c'est comme ça que j'mange, moi

En route à vélo, je mange. J'ai plus d'expérience que de savoir, guère de prétention pour dire ce qui est le mieux, et des doutes à propos des modes successives. Depuis plus de cinquante ans que je pédale, j'en ai vu passer quelques unes. J'ai aussi lu quelques trucs, des bouquins et des articles, écouté et regardé des émissions sur la nutrition, rien de vraiment convaincant ou qui m'ait paru complètement adapté à la promenade au long cours avec effort gentiment modéré. Je m'en tiens donc à mes règles personnelles et pragmatiques. La diététique dite de l'effort est fréquemment limitée à la recherche de performance, ce qui autorise toutes sortes de bizarreries où la mode et la croyance dominent.

Toutes choses égales par ailleurs, j'y vois comme un rapport avec les étirements, qui paraissent être remis en cause en ce moment. On aperçoit souvent des joggers pousser les murs et les barrières. Ils font du sport, eux. Ils ont ouï dire, ou vu dans le journal, ou lu sur Internet qu'il fallait faire des étirements (vous êtes en train de lire sur Internet, hihihi) avec pleins de petits schémas et de photos à l'appui. Tirer sur un muscle douloureux, je me demande vraiment si c'est adapté. Je préfère le laisser se reposer. Je n'ai jamais vu de cyclo campeur faire des étirements (il doit bien y en avoir quelques uns). Il a bien d'autres choses à faire en arrivant, comme planter la tente, faire la lessive ou préparer le repas. Pourtant, le cyclo campeur fait des efforts bien plus prolongés, chaque jour, le jour d'après et le suivant, et pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, que les joggers ou les cyclistes du dimanche, avec une intensité moindre il est vrai.

boire

Boire, beaucoup. Rares sont ceux qui boivent suffisamment. Qu'il fasse frais ou chaud. Dans le chaud, il faut boire plus encore. La sensation de soif à l'arrivée est la preuve d'une hydratation insuffisante. Une montre avec alarme pour le fractionné peut aider à boire régulièrement, en la faisant sonner toutes les dix ou quinze minutes, sans s'arrêter, grâce aux bidons sur le cadre. Ils sont faits pour ça. Les vélos sans les filetages pour porte-bidons sont des aberrations.

Le cyclo camping n'étant pas une activité frénétique, on a tout le temps de faire des arrêts santé, également nommés arrêts techniques ou arrêts-pipi. Par grande chaleur, on boit beaucoup, et on urine très peu. Je ne bois que de l'eau plate, que je trouve au robinet, dans les cafés (pas trop froide SVP) ou les cimetières. De l'eau potable ordinaire ou EPO. Les boissons gazeuses me remontent dans le gosier. Tout comme la bière. J'évite l'alcool, qui me fatigue et me déshydrate.

Bidon aluminium<- Le bidon cycliste est la bonne solution pour avoir toujours de l'eau à portée de main. Bien arrimé dans un porte-bidon, il ne risque pas de tomber. Il peut se remplir partout (bars, cimetières, habitant-e aimable...). En terrain varié, les cyclistes ont la bonne habitude de boire à chaque fois qu'ils arrivent en haut d'une côte, ou d'avaler un petit gorgeon toutes les dix minutes.

Surtout par temps frais ou froid, j'ajoute de la poudre de perlimpinpin dans l'eau de mon bidon. Ce n'est que du sucre un peu transformé pour être absorbé en partie plus lentement que le sucre rapide, avec quelques vitamines et une toute petite proportion de sel. Le sucre rapide provoque à la longue des brûlures à l'estomac, pouvant aller jusqu'à empêcher de boire ou de manger, ce qui m'est arrivé au bout de 25 heures de pédalage (oui, oui, vingt-cinq, 500 km environ). C'était il y a longtemps. Maintenant, quand j'en fait 100 d'affilée, c'est mon record annuel. J'ai fini par trouver le perlimpinpin qui me convient, de goût neutre et parfaitement digeste.

