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Les panneaux de la Loire à vélo
Profitant du 14 juillet, férié en France et tombant un lundi cette année, nous avons fait un petit bout de Loire A Vélo (LAV).
LAV, je l'ai déjà faite, des bouts ou la complète, mais je ne m'en lasse pas. Tant mieux, c'est près de chez moi.
Ici et là, des panneaux renseignent le voyageur, qu'il soit ou non à vélo. Pour une fois, je les ai regardés de plus près. De vieux crabes proclament que l'écrit se perd. Je prétends au contraire, moi qui ne suis pas non plus un crabito de l'année, qu'il y a de plus en plus à lire, sur Internet, sur les panneaux et un peu partout.
Le samedi
Alignées comme à la parade, depuis la veille, les sacoches sont prêtes.
Et hop, les voilà sur le vélo. La batterie du VAE était chargée. Les bidons étaient non moins pleins et prêts, mais je les oubliés sur la table de la cuisine... Une bouteille d'eau en plastique fait l'affaire par défaut.
Voici le premier panneau rencontré sur LAV en partant de Nantes ce samedi vers l'aval du fleuve. Une bien belle rédaction comme on aimerait en voir plus souvent. Hélas, la référence à l'arrêté préfectoral est absente. Certes, elle n'apprendrait rien de plus, mais devrait figurer il me semble. On apprend au passage que l'itinéraire vélo n'est qu'une tolérance, une libéralité gracieusement accordée par l'Etat. Ceci expliquant, peut-être, qu'il ne soit pas plus carrossable que ça, et difficilement praticable par des vélos un peu hors normes habituelles par leur largeur ou leur longueur, tels les tricycles ou les tandems avec remorque... Les aménageurs se basent sur l'idée qu'ils se font du vélo, qui correspond à la moitié de la réalité. La vision techno, assise sur la moyenne et le sens commun, manque de sens pratique.
Les parties récemment refaites sur cette portion de Mauves à Oudon demeurent tape-cul. Soit l'enrobage final n'a pas encore été fait, soit le nivelage ne faisait pas partie du cahier des charges, ou encore l'aménageur se dit qu'il ne faudrait quand même pas habituer le cycliste à des conditions trop confortables. Il pourrait s'y habituer le bougre. Le vélo doit demeurer un engin rustique et donc les routes qui lui sont destinées seront rustiques. Si l'enrobage arrive, je retire mon propos. Les améliorations sont progressives mais constantes, le parcours s'améliore d'année en année, et je rends hommage aux personnes qui oeuvrent à ces progrès que les cylistes apprécient.
Le même texte est également proposé en anglais. Tant pis pour ceux qui ne comprennent ni le français ni l'anglais. Reconnaissons qu'il est difficilement envisageable de dupliquer en quinze ou vingt langues, comme de remplacer des écrits un peu compliqués par des pictogrammes soi-disant universels mais qui ne le sont pas (les adeptes des téléphones portables à OS propres au fabricant en savent quelque chose). Alors, afficher du français et de l'anglais est une solution raisonnable.
Un peu plus loin, il a été tenté de moins rédiger. On passe du texte un peu verbeux (moi qui suis un bavard, je me sens hôpital se moquant de la charité) au style "powerpoint" avec des pictogrammes qui s'apparentent à des panneaux normés par le code de la route tout en n'ayant pas le même objet de communication immédiate à visée réglementaire. C'est un peu confus. On devine à peine que le cycliste est juste toléré. Il ferait beau que ces pauvres hères se croient dotés de droits.
Oudon propose une exposition de sculptures. J'ai bien aimé celle du guerrier fatigué au pied de la tour d'Oudon (histoire d'Oudon ici : http://www.oudon.fr/pages/oudon-tourisme/histoire-de-la-commune/l-histoire-d-oudon.php ), il a la mine d'un voyageur à vélo au soir d'un jour de pluie. Le couple enlacé ci-dessous près du port et le cheval qui fait penser à une figure de proue de drakkar sont bien aussi.
Cliquer sur les photos pour les agrandir.
