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Albi semaine fédérale
La Fédération française de cyclotourisme (FFCT) compte 12 400 adhérents dans 3 100 clubs. En l'absence de gloire et d'argent à gagner, les médias s'intéressent peu aux randonnées et brevets qu'ils organisent. C'est très bien ainsi. Le cyclotouriste pédale pour le plaisir, pour affronter les éléments, le soleil, le vent, la pluie, les côtes et le plat, et pour le plaisir des rencontres avec les paysages, les monuments, et plus encore ses semblables et les habitants de la région qu'il traverse.
Chaque année, des locaux organisent, la première semaine complète du mois d'août, la Semaine fédérale internationale de cyclotourisme (SF pour les intimes). 12 à 15 000 personnes se rassemblent dans une ville qu'ils envahissent complètement et accomplissent chaque jour un parcours fléché, parmi plusieurs proposés, de 40 à 150 ou 200 km, sans horaire imposé. C'est l'occasion de découvrir une région, ou peut-être je n'aurais jamais mis les roues sans la SF, et d'avoir 15 000 petit(e)s camarades sympathiques, les uns un peu nerveux et pressés, les autres contemplatifs, les troisièmes avec leurs petits-enfants et d'autres qui promènent leur caniches dans un panier sur toutes sortes d'équipages à pédales. Les accompagnateurs peuvent faire de la marche et des visites.
Pour participer à la SF, il faut être adhérent de la FFCT. Il faut s'y inscrire dans les délais, de préférence dès l'ouverture des inscriptions, pour avoir une bonne place dans les hébergements. http://sf2015.ffct.org/
Cette année, pour la 77ème édition de la SF, c'était Albi. Il a fait chaud.
On peut agrandir les photos en cliquant dessus.
En arrivant.
Nous avons coutume de faire un petit tour dans la ville d'accueil de la SF en arrivant. Le tricycle de Michel n'a pas manqué d'attiser la curiosité d'une joyeuse bande colorée locale.
Le dimanche
C'est parti.
Loger plus de 10 000 cyclistes, et leurs accompagnateurs, n'est pas une mince affaire. Elle se prépare au moins deux ans à l'avance. Tous les types d'hébergements sont sollicités : hôtels, lycées, résidences universitaires, campings permanents, logements chez l'habitant... Le camping fédéral fait partie des curiosités de la SF. Les évangélistes sont de petits enfants par comparaison (de nombre). Pour la première fois, les 8 000 campeurs étaient rassemblés dans un lieu unique : l'aérodrome-circuit de courses de voitures. Ce gigantesque camp provisoire a vu fleurir les oriflammes de toutes les régions de France, et d'autres pays. Ici, on voit le coin des cyclos-campeurs, qui mettent un point d'honneur à rallier la SF à vélo.
Dès potron-minet, la file ininterrompue des cyclistes s'extirpe des campings-cars, caravanes et tentes pour rejoindre les parcours du jour.
Un tricycle va tenter de décoller de la piste n°9. Il ne fut pas le seul cycliste à faire une tentative. Selon nos informations, aucun n'a réussi.
Des campings-cars à foison. Et même un car de camping. Tant qu'à faire...
Chaque participant se voit remettre une pochette contenant une plaque de cadre et un signe distinctif à porter en permanence sur lui, indispensables pour accéder avec ou sans son vélo aux lieux réservés, des brochures de présentation de la région et de la SF, et les cartes des parcours de chacune des journées, qu'il pourra afficher sur sa sacoche de guidon. Le thème de ce premier jour était : "Pays Minier de Carmaux et Ségala Tarnais".
La longue chenille colorée des cyclistes pénètre dans la ville.
La recherche d'un point de vue original peut imposer un peu d'exercice.
Impressionnante cette cathédrale. On y reviendra.
Les cyclistes sont tout partout. Y'a du monde, rarement la foule, aucun point ou heure de départ, point ou heure d'arrivée n'étant imposé. Les parcours fléchés sont des propositions, suivies par la très grande majorité, mais ne sont pas obligatoires. La route demeure ouverte. Le code de la route doit être respecté.
Une superbe Ami 6 Citroën. Mon papa avait la même, en bleu. Les cyclistes aiment les voitures, quand elles sont vieilles et qu'elles roulent tout doucement. Inconvénient : l'odeur.