L'autre inconvénient du sucre rapide est qu'il peut provoquer une euphorie, car les muscles sont quasi instantanément rechargés en énergie. Le coup de moins bien tape un gros quart d'heure plus tard. Sauf à se recharger en sucre rapide trois fois par heure, mieux vaut en absorber peu. Ces sucres se cachent dans la glace, les jus de fruits, les patisseries, les sodas, etc. Inversement, en cas de coup de barre à cause d'une mauvaise gestion de l'alimentation, un morceau de sucre et de l'eau peuvent faire un petit miracle. Si un de vos compagnons de route devient vert avec la tête qui tourne, donnez-lui quelque chose de très sucré. Il faudra ensuite s'arrêter pour consommer quelque chose de plus consistant et durable.

L'été, en voyage, je ne bois que de l'eau pure et sans mélange, à température ambiante. Je digère bien l'eau chaude, à condition de n'en boire que par petites goulées. Je me sers aussi de cette eau pour m'arroser et mouiller le linge que je porte sur la nuque en cas de grosse chaleur. Je veille attentivement à avoir toujours de l'eau en réserve. La déshydration peut être grave. Support porte bidon pour selle

A défaut d'avoir des trous filetés dans le cadre pour y fixer solidement le porte-bidon, on peut installer un support de porte-bidon derrière la selle (à droite), ou des colliers sur le cadre (ci-dessous) qui permettront de visser un porte-bidon. Préférer un porte-bidon en résine ou carbone, dans lequel on peut mettre sans les abîmer des bidons en plastique ou en aluminium. Ne pas mettre un bidon en alu dans un porte-bidon en métal (alu ou acier), les chocs l'abîmeraient et ça fait du bruit.

Support porte bidon cadre

manger

Un commandement de Velocio, un pragmatique lui aussi : "manger avant d'avoir faim", et une règle des vieux cyclos-touristes : "manger peu, souvent", et non pas "manger peu souvent", sont applicables. L'organisme est mobilisé par l'effort physique, même quand il n'est pas violent. Il doit aussi assurer le refroidissement ou le réchauffage, selon la saison. Lui demander en plus de digérer des trucs lourdingues serait trop exiger. Je consomme donc régulièrement de l'eau et des trucs qui se mâchent pour donner l'impression de satiété et préparer la digestion. Des petits sandwiches avec des sardines, du fromage ou d'autres choses se mariant avec le pain, du gâteau de riz et de semoule, etc.

Quant on fait une sortie à la journée on peut préparer la veille. Le plus souvent, je ne m'embête pas : salade de pâte ou de riz avec poisson et légumes, gâteaux de riz, pain d'épice, biscuits (que je préfère avec des ingrédients traditionnels, comme ceux de la marque Saint-Michel, plutôt que les tristounets biscuits bio couleur de contreplaqué, et un peu de beurre est bien meilleur au goût que l'huile de palme même bio et équitable).

En voyage, je m'efforce de manger de tout un peu : glucides (pain, pâtes, riz), protides (poisson, viande blanche, laitages) et des fruits de saison. Les légumes secs sont bons aussi. On peut les acheter en boite ou bocal à défaut de pouvoir les cuisiner. Et les lipides ? J'aime bien l'huile d'olive avec la salade, et il y a du gras dans le fromage. J'apprécie le fromage, même sans pain. Surtout le camembert au lait cru. Ben alors ? On n'a plus le droit d'être français ? Je mange aussi du gouda et du parmesan. Je n'ai pas encore gouté au Stinking Bishop, anglais avec une odeur de vieille chaussette, mais dès que l'occasion se présentera...

Je n'emporte pas de frigo sur mon vélo. L'ordre habituel des repas s'en trouve bousculé. Les laitages sont consommés presque aussitôt après la sortie du magasin, voire directement sur le parking, surtout s'il fait chaud. A la campagne, les gens sont un peu surpris. Je leur explique. Ils font au moins semblant de comprendre. Le plus souvent, les gens sont gentils. Presque à la sortie, parce que j'ai rendu mon quatre heures un jour de grande chaleur après avoir avalé d'un trait un litre de laitage, commettant ainsi une double erreur : trop, trop froid. Il en va de même pour la cuisse de poulet rôti. Je n'attends pas l'heure du repas. Les pâtes ou le riz, c'est plutôt le soir pour des raisons pratiques, parce que je ne les fais pas cuire au bord de la route.

