de LES MOUTIERS-EN-RETZ à NANTES
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<-- tour Bretagne, maison !
Le retour. Le dernier jour est, traditionnellement, celui où je roule le plus vite (moins pas vite que les autres en fait). Pas seulement à cause de l'odeur de l'écurie. Entrent en ligne de compte le peu de courses à faire, le soir et le lendemain n'ont plus d'intérêt de voyage, la parfaite connaissance du terrain qui permet de le gérer au plus efficace, la débauche (très relative) d'efforts possible puisqu'il n'est plus besoin d'anticiper les efforts des jours suivants, mais aussi le fait que NANTES est dans un trou quand on arrive d'à peu près partout, sauf quand c'est plat.
Le port du Collet (Bourgneuf-en-Retz) au petit matin.
Qu'il est bon de retrouver son bucolique chez soi près de Cheviré.
Quelques éléments de bilan s'imposent
1. Les trucs des copains.
Le trépied de la bouteille de gaz. Merci à Patrice de m'avoir signalé l'existence de ce petit objet pas cher du tout, peu encombrant, pas lourd et sacrément pratique. Il permet une notable diminution du risque de se renverser de l'eau brulante sur les pieds et les mollets.
La plaque fabriquée maison pour stabiliser le vélo sur pied qui, sans cet accessoire, a tendance à tomber tout seul au bout d'un moment. Bertrand, homme fort inventif et passablement de bon conseil, m'a conseillé de me fabriquer cette plaque, pour la poser au sol à l'arrêt, ou la coller au bout du pied, plutôt que d'installer un pied à deux bras (avec un orteil seulement à chaque bras). Le pied à deux bras est plus lourd, prend plus de place, et aurait pu jurer avec l'esthétique de ma machine. Il n'aurait pas tout résolu, puisque le guidon aurait quand même pivoté, et qu'il eut fallu soulever le vélo à chaque fois avant de déplier le pied, ce que je répugne à faire, tant pour me ménager le dos (on a l'âge de ses lombaires) que pour ne pas abîmer la selle ou le cadre. De plus, pour changer le pied, les pose et dépose auraient été coton, à cause du système astucieux mais complexe pied + dynamo sous bases, nécessitant des clés coudées à œillet ouvert qui ne se trouvent pas facilement (quoique Jean-Claude en possède). Le petit bout de bois m'apporte le confort de faire tenir mon vélo sur son pied, à peu près sur tous les terrains, même un peu mous, donc aussi, par exemple, au camp, de pouvoir accéder à mes sacoches sans avoir à les démonter. Mon vélo tombait souvent avant, la guidoline était râpée par l'écorce des arbres en glissant, etc. Merci Bertrand.
Michel et Jean-Luc m'avaient fait remarquer que mon plateau moyen avaient les dents usées. Je l'ai donc remplacé avant le départ. Deux paires d'yeux supplémentaires m'auront permis de ne pas user prématurément ma chaine, et de conserver un rendement correct de la transmission.
J'aurais du écouter Jean-Luc pour autre chose. Il mange directement dans la casserole. Je l'ai écouté sans mettre en pratique. Je ne me suis pas servi de ma boite hermétique qui me sert habituellement d'assiette. Ça me fera un truc de moins à emporter l'an prochain, au profit d'une deuxième chambre à air.
2. Les bonjours.
Il serait possible d'en faire un roman, bien plus long que pour les plaques à pied à un ou deux bras. J'en cite juste quelques uns.
- Les cyclistes de tous genres. Les coureurs sont les plus enclins à saluer le vieux sacochard. Dès que votre carrière de carapateur est finie, et même avant, venez-y, mes fins coursiers, au voyage à vélo. Mais apprenez d'abord à accepter de rouler lentement, sinon vous n'en gouterez pas le charme. Les autres sacochards sont souvent très portés sur les salutations, dans leur langue ou la mienne, d'un signe de la main ou de la tête, et d'autres fois croisent sans un regard. Les salamalecs entre cyclistes, surtout de la même sorte, sont peut-être surannés. Les autres genres de cyclistes (enfants, dames allant faire les courses, éleveurs menant les vaches au champ, vélo à casquette partant faire son tiercé, etc.) ne sont pas en reste, surtout à la campagne. Politesse de campagne, éminemment respectable, et curiosité.