Le Tarn.
L'église étroite de Lescare d'Albigeois. Je crois. A suivre les flèches et les autres cyclistes, on peut parfois ne plus bien savoir où on est...
Des ravitaillements ponctuent le parcours. Réservés aux participants de la SF, qui payent en tickets et non en argent sonnant et trébuchant, ils leurs offrent parking à vélo, point d'eau, boissons diverses et nourriture, mais aussi coins d'ombre, bancs, chaises et tables où l'on converse avec les voisins.
Le hamac plié après la sieste tient en peu de volume.
Dans le cagnard et les côtes après le repas, la chenille va son petit train.
Le dolmen est bien là, en haut, mais inatteignable.
Retour à la cathédrale sous un soleil dardant durement.
En quête d'un peu de fraîcheur au jardin public.
La salle de restauration du dîner avant l'arrivée des convives. Une partie seulement des participants a choisi de s'y restaurer. D'une capacité d'environ 1 000 places, elle accueille plusieurs services.
Nous avions fait le choix d'être logés dans le dur, et heureusement en raison de la chaleur. Le lycée Fonlabour est neuf, confortable, proche de la permanence. La permanence est le lieu d'où partent les parcours, où sont installés les exposants et, cette année, la restauration et le camping fédéral. C'est l'épicentre de la SF.
Le lundi.
Thème : "Pays de Cocagne"
On peut agrandir les photos en cliquant dessus.
On était juste 2 000 à s'être donnés rendez-vous pour le départ de 8h30 au rond-point de la permanence. On s'y retrouve très bien. L'ambiance est bon enfant.
Les ravitos sont réservés aux participants. Le dialogue avec les locaux est possible, même si on a quelque peu le sentiment d'être dans un zoo.
Fait chaud, plus de 40.
Fait très chaud. Chacun cherche son ombre. Après la xième bosse sous le plomb fondu tombant du ciel, le coin ombragé avec léger courant d'air devient un salon convivial. Les habitants ont ouvert leurs jardins et offrent spontanément de l'eau aux cyclistes. Ces gestes de sollicitude sont émouvants, et très utiles. On a compté neuf véhicules de secours en cinq kilomètres. Chaque année à la SF, les rumeurs les plus folles parcourent les pelotons à propos des bébés déshydratés dans les remorques et spéculent sur le nombre de morts. Ce doit être inhérent à la foule. Un sociologue y trouverait de quoi alimenter une étude.
Un tandem Follis électrifié. Je m'attendais à voir davantage de VAE. Il y en a, mais peu. J'ai vu surtout des kits. Ils roulent gentiment.
Le mardi
Thème : "Ail rose, Castres et le Sidobre".
Le petit déjeuner nous met dans l'ambiance. La consultation de la carte du jour est de rigueur. On remarquera le bénévole à droite avec son T-shirt jaune et son petit chapeau. Les femmes et hommes en jaune avec petit chapeau nous auront accompagnés, guidés, salués, sécurisés tout au long de la semaine. J'ai trouvé l'organisation impeccable. Quel boulot !
Nous avions fait le choix ce troisième jour d'un parcours alternatif, par une voie verte plate et ombragée. On est là pour le plaisir.
Le village de Lautrec, notre objectif du jour. Malgré la chaleur torride, le paysage autour d'Albi est plutôt verdoyant. Nous comprîmes pourquoi le soir même, en accomplissant les vingt derniers kilomètres sous une douche fraîche et très abondante. Heureusement que nous avions des sacoches contenant la tenue de pluie. Je me demande comment ont fait les cyclistes "légers" sur leur vélos en carbone tout nus.
Une attention bienveillante à l'image de l'organisation de cette semaine : le petit panneau expliquant comment rejoindre le parcours "officiel".
Joli site perché. Il a donc fallu monter...
Démonstration d'épluchage d'ail rose sur la place du village. La soupe à l'ail était au menu du ravitaillement. Je ne me souviens plus du prix. C'était forcément un multiple de 40, puisque les valeurs faciales des tickets sont de 0.80, 1.60 ou 4.00. On s'habitue vite.
Joli village...
... dont l'autre spécialité est le pastel.
