La nouvelle piste

 

à Monsieur le Président de Grand Lieu Communauté, Monsieur le Maire de La Chevrolière, Monsieur le Maire de Pont-Saint-Martin,

Je suis allé faire un tour à vélo au bord du lac de Grand Lieu depuis Nantes. J'ai mis à profit la nouvelle piste cyclable parallèle à la route départementale 65 de Loire-Atlantique entre la Nivardière de Pont-Saint-Martin et le Bois Fleuri de La Chevrolière. L'objectif de ma promenade était d'aller pique-niquer au très agréable site de Passay, village de pêcheurs au bord du lac de Grand Lieu, où les travaux ont heureusement renouvelé l'aire de pique-nique et les abords pour accéder à la Maison des pêcheurs et à l'observatoire ornithologique.

J'ai appris par hasard, en consultant la carte Open Cycle Map, que la piste annoncée en travaux depuis quelques mois, avait l'air ouverte. Sur Internet, j'ai trouvé l'information sur l'inauguration de cette nouvelle voie piétonne et cyclable, dont l'existence était ainsi confirmée.

Mardi 28 septembre 2021, les élus, les investisseurs et les entreprises des Parcs d'Activités environnants ont inauguré le nouvel itinéraire doux reliant les giratoires d'accès au Parc d'Activités du Bois Fleuri à La Chevrolière et du Parcs d'Activité de la Nivardière à Pont Saint Martin. (photo et texte de commentaire repris du site de Grand Lieu Communauté)

Bonne nouvelle. En effet, nous devions, pour éviter cette D65 peu sécurisante à vélo car très fréquentée par des automobilistes parfois stressés, faire d'assez longs détours, ici en bleu pointillé, quand la piste est en rouge.

J'ai consulté les sites de la communauté de communes de Grand Lieu et du département de la Loire-Atlantique, ce dernier étant muet sur le sujet. J'ai également survolé quelques documents disponibles sur les sites des deux communes de Pont-Saint-Martin et La Chevrolière. Personne ne m'a attendu pour avancer une réflexion, des études et des réalisations sur la circulation des cycles. Et c'est heureux.

Je vous fais part néanmoins ci-après de mes impressions de cycliste au quotidien depuis quelques dizaines d'années. Je fais des constats et quelques propositions, limitées au seul trajet accompli ce jour-là dans ces communes, dont vous ferez ce que bon vous semblera en fonction de vos souhaits et vos possibilités. Cette piste me semble de très bonne qualité. Aller d'un centre-bourg à l'autre, en accédant à cette piste, n'est pourtant actuellement pas si simple.

Cet aménagement relie deux zones d'activités économiques. Une telle liaison est intéressante, car elle va à l'encontre de la vision du vélo trop axée sur le loisir à caractère sportif ou touristique, surtout hors  d'une grande agglomération. Elle sera utile aux déplacements liés au travail notamment, en permettant aux habitants de tous âges de faire leurs courses et se promener. Les touristes, proches ou plus lointains, profiteront également de ce nouvel équipement.

Le franchissement des cours d'eau, tout comme celui d'autres obstacles naturels ou non, oblige le cycliste à emprunter des voies parfois fréquentées. Le pont sur l'Ognon à Pont-Saint-Martin n'échappe pas à cette règle.

La plupart des photos de cette page peuvent être agrandies sur ordinateur en cliquant dessus.

Quelques conducteurs de véhicules lourds, encombrants et rapides demeurent dérangés par les lents vélos. Leur proportion est faible, mais suffisante pour faire éprouver un sentiment d'insécurité à l'usager fragile. Je n'enverrais pas mes petits-enfants à vélo sur une telle voie. Les enfants et les personnes âgées, sans oublier les PMR, éprouvent probablement des difficultés à traverser cette rue aux heures où la circulation automobile est la plus importante. Un petit rond-point au débouché du quai des Romains, situé à droite juste après le pont, pourrait par exemple contribuer à ralentir un tant soit peu la circulation. L'introduction de contrastes de teintes des aménagements, plateaux et ralentisseurs, pourraient aussi aider à apaiser, ainsi que des jardinières colorées par exemple pour rétrécir visuellement la voie. Le Cerema propose des aménagements adaptés.

