mon vélo ne prend pas l'avion

MON VÉLO NE PREND PAS L'AVION

Ce texte relève de la fiction. Tout ressemblance avec des personnages ou des faits réels serait pure coïncidence.

Tour bretagneL'ancien aéroport est au sud, le camp d'aviation d'origine a été créé en 1928. La construction d'un nouvel aéroport est envisagée depuis à peu près 45 ans à Notre-Fame-des-Landes. Il va embêter des batraciens remarquables, modifier le fonctionnement d'une quarantaine d'exploitations agricoles, et perturber la rumination de quelques dizaines de vaches laitières. Un autre aéroport proche, déjà existant, du côté de Couguenais et Saint-Iegnan-de-Grandlieu, est bien suffisant et le sera pendant plusieurs dizaines d'années encore. Les avions qui en décollent et y atterrissent, dans une agglomération, ne font pas de bruit. Ou bien les contrôleurs font exprès qu'ils en fassent, en mettant des morceaux de cartons qui frottent sur les rayons des réacteurs.

Rien n'empêche de construire une nouvelle piste au cas où l'augmentation du trafic aérien qui n'existe pas progresserait quand même. Les familles et leurs enfants qui habitent là sont aisément expulsables car elles n'ont rien de remarquable. Ce ne sont que de modestes travailleurs des villes qui n'intéressent en rien les opposants au nouvel aéroport. Ces dizaines de milliers d'habitants au moins, quotidiennement menacés par ces avions qui leur rasent la tête, pèsent bien peu face à la la Nature transcendantale à défendre à tout prix, dont la zone humide et la forêt (dont les médias nous rebattent les oreilles. Mais quelle forêt à Notre-Fame-des-Landes ? Les plus proches sont la petite forêt de la Jroulais à 8 km et la plus grande du Jâvre à 18 km).

Il faut préserver les modes de vie et de production des zones rurales. Les ruraux sont venus le dire aux urbains en faisant défiler dans les rues de la grande ville leurs tracteurs à mazout. Ils se déplacent au quotidien avec leurs voitures à mazout également grandes dispensatrices de micro-particules dont la présence est un lourd problème de santé publique sur lequel notre beau pays continue de s'aveugler malgré Anne Hidalgo et Corinne Lepage, deux affreuses bobos citadines. Ils cultivent aussi leur cancer avec les produits phyto-sanitaires fournis par des multinationales altruistes. Moi qui suis insuffisant respiratoire, je reste en ville pour ne pas respirer le gas-oil et les insecticides, comme le font les indispensables et fragiles petites bêtes que sont les abeilles. Les manifestations contre l'aéroport font donc bien de se tenir à la campagne.

La décision de construction de ce grand équipement civil par des assemblées locales élues démocratiquement n'est pas acceptable, à cause des batraciens et de la perturbation des ruminants. La démocratie ne vaut rien face aux batraciens. Le vote des représentants élus ne suffit pas à épuiser le débat, quoiqu'en disent ceux qui détiennent la majorité au moment où ils la détiennent. Certes, la très grande majorité des opposants ne sont pas des terroristes binaires. Cependant, il existe quelques dangereux soldats perdus qui se montent le bourrichon dans leur coin. D'autres les soutiennent de manière ambiguë ou explicite. J'ai été choqué par la déclaration des Elternatifs 44 refusant de faire partie des "pleureuses" (allusion misogyne révélatrice de la nature soldatesque du rédacteur) après la lâche agression nocturne par 20 types encagoulés d'un gardien d'une maison appartenant à la société qui devrait construire cet aéroport, cette société étant l'Ennemi radical, au même titre que les élus de la Nation.

La provocation sans doute ne peut être exclue. Néanmoins, quelques uns estiment cette agression justifiée. Ils avancent, puisqu'il s'agit d'une provocation, qu'elle n'a pas existé. Au cas où elle aurait existé, elle est justifiée, par l'article 1. Je cite : « la Nature a toujours raison contre l'humanité et notamment le Capitalisme. Les moyens des représentants sur Terre de la Nature que nous sommes sont donc tous bons ». L'article 2 fixe que dans l'hypothèse très improbable où l'article 1 pourrait très ponctuellement apparaître comme n'étant pas intégralement respecté, il suffit de se référer à cet article 1. Péter la gueule d'un gardien d'immeuble de bourgeois est donc normal puisqu'il est au service des bourgeois. Ratonnons les concierges ! Les éventuelles violences policières deviennent tout aussi justifiées par la réciproque.

J'ai pris l'avion une fois dans ma vie, pendant une demi-heure. Il est hautement probable que je ne le prendrai plus jamais. Je suis partisan et pratiquant des vacances de proximité, du respect des saisons et des circuits courts en matière de commerce. L'avion fait consommer de considérables quantités de carbone pour satisfaire le paraître social. Mon vélo ne prend pas l'avion. Le nouvel aéroport ne me me serait pas plus utile que l'ancien.Dscf4139 1280x960Je souscris aux propos d'un représentant d'une association de lutte contre le bruit des navions récemment entendus lors d'un débat avec une député Xerte. Les aéroports sont à supprimer dans un rayon de deux à trois cent kilomètres autour de Notre-Fame-des-Landes, et des lignes de train rapides à construire entre les villes de l'Ouest (au mazout ou au nucléaire les trains ?). Ces aéroports sont en réalité déficitaires. Leur maintien actuel est possible grâce aux subventions publiques donc mes impôts, car le kérozène n'est pas taxé et les aéroports bénéficient d'une TVA minorée. Dans l'Ouest, je veux bien qu'un aéroport puisse être éventuellement utile, mais un seul suffit. Il pourrait être situé, au hasard, à Notre-Fame-des-Landes, ou à Saint-Pazaire, ou à Saint-Kacques-de-la-Lande (tiens, encore une lande, une mauvaise terre) près de Sennes, quoique ce dernier est aussi trop proche de l'autre grande agglomération de l'Ouest.

