qu'au respect de la charte de déontologie du sport établie par le Comité national olympique et sportif français.

De cet objet naissent deux grandes catégories d'organisations

Sans prétendre être exhaustif, je propose un descriptif un peu schématique, des organisations de la FFCT, de ses structures et de ses clubs, en deux grandes catégories, les « sportives » (1) et les « touristiques » (2). Toutes ces manifestations s'effectuent sur route ouverte et non sur circuit fermé. L'assistance (voitures suiveuses par exemple) est interdite. Le cyclotouriste est autonome. Le sponsor y est rare, et sa présence justement encadrée. On y gagne rien d'autre que l'estime de soi et de quelques uns de ses contemporains, la compétition et les classements n'y ayant pas cours. Le spectateur est très rare également. Y sont présents les bénévoles organisateurs et les participants. Les participants d'un jour étant souvent les bénévoles d'un autre, et réciproquement.

1 - Les manifestations sportives

Ces brevets sont dits « à allure libre », bien que des durées maximales (et minimales d'ailleurs) soient imposées, et sont placés sous l'égide de la FFCT.

  • Brevets fédéraux de 100 à 1000 km doivent être accomplis sur un trajet déterminé en respectant une moyenne minimale arrêts compris (et une maximale), par exemple 19 km/h sur 100 km, 18 sur 150, 15 sur 250 et au-delà.
  • Diagonales de France. Les villes de départ et d'arrivée sont toujours les mêmes. Le temps imparti est limité pour accomplir ces distances de 940 à 1400 km.
  • Brevet cyclo montagnard français, Brevet cyclotouriste des cimes françaises. Un trajet de 180 à 200 km avec un dénivelé positif de 4000 mètres à faire dans chacun des cinq massifs de notre beau pays.
  • Brevets VTT dénivellation font 30, 50 et 80 km pour un dénivelé de 600 à 1200 mètres, en terrain accidenté.
  • Le brevet VTT montagnard fait accomplir, dans un temps limité, de 80 à 100 km pour un dénivelé de 800 à 3000 mètres.

S'y ajoutent les brevets Audax, organisés par les Audax français. L'allure est imposée : 22,5 km/h (ça a toujours été trop rapide pour mes capacités). Les trajets s'effectuent sous la houlette d'un capitaine de route et en groupes organisés. Il faut faire, par exemple, 100 km en 5 heures arrêts compris, 200 km en 12 heures, 300 en 17..., 1000 en 75. Les Audax organisent aussi tous les quatre ans Paris-Brest-Paris, 1200 km en 90 heures maximum arrêts compris. C'est aussi une course. Cette curiosité est le produit de l'histoire. Ils font également Paris-Nice, Bordeaux-Paris, Paris-Le Tour Malet, etc.

2 – Les manifestations touristiques

 
2.1 les intermédiaires

Comme souvent avec les catégories, il reste des difficiles à caser. Mon critère était « temps limité » versus « pas de limite de temps ». Quelques manifestations me paraissent être entre les deux, parce que les temps existent mais les limites sont amples. Elles ne sont donc ni purement touristiques, ni complètement sportives.

  • Randonnées mer-montagne. Le cyclotouriste part d'où bon lui semble au bord de la mer ou de l'océan, pour rejoindre par le trajet de son choix, mais quand même aussi court que possible, un des cinq sommets français pré-défini. L'allure est au minimum de 10 km/h pour 60 km par jour.
  • Première balade sur route, entre 15 et 50 km en une demi-journée.
  • Première randonnée sur route, entre 40 et 80 km.
  • Cent bornes, à faire dans la journée. Un seuil symbolique qu'affectionnent les débutants.
  • Premier brevet VTT, 15 km en une demi-journée.
  • Premiers sentiers VTT, 15 km maximum, avec des tests de maitrise de trois niveaux.
 
