de DONGES à FROSSAY Le Migron
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J'aime bien l'église de DONGES, tout en béton. Reconstruite après la seconde guerre mondiale, comme tout le bourg d'ailleurs. Elle est réussie de l'extérieur et magnifique à l'intérieur. Le béton permet de faire de très belles choses.
DONGES, dont le nom vient de « donjon », a une histoire fort ancienne et quelque peu agitée. Une histoire. Le site rocheux à la jointure de la partie sud-est des marais de Brière et du fleuve Loire a toujours été favorable à l'occupation humaine et la navigation, depuis la préhistoire. Fortifié vers le 11ème siècle, avec installation d'un prieuré, le château du vicomte est détruit au 12ème sur ordre de Conan III Le Gros, duc de Bretagne. Les vicomtes installent leur fortifications au milieu des marais, ruinées au 18ème. On achève d'y inculquer la liberté à quelques centaines de Vendéens dans le marais de la Fosse au Jaut en mars 1793 à la fin de la Virée de Galerne. Milieu 19ème, le train reliant Nantes et Saint-Nazaire y passe et apporte l'industrie. Américains et anglais construisent un port en 1917. Les raffineries s'installent dans les années 30. Deuxième guerre mondiale : le bourg est bombardé, détruit et reconstruit un kilomètre plus loin, avec la nouvelle église en béton. Les terminaux portuaires s'alignent de Gron à DONGES. La possibilité d'extension du port de DONGES a récemment fait débat. DONGES est emblématique de toutes sortes de superpositions, contradictions et conflits avec sa raffinerie, ses terminaux, ses zones naturelles protégées, son agriculture, ses campeurs travailleurs solitaires, son histoire et son présent. Et là, vous imaginez tous les commentaires auxquels vous avez échappé à propos des lieux traversés.
Je suis parti de DONGES sous la pluie. Je suis arrivé au Migron sous la pluie. Entre les deux, j'ai roulé sous la pluie.
<-- depuis l'abribus entre Boué et Lavau, sous la pluie
Mon cyclo-campeur d'hier est revenu à la charge ce matin. Il avait peu dormi. Il était retourné à SAINT-NAZAIRE pour le festival et était rentré à deux heures du matin. Il enviait mon beau vélo. Lui qui avait l'habitude de rouler à quarante à l'heure de moyenne sur un tout carbone, se retrouver à treize sur une charrue faite pour la ville et non pour le voyage le gonflait. Mon seul chrono est d'arriver avant l'heure de fermeture des magasins. Sinon, tant pis, il ne fallait pas jouer au héron de la fable et acheter plus tôt. Il se disait s'être précipité pour acquérir son engin. Il m'aurait même bien acheté mon vélo. Même pas en rêve camarade. Je me ferai enterrer avec, comme les gaulois avec leur chevaux. Je rigole. Si je dois mourir, ce qui ne manquera pas d'arriver, j'espère qu'il continuera à être utilisé par quelqu'un d'autre. Le tas de ferraille est bien adapté à son usage, autant qu'il serve.
Les emmerdements volent en escadrille disait le président Jacques Chirac. Je confirme. Il a fait froid. En plein mois d'août dans l'Ouest de la France flotte + vent = glagla. Les piles de l'appareil-photo ont rendu l'âme. Y'en a dans les magasins. La chambre à air de la roue avant a éclaté à Port Launay, près de COUËRON. L'explosion a été sonore et destructrice. La chambre a été déchiquetée et coupée en deux. Le pneu n'a semblé, sur le coup, rien avoir. Je soupçonne un défaut de la chambre. Je suis aussi peut-être surgonflé, quoique nominalement à 5,5 bars pour un vélo + bonhomme à à peine 110 kilos, normal quoi. Pourquoi aurait-elle fait 650 kilomètres puis explosé tout à coup ?
