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Monts et polders
Chaque année, nous nous rendons au printemps à l'île de Noirmoutier. Le menu est immuable. Premier jour, on y va. Deuxième jour, on fait le tour. Troisième jour on rentre. Et ça fait longtemps que ça dure, une vraie tradition. C'est l'été, je me suis composé un menu spécial et individuel pour quatre jours avec une base à La Barre-de-Monts, commune où est située Fromentine, embarcadère pour l'île d'Yeu et du départ du pont côté continent. Faut y aller, en revenir, et, cette fois, surtout ne pas mettre les roues sur le pont et donc snober résolument l'île, et même Fromentine.
Mardi, de Nantes à La Barre
La météo est estivale et le vent favorable. Inutile donc de se presser. J'ai choisi de faire des variantes autour de la ligne droite pour éviter autant que faire se peut les routes où les automobilistes font prendre des risques mortels aux autres pour ne pas perdre trois secondes. Pour sortir de l'agglo, la voie de la Borne Seize, du Moulin Cassé et des Quatre Vents me convient. On y trouve que des riverains, qui bougent peu dans la journée, et des auto-écoles.
Je suis passé par là pour m'y rendre. La carte détaillée de ce parcours est visible sur le site GPSies, pour la voir en détail cliquer sur "mode plein écran" en haut à droite puis zoumer avec la molette de la souris. On peut télécharger la trace pour nourrir son GPS. Parcours de Nantes à La Barre-de-Monts
Les évènements sont rares sur ce genre de trajet, qui n'est pas ennuyeux pour autant, même la vingtième ou trentième fois. Tiens, ils ont construit là une maison en bois. La boite aux lettres jaune La Poste en fonte modèle 1950 avec sa porte granuleuse qui sert de point de repère pour tourner à droite au retour est encore ici. C'est bien. Je me demande à l'occasion si ces routes sont utiles à d'autres véhicules que ceux d'Enedis, La Poste et quelques camionnettes blanches - sans white van syndrom. Ces petites voies couvertes de bon bitume conviennent bien aux vélos chargés. Voici quinze ou vingt ans, les sacochards étaient considérés comme des originaux. Je me souviens du gus en marcel dans son jardin hélant son épouse pour qu'elle voit passer le bizarre. Depuis, avec le développement des véloroutes et voies vertes, et la multiplication des voyageurs à vélo, c'est devenu commun. C'est tant mieux.
Dans Saint-Léger-les-Vignes, grosse explosion. Daech ? Le retour des autonomistes bretons ? Bah, en jetant un oeil à droite, j'ai vu un nuage de poussière près d'un camion-benne à l'entrée d'un chantier. Un pneu venait plus que probablement d'exploser. Faut juste pas être à côté à ce moment précis. Après Lavau, pas "sur-Loire", seulement un hameau de Saint-Mars-de-Coutais, de nouveau petite explosion, et la même quelques minutes plus tard. Le front se rapproche ? D'après l'agriculteur de passage sur son tracteur, ce n'est qu'un système pour faire fuir les oiseaux qui bouffent la récolte. Le vélo demeure un très bon vecteur de conversation.La couleur gagne du terrain. J'ai l'impression que tout était gris voici longtemps, et que des couleurs franches apparaissent un peu partout. L'école catholique de Saint-Même-le-Tenu s'accorde assez bien avec les teintes de mon vélo. Ils y sont allés fort quand même.A Machecoul aussi, le bar est fort coloré. Le double clocher de l'ancienne capitale du Pays de Retz demeure gris.
Les quelques arbres près de l'ancienne voie ferrée protègent de leur ombre des tables de pique-nique. Le gris-beige-vert est tout à fait fonctionnel et repose les yeux.
Machecoul offre commerces et services, mais il faut y arriver et en sortir. La D64 se termine au rond-point de la D13. Une piste est proposée aux cyclistes qui s'achève ou bifurque vers la D95 (où je n'ai aucune intention d'aller). Si l'on veut rejoindre le bourg... on se retrouve face à un trottoir de 20 cm de haut. Un Jean-Pierre furibard déboule à fond la balle les sourcils froncés derrière le volant de sa totomobile et klaxonne sur le cycliste avec vélo de 40 kg coincé sur la voie de sortie du rond-point face à la barrière qu'est le trottoir bien difficile à franchir. Je ne sais pas s'il faut remercier la ville ou le département pour cette dangereuse absurdité.
