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Trois cardinaux à La Flèche
T'aimes le vélo ? T'aimes le camping ? Alors zou, dehors ! C'est le printemps. Ses matins frais, ses giboulées et bourrasques, ses petites fleurs surgissant des talus, et surtout l'envie de prendre l'air. Nous avions choisi La Flèche en Sarthe pour y accomplir des parcours en étoile, un par point cardinal. Nous en avions prévu quatre. Nous en avons fait trois.
Nous sommes arrivés la veille, tranquillement et avons planté le camp de base. Deux en tente, une dans sa voiture, et deux en chambre d'hôtes.Au camping de Rennes, des lapins couraient partout. A celui de La Flèche, des canards se dandinent d'un emplacement occupé à l'autre. Le camping est de qualité. Il est tout proche du centre-ville via la liaison piéton-vélo par la passerelle sur le Loir. Les emplacements sont plats et herbeux. Les sanitaires viennent d'être refaits à neuf. L'accueil est sympathique. Je recommande. Il est labellisé "accueil vélo". Il est possible qu'il faille réserver à la belle saison, car ce camping est fréquenté par les nombreux visiteurs du zoo proche, sauf peut-être à arriver avant les campings-cars qui constituent le plus gros de la clientèle. La Flèche est une sous-préfecture de la Sarthe, compte plus de 15000 habitants et offre tous les services dont on pourrait avoir besoin, dont un bon marchand de vélos "les cycles du Loir" qui propose des vélos, des tricycles, des VAE, et des informations touristiques si on passe bavarder.
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Le premier jour : La Flèche, Clefs, Baugé, Sobs et retour
Le parcours http://www.gpsies.com/map.do?fileId=ykugyemoqusslmjjAvant le départ, quelques courses s'imposent. Je ne suis pas du genre à apporter mes boites de conserve pour la semaine. Au passage, j'apprends que Madame Pape-Carpantier, née à La Flèche, pédagogue et féministe, est la fondatrice des écoles maternelles en France au XIXème.Nos autres compagnons nous ayant rejoints, c'est parti pour cette première journée sur la voie verte, ancienne voie ferrée, qui nous emmène vers le sud par une matinée fraîche et brumeuse.Nous sortons à peine de la voie verte pour aller voir la typique église massive de Clefs. Les automobilistes semblent plutôt respectueux à l'égard des cyclistes. Au pied de l'église de Clefs, pendant que je prenais cette photo, j'ai dû faire successivement signe de passer à deux automobilistes qui attendaient sagement derrière nous.
A Baugé-en-Anjou, qui est en Maine-et-Loire, le château est en partie masqué par la fête foraine. Au moins, ils n'ont pas chassé les forains quand bien d'autres communes ne veulent plus les accueillir. Pour les petits cirques familiaux, c'est pire. Ce château du XVème, médiéval et renaissance, fut celui du roi René d'Anjou.A l'intérieur, l'Office du tourisme, présente une maquette des fortifications telles qu'elles furent, et vend du miel, car nous sommes sur la route éponyme.Tiens, un chevalier aux yeux jaunes.
Après un petit café pour nous réchauffer et la reprise de la voie verte, nous arrivons à Sorbs. Qu'est-ce ? La fin de la route cyclable. La V44 (ben oui, les voies vertes et véloroutes ont des numéros, comme toutes les routes) s'interrompt entre ce lieu-dit de la commune de Brion (queue violette sur la carte) et l'appendice en rouge qui permet de rejoindre la Loire à vélo et la Vélo Francette (Ouistream - La Rochelle).
Demi-tour vers le camp de base. Fidèles à nos habitudes sociales, nous entamons la conversation avec les autochtones. Impossible d'avoir le dernier mot avec des oies bavardes qui ne se lassent pas de revenir à la charge. Cyclistes habitués à parler fort dans le vent, nous déclarons pourtant forfait.Au passage, nous apprenons que les travaux avancent. La portion de voie verte est quasi neuve.Deuxième passage à Baugé, où nous retrouvons le soldat saluant la vahiné. Cette fois dans une éclaircie. Sous le soleil et vent dans le dos, la température remonte de manière spectaculaire.Un gros caillou que nous n'avions pas aperçu au premier passage : un polissoir du XVIIème. L'Hôtel Dieu de Baugé-en-Anjou et l'apothicairerie, tous deux du XVIIème.Plus loin, un poteau téléphonique, lui aussi survivant d'une autre époque.Le soir, nous avons dîné dans la salle télé du camping. Le soleil couché, la température est retombée bien bas. Un gros orage s'est abattu sur nos petites tentes. Elles ont passé ce test d'étanchéité avec succès. Nous avons bien dormi.
