Une fête finalement arrosée

SAMEDI

Nous entreprenons de rejoindre la Fête du Vélo en Anjou ce samedi. Nous nous sommes donnés rendez-vous à Nantes sous le pont de Bellevue. La météo est incertaine. Des fois que le ciel nous tombe sur la tête, nous pourrons palabrer sous le pont sur la conduite à tenir. Nous passerons par là vers fête du vélo en Anjou. 

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A ce km 7.5 de notre départ de référence habituel, qui est aussi notre référence ce jour, nulle pluie ni même nuage à l'horizon. Nous sommes prêts, les vélos aussi. Nous nous apprêtons à rejoindre le camping-camp de base pour la participation à la Fête du Vélo en Anjou qui se tient le lendemain le long de la Loire à l'ouest d'Angers, pour la première fois je crois, entre Bouchemaine et Saint-Florent-le-Vieil. Cette Fête du Vélo est la plus fréquentée de France avec une vingtaine de milliers de participants les grandes années, quand la Fête du Vélo à Nantes est la plus grande organisée par une association avec des records à 18000 cyclistes. Heureusement pour nous, si celle de Nantes respecte la date européenne, celle du département du Maine-et-Loire fait bande à part une semaine après. Nous pouvons donc participer aux deux.Au km 31, il fait faim. Situé sur le parcours, le petit supermarché d'Oudon (où ça ? Oudon ! Où ça ? Oudon !) est promptement pris d'assaut. Tels des pillards vikings du VIIIème ou IXème siècle nous remontons le fleuve pour nous emparer des richesses de ses abords. Les vrais vikings étaient bien sûr quelque peu pillards, mais guère plus que nos nobles chevaliers chrétiens partant en croisade. Leurs premières attaques, très rapides, ont surpris. Les habitants de nos régions ont appris à s'en protéger, par exemple en parsemant les rives du Tenu de mottes féodales surmontées de tours.La Loire à Vélo s'améliore progressivement. Merci aux subventions européennes, aux collectivités, aux élus et aux techniciens qui oeuvrent pour que l'avancée et les améliorations. Nous passons tantôt par le parcours de la rive sud et tantôt par la rive nord. Les deux sont parfois praticables, l'un plus ou moins agréable pour certaines de nos machines. Alors, nous choisissons. A Ancenis, au km 39, les victuailles glanées (où donc ?) sont déballées sur un tertre aménagé en rive de Loire dans les anciennes prairies avant le pont côté statue de Joachim du Bellay. Liré est juste en face. Mais si ! Souvenez-vous de la dernière strophe de "Heureux qui comme Ulysse", ou Joachim proclamait le home sweet home : "Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, / Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, / Et plus que l'air marin la doulceur angevine." Eh ben, Liré, c'est là. En fait de douceur, c'est plutôt la lourdeur d'une chaude journée orageuse qui nous accable. Pas étonnant que l'on en voit passer du fauteuil de tricycle à la chaise longue après le repas.Le pont passé (ouf ! même pas écrasé ! Les ponts, goulets d'étranglement, font souvent peur à vélo.),...

Edit du rédacteur : après avoir lu un article dans la revue du département de Loire-Atlantique à propos du pont d'Ancenis, selon lequel le département avait investi 220 000 € (avec mes sous !) pour installer des garde-corps afin de protéger les piétons et les cyclistes, je me suis dit que je ne devais pas avoir les yeux en face des trous les deux fois où j'y suis passé, et donc y suis retourné voir. Et, et, en effet.