A vélo, surtout sur un parcours fréquenté et pas loin de chez soi, on est jamais seul. Quelques connaissances partent à la rencontre de la croisière Vienne-Nantes organisée par l'AF3V. Le monsieur à gauche fait un grand périple en France et vient de Taïwan. Il maîtrise fort bien le français. Le voyageur à vélo, du moins celui de mon genre, n'est pas aux pièces, et est toujours content de taper la causette.
Pause méridienne à la boire Sainte-Catherine simplement et magnifiquement aménagée. Le hamac est tiré de la sacoche, au contraire des tables qui font partie de l'aménagement.
Ce barbecue est-il homologué ??? Il y donc une homologation pour les barbecues. Les juristes sont partout...
En approche de Saint-Florent-le-Vieil (très beau site), le mât a été optimisé pour caser tous les panneaux sur un même totem.
La littérature ajoute au réel. La réalité augmentée ne date pas d'aujourd'hui. Tiens, je n'ai pas vu de QR code. Il est vrai qu'il faut un smartphone pour consulter les informations, et qu'un smartphone ne résiste guère aux voyages à vélo. En cinq ans, trois de mes smarphones sont devenus fous. L'humidité et les vibrations pourraient en être responsables. J'utilise maintenant un téléphone aux fonctions limitées mais résistant sans sourciller à une pluie d'orage ou une chute accidentelle, un Solid de chez Samsung conforme à la norme IP 57 ; "idéal pour les environnements hostiles" qu'ils disent. Et je lis les panneaux d'information.Passé Saint-Florent, sur la D210 (route sur la levée), des by-pass se révèlent efficaces pour ralentir les automobiles. Les panneaux conformes au code de la route s'imposent ici.
De nombreux panneaux au long du fleuve mettent en garde le promeneur contre la baignade, effectivement très dangereuse. Celui-ci paraît avoir la bonne référence juridique.
Quoi ? Barak a un cul de boeuf ? C'est du langage de corps de garde...
Question références juridiques, voilà un panneau qui semble imparable. A condition d'avoir un master de droit public, au moins. Ce panneau est totalement abscons. Etant curieux de nature - le type qui lit les modes d'emploi, c'est moi, j'ai cherché. Le CGPPP est le Code général de la propriété des personnes publiques, bande d'ignorants ! Toutefois, selon mes recherches, l'article 59 du décret du 6 février 1932 aurait été abrogé (peut-être parce qu'il a été intégré dans le CGPPP). Un bien bel article pourtant, qui fixait notamment que "sans préjudice des prescriptions des lois et arrêts, décrets et ordonnances sur la matière, ainsi que des règlements particuliers pris en exécution du présent décret, il est défendu à quiconque : 1° De faire aucun dépôt d'immondices, ordures ménagères, pierres, graviers, bois, pailles, fumiers, etc ... sur les dépendances des voies navigables ; 2° De détériorer aucune espèce de plantation ou de récolte sur lesdites dépendances ; etc." En gros : pas touche à cet endroit, c'est à l'Etat ou un de ses satellites et pas à toi !
Nous voilà arrivé au camping de La Guyonnière près de La Pommeraye, tenu avec grande affabilité par Natacha, Dany, Pierre-Marie, Aymeric et Flavien THOMAS à proximité de leur exploitation agricole http://www.campinglaguyonniere.fr/. Dans leur panneau, j'ai bien aimé "en cas d'absence, vous pouvez recommencer". Les emplacements sont vastes et plats, l'herbe a juste la bonne hauteur. C'est beaucoup plus calme qu'au bord de la Loire, où la circulation des automobiles et des trains, mais aussi un voisinage parfois bruyant, peuvent perturber le sommeil.
Son seul défaut est d'être un camping qui se mérite, au sens où il faut gravir quelques pentes de 5 à 7% pour y arriver depuis le fleuve. La grimpée en vaut la chandelle. A vélo, on évitera la D15 ("la route est droite mais la pente est forte", comme disait Jean-Pierre Raffarin dans une raffarinade) qui connait une assez importante fréquentation d'automobiles. On arrivera depuis l'ouest par LAV vers Le Mesnil-en-Vallée d'où on montera par la D150 puis en face vers La Pommeraye par des petites routes bien plus agréables et sécurisantes. De même, depuis l'est, mieux vaut monter par Putille et les Grandes Claveries. Ce n'est pas plus long, pas plus pentu (mais pas moins) et bien plus calme.