2.2 les touristiques
  • Le voyage itinérant. Quintessence du cyclotourisme. Le cycliste doit accomplir au moins 250 km sur route ou 100 km à VTT en au moins trois jours. Libre à chacun de choisir son parcours.
  • Brevet des provinces françaises (BPF – 6 sites par département) et Brevet de cyclotouriste national (BCN – 1 site par département). Pour les deux, il s'agit de passer par les sites déterminés, par leur intérêt touristique, sans condition de durée, ni de distance, ni de trajet. Il faut parfois une vie ou presque pour en venir à bout.
  • Les randonnées permanentes. Le cyclotouriste doit accomplir un itinéraire déterminé, parfois de plusieurs centaines de kilomètres, choisi par l'organisateur pour son intérêt touristique, sans condition de durée, et parfois même en fractionné (sur plusieurs années).
  • La Semaine fédérale ne donne pas lieu à homologation. Comme son nom l'indique, elle dure une semaine. Elle rassemble chaque année une bonne dizaine de milliers de cyclotouristes qui peuvent effectuer chaque jour au départ de la ville d'accueil ou d'un autre point du circuit, des parcours de 50 à 200 km à peu près, à allure libre. Pour certaines familles, la maison de famille est la tente ou la caravane à la Semaine fédérale. On y retrouve chaque année ses amis des années précédentes. Quand on a le droit d'y participer...
  • Chaque année, les clubs de la FFCT organisent 3500 randonnées. À peu près comme à la Semaine fédérale, mais avec moins de participants, on choisit son parcours parmi ceux proposés par le club organisateur. En principe, l'allure est libre, mais il faut parfois être en capacité de se dépêcher pour arriver avant la fermeture. Elles ne sont pas homologuées, quoique quelques unes d'entre elles sont des brevets locaux donnant lieu à homologation locale.
  • Brevet d'orientation route et VTT, 15 à 35 bornes en VTT, 30 à 80 sur route, pour apprendre à ne pas se perdre. Il aurait pu être classé dans les intermédiaires.
  • Premier pas en cyclocamping, apprentissage du voyage itinérant avec couchage sous la tente.
  • Brevet d'initiation au cyclotourisme familial, à faire... en famille, en touriste, pendant un ou plusieurs jours.

 Le Challenge de France : les membres des clubs FFCT engrangent des points pour leurs clubs en participant à la plupart de ces manifestations, dont les «touristiques». Les utilisateurs de VAE pour des raisons médicales étant interdits d'homologation, ils ne peuvent donner des points à leurs clubs. Ils sont des sous-cyclotouristes entièrement à part. Pas de bras, pas de chocolat.

Le commentaire de la charte de l'utilisateur de VAE à la FFCT 

« Respecter les conditions suivantes. La pratique du cyclotourisme à l'aide d'un VAE ».

En effet, le VAE est une aide, pour des personnes affaiblies. Je souscris.

« oblige les utilisateurs à posséder un certificat médical valide ».

J'acquiesce. Le bon règlement pour moi s'arrête là. Bref, limpide, amplement suffisant. Tout ce qui suit dans ce texte est nuisible.

« à signer une charte d'usage ».

La méfiance à l'égard d'une catégorie particulière est déjà perceptible. Le vrai cyclotouriste est soumis à une kyrielle de règlements, et il est normal qu'il en soit ainsi pour encadrer, classifier, préciser la nature des organisations de la FFCT. Cependant, notre brave cyclotouriste les ignore le plus souvent, en toute bonne foi, ou n'en a qu'une connaissance approximative. L'usager d'un VAE est obligé à des restrictions particulières et explicites, qu'il ne peut ignorer puisqu'il doit signer. Sa bonne foi ne pourra en conséquence être reconnue.

« et à respecter les principes fondamentaux du cyclotourisme ».