Tout est possible. Même avec du matériel de qualité. Cadre fendu, manivelle brisée, jante coupée, porte-bagage cassé, vis de selle foirée, garde-boue faussé, rayons coupés, pédale refusant de rester vissée, tout comme le jeu de direction, et je n'évoque même pas toutes les avanies des pneus et chambres, je crois avoir à peu près tout connu. Jamais tout en même temps, et presque jamais en voyage. Rien ne m'a empêché de continuer. Alors, une pauvre chambre qui explose. Bof... J'ai tendance à penser que l'on brise moins que par le passé. Il est possible que je sois monté en gamme, et sois devenu plus soigneux et précautionneux. L'aléa demeure. C'est sa raison d'être.
L'aléa est facétieux. Il y a deux ou trois ans, au terme d'une tournée de neuf cent kilomètres sans aucun souci, j'avais subi mon unique crevaison à 800 mètres de mon domicile. Cette fois, c'est au point de passage le plus proche de chez moi, hormis le retour, que je subis une avarie. Juste pour instiller le doute ? À la question : est-il bien utile de s'obstiner sous la pluie par ce froid sur des routes déjà mille fois parcourues alors que l'avarie menace ? La réponse est : l'utilité n'a rien à y voir. Et on continue. Scrogneugneu. Au pire, on prend le portable pour appeler un taxi. L'aventure, certes, mais avec carte bleue et assurance rapatriement.
Sur le bac de Couëron au Pellerin, sous la pluie -->
Du Paradis je rejoignis LE PELLERIN via le bac, comme les pèlerins de Compostelle. Je saluais quelques comme moi qui faisaient la Loire à vélo, seuls, en couple ou en groupe. En prenant le café au bar juste en face du bac, je demandais si un réparateur de vélo existait à proximité. D'autant que je cherchais une chambre à air de 650. Un client me répondit être spécialiste en dimension de pneus de tracteur et ignorant pour les vélos (personne n'est parfait), qu'il existait soit un magasin spécialisé à SAINT-SÉBASTIEN-SUR-LOIRE (autant rentrer chez moi) et un autre à PORNIC (où je ne passerai que demain), mais que, dans le coin, les marchands et réparateurs de tondeuses, cyclomoteurs et vélos avaient tous disparu.
Triste monde. Sans bagnole, tu ne peux faire réparer ton vélo. Nous voilà revenus quarante ans en arrière. En ce temps là, à HERBIGNAC, point de marchand de cycles. Quant une pièce manquait, il fallait la commander chez Manufrance, et attendre le colis. Y'avait intérêt à avoir du stock, et être bon en mécanique. L'Intermarché du PELLERIN en cet été 2011 proposait des chambres de 650, diamètre encore courant dans nos campagnes où la dictature du 700 et du VTT n'a pas encore tout mangé. Avoir une seule chambre à air de rechange n'est pas suffisant.
Excellente ambiance au camping du Migron. Arrivé sous une pluie battante, et battu depuis le début de la journée par la flotte du ciel (que je maudis au passage, ça sert à rien, mais ça soulage), j'ai réparé, pour la deuxième fois, ma roue avant, cette fois dans les toilettes pour homme. Si la douche est unique dans ce camping modeste, tranquille et de qualité, l'espace consacré aux lavabos et urinoirs est vaste. J'ai vu défiler du monde remonte-moral assurant que le beau temps reviendrait le lendemain. J'ai trouvé la coupable, une méchante minuscule pointe de dur métal qui avait réussi à se glisser dans le tissage serré du pneu. Cette seconde chambre n'a pas éclaté, contrairement à la première, juste percé, et était réparable avec une rustine.
Causer un peu avec d'autres voyageurs à vélo qui font autre chose mais la même chose, dans les mêmes conditions, chacun s'efforçant de faire bonne figure et gérant son imperméable-serpillière comme il peut, ça encourage.
Le long du canal de la Martinière, entre Le Pellerin et le Migron, sous la pluie
La pancarte du Migron, sous le soleil. Le lendemain matin.
La suite : 10ème jour de la tournée des pancartes, voyage été 2011