Ces manières sont rationnelles. J'ai faim à peu près toutes les deux heures. Je mange donc à ce rythme, sans me préoccuper de l'heure qu'il est. Rouler le ventre vide me semble à déconseiller, ne serait-ce que pour demeurer lucide. Sur la route, le cycliste n'est pas seul, certains autres usagers peuvent représenter un danger si on est pas attentif. Je m'adapte néanmoins aux habitudes plus coutumières de mes compagnons pour ne pas déranger leurs habitudes culturellement bien ancrées de repas longs et très agréablement conviviaux, plus espacés que mes collations. Je grignote quand même un petit truc entre deux repas.

Je pense que ça doit être à peu près équilibré. Souhaitant faire dans le digeste, je consomme rarement en faisant un effort de la choucroute (ou alors juste le chou), des rillettes ou de la fondue savoyarde. Je varie d'un jour à l'autre et je ne crains pas un extra de temps à autre. L'ennui naquit un jour de l'uniformité. Un bon saucisson sec avec un morceau de bon pain, c'est un peu beaucoup gras, c'est pas tous les jours, mais bigre que c'est agréable, dussé-je me faire honnir par les mangeurs d'herbes et de graines biologiques.

Ils n'ont pas forcément tort de manger plutôt des céréales : quinoa, seitan, boulghour, pomme de terre, avoine, orge, millet, maïs..., des légumes secs : flageolets, lentilles, pois, haricots..., ou des fruits secs. On y trouve à la fois des protéines, des féculents et de bonnes graisses. Cuisiner ces aliments en route où l'intendance a tendance à être la plus simple possible est quand même un peu compliqué. Les céréales et légumes secs se trouvent en magasin déjà cuisinés, dans des préparations culinaires plus ou moins élaborées ou juste en boite ou bocal. Ces aliments consomment beaucoup moins de ressources que les protéines d'origine animale. Il me serait difficile de renoncer au lait, et plus encore au fromage. La vache, en plus d'être un animal sympathique et familier, est une formidable usine à transformer l'herbe en un délicieux aliment. Les revenus des éleveurs laitiers sont scandaleusement bas par rapport au travail qu'ils font. Le modèle agricole productiviste à bas coût est une impasse dont il faudra  bien sortir, de gré ou de force.

L'effort modéré prolongé, ça creuse. Je mange bien plus au bout de deux ou trois jours que le premier jour. Je me méfie de moi-même en faisant les courses au petit supermarché du soir avant l'arrivée au camping. Comme tout un chacun, à l'issue de quelques heures d'activité physique (mais pas seulement physique), je suis tenté par le gras et le sucré. Exceptionnellement, je ne suis pas ennemi d'une tartiflette ou de biscuits à apéritifs. Exceptionnellement. Pour changer, se faire plaisir. Au retour d'un voyage, je mange encore plus que d'habitude pendant deux ou trois jours. Ensuite, je reviens sans y penser à des quantités adaptées à une vie plus sédentaire. Mon poids varie peu. Ma silhouette a quand même tendance à se rapprocher de la bouteille de Perrier en hiver et de celle du haricot vert en été. Sans que le poids global varie de beaucoup.

petit, pas lourd, pas fragile, calorique

PainsLe pain est l'aliment de base, celui qu'on trouve à la boulangerie de rencontre, agrémenté de trucs à mettre dedans dont on a un petit stock de fond de sacoche qu'on renouvelera au fur et à mesure qu'on avance : du pâté (Hénaff), du fromage à tartiner (Vache qui rit), des sardines en boite, ou des trucs plus frais équivalents, on trouve des préparations de légumes dans les supermarchés, et puis des fruits. Mon père emmenait l'hiver sur son vélo des galettes du pèlerin, préparées selon la recette moyenâgeuse au froment et au sarrazin, qu'il disposait dans un linge sur sa poitrine. Elles étaient donc tièdes quand il les mangeait. Pour avoir des calories, je préfère les assortiments de fruits secs, où ont été ajouté le moins possible de matières grasses et de sucre (apprendre à lire les étiquettes), et le chocolat très noir, pour disposer de l'énergie nécessaire pour un petit volume transporté et une digestion facile. A défaut de chocolat à déguster, celui à pâtisser se trouve partout. Le chocolat et le fromage contiennent du gras. Faut bien en avoir aussi.