Tout autour d'Albi, quand on a fini de monter, on descend. Après on remonte, puis on redescend. Et ainsi de suite. Ce ne sont pas vraiment des cols, encore que quelques belles longues côtes satisfont les aigles des cimes. Pour des cyclistes de marécage dans notre genre, des séries de petites bosses de 500 mètres à un kilomètre avec 7 à 10% de pente font plus que suffire à notre "bonheur".
Le mercredi.
Thème du jour : "Pays des Bastides et de Grésigne" au nord-ouest d'Albi vers Castelnau de Montmiral, Bruniquel, Saint-Antonin-Noble-Val et Cordes-sur-Ciel (je n'ai pas fait le quart de la moitié de tout ça).
Le seul embouteillage de vélos vu à cette SF. A Marssac-sur-Tarn. Il résulte de la concomittance de feux rouges, de travaux et de déviations. Les automobilistes étaient moyennement contents. Il est vrai que nous prenions toutes la largeur de la route, ceux qui arrivaient derrière se mettant à gauche, des fois qu'on se serait arrêté pour rien, et pour voir ce qui se passait. Arrêté pour arrêté, j'en ai profité pour attaquer la boulangerie et le café et deviser avec les habitants qui n'avaient jamais vu ça, et ne le reverront jamais.
La chenille a repris son serpentage d'une bastide à l'autre, de haut en bas et de bas en haut.
Dialogue entre vélorizontalistes : Piano44 rencontre Renard51 et Renardeau. Renard51 a un puissant kit sur sa machine.
Pour clotûrer la journée : re-re-passage à la cathédrale Sainte-Cécile à Albi, puis décompression au jardin public, avant la douche froide à Fontlabour et le dîner à la permanence.
Le jeudi.
Le jeudi, c'est pique-nique. Toujours le jeudi c'est pique-nique à la SF. Cette année à Cap Découverte.
Il se confirme que pas plus à Cagnac-les-Mines qu'à Blaye-les-Mines qu'ailleurs autour d'Albi ce n'est plat.
Le coeur au fond du cratère est un lac aménagé dans une ancienne mine à ciel ouvert transformée en parc.
La piste artificielle de ski et la piste de VTT descendent vers le fond du cratère.
Au parking du pique-nique, on voit bien que la proportion de participantes est significative. Je dirais 40%.
Aïe ! Pas rose ! La queue pour accéder au plateau-repas pourrait être longue. Par 35 à l'ombre, où nous ne sommes pas. En fait, non. La belle organisation a fonctionné là comme ailleurs toute la semaine. En moins de vingt minutes, j'avais mon manger et un coin d'ombre. Pendant l'attente, les conversations allaient bon train et bonne humeur. Le temps est passé vite et agréablement.
Cuisse de canard et purée-aïoli avec éclair au chocolat. Délicieux certes, mais un peu lourdingue par cette température. Je n'ai pas pris de vin.
Ils vont très bien. Ils prennent juste un petit temps de repos pendant la digestion. Coulogne étant située dans le Pas-de-Calais, ils ne sont peut-être pas plus que nous habitués à ce niveau de température.
Le courant d'air dans la descente est bienvenu.
Ils s'étaient abrités à l'ombre, mais j'ai quand même retrouvé mes copains tricyclistes. Malgré le nombre, on retrouve toujours tout le monde à la SF.
Une autre coutume liée à la SF : le pot de mon club nantais le jeudi soir au camping fédéral. http://www.ucna.fr/cyclotourisme/
Le vendredi.
Thème du jour : "Vignoble Gaillacois et Pays de briques rouges".
Tout le monde l'a bien compris : il faut s'arrêter pour s'hydrater. Un sujet de reportage à la SF pourrait être les maillots, pour en apprécier la variété, du moins les non-publicitaires.
Au moindre clocher, on trouve (presque) dix cyclistes le nez en l'air, même hors parcours. Ils pédalent et ils sont curieux.
Tiens... Ils ont fait un petit clocher au beau milieu d'un champ de blé. Ben non, couillon ! Tu vois bien que c'est un pigeonnier.
On devrait bien être 5 000 à avoir fait cette photo de Gaillac. Elle sera peut-être bien quand même. J'ai pris ensuite l'itinéraire de délestage (ils prévoient aussi des itinéraires de délestage ! voir ci-dessous) pour rejoindre Lisle-sur-Tarn. Mon routeur, passé peu de temps avant moi, m'avait informé par SMS du bazar dans Gaillac où la belle organisation avait un peu failli. Pas grave. Il fallait bien un petit problème quelque part pour apprécier l'impeccabilité du reste.