Pourtant, Machecoul a une histoire avec les vélos. Ils en construisent. Ils ont fait une piste pour aller à l'usine et au stade. Le parking demeure un océan de pétrolettes. La ruralité demeure en majorité mazoutée et glyphosée, malgré les efforts louables entrepris.
Il y a bien eu une oie furieuse pourchassant une dinde apeurée juste après avoir tourné à droite au grand calvaire blanc, un vieux chien qui m'a barré le passage avec une conviction mitigée, Jean-Pierre et son klaxon au déboulé stupide de la piste cyclable improbable, l'explosion d'un pneu à St-Léger, mais tout ça ne fait pas les gros titres. Alors, quand j'ai voulu accéder à la petite alimentation de Châteauneuf, j'ai été surpris qu'un pandore poli mais ferme m'interdise l'entrée d'ailleurs barrée de rubalise. Au bar attenant, j'apprends qu'une attaque à main armée vient d'avoir lieu. Un hold-up à Châteauneuf ? Je serais donc allé plus Far que je croyais dans le West ? D'après les conversations au bistrot, le malfrat serait reparti bredouille. Son arme était factice. Il avait un cagoule. Un client aurait tenté de le poursuivre mais se serait arrêté trois foulées plus tard car ce client était en tongs. Les habitués du bar s'esclaffaient tout en commentant, et en ajoutant des plaisanteries sur les chemises bleues. Difficile de faire la part de la réalité et du besoin de décharge émotionnelle. L'épicière semblait surtout contrariée de ne pouvoir reprendre la vente de denrées le temps de relever les empreintes éventuelles.
Presque à la sortie du petit bourg, j'ai plaisir à retrouver les sentiers cyclables vendéens, leurs indications impeccables et leurs panneaux de routes de poupées.Le petit moulin de Châteauneuf n'est plus occupé ni visitable depuis 2015, mais toujours là, depuis le début du XVIIIème siècle.A peine plus tard, on arrive dans les marais, qui me paraissent bien secs. Le regard se perd dans le lointain, accroché par le seul château d'eau, que je vais revoir.
Vendée vélo. Vendez vélo ! Vendez vélo ! Cette réclame se proclame à tous les carrefours, même le plus insignifiants. Non, je ne vendrai pas mon vélo. Il me convient.
Blague à part, ces panneaux typiques comprenant tous les logos et le fléchage ne peuvent se confondre avec d'autres. Le cheminement n'en est que plus facile à suivre. Le balisage de la Vélodyssée serait moins efficace en Charentes.J'ai du faire un détour par un magasin afin de ne pas arriver avant l'heure d'ouverture de la chambre. L'accueil est excellent, la chambre confortable, tout est neuf, propre et fonctionnel au Vieux Colombier.
Mercredi, Saint-Gilles par le Pays de Monts
Je n'irai pas dans l'Île. Je ne verrai pas le pont. J'ai choisi de prendre la piste cyclable dans la forêt de Monts. Elle n'a pas fondamentalement changé depuis mon dernier passage. Les brèves montées succèdent aux rapides descentes. Le sol est plutôt bien stabilisé, et est même en meilleur état que lors de mon précédent passage. On pourrait chipoter qu'à quelques carrefours un vélo lourd doit se méfier de l'épaisseur du sable, ce qui est je suppose inévitable. Cette piste dans la forêt domaniale du Pays de Monts est propre, parfaitement balisée et bien entretenue. La fréquentation le matin au moins d'août n'est pas ma tasse de thé. J'y ai vu essentiellement des costauds sur des vélos tous terrains très technologiques, qui foncent comme des gros boulets sans un regard ni un bonjour pour les cyclistes croisés ou dépassés. Des gens performants sans doute. Je suis passé par là : parcours forêt de Monts et marais.