Toujours dans le fond de la sacoche, j'ai un petit sachet pas bien lourd ni encombrant avec de la purée et un ou deux sachets de soupe déshydratés. Je trouve les plats préparés déshydratés destinés aux expéditions pas très bons, chers et plus lourds. Il m'est arrivé d'être dépourvu de nourriture fraiche des soirs genre 15 août, dans le bourg où est sis le camping, sans un magasin ouvert. Souvent, il me restait en plus de la purée (préparée avec seulement de l'eau) et de la soupe, du chocolat, une banane, un fond de fruits secs et un morceau de pain pour le soir et le lendemain au lever... J'ai survécu confortablement parce que j'avais (un peu) anticipé. Le lendemain, je m'achetais des fruits et des laitages à la première alimentation ouverte. L'indispensable gros sel est toujours présent en quantité suffisante une sacoche. Je le transporte, comme toutes les choses à emballer, dans un petit sac de congélation.

Pain, sardines, yaourt, fruit. Un repas de midi avec un peu de tout. Sans oublier l'électronique...

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en conditions un peu plus difficiles

Dans des conditions un peu plus difficiles, vent très contrariant, pluie froide, ou grosse chaleur, je m'arrête tous les 10 ou 15 km à peu près pour manger ou me réhydrater davantage. J'engrange l'énergie pour affronter les éléments et les côtes.

Les cassures du rythme sont bienvenues. Elles permettent de faire le point : distance restant à parcourir, difficultés à anticiper, points où la navigation est plus délicate... Tête baissée, on se fatigue vite, au risque de commettre des erreurs qu'on paiera comptant.

Il est risqué de vouloir à tout prix rejoindre la crêperie en s'épuisant pour arriver avant la fermeture pour manger trop gras et trop lourd. Le temps de la digestion est alors celui du gros coup de barre, parce qu'on aura cumulé un effort musculaire mal contrôlé le ventre vide puis une digestion difficile de nourriture trop lourde. Mieux vaut fractionner ses repas, répartir son effort par tranches, conserver son petit rythme et la tête bien lucide pour ne pas forcer et durer.

suffisamment mais pas trop

Quant on voyage chargé, on disposera en permanence de l'alimentation nécessaire plutôt que de chasser le commerce au prétexte de s'alléger de quelques centaines de grammes. En toute sérénité. Le voyageur à vélo est autonome. Ce qui ne l'empêche d'acheter au bord de la route, à Noirmoutier par exemple : des pommes de terre assaisonnées de salicornes ramassées au passage dans les marais salants. Il y sacrifiera une cartouche de gaz.

Conserves<- à 500 g la boite, ça fait 3 kg de plus à transporter, et il y en a dans toutes les alimentations au bord de la route.

Il n'est pas pour autant utile de se charger comme un âne bâté. Il est rare qu'on traverse des déserts. Pour un petit voyage dans un pays pourvu en commerces de proximité, trimbaler une demi-douzaine de boites de conserve est une manifestation d'angoisse, et non une précaution indispensable. Le poids et le volume doivent être raisonnablement contenus.

basique, pas cher, facile à digérer

Ben non. Nulle barre énergétique ne figure à mon menu. Pas plus que des fioles de je-ne-sais-quoi recommandées par le champion du monde du moment ou de juste avant. Je ne fais aucun calcul de pourcentages ni ne soupèse mes aliments sur une balance de précision dont j'intègrerais les données dans une application sur ordinateur. Je ne mange que des aliments basiques qu'on trouve partout au bord de la route (en France du moins, ailleurs il faudrait s'adapter), peu coûteux, digérables tout en faisant un effort (modéré) : de l'eau, du pain, des nouilles, du riz, un peu de viande et de poisson, des laitages et des fruits, en quantité suffisante pour alimenter la chaudière.