Ils sont évoqués dans ce texte. Ils n'y sont pas définis. Ainsi écrits, ils sont vagues, ressortant du domaine de l'interprétation individuelle d'une matière mouvante. Le risque d'arbitraire est clair. Après recherches, un texte du président de la FFCT, paru dans le Guide du cyclotouriste, apporte des éclaircissements."Authenticité du cyclotourisme . La Fédération française de cyclotourisme existe parce qu'elle a été créée par les clubs et certains membres individuels. Les grands principes de son fonctionnement s'appuient sur les règlements officiels, dont la charte des organisations et la charte sur la publicité. Les points essentiels en sont l'absence de toute idée de compétition et l'interdiction de la publicité vestimentaire. Les cyclotouristes se montrent curieux du monde qui les entoure, ils aiment allier l'exercice physique à la découverte, ils s'entraident en cas de nécessité et cherchent à faire partager leur passion tout en respectant les différentes pratiques. Le cyclotourisme n'est pas une simple activité physique, c'est un équilibre judicieux entre l'esprit, la culture, le tourisme, la santé et le sport. Si ces composantes ne sont pas réunies, alors on ne parle plus de cyclotourisme. Ce cadre authentique avec un comportement amical, convivial, tolérant, confère le rang d'adepte de la philosophie du cyclotourisme. Il ne faut pas oublier le partage de la route, que chacun se doit de respecter, et quelques principes fondamentaux de bonne conduite : respect du Code de la route et des règles de sécurité, respect d'autrui et de l'environnement."

Ce texte interprétatif, aussi sympathique qu'il est, ne me semble pas opposable en l'état. Surtout, je me demande pourquoi les handicapés seraient les seuls à devoir se soumettre à un tel engagement. Cet engagement pourrait être acceptable si tout adhérent de la FFCT devait le parapher. Tels que définis par le président, j'adhère intégralement à ces principes. Je ne vois pas du tout par contre en quoi ils seraient en opposition avec l'utilisation d'un VAE sur présentation d'un certificat médical. Le choix est donc à faire entre : 

  1. le supprimer de ce règlement, ce serait mon choix,
  2. l'étendre à tous les adhérents de la FFCT, ce qui me paraitrait acceptable, voire souhaitable.
« Les présidents de clubs sont habilités à prononcer l'exclusion en cas de non respect ».

Des frissons parcourent l'échine. La FFCT est une organisation démocratique, les associations en sont les briques de base. Les associations sont des organisations indispensables au bon fonctionnement démocratique de la nation. Là, une femme ou un homme, seul, peut décider arbitrairement de la sanction la plus grave. D'autant que trois dispositions sont cruellement absentes : échelle de sanctions, respect du principe du contradictoire, appel de la décision.

La très grande majorité des présidentes et présidents des clubs de la FFCT, et c'est heureux, sont très certainement des personnes équilibrées et raisonnables qui assument bénévolement des tâches qui ne sont pas toujours simples et ne prennent pas de décisions à la légère. Quelques uns sont de mauvais coucheurs susceptibles d'entretenir des relations conflictuelles avec les utilisateurs de VAE sur présentation d'un certificat médical. Si l'on se réfère aux « principes généraux du cyclotourisme », tels qu'énoncés par le président de la FFCT, en posant par hypothèse qu'ils soient opposables :

  • n'a pas allié l'exercice physique à la découverte (je vois le principe philosophique, mais ça se démontre comment ?) ? Exclu !
  • Est passé au feu orange, n'a pas respecté le code de la route ? Exclu !
  • A laissé échapper un papier d'emballage de la poche de son maillot, n'a pas respecté l'environnement ? Exclu !

Et si on étend à d'autres dispositions du texte du règlement :

  • s'est fourvoyé par inadvertance sur le parcours de 70 km ? Exclu !
  • A roulé au milieu du groupe et non derrière ? Exclu !

C'est du délire !

Cet item a des conséquences graves, que la FFCT n'a peut-être pas mesurées.

  1. Le président de club est un tyran potentiel à l'égard du handicapé utilisateur de VAE.
  2. Le handicapé est sous surveillance permanente. Toute incartade, volontaire ou non, minime ou non, peut entrainer la sanction suprême immédiatement applicable : l'exclusion.
  3. Cette décision est irrémédiable, sans possibilité d'appel, donc sans pouvoir présenter de défense. Il n'est pas même prévu qu'elle soit motivée. Elle est en contradiction avec les principes généraux du droit et la vie démocratique des associations de la FFCT.
  4. Elle est prévue pour une catégorie particulière d'adhérents, les utilisateurs de VAE pourvus d'un certificat médical. Elle discrimine les handicapés. Elle est en contradiction avec la loi qui interdit la discrimination et donc également avec les statuts de la FFCT.