Lisle-sur-Tarn
Deux pigeonniers près du ravito de Lisle-sur-Tarn.
Au ravitaillement de Gaillac, où j'ai fini par accéder, nous eûmes une démonstration de cornemuse locale, dont l'utilisation est à éviter dans un pays musulman. Nous étions en Oc.
Un Bianchi kité Ozo. Je trouve que les kits font un peu bricolo, même correctement montés.
Pigeonnier "chinois" du côté de Labastide-de-Lévis (que je nomme "chinois" pour les différencier des pigeonniers parralélipédiques vus auparavant).
Le temps d'une photo et l'on voit qu'il en passe des vélos et des vélos. Pendant qu'ils passaient, j'ai rangé mon vélo, garé en plein milieu de l'entrée d'une petite route menant à une exploitation agricole. J'ai demandé à la jeune femme en voiture de bien vouloir m'excuser. Quant on est fort, par le nombre, on doit être attentif aux minoritaires. J'en ai profité pour lui demander où elle trouvait l'eau pour cultiver ses salades. Autour de Nantes, les maraîchers pompent dans la Loire, c'est clair. Les albigeois ont des puits, rarement à sec m'a-t-elle assuré, et quand ils sont secs, ils pompent dans le Tarn.
Je devais quand même être un peu fatigué pour m'intéresser autant aux pigeonniers à colonnettes et chapeaux chinois.
A quoi pouvait bien servir cet espace sous le pigeonnier ? Un petit bassin pour les oiseaux ?
Jour de questions sans réponses. Koitescequecestça ? Une collection de meules ?
Un peu épais pour des meules, non ?
A l'internat, chacun dispose d'un espace confortable.
Tout le confort moderne dans la chambre je vous dis. La douche est à dix pas.
La salle de restauration avec convives.
Mon oeil. A la tombée de la nuit, il fait encore super-chaud dans le Tarn.
Le samedi.
Thème : "Vallée du Tarn et Hautes Terres d'Oc". Je me suis contenté de la première.
Une boucle du Tarn.
Pour arriver au point de vue, les 11% de pente ne laissent guère de temps pour la contemplation. Une fois en haut, le prétexte à l'arrêt est tout trouvé : c'est beau.
Le photographe photographie les photographes.
Arrivée au site d'Ambialet. Il ne fait pas trop chaud sous la pluie fine.
Etrange présentation sur un container de la spécialité locale. Nous étions d'humeur maligne.
Comme a dit Michel à la dame : heureusement qu'il n'y a pas d'anthropophages... La dame a rit.
Le barrage d'Ambialet.
Le casque de chantier est obligatoire pour visiter l'usine EDF. Sur une charlotte, c'est du dernier chic.
L'eau de la fontaine n'est pas potable. Ce samedi, c'était sans importance.
Les tunnels rive gauche avaient été fermés à la circulation pour sécuriser notre passage, et nous permettre de rentrer à Albi sans avoir de côte à franchir. Des cyclistes irresponsables n'avaient ni lumière ni gilet rétro réfléchissants.
D'autres étaient bien éclairés et visibles de loin. Heureusement qu'il y a des lumières dans la bande.
Après quelques jours, une chambre ordonnée, d'autant plus un jour de pluie, prend des allures de camp de réfugiés.
Le (deuxième) dimanche.
Le dimanche, c'est défilé. Les participants de la SF font à vélo un tour dans la ville à l'allure d'un marcheur pour remercier les habitants de leur accueil et les bénévoles de leur travail, mais encore pour se congratuler parce qu'ils sont heureux d'avoir passé une semaine ensemble. Ils se rangent par ligue (région), département et club. Les bretons mettent des chapeaux ronds et les savoyards se parent de petites échelles sur le dos (pour faire ramoneurs), d'autres se déguisent en n'importe quoi, et c'est rigolo aussi. Nous, on s'est défilés. On partait pédaler en Haute Charente.
A titre documentaire, pour avoir une idée de l'ambiance du défilé du dimanche, je mets quelques photos du défilé de la SF de Saumur (2008).
La suite de cet été là est là : Haute Charente