Cette fois, je suis donc passé sur le trottoir, en sécurité, et sur le vélo, et non pas en tenant le vélo à la main. Pas question de faire toute la longueur du pont à pied, alors qu'on a 1.50 mètres de large, qu'il n'y a pas un piéton à l'horizon, et que mon état physique ne me permet pas de marcher en poussant mon vélo. Pourquoi ne pas indiquer que les piétons sont prioritaires, ce qui me semblerait bien normal ? Peut-être que la réglementation (parfois d'une intelligence limitée) ne le permet pas... C'est quand même mieux que je le croyais.C'est hélais beaucoup moins bien deux cent mètres après le pont côté sud. Une surépaisseur centrale de béton diminue la largeur de la route. Les vélos servent au mieux de ralentisseurs pour les camions, qu'ils doivent énerver. Grosse connerie d'aménagement sur le trajet de l'Euro véloroute 6 dite "Loire à Vélo" dans sa partie française. Il est possible que ce soit dans le département du Maine-et-Loire et non plus de la Loire-Atlantique comme le pont. Ils verront peut-être le problème dans quelques années, après quelques morts ou blessés graves, à moins qu'à peu près tous les cyclistes fassent comme moi, c'est-à-dire restent sur le trottoir large et désert.

Comment respecter la loi dans ces conditions ? Les conducteurs de vroum-vroum, et les pandores, diront encore que les vélos font n'importe quoi. Les cyclistes cherchent seulement à rester en vie. Avec les subventions européennes allouées pour l'aménagement de ces itinéraires, il ne serait sans doute pas ruineux d'aménager ce trottoir pour en faire partiellement une piste cyclable de quelques centaines de mètres jusqu'au petit carrefour suivant. Le coût serait bien moindre que celui de quelques mètres de route à bagnoles. Allez faire comprendre ça à un élu de la lulalité au cerveau mazouté qui devient tout rouge quand on lui évoque les limitations de vitesse sur les départementales...

..., après les Fourneaux (non, pas encore manger, juste un lieu-dit) nous évitons la boucle par la boire Sainte-Catherine. On faisait "boëre" les animaux dans les trous d'eau alimentés par la Loire en période de crue. Ils ont détourné la Loire (à Vélo) pour faire admirer leur aménagement, certes avenant, mais, à nos allures de vélos chargés, allongeant la dose de pédalage d'une bonne demi-heure au bas mot, et encore plus en parlant fort. Donc, nous avons filé tout droit le long de la Loire. Km 46, déjà sept kilomètres depuis le repas. Il est grand temps de faire halte aux Babins où un jeune couple vient de rouvrir le camping en contrebas de Bouzillé avec bar ouvert à tous, et donc à nous, et à un groupe de jeunes femmes qui fait une pause. Des civilisées.Non seulement nous roulons lentement, mais encore nous faisons beaucoup d'arrêts. Pour le sport, la vitesse et les grimaces, voyez avec les schtroumpfs tous casqués et habillés pareils et à la queue-leu-leu, voire en rangs par quatre. Nous sommes en vacances, pas en performance. La pause là nation, c'est nous. Les jeunes femmes de tout à l'heure, reparties un peu après, nous ont rattrapées vite fait sans le faire exprès. Avec leur apport, nous prenons le pouvoir et en imposons aux voitures pour tourner à gauche en toute quiétude devant l'église Notre-Dame-du-Marillais. La force soit avec nous. L'action collective paie.  L'arrivée sur la promenade Julien Gracq, de son vrai nom Julien Poirier ce qui fait moins d'effet, est toujours magique. Devant nous, au km 54, le pont de Saint-Florent-le-Vieil, au-dessus l'abbaye du Montglonne et presque sous nos roues, les scintillements du fleuve. La grisaille gagne les cieux.L'une des jeunes femmes a entrepris de lire à voix haute pour ses camarades le panneau d'information près de la maison de Gracq. La bande rigolarde a rapidement transformé l'exercice en présentation du bulletin par Miss Météo et l'immortalise à coups de clichés de smartphones.Nous prenons la départementale 210 en sortant du bourg, qui est aménagée pour faire ralentir les voitures et les camionnettes. Nous n'avons pas été victimes sur cette voie de ce que les anglais appellent "White-Van syndrom" (syndrome de la camionnette blanche). La camionnette blanche est un engin utilitaire et agressif conduit par un homme, plus rarement une femme mais l'émancipation gagne du terrain, pour qui le temps n'est que de l'argent. Il a très furieusement tendance à considérer que les autres usagers de la voie publique ne sont que des obstacles gênants sur la route de la fortune préconisée par la haute bourgeoisie actuellement au pouvoir et non des vies humaines.