Cette disposition est dangereuse. Elle me paraît illégale. Elle est à supprimer.

« L'usage du VAE sera autorisé et assuré uniquement »

Le caractère restrictif est clair. Le bénéfice et donc aussi le non bénéfice de l'assurance est évoqué. Un accident au kilomètre 61 (cf. ci-dessous) ne sera pas couvert. On attend le procès. Cette disposition est juridiquement fragile.

Dscf3431 2Vraiment taillé pour jouer à la petite course le VAE ? Pas plus de 60 km ? A 15 km/h celui-ci peut faire plus de 150 km sans recharge.

« pendant les cyclo-découvertes©, les sorties de club et les manifestations de cyclotourisme route de 60 km maximum dans la journée, organisées par la FFCT, ses clubs et ses structures »

La liste des exclusions est longue.

  • Les VAE de VTT, pour la FFCT, ça n'existe pas. Les catalogues disent le contraire. Les pratiquants aussi. Leur existence est niée. Qu'importe la réalité. Si le peuple n'est pas favorable à ce qui lui est imposé, il suffit de dissoudre le peuple.
  • La limite des 60 km plonge dans un abîme de perplexité. La bonne intention pourrait être celle liée à l'autonomie actuelle de la majorité des VAE, pour que les utilisateurs de ces VAE ne soient pas tentés de s'aventurer sur des parcours où ils se retrouveraient avec une batterie vide et dans l'incapacité de rejoindre le point de départ.
    • Il est quand même curieux de les considérer a priori comme des mineurs, un peu faibles de boyaux de la tête, et ne connaissant pas les limites de leur engin. Par ailleurs, des cyclotouristes sans batterie, surtout les débutants, qui se lancent dans des parcours au-delà de leurs capacités, nous en avons tous connus. Il n'est pas justifié de faire un sort spécial aux utilisateurs de VAE sur présentation d'un certificat médical.
    • La mauvaise intention, délibérée ou non, serait de tenter d'empêcher les progrès attendus de l'autonomie des VAE. Je n'imagine pas l'existence d'une collusion entre les fabricants de VAE les plus répandus, produits par une industrie puissante, et les personnes qui ont rédigé ce règlement. Je n'imagine pas non plus que l'on chercherait à faire barrage à des fabricants plus artisanaux de machines à l'autonomie plus grande et mieux adaptées à la pratique du cyclotourisme. Ce serait trop éloigné de l'idée que je me fais de la fédération et de ses dirigeants.
    • On peut y lire la conception que l'on a du cyclotouriste. À moins de 60 km par jour, on n'est pas un vrai. À plus de 60 km, on devient honorable, membre de la communauté. Limiter arbitrairement à 60 km les utilisateurs de VAE sur présentation d'un certificat médical permet de les confiner dans les pas vraiment cyclotouristes, les sous-cyclotouristes.
« ne faisant pas l'objet d'une homologation ».

Certes, les VAE peuvent être exclus des manifestations « sportives » de la FFCT. Cela me semble discutable, en fonction de la nature du handicap, et non seulement comme interdiction générale et absolue. Mais bon. Admettons.

  • En revanche, il est incompréhensible et inique que les autres manifestations cyclotouristiques, à caractère « touristique », soient inaccessibles à l'homologation pour les handicapés : les randonnées permanentes, les BCN et BPF, les voyages itinérants, les brevets familiaux. La performance n'y a pas cours. En effet, comment justifier qu'une grand-mère utilisant un VAE pour raisons de santé ne puisse être homologuée pour un voyage itinérant quand ses petits enfants qu'elle aura accompagnés le seront ? De même, pourquoi ne pas permettre à un cyclotouriste de longue date, victime d'un accident, de pouvoir terminer ses BCN et BPF avec son VAE ?
  • Par ailleurs, deux organisations sont en lisière du « touristique » et du « sportif » : les Premiers Pas et les Cents Bornes. Les délais sont beaucoup plus larges que dans les brevets « sportifs ». "Verboten" dans la langue de ma grand-mère. Quelle belle victoire pourtant que de pouvoir accomplir 50 ou 100 km, quand on a fait un pénible séjour à l'hôpital puis connu une longue rééducation. Cette victoire sur la maladie peut être un but que l'on se fixe, un Graal à atteindre qui marque un retour parmi une forme de normalité que beaucoup de sédentaires ne rejoindront jamais. Ben non. Les handicapés doivent rester à la niche, demeurer enclos dans leur statut de sous-cyclotouristes. Pas assez musculaires. Pas dignes de la FFCT.