Le deuxième jour : Luché-Pringé, Le Lude, Savigné-sous-le-Lude, Clefs
Le parcours du deuxième jour est un rectangle. La carte peut se voir en détail ici : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=pbevjfgayuhpmxujDéjà le même rituel que la veille, avec les courses avant le départ. Sous des dehors débonnaires et souriants, il peut se passer par ici des choses bien inquiétantes. Le chat met tout le quartier en émoi. J'en tremble. Comme un peu partout malheureusement, les deux-roues motorisés ne respectent pas les stationnements vélo. Notre lieu de rendez-vous pour les départs aura été la statue d'Henri IV, créateur du collège de La Flèche qui devint plus tard le Prytanée, lycée pour préparer aux grandes écoles militaires. La Flèche avait un Prytanée, elle a maintenant un zoo.Nous avons cheminé peinards vers l'est, par une piste cyclable bitumée longeant la route départementale, d'assez loin cependant pour n'être pas dérangés par les automobiles, sauf quand il nous fallait la traverser, pas toujours à des endroits où la visibilité est suffisante. A Luché-Pringé, une autre église massive nous attendait.En ce temps-là, les mesures étaient précises et la mendicité interdite.
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Un panneau pour amateur de panneaux, et d'histoire.Ayant eu à essuyer quelques grains et à affronter un vilain vent aigrelet avant d'arriver à Le Lude, nous avons trouvé un lieu abrité d'Eole.Pour être abrité, l'endroit n'en est pas moins chargé d'histoire. L'auteur du panneau ne semble pas apprécier Louis XI.
Nous arrivâmes au château, qui ne peut se visiter en période de trêve hivernale. Les styles varient selon les façades et les jardins seraient superbes.Nous n'avons pas su qui est cet altier cavalier, ni même si la gouttière est d'époque.Les petites routes, les montées, les descentes, la verdure, le paysage enfin visible avec ses bâtiments de couleur ocre que l'on trouve un peu partout en Sarthe, nous changent des lignes droites et plates des voies vertes qui elles ont le mérite de ne comporter que très peu de pente et d'être abritées du vent. Le plaisir vient de la variété. Le petit bar familial de Savigné-sous-le-Lude était là à point.Un bout de plat requinque aussi. Un genre de route où nous ne dérangeons pas les voitures. Dans les bois qui ont suivi, nous avons croisé deux grands chiens tous plats qui semblaient curieux de nous voir et nous ont accompagné quelques centaines de mètres avant d'obliquer dans la forêt après avoir hésité.L'explication est arrivée deux ou trois kilomètres plus loin. Une chasse à courre se déroulait, et les chiens s'étaient perdus. Comme à peu près tous les gens que nous avons croisé, les chasseurs nous ont salué. Pour des habitants d'une grande ville, c'est une curiosité. Comme ancien habitant d'un petit bourg rural, je m'y refais très vite.Nous avons obliqué à droite à hauteur de Clefs et retrouvé la voie verte pour rentrer, là où l'un d'entre nous avait coursé un petit roquet la veille. Le tricycliste sec a fait une surprenante accélération sous les aboiements des clébards, que j'ai été bien incapable de suivre même avec l'assistance à fond. Le goûter fut pris devant un paysage à la Thomas Gainsborough nous a dit Françoise. La photo prouve un viol de propriété privée, puisque ce louche personnage est de l'autre côté de la barrière. Pas bien méchant non plus.
Les constructeurs de l'époque ont tantôt creusé les collines, tantôt réhaussé le ballast de plusieurs mètres dans les marais pour que le train franchisse le minimum de dénivelé. Ici, ils ont mis un gros remblais, sans doute de pierre et de terre. Pour éviter que les cours d'eau ne l'entament, ils les ont déviés. Sur le périphérique nantais, à hauteur de la Porte de La Chapelle, l'inondation submerge régulièrement la chaussée l'hiver. Du bon sens s'est perdu ou bien la morgue moderne a frappé ?La voie verte construite sur ce beau soubassement a donné lieu à des ouvrages spécifiques, dont ce passage canadien fait de rouleaux qui roulent et empêchent le franchissement des bêtes à sabots sans déranger les cyclistes.En complément de programme, comme il était tôt et qu'il faisait beau (?), deux d'entre nous sont allés faire le tour des lacs de la Monnerie à La Flèche, d'anciennes carrières aménagées en zone de loisirs. On y va à vélo et au confort depuis le centre-ville par le sentier depuis l'arrière de l'hôtel de ville, en traversant le jardin public, à condition de rouler tout doucement et de dire bonjour à toutes les personnes que l'on rencontre. Le patron des Cycles du Loir nous l'avait indiqué. Sa boutique est dans la zone d'activités toute proche.