Pour les raisons évoquées, je vais rarement dans les restaurants. Les plats en sauce, et même les pizzas couvertes de fromage fondu, ne me conviennent pas. C'est lourd, et ça prend du temps. Pour un rouleur de petite allure, l'avance se fait bien mieux en s'arrêtant peu qu'en faisant de longs arrêts pour manger, des siestes et des bavasseries à la terrasse des cafés. La moyenne se calcule de l'heure de départ à l'heure d'arrivée, et non seulement pendant les temps d'agitation des pédales. Souvenons-nous du lièvre et de la tortue. La moyenne (arrêts compris bien sûr) n'est pas du tout un objectif, c'est une résultante, qu'il est préférable de connaître pour évaluer la longueur raisonnable des étapes.

A eviter en route<- à éviter, au moins en route

Un autre des commandements de Velocio est "des haltes rares et courtes pour ne pas faire tomber la pression". Je préfère manger dehors, à l'heure où j'ai faim. Mon plaisir, c'est la promenade à vélo, causer avec l'humain de rencontre, regarder les paysages, m'intéresser à ce que je vois et prendre des photos, et non de passer des heures à table. Il m'arrive de manger à une bonne table, en buvant un verre de bon vin, un jour de relâche, pour distraire les papilles et la tête. Je n'ai pas de religion.

Mes "règles" valent pour moi. Pour vous, c'est vous qui voyez.

Ce que disait Velocio

J'ai découvert ce texte deux ou trois ans après avoir écrit le mien, mais j'avais déjà lu des passages de cet auteur qui m'avaient sans doute influencé.

Voici donc des extraits de ce que répondait Paul de Vivie dit Velocio « prophète » (laïque et, hélas, non obligatoire) du cyclotourisme à des personnes qui l'interrogaient sur son régime alimentaire végétarien, fort peu répandu en ce début du 20ème siècle.  

« Mais non, pas du tout indiscret de me demander ce que je mange, puisque je prétends que l’endurance est due pour une bonne part à l’alimentation. Voici, à quelques grammes près, ce que j’ai dévoré pendant ces deux dernières semaines qui, d’ailleurs, diffèrent peu de toutes celles qui, depuis juillet 1896, les ont précédées :

  • 8 kilos de pain (ménage ou complet, toujours très rassis) ;
  • 6 kilos de carottes (simplement cuites à la vapeur et croquées en guise de fruits, souvent hors des repas, sans autre préparation et sans assaisonnement) ;
  • 3 kilos et demi de légumes variés, soissons, choux, salsifis, épinards, pommes de terre, toujours cuits à la vapeur ou dans très peu d’eau, et assaisonnés d’un peu d’huile d’olive, sans sel ;
  • 3 kilos et demi de fromage frais, fait de lait très écrémé ;
  • quatorze bols de café au lait (contenance demi-litre) ;
  • douze bols de châtaignes bouillies ;
  • dix litres de lait, avec châtaignes ci-dessus, quelquefois avec pain ;
  • six bananes ou orange et 400 grammes de sucre.

« Pas de beurre, ni d’autres corps gras que l’huile (environ 300 grammes) qui assaisonne mes légumes. Jamais de sel ni de vinaigre ou autres condiments. »

« Aucune boisson en mangeant, mais un jour sur deux, en moyenne, une tasse de café après le repas de midi (mauvaise habitude), et quelques verres d’eau le dimanche soir et le lundi, pour récupérer l’eau perdue pendant la forte suée dominicale. »

« Quand la saison des châtaignes sera terminée, mon repas du soir consistera en une bouillie de flocons d’avoine, de riz ou d’autres céréales, ou bien de macaroni, nouilles, etc., avec fromage de gruyère, quelquefois d’œufs à la coque. »

« Pour l’alimentation dominicale, seul, je ne m’arrête pas pour le repas de midi, et me contente de 200 à 250 grammes de pain ou de chausson aux pommes, quitte à manger le soir un peu plus copieusement. En groupe... je fais comme mes compagnons et je mange à l’hôtel ce qu’on nous donne... »

Et à une époque où l’augmentation du prix de la vie commençait à être très sensible : « Pour aller loin et longtemps, il ne s’agit pas de se bourrer de victuailles, goulûment ingurgitées, il s’agit d’amener dans l’estomac, un bol alimentaire sagement composé pour fortifier le corps, non pour chatouiller le palais, et bien préparé dans la bouche par l’action combinée des dents, de la langue et des sucs salivaires. Pourquoi ne nous apprend-t-on pas cela à l’école ? »