Au sortir de la forêt, arrivée sur la plage de Saint-Jean-de-Monts. Le contraste est saisissant. De l'ombre à la lumière, des gros costauds aux promeneurs, d'un environnement (relativement) préservé à de l'urbanisme compact.
Le front de mer demeure praticable. Selon un voisin de chambre, à l'heure d'affluence, l'accumulation des piétons insouciants, des rosalies lentes et encombrantes, et des cyclistes divers, inexpérimentés et anarchiques rend la circulation sur la piste cyclable difficile. En même temps, comme il dit l'autre, nous sommes dans une station balnéaire où le vélo est présent en grand nombre. Rien que de très normal. Il existe d'autres routes pour être tranquille. Les misanthropes peuvent aller plutôt dans la diagonale du vide, la côte vendéenne réclame un niveau de sociabilité ordinaire et de supporter la proximité avec la petite et moyenne bourgeoisie.
Avant d'arriver sur la côte de Saint-Hilaire-de-Rietz quelques passages sont moins encombrés. Encore que ça dépende des endroits. Au droit des sorties de campings, très nombreux tout au long de la côte, et notamment le long de la départementale 123, les cyclistes prennent les bandes cyclables à l'envers, parfois à deux de front. La Vendée, c'est le bazar, un peu surprenant mais je n'ai pas eu le sentiment d'être en danger. La piste le long de la D6A offre de jolis points de vue sur la côte. Il faut être attentif aux piétons qui font à peu près n'importe quoi sans regarder, mais à cette heure, ce sont plus des sportifs-ves et des promeneurs de chiens que de redoutables transporteurs de parasols avec marmaille à la trajectoire erratique.
Aussitôt après la voie ferrée, en arrivant en vue de la Vie à Saint-Gilles, le passage devient plus étroit. Toutes les circulations se retrouvent sur la même voie, avec des commerces. Chacun se débrouille comme il peut. Les voitures sont à peu près à l'arrêt, les pétions et les cyclistes se faufilent partout. Dans le bourg, les cyclistes sont indisciplinés. Ils préfèrent encombrer le trottoir, ou passer au milieu des voitures qui patientent, plutôt que de faire dix pas de plus pour franchir le port sur la passerelle Bénéteau réservée aux vélos et aux piétons où on a l'espace pour circuler tranquillement.
Tu préfèrerais que les cyclistes et les piétons soient alignés comme les bateaux ? Sans aller jusque là, ils pourraient néanmoins rester sur les morceaux de chaussée que les aménageurs ont soigneusement peint en vert pour les vélos, et où il n'y a personne. Sur l'autre rive, les aménagements progressent. Le large trottoir est une esplanade où passer à vélo ou à pied en remontant vers le nord le long du port de plaisance sur la Vie. Les voitures n'ont plus que la portion congrue. Je m'en félicite.
Les courses faites (j'ai pris des tomates aux pesticides, quatre fois moins chères que les bios, y'a des limites quand même...), j'ai trouvé mon chemin vers la sortie et le calme. La piste cyclable le long de la D38B dite "route du sel", boulevard extérieur de Saint-Hilaire-de-Rietz à la lisière de la zone industrielle et commerciale et des marais, n'offre pas le panorame le plus touristique de la planète, mais est bougrement pratique et sécurisante pour sortir du barnum estival. Côté marais, on peut apercevoir des bateaux qui ne vont pas que sur l'eau.
Voici une capture d'écran d'Osmand, dont je me sers pour le guidage, qui situe cette voie le long de la Vie et ses marais. J'avais composé le parcours sur GPSies et l'avais transféré sur Osmand dans mon smartphone. L'électronique embarquée est un confort vraiment appréciable pour circuler dans des contrées nouvelles. La carte était un merveilleux instrument, mais la décontraction permise par les écrans est quand même très supérieure. Je me demande quand on renonce à faire l'effort de s'adapter aux nouvelles technologies (dès lors qu'elles sont utiles bien sûr). Je n'en suis pas (encore) là.