Il serait dommage que la reconversion fasse disparaître l'histoire du lieu et des techniques employées. Ici, de lourdes charges pouvaient transiter sur ce cheminement de cylindres.Le tour du lac s'effectue sur un bitume de qualité. On aperçoit la plage, noire de monde il paraît à la belle saison. Par le sentier le long du Loir, surtout avec des enfants en camping, il est possible de venir s'y baigner l'été sans avoir à traverser ni même longer à vélo la fort fréquentée départementale 323, doublée par un piste cyclable bi-directionnelle. La Flèche a été labellisée "ville et territoire vélotouristique" par la Fédération française de cyclotourisme. A juste titre.Surprise ! Grand concert de mouettes. Des mouettes à La Flèche ? Si ce n'en sont pas, les cris des bestiaux aquatiques à plumes y ressemblent très fortement.Tout un système avait été bâti pour canaliser l'eau, dont des déversoirs pour le trop-plein.Le Moulin Poil de Reux, tout près du camping. Dîner en salle télé, et hop, au dodo.
Le troisième jour : Cré-sur-Loir, Durtal, Notre-Dame-du-Pé, la Chapelle d'Aligné, Bazouges-sur-le-Loir
La palabre la veille au soir s'était conclue sur le choix du circuit vers l'ouest, car les prévisions annonçaient un fort vent de sud-ouest. Le détail du parcours est visible ici : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=nziprgjzjhvvoeob
Le salut à Henri IV étant fait et le groupe constitué, nous admirâmes la façade du Prytanée bien éclairée par le soleil matinal (ce qui nous changeait heureusement des deux jours précédents où le schéma avait été grisaille le matin et éclaircies l'après-midi).La véloroute le long du Loir est bien agréable. Elle l'eut été plus encore sans les grains glaciaux. Mois de mars, giboulées de mars... Tout à coup, à l'approche de Cré par la V47 à proximité de la réserve naturelle des marais de Cré-sur-Loir et de La Flèche : un gigantesque crapauduc.Les bénévoles naturalistes et protecteurs des zones humides nous ont expliqué que les bestioles bénéficient de 1500 mètres de cloisonnements pour les contraindre à emprunter certains passages et donc à ne pas se faire écraser. Le chien de naturaliste vit au grand air et n'exprime aucune agressivité. Les chiens en général devraient en prendre de la graine. Le chien est souvent ennemi du cycliste.Revenons à nos crapauds. Ces animaux utiles vivent en forêt et se reproduisent dans l'eau. Alors, ils traversent les routes. L'automobile est fatale. Le crapauduc est agrémenté de récipients devant les passages qui sont régulièrement relevés et permettent de les dénombrer. L'année dernière, il y a eu 7000 passages de batraciens.
Sans les explications de Jacques à l'occasion d'une petite sortie dominicale, nous n'aurions probablement pas compris qu'il s'agissait d'un crapauduc (ou bachatroduc) https://fr.wikipedia.org/wiki/Crapauduc. Ce moment de pédagogie conviviale eut lieu à proximité de la gendarmerie de La Chapelle-sur-Erdre.