La FFCT les renvoie à une triste image, et se renvoie à elle-même une triste image par ce type de dispositions excluantes qu'il me semble important de revisiter, pour les faire disparaître.

« NB : son usage sera exclu dans tout encadrement et/ou stages de formation des cadres fédéraux ».

NB veut dire nota bene. Cet acronyme d'une locution latine est en principe réservé à un ajout au-delà de la fin d'un texte, le plus souvent une lettre. Là, il est au milieu.

Il marque peut-être le bricolage, la juxtaposition plus ou moins cohérente. Ou, au contraire, la position centrale a un sens. Il faudrait alors l'interpréter comme un « notez bien » qu'il s'agit là d'une disposition plus particulièrement importante.

  • Notez bien que les cadres fédéraux ne sauraient être en aucun cas des utilisateurs de VAE. Un sous-cyclotouriste cadre fédéral ? Mais mon cher, vous n'y pensez pas !
  • Notez bien que « son usage sera exclu ». Exclu ! Exclusion ! Le maîtres-mots de ce règlement.
  • Notez bien que jamais la FFCT n'envisagera des formations pour les utilisateurs de VAE avec certificat médical, puisque jamais ses cadres ne seront formés au VAE.
  • Notez bien que des cyclotouristes expérimentés utilisateurs de VAE, qui pourraient accompagner des débutants en VAE, ou des cyclos de plus longue date et victimes d'accidents, pour permettre leur cheminement en cyclotourisme, y'en jamais eu, y'en a pas, y'en aura jamais.
  • Notez bien que les VAE, on est bien obligés de faire avec, aux conditions les plus discriminatoires possibles, mais « NIBY » dirait un américain. Not in my backyard, pas de ça dans mon jardin. Et pourquoi pas des handicapés ? Beurk ! VAE des villes à la campagne.jpgCachez Monsieur ce VAE que je ne saurai voir dans un stage fédéral.
« L'utilisateur devra respecter la vitesse des groupes fréquentés et s'engage à se tenir à l'arrière des groupes ».
  • Là encore, ça bricole. Tantôt les groupes sont fréquentés, et tantôt ne le sont pas. Pas grave.
  • « respecter la vitesse des groupes fréquenté ». S'il respecte, il est dans le groupe. S'il ne respecte pas, il n'est pas dans le groupe. Pas grave non plus de proférer des truismes. La lumière vient avec la deuxième partie de la phrase « s'engage à se tenir à l'arrière des groupes ». La précision sur le fait de se tenir à l'arrière du groupe en respectant sa vitesse est paradoxale. S'il est à l'arrière et qu'il ne respecte pas la vitesse, il pousse les autres ? Il serait avant tout grave qu'il se tint à l'avant. On lit la confusion entre handicapé et tricheur. Sur sa puissante machine avec son aigle sur le dos, il coupera le vent aux autres cyclistes et fera pêter les chronos.
  • Le vélo à assistance électrique est considéré légalement comme une bicyclette classique. La Directive européenne 92/61/EEC indique qu'un VAE doit notamment respecter les caractéristiques suivantes : assistance uniquement au pédalage, l'assistance se coupe au-dessus de 25 km/h, moteur d'une puissance inférieure à 250 watts (puissance nominale continue). Le code de la route français précise également que le cycle à pédalage assisté est un cycle équipé d'un moteur auxiliaire électrique d'une puissance continue nominale de 0,25 kilowatt, dont l'alimentation est réduite progressivement et finalement interrompue lorsque le véhicule atteint une vitesse de 25 km/h, ou plus tôt si le cycliste arrête de pédaler. Je ne rappelle pas moins que j'admets qu'un utilisateur de VAE à la FFCT doive présenter un certificat médical valide (il est amusant que le certificat doive être valide pour que son porteur puisse être considéré comme invalide...).
  • Ben toujours non. Pour la FFCT, l'utilisateur de VAE sur présentation d'un certificat médical est forcément soupçonné de se comporter en derny pour permettre à son groupe de battre des records de vitesse. Je rappelle aussi que la compétition n'existe pas à la FFCT. Pour moi, le handicapé compense partiellement son handicap avec une prothèse électrique. Encore et toujours non. C'est un tricheur, avec probablement un certificat médical de complaisance. La FFCT va jusqu'à argumenter qu'elle n'a pas vocation à vérifier que les VAE sont conformes au code de la route. Soit ils sont conformes, et leurs utilisateurs avec certificats médicaux, n'ont pas à être contrôlés. Soit ils ne sont pas conformes, et, en effet, ce n'est pas du ressort de la police de la FFCT, mais des forces de l'ordre car ils ne devraient pas pouvoir circuler en Europe et a fortiori en France. S'ils sont autorisés et peuvent dépasser les 25 km/h réglementaires, ce sont des cyclomoteurs ou des vélomoteurs, interdits de pistes cyclables, immatriculés, leur utilisateur disposant d'un permis spécial et portant un casque lourd, et donc faciles à repérer. La FFCT fantasme sur des ennemis imaginaires. Ce sont là des idées toutes cousues, prétextes à faire la chasse aux handicapés.
  • L'engagement de se tenir à l'arrière des groupes a pour conséquence d'exclure, encore exclure, les handicapés de ce moment de vie sociale qu'est un groupe de cyclotouristes parcourant ensemble un trajet. Les noirs devaient dans l'Amérique des années 1950 être séparés des blancs dans les transports en communs. Les handicapés à la FFCT doivent se tenir à l'arrière des groupes. Pire encore que de la discrimination, il s'agit là de ségrégation. Je gage pour ma part qu'un utilisateur de VAE dans un groupe de cyclotouristes sera accepté, à l'arrière, au milieu ou à l'avant d'un groupe, s'il respecte les règles que se sera donné implicitement ce groupe. Comme dans tout groupe humain. La disposition est donc au mieux inutile. Au pire, et nous sommes dans le pire, elle est inacceptable et à rayer rapidement.
 