La préparation du parcours ne suffit pas. A un moment, je me suis retrouvé sur une départementale en fin de piste. Trop de voitures sur une route trop étroite. Alors, j'ai suivi la piste qui sortait de la trace envisagée tout en allant plus ou moins dans la direction choisie, et me ramenait vers un point d'intérêt touristique. Les vendéens ont le chic pour faire passer les aménagements cyclables tout à côté de leur offre pour touristes, ici la Bourrine du Bois Juquaud. Faut bien rentabiliser. La visite de l'écomusée permettra aux estivants estrangers à la contrée d'apprendre comment vivaient mes ancêtres. Pour retrouver sa route, l'électronique ne fait pas tout,. Savoir lire une carte est utile, qu'elle soit sur un papier ou sur un écran. Savoir s'orienter sert aussi, l'écran étant pouvu d'une boussole, si on veut.
J'avais prévu de continuer tout droit, sur une route qui était blanche sur la carte de traçage, donc en principe relativement peu circulée, mais noire de voitures à pétrole en pour de vrai. J'ai donc suivi les aménagements puis des petites routes de dessertes d'habitats un peu dispersés (en marron) pour rejoindre l'itinéraire prévu un peu plus loin.
J'ai eu un petit doute en abordant ce chemin. A tort. Il me conduisait bien où j'allais, et était carrossable. L'option "VTC" de GPSies est adaptée. Si on ne veut pas de chemins, il faut choisir "vélo de course", mais on aura bien plus de routes à voitures. J'ai bien fait aussi de prévoir assez d'eau. Le chemin est poussiéreux, la végétation sèche, les quelques arbres n'arrêtent guère le vent tout aussi sec (on comprend pourquoi les marais salants sont rentables dans le secteur), et il fait plus de 30° à l'ombre, où je ne suis que rarement.
Je me suis arrêté déjeuner un peu après, près d'un carrefour avec un peu d'ombre. Le fossé d'à côté était sec comme un oued. La ferme proche arborait deux drapeaux, un français, souvenir de la Coupe du Monde de football sans doute, et un vendéen parce qu'on est de là où on est, ici comme ailleurs. Le site de la commune de Curzon offre l'explication de l'origine du double sacré coeur de ce dernier drapeau. Au départ mon vélo était noir, et propre. La traversée de la forêt de Monts et les passages sur les chemins blancs aidant, le voici beige, et sale.
Je remonte lentement, vent debout, vers le nord-ouest. Revoilà le château d'eau d'hier, il se pourrait bien que je passe à son pied.
En effet... Je passe au pied du grand entonnoir.
Quand bovidés tous tournés dans le même sens, vouloir dire vent fort. Hugh ! Bovidés présenter derrière au vent.
Retour au bercail. Ai-je mis mes yaourts dans le frigo du papa, de la maman ou de la petite ourse ?
Jeudi : Bec, Champs, Brochets moins une éolienne.
J'ai quelque peu brodé autour de la trace prévue. Faire des variantes en s'écartant ne pose aucun problème. Zéro côte, très peu d'arbres. On voit les clochers, et même les hameaux, ou les éoliennes, à des kilomètres, pour se repérer, et c'est super bien balisé. Fastoche et reposant pour la tête, d'autant plus avec de bons instruments. On l'aura compris, je n'ai pas suivi scrupuleusement la trace prévue. Je considère la trace comme une proposition, une idée théorique, un repère surtout, et je jardine autour, comme j'ai toujours fait, plus encore en mode promenade qu'en mode voyage où l'on va d'un point à un autre sans trop fureter à gauche et à droite.
Je suis allé par là : NNO65_61KM_variante_Bouin_Beauvoir_Brochets, en allant voir les ports, les polders et le champ d'éoliennes, tout en évitant absolument les forts risquées routes à pétrolettes que sont les axes Bouin>Beauvoir-sur-Mer>Saint-Jean-de-Monts (D758) et Beauvoir-sur-Mer>La Barre-de-Monts (D22). L'Euro véloroute 1 (EV1 dite "Vélodyssée" pour sa partie française) a mis un peu de temps à se mettre en place, pour choisir finalement ce que j'avais pris spontanément en passant voici des années par Beauvoir et Saint-Urbain. Le choix n'existe pas vraiment tant qu'il faut éviter ces routes impraticables à vélo et le Grand Etier de Sallertaine et la Taillée où des ouvrages novateurs devraient être construits pour permettre le franchissement des cycles sans déranger les bateaux, les chasseurs, les pêcheurs et les agriculteurs. Ah là là, mon pauv' monsieur, la vie n'est pas simple...