Une importante proportion de véhicules à moteur est pilotée par des personnes sur qui les patrons mettent une grosse pression pour tenir les délais, augmenter le rendement et grossir les bénéfices. La dangerosité de la route est en bonne partie due au système économique, à la recherche forcenée de la rentabilité. L'explication est évidente mais fait l'objet d'un silence assourdissant. Les soi-disants spécialistes et les journalistes préfèrent les explications à base de psychologie individuelle qui ne rendent compte que d'un morceau de la réalité et ne sont probablement pas premières. La faute individuelle et la bêtise n'ont pas moins indéniablement leurs parts de responsabilité, mais pas seulement.Ingrandes ! Ingrandes ! Trente minutes d'arrêt ! Chacun a son type de mémoire. Un gourmand se souvient qu'au port d'Ingrandes un glacier subventionné vend des glaces à 1€ près du pont du km 63. Y'avait bien des grillades familiales mais nulle trace de glaces. Tant pis, on a grignoté du contenu de nos sacoches. Le ciel tourne nettement à l'orage. Il fait toujours lourd et l'ombre est une valeur sûre dont la cote vient de bondir à la hausse. On se croirait au Liger. Le mot-valise est de Piano44, entre Niger et ligérien.

Faudrait voir quand même à ne pas excessivement trainer car de gros nuages grizaciers s'accumoncellent à notre poursuite. La horde détrempée va immanquablement se déverser. Inutile d'arguer que nous ne savions pas. Voilà bien une heure que les signes successifs se manifestent. Le ciel s'assombrit. Le vent se lève. L'éclair jaillit. Le tonnerre gronde. Il reste un string de gendarme d'éclaircie mais pas davantage.D'aucuns préfèrent musarder au pied de la pente en arrivant à Montjean au km 67. Le profil de l'étape montre la pente finale. Ce n'est pas la Planche des Belles Filles, mais ça grimpe. Deux d'entre nous s'en abstiennent. Ils ont sagement préféré dormir en chambre d'hôte au pied de la colline. Les autres font camping en haut, en mobile-home ou tente (quoique, en tente...). Le camping le long de la Loire à Montjean est bien, mais il serait un peu bruyant. Je le crois sur parole. Je n'entends rien quand je dors, et de moins en moins bien quand je suis éveillé.Je l'ai d'abord prise pour un château-fort, cette ruine imposante que l'on ne peut rater dans un répit de la montée, mais les fenêtres ovales sont intrigantes, car elles étaient fort peu courantes au Moyen Âge. Ce sont les restes d'un puit des mines de calcaire servant à la fabrication de la chaux à Montjean. Les corbeaux contribuent à l'atmosphère de ruine romantique de ce qui n'est, somme toute, qu'une friche industrielle.Nous achevons à peine la grimpette et patatras, à trois minutes de l'objectif, la douche ! Un bon grand seau d'eau froide nous est jeté sur le coin du nez pendant une sérieuse vingtaine de minutes. Il n'est pas toujours facile d'enfiler le sur-pantalon. Si on peut (à cause que les fermetures éclair imperméables, c'est plus cher), on choisira un modèle zippé sur les côtés, tellement plus pratique, genre Overtrousers de Berghaus. Et le zippage remontant bien haut permet aussi l'aération car le zip est à double sens.

La pluie arrêtée, nous rejoignons le très accueillant camping à la ferme de la Guyonnière en La Pommeraye au km 71. L'objectif est atteint. Le Drap d'Or va pouvoir être planté, ou pas.