Il existe un cheminement joliment aménagé pour promeneurs pédestres, une section du GRP du Pays Nantais, et éventuellement vélos de montagne le long de la rive droite de l'Ognon, que l'on franchit par une passerelle pour rejoindre le quartier de la Pigossière. Hélas, les chicanes y sont si serrées qu'elles sont quasi impossibles à franchir avec un vélo, surtout s'il est équipé de sacoches, ou si c'est un tricycle ou un tandem ou un vélo-cargo ou s'il a une remorque. Ce chemin en outre n'est pas praticable à vélo de ville en période hivernale. Le pont principal de la D65 est en conséquence un passage obligé à bicyclette. La rue du Château à laquelle on pourrait aboutir, s'il n'y avait des barrages dont l'utilité n'est pas évidente, pour rejoindre la nouvelle piste n'est pas en double sens cyclable ; elle est interdite dans le sens nord-sud. Une alternative, ou un complément, à l'aménagement de la rue d'Herbauges pourrait être de rendre un itinéraire bien moins fangeux en période humide depuis la rue des Sports par exemple, où un double sens cyclable ne serait pas moins bienvenu pour un coût très modéré.

Après la Croix Blot, on découvre une voie stabilisée séparée de la route par une petite haie dont on ne sait si un cycliste l'empruntant est verbalisable. Il en va de même en parallèle de la rue de la Mône, où une bande stabilisée a un statut pareillement indéfini. Open Cycle Map répertorie cette dernière allée en tant que piste cyclable ; j'ignore sur quelle base. Compte tenu de sa largeur, les piétons devraient y être prioritaires.

À une encablure, au rond-point du cimetière et de la salle de sports, le trottoir semble permettre de rejoindre la piste cyclable. Là non plus, aucune indication en ce sens. Les traces de roues font fortement présumer que ce trottoir est cyclable. Dans l'autre sens, la signalisation au sol le confirme.

Le nouvel itinéraire "doux" (les autres étant peut-être belliqueux et tyranniques ?) a été bien conçu en matière de sécurité. L'asphalte le rend fonctionnel par toutes les conditions météorologiques ordinaires dans la région. Le sable salit et abime les transmissions des vélos dont on se sert tous les jours. Dommage quand même qu'il n'y ait aucun panneau pour dire où va cette piste, ni à quelle distance est situé le prochain bourg.

Grand Lieu Communauté a inventé un panneau, que je trouve très réussi. Il rappelle la règle générale : une voie cyclable bénéficie de la même priorité que la voie dont elle est parallèle, sauf disposition locale particulière.

Malencontreuse surprise, deux camions bouchent complètement le passage. Une pelleteuse travaille dans le champ juste à côté. On creuse déjà dans une piste à peine inaugurée. Une urgence ? Je m'étonne que des professionnels, qui risquent leur vie au bord de la route, ne se préoccupent pas du tout des usagers de la voie qu'ils obstruent totalement. Problème de formation, d'encadrement, de cahier des charges, ou de mentalité ? On devra donc attendre encore pour la continuité de la circulation des cyclistes en cas de travaux. J'ai tenté de passer sur le bas-côté. Ma roue avant s'est enfoncée de plus de dix centimètres dans le sol très meuble. Un ouvrier est venu à mon secours car j'étais dans l'incapacité de me tirer seul de ce mauvais pas à cause de mon handicap. Merci à lui.

Je parierai volontiers vingt-cinq bâtons de réglisse contre un berlingot que les mêmes travaux sur la route pour voitures juste à côté auraient été traités de manière bien mieux sécurisée pour les usagers.

Arrivé à l'entrée du bourg de La Chevrolière, on pénètre dans l'incertain, sauf à être déjà un habitué des lieux. Je ne tenais pas du tout à reprendre la départementale. Je préférais le sentier rectiligne obliquant à gauche que j'avais repéré sur la carte et inscrit dans mon GPS. Tous les cyclistes ne disposent pas du savoir-faire pour préparer leurs parcours et de ce genre d'instrument de guidage.

Aucun panneau n'annonçait à Pont-Saint-Martin l'entrée sur une voie spécifique, hors les peintures au sol de silhouettes de piétons et de vélos, ce qui est très utile. Il y en a un à la sortie en arrivant à La Chevrolière. Les panneaux vont peut-être arriver.

Trois cyclistes à l'allure sportive ont surgi dans ce rond-point en se dirigeant vers le nord. Le premier a raté la piste que le second lui avait pourtant indiqué verbalement. Le vent dans les oreilles diminue l'acuité auditive,  l'âge n'aide pas. Les indications au sol sont invisibles, dissimulées à l'ombre sur une sortie très peu empruntée. Les deux suivants l'ont prise. Le bourg suivant est indiqué par les panneaux de la route départementale, pour les voitures. Tout cycliste un tant soit peu expérimenté sait que les indications pour les voitures peuvent différer de celles pour les vélos, parce qu'il arrive qu'un cul-de-sac pour voitures s'avère être une voie sécurisée pour les piétons et cyclistes. Réciproquement, une route pour les voitures peut ne pas être du tout recommandable pour les cyclistes. D'où l'intérêt d'indications différenciées.