Et c'est pour ça que la véloroute ne va pas tout droit le long de la côte pour rejoindre le Gois et le pont. Même s'il existe un bout de véloroute d'intérêt local qui va jusqu'au Gois depuis Beauvoir-sur-Mer, la véloroute européenne n°1 fait le tour par l'intérieur des terres avant de revenir à La Barre-de-Monts.
Un lecteur de cartes attentif pourrait penser que la D103 entre Saint-Urbain et La Barre-de-Monts/Fromentine offre un raccourci. Ce fut vrai mais ne l'est plus, hélas. Cette petite départementale fait partie des victimes de l'affluence automobile à cause des GPS. Cette voie est la plus courte entre Challans et l'Île de Noirmoutier, et donc les GPS pour bagnoles y envoient des tonnes de bagnoles.
Et le cycliste est détourné par le Daviaud, ce qui évite qu'il encombre la route que les voitures apprécient. Le parcours l'emmène vers l'écomusée. Que des effets bénéfiques. Sauf qu'il doit encore faire des kilomètres supplémentaires. Et alors ? Il a tout son temps, l'estivant à pédales. Naqua faire comme les gens normaux, s'acheter un SUV.
Revenons à la douceur de notre promenade dans le marais breton. Au fait, Breton ou Vendéen, ou Breton-Vendéen ce marais ? Les cartes IGN, la fiche Natura 2000, etc., le nomment "breton", le département qui met son logo tout partout l'appele "vendéen" bien sûr. Il y aurait débat selon Wikipedia. Vendée Tourisme, émanation du département de la Vendée le nommait Breton et a évolué en Breton-Vendéen. On sent bien la tentative d'appropriation par le département de l'ancienne Baie de Bretagne.
La douceur est par exemple dans le léger brouillard qui nimbe ce matin le paysage.Le moulin de Beauvoir est moins signalé que celui de Châteauneuf, il n'est pas moins intéressant avec son toit tournant à la force du jarret.Le long de la véloroute principale, des destinations secondaires sont proposées, avec des pancartes dun style suffisamment différent de l'EV1 que toute erreur soit impossible. Les vendéens ont la grande intelligence de dire où vont les routes et à quelle distance sont les bourgades. Ce qui pourrait sembler de simple bon sens est une rareté sur les véloroutes. Beaucoup d'aménageurs croient que les gens tournent en rond autour du cul de leur caisse et ne mettent le plus souvent que des flèches sans indication, ce qui apparait encore plus stupide quand plusieurs parcours se croisent.Les indications de la voie principale ne sont pas en reste question précision. On voit bien qu'il s'agit de renseigner un voyageur dont le vélo est le véhicule et non un simple jouet. Il est en effet possible de visiter l'Île de Noirmoutier en passant par le Gois (si les horaires de marée s'y prêtent) pour arriver à Saint-Jean-de-Monts, et la distance est en effet de 38 km. Si l'on préfère suivre l'euro véloroute 1 "Vélodyssée" et passer par St-Urbain, la distance n'est que de 34 km.Dans les agglomérations, la signalisatin verticale est remplacée par la signalisation horizontale, des peintures au sol. Ici, avec la dénomination "Vendée vélo". Mais non, je ne le vends toujours pas. Ils ont du mal à ne pas mettre "Vendée" partout. Le matraquage publicitaire finit par sortir par les oreilles, comme la réclame répétitive à la télé.Comme les autres dans le coin, le port d'échouage des Champs est à l'embouchure d'un cours d'eau ou d'un étier par où la mer remonte deux fois par jour. Le site de l'office du tourisme du canton de Beauvoir-sur-Mer explique le pourquoi du comment.Les cabanes à carrelets se pressent en rangs serrés en amont du port, juste avant la