Pour les amateurs de panneaux d'information, quelques exemplaires vus à Cré.Un ensemble architectural préservé, mais qui risque de se dégrader faute d'entretien. On reconnait le style architectural rural des longères, que l'on trouve dans de nombreuses régions de France, en Bretagne et ailleurs, en Grande-Bretagne et jusque chez les vikings.Sur la place du village, devant le commerce multi-fonctions, on apprend que Parcé-sur-Sarthe a vécu des moments dramatiques. La combinaison du localisme rural et du sensationnalisme produit de nouveau un effet curieux. La conférence de rédaction pour le choix du titre doit relever d'un sketche des Deschiens où François Morel prenait l'accent de l'Orne et Bruno Lochet celui de la Sarthe. Il faut peut-être y voir une part de second degré dont personne n'est vraiment dupe. A la sortie du village, le lac attire les pêcheurs en ce jour férié. Le Renault Kangoo est quasi obligatoire, le break Dacia et le Peugeot Partner (tôlé de préférence) sont tolérés. Ce sont des véhicules pratiques, pour les ruraux et les cyclistes.Petit café aux Rairies. Encore un hâvre. Le café rural, et le commerce rural en général, est une espèce à préserver. Peut-être il faudrait concevoir des commerceruralducs pour qu'ils ne se fassent pas écraser par les métropoles ?Samedi prochain, ce sera la fête avec tartiflette. On n'avait pas le temps d'attendre.Le vent soufflait. Il était frais. Nous cherchions un endroit à l'abri en entrant dans Durtal. Les bords du Loir pouvaient receler une table de pique-nique. Nous avons trouvé cette passerelle européenne (les anglais ne savent pas ce qu'ils risquent de perdre) et des points de vue sur le moulin mû par une roue à aube et le château.
Le château vu de plus près en arrivant par le sud. Un vrai château, pas un truc d'inverti avec des cht'ites tourelles dans tous les sens comme on en trouve au bord de la Loire et en Bavière. On y sent à la fois un ouvrage défensif impressionnant, et les transformations en résidence qui sont arrivées ensuite, au XVIIème probablement. La Sarthe du sud et le Maine-et-Loire du nord-est fleurent bon le XVIIème.Après le château, il fallait encore monter un peu. Le vent est un galopin qui fait rien que nous contrarier parfois. Tout cycliste sérieux sait que rien n'est jamais plat et qu'il y a toujours du vent, ne serait-ce que relatif.Quoique. Bien en rythme, avec le développement qui convient, ça se grimpote facile. Ce ne sont pas les Alpes non plus, même mancelles.
Je me souviens être déjà passé par là il y a quelques années, sur la C4 après avoir quitté la D59 en direction de Notre-Dame-du-Pé. Qu'on se le tienne pour dit, il y a des croisements pendant 6 km et pis voilà !
Le panneau sous le soleil du mois d'août.Le même au début du printemps. Le triangle s'est un peu affaissé sur la droite, et la lumière et le degré d'avancement de la végétation sont un peu différents.A l'orée de la montée vers Notre-Dame-du-Pé, nous avons décidé de tourner à droite et de ne pas monter la bosse qui n'est pas loin d'être un mur, voire une crinquette, bien que la carte Michelin ne lui attribue aucun chevron. 200 mots et expressions cyclistes
Le froid sous les grains a succédé au chaud du vent dans le dos, la température passant de 17 à moins de 8° C en quelques minutes sous l'averse, et donc moins encore en ressenti. Bâcher et débâcher, et rebâcher et redébâcher, et ainsi de suite, fut notre lot jusqu'au pied de la statue d'Henri IV. En terrasse, le HCT (Haut Conseil de la Tribu) a palabré. Certes, nous avons tous le rose aux joues à la faveur des éclaircies et d'un bon soleil printanier qui donne de belles couleurs aux gens comme dit Voulzy. Certes, nous nous sommes agréablement promenés en sud Sarthe par des voies vertes, des véloroutes et de petites routes tranquilles. Cependant, demain sera un jour de fort vent de sud-ouest, comme aujourd'hui mais sans doute un peu pire. Les grains succèderont aux averses, avec d'éventuels épisodes de grêle. Le quatrième point cardinal non encore exploré est le nooooooooorrrrrd, vers Malicorne-sur-Sarthe. C'est au moins aussi joli que le reste, mais nous prendrions le vent de face sur la totalité du retour, alors que nous avons rusé jusqu'à présent pour rentrer plus ou moins vent dans le dos. Trois jours de suite sont suffisants en début de saison. Mieux vaut rester sur une bonne impression. En conséquence, le HCT, après en avoir délibéré, a décidé de la dispersion de la manifestation. Nous nous sommes faits des bises et avons serré les paluches, et chacun est rentré chez soi en remerciant les autres de leur agréable compagnie et en souhaitant se revoir très bientôt. Et la prochaine fois, on fait quoi ?
En complément de programme, le point de vue de l'ami Michel sur ces mêmes journées touristico-vélocipédiques sarthoises se voit là : https://www.crazyguyonabike.com/doc/page/?o=13F&page_id=455251&v=2i