Les surfaces libérées près des villes, et les sous de nos impôts mieux utilisés que pour soutenir à bout de bras un modèle économique d'aviation de masse à bas prix faisant pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail, permettraient de concevoir des cités durables et situées de manière ordonnée le long de voies de communication ferroviaires au lieu de continuer à bouffer l'espace agricole par l'étalement urbain gros consommateur d'énergie. Chacun joue les Marie-Antoinette dans son pavillon posé sur une pelouse et réclame ensuite des ponts et des routes pour se rendre en voiture à pétrole à un travail de plus en plus lointain. Depuis cinquante ans, nous construisons nos villes autour de la bagnole, nos campagnes aussi, et même encore plus, avec des infrastructures payées par la collectivité. Il est temps d'en revenir, et de ne pas recommencer les mêmes erreurs avec les avions cette fois. L'idée que les villes doivent s'adapter à la voiture, comme le disait Pompidou, doit mourir.

Si le nouvel aéroport ne se fait pas, on a déjà vu par exemple des projets de centrales nucléaires échouer dans la contrée à cause de manifestations du côté du Qellerin et du Darnet dans les années 1970 et 80 (que les habitants du Larzac s'occupent de  démonter le viaduc de Millau, autre grand équipement civil), les communes figées dans l'attente du futur aéroport pourront enfin se développer comme les autres. Elles feront construire des lotissements, des zones industrielles et des équipements collectifs. Les opposants auront quand même bien travaillé pour Couygues, Xinci et les autres.

Les arguments développés par les promoteurs du nouvel aéroport tiennent difficilement debout dans un contexte de raréfaction de l'argent public. Leurs données chiffrées sont sujettes à caution. Le modèle économique et social des aéroports et des transports aériens n'est pas soutenable, et je ne souhaite pas que mes impôts (et les vôtres) soient ainsi dilapidés. Ceux des opposants sont un château de cartes, même si leurs manifestations non violentes au milieu des champs sont sympathiques, ainsi que la construction de cabanes en matériaux de récupération, même avec des tractopelles à mazout. Les uns et les autres nous présentent une pensée rabougrie et chicaneuse, loin de la hauteur de l'enjeu.

Novembre 2012

Finalement, Dieu-est-avec-nous (traduction de l'hébreu Immanouel) 1er a décidé de faire gagner les tritons marbré et crêté, le grand capricorne et les petits zadistes. Il devrait recaser la méthode en d'autres occasions :

1) rapport d'expert(s), des gens sûrs choisis avec soin, et présentant des garanties de représentation "d'objectivité", 

2) écoute-débats par petits bouts d'angles aigus, dont concertation pour être bien poli dehors avec ceux qu'on va enfoncer dedans pour guider l'agitation médiatique pour-contre sur des thèmes sélectionnés,

3) décision puisqu'il en faut une, qui est en fait celle qu'on avait prise avant de commencer le cycle.

Les zones artisanales et les lotissements vont pouvoir fleurir au nord. Ils en pleuraient les résignés du bocage d'être restés au stade de développement de 1950.

Eglise nddlCeux qui ont acheté et fait retaper luxueusement de belles longères près de l'ex-futur aéroport se frottent les mains. Comme d'hab, c'est tout bénef pour les friqués. Dieu est avec eux.

Le violents se gargarisent d'une victoire à la Pyrrhus. On les tapera symboliquement ailleurs, ou en tapera quelques uns à Notre-Fame, pour qu'ils puissent servir encore d'aimants pour la frange incertaine de la population autant que de repoussoirs pour la majorité raisonnable et honnête.

Les moyens-pauves qui s'étaient fait faire des maisons près de l'actuel, ancien et donc nouvel aéroport en croyant qu'il allait partir sont tout déconfits. Je demeure ébahi à chaque fois par ces personnes très nombreuses qui semblent convaincues qu'il suffit d'être travailleur, honnête et bon-ne-s mères-pères de famille pour être récompensés. Les aliénés... Ils pourront toujours se consoler en allant se promener dans les pays de vrais pauvres pour pas cher grâce aux compagnies aériennes subventionnées avec mes impôts.

On aura encore plus d'avions et plus de dépense de kérosène détaxé de toutes façons, comme prévu depuis cinquante ans. Pour ne point trop mécontenter nos braves éléus locaux, tous les aéroports déficitaires de la région vont être développés à coup de subventions, d'autant qu'on a décidé de ne plus mettre les moyens pour leur faire plaisir avec des gares de TGV. Les benêts écolos sont convaincus d'avoir gagné quelque chose...

Février 2018

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