vanne. Malgré ce qu'en dit cet article de Ouest France, qui date de 2013, je n'ai pas du tout eu un sentiment d'abandon. Les cabanes m'ont semblé en bon état, et une assez bonne proportion est flambant neuve.En gros, ils ont l'air contents d'être là. Tant mieux pour eux. Les lettres majuscules d'une couleur différente donnent "NISOLITES". Je n'ai pas compris. Ce doit être de l'art. Et conceptuel en plus.Le temps donc peut pêter par là. Le vent peut souffler, fort, très fort, et sans guère discontinuer. Inutile de compter sur les haies pour être protégé. On devine au loin quelques bâtisses, dans la prolongation de l'axe du chemin blanc réservé aux seuls vélos. Elles sont à environ cinq kilomètres à vol d'oiseau. Nous y voilà, au port des Brochets. Derrière la digue, la vasière à marée basse. La Baie de Bretagne moyenâgeuse continue d'être comblée.Ces ports sont actifs et non seulement utilisés par les plaisanciers.Les cabanes servent pour l'exploitation des zones ostréicoles.Bouin fut une île, submergée à plusieurs reprises au fil des siècles. Les premières digues dateraient de la fin du VIème siècle, 10 ans après le raz-de-marée qui vit périr tous les habitants. La piste cyclable n'est pas à l'abri des éléments, et son tracé actuel est récent. J'ai trouvé un café dans le bourg, et en regardant mon smartphone, un endroit pour déjeuner, à proximité des toilettes et à l'abri du vent qui commence à monter. En violet le prévu, en bleu, l'accompli. A cette échelle, on voit les toilettes. Sans le smartphone, je les aurais trouvées, car elles sont bien indiquées. Je me suis planqué derrière une veille bâtisse pour y pique-niquer peinard.
Un voyageur à vélo canadien de ma connaissance, avec son sens de l'observation habituel, écrit dans son journal que Noirmoutier est un pays de petites maisons blanches à toits oranges. Je ne sais pas quand nous sommes passés des bourrines en terre et roseau à ces petites maisons blanches, qui ressemblent beaucoup à celles que l'on voit dans le vignoble nantais. Sans doute avec l'avènement du tourisme, qui fait rage dans ce pays. Dans le marais aussi les maisons se sont mises à ressembler à ce modèle.Celle-là n'est curieusement pas protégée des vents par un rideau d'arbres qui signalent habituellement la présence d'une habitation. Profiter de ce gisement d'énergie parait donc plutôt logique. Le champ d'éoliennes de Bouin est plus ancien que la plupart de ces grands moulins modernes en France. La population y aurait été favorable à 94% au moment de la construction.Au pied, quand elles tournent, elles ne font pas grand bruit, à peine un chuintement. La batterie de mon vélo électrique ne se recharge pas par induction, contrairement à ma brosse à dents. Dommage, j'eusse été séduit par l'idée de circuler grâce à de l'énergie renouvelable et non nucléaire.
Une cabane, probablement un bâtiment d'exploitation, a été recouvert de panneaux d'explications pour les touristes qui viennent visiter ce champ d'aérogénérateurs. J'ai un cyclogénérateur sur mon vélo, dans le moyeu de la roue avant, avec une production de très faible puissance, mais suffisante pour voir où je mets les roues quand il fait noir, ou être vu quand le temps est bouché. Sur ordinateur, ces images peuvent être agrandies en cliquant dessus.
L'hiver dernier, une des éoliennes est tombée. On sait maintenant pourquoi nous dit Ouest France. C'est la faute à Carmen, mais Nordex n'est pas innocent. L'éolienne sera-t-elle remplacée ? Je n'en sais rien. Le terrain a été complètement nettoyé.