DIMANCHE

Au petit matin, la chambrée est passée en revue. Les "campeurs" ont promené leur tente sur leur vélo pour ne pas s'en servir. Craignant les ondées nocturnes, ils ont dormi dans l'abri pour cyclistes, et leurs vélos dans l'abri pour vélos. Le camping est labellisé "accueil vélo" et "Loire à Vélo" et il le mérite bien, lui.

Le dortoir, c'est comme à la mosquée, on entre déchaussé. Mais c'est mixte.Camping à la ferme, avec des animaux un peu inattendus, et bien attentifs.Le tri est sélectif et le porte-bagage utile.Le vigneron n'est pas avare de jeux avec les mots. Pour les cerfs volants (comme les rennes du Père Noël) : neuf vingt // neuf vies et la maturité de la passion // la passion de la maturité.La montée d'hier sous le cagnard et l'averse est, ce matin, une délicieuse descente à peine humide offrant un peu de perspective.Au loin, on dirait un panache de vapeur d'une centrale nucléaire.

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A Montjean-sur-Loire, il y a deux ponts. L'un est assidument fréquenté par les voitures et les poids-lourds, les croiser est un effroi. On se demande comment il n'y a pas plus d'accidents à cet endroit. Un sas côté sud ralentit les véhicules à moteur. L'instauration d'une zone 30 au droit du débouché du pont côté bourg serait un gain. Un peu en amont, la passerelle métallique à une seule voie permet à la Loire à Vélo, et aux riverains, d'accéder à l'Île de Chalonnes. Nous y avons fixé le rendez-vous pour partir sur une boucle. Par la même occasion, nous papotons avec les gardiennes provisoires et sympathiques.Un peu partout le long de la Loire, on trouve des "queues de lîle". Pour une île de Loire, la tête ou pointe est en amont et la queue ou bout en aval. Imparable logique.Lénine a instauré la terreur, la police politique, les camps de travail, la dictature du parti unique, etc. Je n'apprécie pas ce personnage. La créatrice du Lenin Café doit avoir des opinions quelque peu différentes. Implanté sur le parcours de la Loire à Vélo, la terrasse ombragée du bistrot est agréable par temps chaud. Des manifestations culturelles s'y déroulent régulièrement. Notre connaissance du terrain est utile. Nous zappons la boucle sous le pont à proximité du bourg de Chalonnes en préférant aller le plus directement possible au pont côté nord de cette grande île. Pour une fois, la circulation est ralentie par des chicanes, et la présence de gendarmes. Mieux vaudrait la ralentir en permanence plutôt que de laisser libre court à la sauvagerie libérale motorisée où les plus gros ont toujours raison ? Une halte est organisée pour la Fête du Vélo, avec réparateur, tests de vélos électriques, stand de dégustation de crêpes maison au profit d'un projet culturel local organisé par des d'jeunes. Excellent prétexte pour ingurgiter une sérieuse crêpe à la pâte à tartiner. La foule n'est pas encore arrivée. Nous avons quand même déjà dit bonjour aux cyclistes croisés au moins mille fois depuis le départ. Toutes les sortes de cyclistes, des plus jeunes aux plus âgées, des plus sportives au plus débonnaires, des plus entraînées au plus occasionnelles, sont présentes et nombreuses.Sur la levée, je photographie le nom d'un lieu-dit pour envoyer le cliché à une amie qui n'a pu venir à cause de céphalées dues à des sinus mal intentionnés. J'ai ajouté dans le MMS qu'elle doit chasser définitivement les sinus et cosinus qui ne servent aux gens normaux à rien d'autre que faire mal à la tête.Au port de la Possonière, comme à Ingrandes-sur-Loire hier, l'ombre est fort recherchée. Il y a bien un parc avec des tables de pique-nique juste au-dessus. Mais la pluie de la veille a liquéfié les dessous de table qui tiennent ce jour du marécage. Le déjeuner achevé, on passe en revue les chalands, les gabares et les toues, cabanées ou non. Tiens, une africanerie. Elle se nomme Brigitte.Oh, une récente bien galbée. Arrivée là à marée haute ? Ou bien en attente de séchage avant mise à l'eau ?