- Les piétons, surtout les randonneurs. La randonnée pédestre, avec la navigation de plaisance, est l'activité la plus proche du voyage à vélo. Les autres piétons, des villes et des campagnes, ne sont pas non plus avares de salutations, de sourires, de « bon appétit » et « bon voyage » ;
- Les automobilistes. C'est un scoop : les automobilistes ne sont pas toujours automobilistes, ils peuvent donc reconnaître un cycliste comme un de leur semblables et lui faire des signes sympathiques ;
- Les gens du voyage. À plusieurs reprises au cours de mes pérégrinations, des conducteurs de camionnettes de voyageurs m'ont fait des petits coups de klaxon, des signes de la main. Je ne suis pas nomade bien longtemps chaque année, mais je pense agir, et réagir, comme les voyageurs le temps du voyage. La fonction crée l'organe ;
- Les agriculteurs. Il fut un temps où je dépassais les tracteurs. Ils roulaient moins vite et moi plus. Maintenant, c'est le contraire. Ils roulent plus vite et moi moins. Avant et maintenant, ils ont le bonjour facile. J'ai eu droit à un coup de klaxon en en croisant un. Je ne savais pas que ces machines en étaient pourvues ;
- Les facteurs et les factrices. La France ne serait pas la France sans les petites voitures jaunes du matin, les gros vélos jaunes, certains à assistance électrique (et c'est tant mieux pour eux, parce que le vélo chargé tous les jours toute l'année par tous les temps, c'est très dur) et les camionnettes jaunes, et surtout leurs petits coucous de la main, leurs grands sourires et leurs encouragements. La France vue d'un vélo, ma bonne dame, ce sont d'abord les postiers et les cafés. Le reste est là pour leur servir de toile de fond. Les deux ont en commun d'être des puissants vecteurs de lien social. Quand il pleut, j'ajoute au titre des caractéristiques essentielles de notre beau pays l'abribus (don du département, of course). Et un peu partout et partout un petit peu dans les campagnes, le monument le plus caractéristique de la ruralité : le transformateur EDF, modèle années 60, en béton gris-beige. Les guides touristiques qui mettent en valeur autre chose sont écrits par des faiseurs.
- Enfin, il faut le dire et le répéter, les crétins qui trompettent le contraire dans des journaux exotiques écrivent leurs articles depuis Google Map avec des lunettes préconçues, les français sont des gens accueillants, polis et respectueux. Sauf les petites blondes (voir 1er jour). Et même pas toutes et pas tout le temps. Ou alors elles font pas exprès. Voyager seul à vélo dans ce pays n'est pas voyager seul et le voyage en solitaire est un moyen de se réconcilier, si besoin, avec ses contemporains.
3. Les chiffres, parce qu'eux aussi expriment la réalité.
Voici un petit tableau récapitulatif des journées successives. Les chiffres n'ont évidemment aucun intérêt dans l'absolu. À chacun de s'apprendre à composer ses étapes en fonction des circonstances et souhaits. Il confirme cependant deux ou trois constats pluriels :
- la distance réellement parcourue est supérieure d'environ 10 % à la distance calculée sur la carte. La cause en est dans les allers-retours accomplis pour trouver les commerces et autres centres d'intérêt, les variations d'itinéraires involontaires (erreurs, déviations...) et volontaires, en décidant de passer plutôt par là que par ici (au cours de ce voyage, passer par La Baule et Saint-Nazaire plutôt que Saint-André-des-Eaux était touristiquement bien vu, mais franchement plus long). Ces 10 % sont sensiblement constants d'un voyage à l'autre. La durée à passer sur le vélo par journée doit donc intégrer ce facteur. L'inverse arrive, sauf erreur de lecture de la carte c'est un acte volontaire (dernier jour de ce voyage).