Polders ? Vous avez dit polders ? On n'est pas en Hollande pourtant ? La conquête de la terre sur la mer, c'est un grand bout de l'histoire ici, des moines du XIème siècle aux polders financés par des affairistes privés (nantais ?) pour l'exploitation agricole aux XVIIIème et XIXème siècles, polders aujourd'hui exploités par l'ostréiculture. Le dernier polder en date a été financé par l'Etat en 1965, après le raz-de-marée de 1940. Et dire qu'un maire et ses sbires, sont allés prétendre un peu plus au sud que non, on ne connaissait pas les risques avant Xynthia. Il n'y a que mille cinq cent ans à peu près que les raz-de-marée et les tempêtes provoquent des dégâts terribles. L'Etat non plus n'est pas innocent dans ce désastre, d'après cet article de la gazette des communes.
Je viens par ici plutôt au printemps. Le marais m'était jusque là apparu comme un milieu humide. Et en fait non. L'été c'est sec comme de l'amadou. Ce document de synthèse réalisé sous le chapeau d'Agro Paris Tech par Jeanne GUILLEMINOT et Gwénolé LE QUINTREC est un peu lourd certes, mais explique tout sur tout à propos de l'agriculture, la sécheresse et tout ça : Analyse – diagnostic de l’agriculture du Marais Breton. De manière plus générale, l'Association pour le développement du bassin versant de la baie de Bourgneuf est une belle mine d'informations.
Si on préfère des menus moins copieux, on pourra consulter avec bonheur cette page du site sur la baie de Bourgneuf de Madame Claire KÖNIG, enseignante en sciences naturelles, qui nous fait de jolies choses pédagogiques.
Et retour par Beauvoir, au même café. La girouette de l'église me dit que le vent n'a pas varié de sens. Je vais donc avoir ce souffle chaud en pleine poire pour finir. J'ai bien fait de faire le plein d'eau dans les bidons.
Ah ? Ils ont réussi à ne pas mettre Vendée sur un panneau horizontal ! Peut-être ils y sont obligés pour bénéficier des subventions européennes qui alimentent l'aménagement des vélos routes européennes.Je ne suis pas rentré tard pour pouvoir préparer sans hâte mes sacoches pour le retour. Déjà. Un jour de plus, et j'aurais pu faire en sus le tour de l'Île de Noirmoutier. Je le fais déjà tous les ans au printemps. Ce n'était pas le but cette fois.
Vendredi, de La Barre à Nantes.
J'ai mis le cap au nord-est pour rentrer. Le trajet est quasiment le même qu'à l'aller, sauf une petite variante près de Machecoul et une autre pour entrer en ville. Mais là, je connais tous les pavés comme si je les avais taillés moi-même, alors, les traces, les GPS et compagnie peuvent bien aller se brosser. Je vais où ça me chante. J'ai de la chance, le vent a tourné. Je vais l'avoir à l'ouest, soit tantôt de côté, tantôt favorable de trois-quarts. C'est inespéré par rapport aux prévisions d'il y a quelques jours où il était annoncé nord-est, c'est-à-dire pleine poire avec un vélo aussi aérodynamique qu'un camion-poubelle (sans l'odeur, hein, quand même...).
Alors, pour finir, breton ou vendéen le marais ? Question résolue. Il est nantais. Et voilà ! Remarquez qu'il existe un lieu-dit portant le nom de ma famille paternelle entre Saint-Cyr-en-Retz et Le Port La Roche, et que je ne suis pas propriétaire de la région, et pourtant mes ancêtres sont dans la baie de Bourgneuf et le Pays de Retz depuis au moins l'existence des registres baptismaux. Avant, on ne sait pas, sauf à être d'une grande famille. Et comme la mienne est à la fois fort peu nombreuse et constituée de personnes de rang fort modeste...Entre Saint-Urbain et Châteauneuf, le paysage change. Me voilà de nouveau dans le bocage après quelques jours de marais.
A Châteauneuf, pas plus de chemises bleues que de plaisanteries vaseuses au café-alimentation. J'ai fait un coucou à la statue de la vierge sur sa motte féodale.
On avance, on avance. Voilà les clochers de Machecoul, dont j'éviterai cette fois les pistes cyclables qui arrivent dans les trottoirs et les bandes qui font le tour des ronds-points, en prenant cette variante bucolique en violet.