Exceptionnellement, nous pouvons passer par la départementale 210 pour rejoindre l'île de Behuard. Le parcours habituel par la Loire à Vélo est plus collineux. Nous faisons halte à la tête de l'île.Fait chaud.Behuard est un lieu original, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. La bourgade entièrement insulaire se presse autour de sa chapelle royale. Comme la grande majorité à l'ouest de la France, les catholiques d'ici sont œcuméniques. Je cite leur conclusion sur Notre-Dame de Behuard  "Jusqu’à maintenant, on se tournait vers Notre-Dame de Béhuard pour l’invoquer afin d’être sauvé du péril des eaux, des maladies ou de la guerre ; mais, même si cette attitude est toujours présente à travers les prières des visiteurs et des pèlerins, nous sommes devenus davantage conscients de la nature qui nous environne, de laquelle nous sommes tirés et pour laquelle nous devons agir en vue de sa « sauvegarde ». On prie moins pour se protéger de la nature que pour la protéger. Or justement, si autant de gens viennent à Béhuard, c’est parce que dans ce lieu, la nature est belle (une île sur la Loire), le village est beau (ayant le label « petite cité de caractère »), et tous, croyants ou non, sont attirés par la chapelle juchée sur le rocher. Ainsi Béhuard est un lieu de paix et d’harmonie, signe de la nouvelle naissance d’une humanité divisée ! N’est-ce pas de cette manière que l’on pourrait dénommer Marie à Béhuard : Notre Dame de paix et d’harmonie ?​" Pour une approche purement touristique, voyez ici. Le panneau de sens interdit attire l'attention. A cause de la configuration particulière des lieux, de l'étroitesse des rues anciennes, le sens interdit est autorisé aux poids lourds.En prenant la voie à droite de la chapelle, on comprend. L'étroite rue pavée tourne à angle droit devant les marches de l'église. Le charmant village se visite à pied, ou à vélo hors période de forte affluence.Behuard connait des pélerinages à la Vierge Marie, au 15 août bien sûr, et à d'autres dates. L'endroit attire des jeunes et moins jeunes en tenue para-militaire et cheveux ras.Le chemin du retour entamé, nous faisons une halte-confort près du même pont de l'île de Chalonnes qu'à l'aller. Avec crêpe bien sûr, et café. Ils ont eu la bonne idée d'apporter des chaises longues.Le soleil tombe de haut et il faut rester au garde-à-vous près du camion communal de Saint-Georges-sur-Loire pour bénéficier d'un peu d'ombre.Une dame teste un Sinus qui ne fait pas mal à la tête grâce à son moteur Bosh (on est envahis par les Bosh) . Rappelons qu'il existe aussi plein d'autres moteurs centraux, par exemple chez Brose-Continental, Yamaha, Shimano, Impulse en vélos déjà cousus, et en kit les Bafang en on/off et autres Tongcheng TSDZ2 en assistance proportionnelle.Ce modèle existe aussi en blanc.Sinus, c'est Bosh. Voilà un Neomouv d'allure un peu plus sportive, provenant de la Sarthe, avec un moteur Brose, donc également d'outre-Rhin mais pas Bosh. J'ai bien des sacoches Ortlieb et Vaude qui sont cousines germaines. La départementale 210 nous ramène à plat et sur la digue côté nord, rive droite, vers Montjean-sur-Loire. Toujours du monde à vélo, toujours du beau temps chaud, toujours de la tranquillité.

Encore la 210 ? On en connait qui mythifient la route US 66. Nous, c'est la D 210 du Maine-et-Loire. On a les mythes qu'on peut.
Nous aurions volontiers salué Dany, propriétaire de notre camping à la ferme, agriculteur, et loueur de vélos classiques et électriques, et réparateur pour la Fête du Vélo en Anjou. Il était fort occupé.