- la difficulté d'un parcours est difficile à exprimer objectivement. Vent, fatigue, pluie, chargement, humidité, qualité de la nourriture et du sommeil, ennui mécanique... comptent parmi les composantes de cette difficulté où les variables sont trop nombreuses pour être réduites à une voire plusieurs mesures plus ou moins synthétiques. J'ai néanmoins considéré qu'en vélo lourd, une des principales difficultés est le dénivelé positif, le nombre de mètres d'élévation dans une journée. Je peux le mesurer, approximativement, avec mon altimètre barométrique embarqué. Approximativement, car il intègre un algorithme rectifiant l'altitude en fonction de la température et la pression atmosphérique qui produit des effets parfois curieux (genre, en haut d'une colline une mesure à 5 m en dessous du niveau de la mer même en ayant fait un réglage correct en début de journée). J'ai considéré ces variations comme négligeables. Ce dénivelé rapporté à 100 km me permet de comparer des parcours de longueurs différentes. Cet "indice" confirme le plus souvent mes impressions. Ainsi, telle étape dont les 30 derniers kilomètres étaient quasiment plats a un dénivelé aux 100 supérieur à la moyenne, il n'est donc pas étonnant que j'en ai plein les cannes à l'arrivée. Enfin, la vitesse maximale en descente donne une idée du pourcentage des pentes rencontrées. Ce deuxième indice pourrait paraître encore plus aléatoire, mais il n'est pas faux loin s'en faut, même s'il existe parfois une décorélation entre la vitesse en descente et le dénivelé (pays de faux-plats ou de très courtes côtes).
<-- Méfiance, si ça descend, c'est que ça va monter.
Avec un vélo léger, les montées ça va tout seul -->
Il est clair que je n'affronte que de toutes petites pentes. Pour mémoire, de Bourg d'Oisan à l'Alpe d'Huez, le dénivelé est de 1010 mètres en 13 km, soit 7769 m aux 100 km ! Le record de cette grimpette demeure détenu par Marco Pantani, que tous savent avoir été nourri exclusivement avec des produits bio. Il n'en demeure pas moins que certains, dont je ne suis pas, apprécient les montées. Avec des moyens limités, les platitudes ont du relief, et, fondamentalement, le dérailleur a été inventé pour ça. Patience et petit braquet...
|
ville départ
|
ville arrivée
|
nombre de km prévus sur carte
|
nombre de km réels
|
différence réel / prévu en %
|
dénivelé positif en mètres
|
dénivelé positif en mètres pour 100 km
|
vitesse maximale en descente
|
J1
|
NANTES
|
CHOLET
|
66,5
|
74,9
|
12,6
|
445
|
594
|
52,2
|
J2
|
CHOLET
|
MONTREUIL-BELLAY
|
67,0
|
73,3
|
9,4
|
470
|
641
|
47,0
|
J3
|
MONTREUIL-BELLAY
|
DÉNEZÉ-SOUS-LE-LUDE
|
63,4
|
68,2
|
7,6
|
315
|
462
|
42,9
|
J4 |
DENEZÉ-SOUS-LE-LUDE |
MORANNES |
56,5 |
62,9 |
11,3 |
250 |
397 |
49,1 |
J5 |
MORANNES |
POUANCÉ |
68,3 |
72,5 |
6,1 |
465 |
641 |
51,2 |
J6 |
POUANCÉ |
GUÉMÉNÉ-PENFAO |
75,5 |
82,3 |
9,0 |
465 |
565 |
42,6 |
J7 |
GUÉMÉNÉ-PENFAO |
HERBIGNAC |
58,1 |
64,9 |
11,7 |
420 |
647 |
43,1 |
J8 |
HERBIGNAC |
DONGES |
48 |
70,7 |
47,3 |
230 |
325 |
43,0 |
J9 |
DONGES |
FROSSAY Le Migron |
53,5 |
63,2 |
18,1 |
175 |
277 |
33,7 |
j10 |
FROSSAY Le Migron |
LES MOUTIERS-EN-RETZ |
62,7 |
71,6 |
14,2 |
310 |
433 |
35,8 |
J11 |
LES MOUTIERS-EN-RETZ |
NANTES |
72,6 |
67,4 |
-7,2 |
160 |
237 |
40,8 |
Les 11 jours de la tournée des pancartes, ou tour du neuf trois (44+49) s'achèvent. Ce tour aura été le dernier en vélo sec. Ensuite, j'ai continué le tourisme à vélo avec le même plaisir, et un vélo à assistance électrique. 772 km en 11 jours, soit 70 km par jour en moyenne. Cette distance moyenne est plutôt plus importante que d'habitude. Elle a été possible en raison d'un terrain plutôt plat et de la pluie. Quant il pleut, les arrêts sont moins plaisants.