La mi-parcours est à peu près là, à l'aire de repos près du Tenu près du bourg de Saint-Même. Pas grand monde dans l'aire.
J'en profite pour visiter. Ah ! C'est de là que viennent les canoës que l'on voit parfois sur le Tenu et l'Acheneau.
Les deux images ci-dessous peuvent être agrandies sur ordi en cliquant dessus.
Ils n'ont décidément peur de rien en matière de couleurs à Saint-Même-le-Tenu. Rappelez-vous l'école catholique à l'aller. C'était dans le même bourg.
Pas si désert cet endroit. On ne peut pas dire qu'il n'y a pas un chat. Mais si, au milieu de la photo, regardez mieux.
Ensuite, les mamies ont débarqué. Elles ont humé l'air de toutes les tables de pique-nique avant de se décider. Elles auraient bien piqué ma place. Mais oui, madame, je reste à cette table pour déjeuner. Et non, je ne vends pas mon vélo. Un garçon en VTT a traversé le parc dans un sens, puis est revenu avec un pain dans une main quelques minutes plus tard. Une jeune femme a fait au moins dix fois le tour du parc avec son chien, un berger allemand, mais sans jamais passer le pont sur le Tenu. Un couple de tricyclistes a hésité puis s'en est allé déjeuner de l'autre côté de la route. Une série d'évènements aussi trépidants qu'à l'aller. J'ai pu déjeuner en paix quand même et suis reparti par les mêmes petites routes qu'à l'aller.
A Saint-Mars-de-Coutais, le PMU-bar-tabac-journaux-bouteilles de gaz était ouvert, contrairement aux semaines précédentes. Et nul hold-upeur à l'horizon. Juste un chien probablement dangereux, avec un maître stupide qui met sans doute sa virilité dans la machoire de son animal, qui est rentré dans le bar terminer sa bière tellement son horrible bestiole manifestait l'intention de bouffer le cycliste. J'espère qu'il n'y aura pas un gamin à vélo passant par là quand le chien sera libre...Je trouve la D264 pour rejoindre Bouaye dangereuse à vélo, même si j'y vois des cyclistes. Je préfère faire le détour par Port-Saint-Père et Saint-Léger-les-Vignes. J'avais oublié que Nantes est aussi une ville d'art et d'histoire, ce qui n'est pas tout à fait évident en franchissant cette voie rapide. Cette vue ne doit pas tromper. Pour qui habite au centre de la ville et se déplace à vélo et en transports en commun, il n'y a pas d'embouteillages et la vie est agréable.
J'ai eu un vrai coup de chance en arrivant au fort redoutable grand rond-point de la D753, route de Pornic où s'échoue la piste cyclable qui serpente dans les accès routiers du pont de Cheviré. Passer ce grand rond-point à vélo ou à pied en semaine fait peur tant la circulation est intense et rapide. Le trajet officiel de l'EV1 fait un crochet et remonte dans les zones pavillonnaires.
Au moment où je suis arrivé, un convoi exceptionnel transportant un gros bout d'Airbus (les Airbus naissent près de Nantes) vers le Port Autonome bloquait ce rond-point, et arrêtait le flot d'automobiles et de camions agressifs conduits par des Jean-Pierre que leur patron harcèle pour tenir les délais. Je me suis subrepticement glissé à droite du convoi pour rejoindre la rue de l'Île Chupin. Arriver à Nantes par Trentemoult avec vue sur les grues Titan et le Roquio est quand même plus sympathique que de débarquer dans les effluves de mazout des poids-lourds et autres pétrolettes puantes à quatre roues. Le spectacle offert aux touristes à vélo arrivant par l'est via la rive nord offre moins de mazout mais ni très valorisant pour l'agglomération ni très engageant non plus, dans un autre style. Le propre des marges des grandes villes est d'être sale et inquiétant, mais quand même.J'ai salué ma grue préférée, ni la jaune ni la grise, la gracile noire de ce qui reste des installations portuaires de Chantenay. Les trois grues nantaises. Voilà quatre belles journées qui se terminent bien.