Une petite pancarte réglementaire, du type de celle qui suivent, serait de bon aloi. Avec des indications de destination et de distance, c'est encore mieux. Nantes Métropole a posé dans son aire de gestion des pancartes avec des indications de temps pour cyclistes. Ça se discute. Ici, en zone de moindre densité d'habitats, de ronds-points, de feux, de piétons, de voitures, bus, poids-lourds et tramways, les différences de vitesse et donc de durée entre cyclistes sont bien plus sensibles. Ces indications de durée ont par ailleurs des vertus pédagogiques. L'important est que l'usager puisse savoir où il va, quelque soit le mode de déplacement qu'il utilise.

À partir de ce rond-point du Parc d'Activités du Blois Fleuri à l'entrée du bourg de La Chevrolière, mon parcours a cherché à éviter les voitures, mais n'est pas praticable avec un vélo aux roues légères, à pneus étroits fortement gonflés et cadre en composite. Au moins cette partie paraît correctement empierrée et demeure sans doute à peu près carrossable par temps humide avec des pneus relativement larges, du type de ceux des vélos de ville ou leur déclinaison plus récente, et fourre-tout, dite "tous chemins".

Ce n'était probablement pas mon jour de chance. J'avais l'intention de passer sur la passerelle en bois pour arriver au plus près du centre-bourg de La Chevrolière, passerelle déconseillée à juste titre quand elle est mouillée, mais, à nouveau, une camionnette obstruait le passage. Le conducteur avait sûrement d'excellentes raisons fonctionnelles de barrer ainsi le chemin... Instruit par ma précédente mésaventure, je n'ai pas envisagé de tenter de raser le véhicule avec mon lourd vélo et mes faibles forces sur un talus en pente. J'ai bifurqué à droite par un sentier piéton stable à cette saison et rejoint la route. Cette portion n'est pas fonctionnelle pour un cycliste du quotidien, avec ou sans une camionnette en travers du passage, particulièrement quand la visibilité est très limitée en début et fin de journée. La Chaussée est ici une petite rivière et non une route surélevée pour être au-dessus du niveau des eaux. Les sentiers des alentours sont adaptés à la promenade à pied, avec des panneaux informatifs bien faits.

J'avais prévu de passer par le rose (ci-dessous) et ai pris le bleu clair non fléché pour rejoindre la route à voitures.

La mise en place de double sens cyclables dans les rues du Docteur Grosse et du Sacré Coeur offrirait des possibilités pour les habitants qui pourraient accéder de manière plus tranquille aux services, écoles et commerces du bourg, et aux installations sportives vers la Grande Noë et Passay, avec leur bicyclette d'usage courant.

La traversée du bourg de La Chevrolière et l'arrivée au village de Passay au bord du lac se sont déroulées sans autre anichroche.

Des amis, le dimanche précédent, sur l'aire de pique-nique. Mis à part les sacoches pour transporter le pique-nique et les vêtements, la grande majorité d'entre nous avons les mêmes vélos que les élus et les investisseurs.Au retour, des camionnettes d'une entreprise, dont les techniciens s'affairaient à tailler les plantations le long de la route, étaient bien balisées par des cônes de signalisation. Les ouvriers vêtus de gilets de sécurité ont cessé un instant de faire tourner leurs machines à mon passage, sans doute pour éviter les projections, en me saluant, salut que je leur ai rendu. Une grande majorité d'actions se déroulent en bonne intelligence au bord et sur les routes.

J'ai pris la D65 au droit du chantier encore en cours sur quelques centaines de mètres, profitant d'une légère surlargeur, et constaté par contre l'absence toujours criante de pancartes informant les cyclistes et piétons  d'une nécessaire déviation. La piste n'était à cet endroit qu'un grand trou. J'espère qu'une signalisation, de la rubalise, des éléments rétro-réfléchissants, un fléchage incitant à éviter le lieu ou tout autre dispositif de nature à informer les usagers pour assurer leur sécurité, ont été posés avant la nuit. Je vous fais grâce des dispositions relatives à la responsabilité de l'autorité compétente en cas de défaut d'entretien d'une voie de circulation,  je présume que vous les connaissez.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, Monsieur le Maire de La Chevrolière, Monsieur le Maire de Pont-Saint-Martin,...

Déjà_un_voyage

Et pour les personnes intéressées, le parcours suivi ce jour-là S51 Passay Noue Bouguenais et son GPX S51 passay lanoue bouguenais (97.32 Ko)

nota bene : une fois sur la carte détaillée du parcours S51 Passay Noue Bouguenais, il est possible de changer le fond de carte en cliquant sur l'étiquette en haut au milieu (menu déroulant), avec au choix la carte IGN très fine, Open Cycle Map (avec tous les aménagements cyclables), etc., et de zoomer en appuyant sur la touche CTRL du clavier et en jouant de la molette de la souris.