Montjean est le premier endroit où nous entendons un peu de musique et voyons plusieurs stands côte à côte. Sans être médisant (ce qui n'est absolument pas notre tasse de thé), nous constatons que les animations sont bien plus rares sur la Fête du Vélo en Anjou que sur celle de Nantes. Les moyens financiers disponibles seraient pourtant bien supérieurs pour la première que pour la seconde. Celle de Nantes est si animée que la majorité des participants est convaincue que c'est une organisation publique, alors qu'une association, Place au Vélo, porte cette considérable et très réussie fête avec une seule salariée et des bénévoles, et le concours d'autres associations et de prestataires engagés qu'elle fédère, faisant faire de belles économies aux deniers publics.

Les collectivités ne le reconnaissent pas forcément. Ils paraissent plus facilement délier les cordons de la bourse de nos impôts pour des prestataires que pour des associations qui se décarcassent. Les élus se font parfois d'étranges idées sur la citoyenneté, à moins qu'ils craignent pour leur Pouvoir. Ce n'est évidemment pas toujours vrai, parce que le monde n'est pas simple et c'est tant mieux. Il existe fort heureusement des élus qui sont de véritables animateurs de leur territoire et qui reconnaissent et encouragent l'engagement. La morgue est fréquemment proportionnelle à la taille du territoire administré.La plupart ont pris à gauche. J'ai tourné à droite pour m'engager aussi sec (encore sec) dans la montée.La grimpette vers le camping est facile à trouver même sans GPS ni application carto de smartphone. Le balisage public est plutôt bien fait, et du balisage privé a été ajouté.On se souvient qu'hier, sous l'averse, deux malins se sont abrités pour déguster à l'abri chez un vigneron. D'où le tri sélectif de ce matin, et le panneau qui renseigne sur le chemin à suivre.Décidément difficile de se perdre. J'en connais qui sont capables d'y arriver quand même.Pas si douce la liaison. Il faut quand même passer de la Loire à 85 mètres d'altitude en pas grand chose de distance. Rien d'insurmontable, mais pas vraiment facile non plus avec des vélos transformés en mules de cyclo campeurs. Dans les deux derniers coups de la montée, agrémenter de gravillons roulants des pentes supérieures à 10% pour y faire passer des vélos chargés est une idée de sadique, ou d'ignorant. Je parierais presque que, comme d'habitude, des arguments environnementalistes masquent des questions de coûts et de considération. Je le dis, le répète et le proclame, pour les vélos de route, le seul revêtement correct, c'est le bitume. Le reste est bon pour les petits marquis de l'écologie et les hypocrites qui n'aiment pas les vélos.La dernière fois que j'ai campé dans cette ferme, il y a quelques années, M. Youpig (le rose) était déjà là. J'avais pensé avoir affaire à un cochon juvénile, par ailleurs très sociable car il répondait par des grognements à chaque parole qu'on lui adressait. Ce n'est pas un juvénile. Il n'a ni grandi ni grossi. Il me semble être le même car il est toujours aussi communiquant. Un copain noir est venu le rejoindre, M. Chan.Salut aux cochons, et ménage à faire, sans oublier la recomposition des sacoches pour le retour demain.

Ah oui. Le parcours du jour est ici boucle FDVA

LUNDI

La Fête du Vélo à Nantes avait été interrompue à 15 heures sur ordre de la préfète, en raison du risque d'orage. Celle d'Anjou a une chance étonnante. Elle a lieu entre Saint-Florent-le-Vieil et Bouchemaine, il pleut à chaque bout mais pas au milieu. Le journal local au bistrot du coin en fait son gros titre.Il est clair (pas comme le temps) au vu de leur tenue que nos amis s'attendent au déluge. La pluie tombe sans cesse. De temps à autre, elle redouble, retriple et requadruple. A Ingrandes, nous nous réfugions dans l'abri vélo du camping tant l'averse est forte entre deux pluies.Il faut bien repartir pour arriver. Vaille que vaille. Le tourisme attendra, et la conversation est limitée. Chacun se réfugie dans son for intérieur, qu'on espère assez solide pour résister à la grosse intempérie. Comme pour tout bon SDF, les dessous de ponts sont un refuge. Personne à Saint-Florent ce jour pour plaisanter sur les Miss Météo. Elles n'ont d'ailleurs pas intérêt à pointer leur nez ! Notre moral n'est pas mauvais pour autant. Nous sommes assez contents de résister aux éléments, d'autant que le vent est maintenant défavorable. Sinon, trop facile, pas drôle, et pas de souvenirs.Nous rendons hommage au passage à la précision de nos ancêtres qui nous ont légué ce panneau.