Du label, en veux-tu ? En voilà !
Un emplacement pour deux tentes de cyclo voyageurs, ça devrait suffire. "On est pas au bord de la mer" affirme Madame Thomas. Elle a raison. On est dans un camping à la ferme, et on a de la place pour respirer.
Au terme de ce samedi de presque cinq heures de pédalage, la batterie de mon VAE contenait encore de 60 à 70% de sa charge selon les barrettes de la console et de 40 à 60% selon les Led de la batterie, on va dire au moins la moitié du réservoir. Raisonnable.
Le dimanche
En cherchant une autre voie que la D15 pour rejoindre LAV, nous aperçûmes le pont de Montjean par une sorte de meurtrière au centre d'une sculpture posée au pied du chevet de l'église de Montjean. Le point de vue est intéressant depuis cette église. Nous n'avions pas prévu d'y monter et y sommes arrivés par hasard, en cherchant la boulangerie, bien que disposant d'un GPS, d'une carte détaillée et d'une boussole. Rien ne suffit vraiment pour ne pas se perdre du tout. Tant mieux.
La guinguette en contrebas de La Possonière demeure un haut lieu de rencontre de cyclistes à vélo. Un participant de la croisière de Vienne à Nantes http://www.af3v.org/-Randonnee-Vienne-Nantes-2014-.html nous a confirmé que la Loire, c'est beau, mais que voyager à 50, c'est compliqué. Les américains sont lassés. La majorité des chinois ne parlent ni français ni anglais. Les lieux d'hébergement ne sont pas toujours des plus agréables. Beaucoup ressentent une assez grande fatigue. Plutôt que la grande horde, le voyage à vélo s'arrange mieux de petits groupes affinitaires. Pour les grands voyages, on ne saurait trop conseiller de tester son futur compagnonnage par quelques sorties communes.
Peut-être qu'avec l'accueil du congrès Velo City 2015 à Nantes, on aura enfin droit à des panneaux directionnels pour LAV dans l'agglomération nantaise ? Il serait temps ! C'est beau la com', un peu de réalité de temps en temps ne peut nuire pourtant.
Une Renault Juvaquatre utilitaire transformée en panneau publicitaire à l'entrée de Behuard. Mon oncle menuisier avait la même.
L'objectif du jour, Behuard, est une commune entièrement située dans une île de Loire. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Ce lieu de culte extérieur est notamment utilisé lors du pélerinage du 15 août.
La chapelle Notre-Dame-de-Behuard a été construite sur un rocher volcanique. Le lieu était très probablement prisé par les païens à l'origine, comme nombre d'endroits à l'érection naturelle.
Le quidam près du calvaire ne semblait pas s'apprêter à tenir un sermon, ni chercher du réseau pour son portable.
Les touristes déambulent dans les petites rues typiques et fleuries.
L'échelle des crues rappelle que nous sommes en zone inondable, île de Loire oblige...
Les totems tentent d'attirer le chaland ici plutôt que là.
Même sur le panneau officiel, le petit panonceau parvient à se glisser.
La pluie menaçait, ce qui n'a pas empêché pas de s'offrir une petite sieste.
Que fait là ce panneau ? Langue au chat...
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle" nous dit Charles (Baudelaire). Ici l'ennui ne gémit point pourtant au long du jardin méditerrannéen de Sainte-Gemmes-sur-Loire. Quoique. Dans un champ de campings-cars, l'ennui me tailladerait, même à Bouchemaine.
Cette curieuse construction m'intrigait depuis belle heurette. Maintenant, grâce au panneau, je sais qu'il s'agit d'un chevauchement de mine. Me voilà bien avancé. Je ne suis pas diplômé de l'Ecole des Mines.
Les lourds nuages gris acier (prononcer "grizassiers") continuaient de s'accumonceler sur nos têtes. Ils n'ont pas tardés à mettre leur menace à exécution.