« En cas d'accident, une copie du certificat médical valide, signée de son titulaire et par le président du club ou du Codep, sera à joindre à la déclaration du sinistre ».
  • La FFCT aurait donc un système de conservation des documents peu fiable. Qu'en pense l'assureur ?
  • Comme à chaque fois que je lis ce type de disposition, je me prends à espérer que l'accidenté aura pris la précaution de prévoir, au cas où son traumatisme serait tel qu'il ne serait pas en mesure de fournir la pièce et/ou de la signer après l'accident.
  • La signature du président peut ne pas être portée. De nouveau, je m'interroge sur les voies de recours. Quelles sont-elles ? Le simple fait de l'exiger renforce l'idée que le handicapé est un tricheur, puisque ce certificat, qu'il aura fourni au moment de sa prise de licence, ou quand il aura été contraint d'utiliser un VAE pour raison de santé, doit être contresigné par une autorité. Là aussi, il s'agit d'une mesure discriminante à l'égard d'une catégorie d'adhérents mise à l'index.
 

L'ensemble de ces commentaires démontre que les cycles à pédalage assisté ne sont pas les bienvenus à la FFCT. La fédération s'en méfie et freine autant qu'elle le peut leur usage pour des utilisateurs pourtant pourvus de raisons médicales. Elle les assimile à des tricheurs. Malgré ses dénégations, elle les discrimine objectivement. Ce sont des faits. Et vous savez, amis cylotouristes, comme sont les faits. Tenaces, et même têtus.

Juillet 2012