Je re-rappelle qu'on peut agrandir les images sur ordinateur en cliquant dessus (l'image, pas l'ordinateur).

Personne au camping des Babins. Le patron n'a sans doute pas envisagé que des clients se pointeraient à vélo par ce temps. Il ne nous connaît pas... L'abri nous permet de déjeuner au sec. Nous testons nos tenues. Certaines sont imperméables, d'autres moins, d'autres encore ne le sont plus...Heureusement, les toilettes sont sèches.De la tente épaisse, une ancienne yourte, où nous nous sommes réfugiés, ça ruisselle fort.Le proprio était juste parti nettoyer les sanitaires. De retour, capuche sur la tête, il nous sert des cafés et même... une glace. Ceux qui ont encore des vêtements secs au fond des sacoches les mettent.Le déluge n'a pas de fin. J'ai déjà fait à peu près ce même trajet sous la pluie, mais je n'ai pas souvenir d'avoir jamais vu une telle intensité de précipitations. Comme à l'aller, nous faisons un arrêt à Ancenis, non pour faire de l'eau comme avant-hier, mais pour nous en protéger pendant quelques minutes. Quand nous devons franchir la voie ferrée par dessous ou passer près des cales au bord du fleuve, là où la profondeur de l'eau est difficile à évaluer, je demande à quelqu'un d'autre de passer d'abord, avec un vélo "sec" (= sans moteur), pour estimer si mon petit moteur risque ou non d'être noyé. Bien que n'étant pas du genre poule mouillée, je trouve que la quantité d'eau qui tombe est impressionnante. Comme de juste, pas un schtroumpf à l'horizon. Les temps difficiles égalisent les valeurs et les vélos tous nus sont plus solubles que les machines plus lourdes et mieux protégées.Le groupe se scinde à la Boire d'Anjou, à la frontière de la Bretagne, entre ceux qui préfèrent rouler dans le sable et ceux qui optent pour le bitume des tranquilles petites routes d'exploitation des maraîchers par un parcours à angle droit des départementales. Le parcours prévu par la Loire à Vélo est en rouge, le tracé bleu a été suivi par quelques uns, à l'identique de ce prenaient les cyclotouristes (lents) avant la LAV pour échapper à la menace automobile.Le parcours effectué est ici retour de la FDV en AnjouTout le monde se retrouve après le pont de Thouaré, avant une nouvelle séparation, car personne n'a envie de trainer en terrasse mais plutôt de retrouver au plus vite de sèches pénates. Les miennes sont humides en sous-sol, même dans le box où je gare mes montures. L'eau a dégouliné de partout. La flaque a traversé le béton du mur et déborde sous une étagère en bois.

BILAN COMPTABLE

Pour la seule journée du lundi, le relevé météo montre qu'il est tombé 70 mm de pluie. Le record est battu, avec l'équivalent en un seul jour de cinquante jours de précipitations habituelles à cette saison.

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Je m'interrogeais sur l'étanchéité du système Bafang BBS.

J'ai la réponse. Aucun souci. Il a été conçu pour résister à la mousson !

Comme habituellement dans ces conditions, la Loire monte. Lentement. On voit arriver les crues plusieurs jours à l'avance au moins. Voici le relevé des hauteurs d'eau constatées et prévues au pont Anne de Bretagne, situé en ville à Nantes.

Nous sommes un peu fiérots d'y être allés, et un petit peu plus d'en être revenus.