Je n'ai pas pris de photos de la recharge de la batterie, préférant me réfugier dans la tente, sous la douche chaude et dans la salle commune pour y dîner. Dommage, c'était le premier test sous une pluie battante en uilisant une housse de sacoche Vaude pour protéger le chargeur et la liaison chargeur-batterie de l'eau du ciel. L'important est que cette housse très légère et compacte, resserrable avec un élastique autour, remplisse parfaitement son rôle de protection, sans provoquer de surchauffe du chargeur puisque ça reste ouvert par dessous. Il a fallu environ deux heures quinze à deux heures trente pour recharger la petite moitié de batterie utilisée dans la journée au cours des presque 6h20 de pédalage.
Le lundi
Je n'ai pas manqué de saluer Monsieur Youpig en quittant le camping de la Guyonnière. Comme bon nombre de ses congénères, ce brave jeune cochon est très sociable. Il répond par des grognements à tout propos qu'on lui adresse. J'en ai connu qui se comportaient quasiment comme des chiens. Cet animal familier a droit à son panneau, ce qui justifie la photo.
Un beau moulin aperçu en dégringolant vers Le Mesnil.
Le déjeuner fut pris au même endroit qu'à l'aller, toujours aussi apaisant.
A l'approche de Drain, ce presque kakemono valait bien une photo. Selon l'article de Wikipedia, un sentier d'interprétation ou sentier de découverte est une infrastructure touristique se présentant sous la forme d'un sentier généralement relativement court équipé de panneaux d'informations pour permettre aux usagers de connaître et surtout décrypter les milieux qu'ils traversent en l'empruntant, en donnant les clés scientifiques, historiques, culturelles voire politiques pour comprendre l'aspect des lieux. Selon la nature et le contexte des sites, le sentier peut être accompagné d'un écomusée, d'un poste d'observation de la faune, d'ateliers sportifs. Les panneaux des sentiers d'interprétation se distinguent des panneaux d'information touristique que l'on retrouve typiquement dans les centres urbains par leur disposition suivant un parcours ordonné par étapes, au fil du sentier et de la découverte du site. Bref, un bonheur promis au chasseur de panneaux.
L'île Neuve vue depuis la promenande de Champalud à Champtoceaux. Elle aussi se mérite car il y a une grimpette pour y parvenir, 2% le plus souvent avec un ou deux petits passages plus prononcés. Ce n'est pas sur LAV mais en face, rive gauche.
Je ne sais à quoi servent ces langues de terre dans le fleuve. A la pêche ? A augmenter le débit du fleuve pour chasser le bouchon vaseux ? A diminuer la vitesse d'écoulement de l'eau ? Et pas un panneau pour m'expliquer de quoi il retourne. Les panneaux, c'est comme les flics, jamais là quand on a besoin d'eux. Il faudrait veiller à m'interpréter tout ça.
Dernière photo du week-end prolongé, on aperçoit Oudon où nous étions avant-hier.
A peine plus de cinq heures de pédalage ce lundi. La ligne était plus droite. Il restait comme les autres jours de 60 à 70% de réserve d'énergie dans la batterie selon les barrettes de la console et de 40 à 60% selon les Led de la batterie. J'ai tenté de couper complètement l'assistance dans un passage facile de la montée vers Champtoceaux. Dans un 2%, avec un vélo de 50 kg, je montais à 3,5 km/h, à l'extrême limite de l'équilibre. Avec l'assistance en route, je passe au même endroit à 9 ou 10 km/h. Sans assistance, je produis selon la calculette de Cyclurba 23.5 Watts à 3.5 km/h, c'est vraiment faiblard. Toujours avec 23.5 W produits par le bonhomme et avec le moteur qui en donne un peu plus de 60, nous disposons à nous deux de près de 90 Watts pour avancer à 10 km/h dans cette même pente. Mon compteur me disait que nous produisions entre 100 et 110 Watts.
Ce fut un beau week-end. Merci LAV, merci le VAE, merci les panneaux et merci tant au compagnon de route qu'à ceux de rencontres. Merci la pluie aussi, le test pour la recharge s'est bien passé et, sans pluie, point de test réel.