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Vendée épique et ploc
Le titre le suggère, cette semaine de vélo en septembre en Vendée ne fut pas tapissée seulement de velours doux, sec, plat et tiède. Le plaisir de la randonnée à vélo en camping, le moral des troupes, et la bonne humeur du petit groupe amical ne furent pas pour autant entamés. Invictus et inoxydables, comme nos popotes, dont nous reparlerons.
Commençons par le bilan :
- rouler sous la pluie et les averses froides, ça s'est fait,
- bâcher et débâcher à chaque retour de l'averse et des éclaircies, ça s'est fait,
- faire sécher la tente à la pause de midi en profitant du vent et de l'éclaircie, ça s'est fait,
- démonter la tente dans la nuit noire car elle s'est retrouvée subitement dans dix centimètres d'eau, ça s'est fait,
- dormir dans un hamac ou sur un matelas entre les lavabos dans les sanitaires et étaler toutes ses affaires un peu partout pour cause d'inondation de tente, ça s'est fait,
- chercher et replanter une sardine (piquet) de tente au beau milieu de la nuit car arrachée du sol par le vent, ça s'est fait,
- sécher la radio portative bien trempée avec un sèche-cheveux et constater qu'elle remarche, ça s'est fait,
- monter des pentes de sable mouillé et de gravier à 13% avec des vélos de route chargés de plus de 20kg de bagages, ça s'est fait,
- résister aux attaques des ours blancs avec un canif de cyclocampeur, ça reste à faire...
Les difficultés, nous ne les cherchons pas. Nos primes seront du même montant quels que soient les pentes, le vent et la pluie, c'est-à-dire nulles. Si des incidents, raisonnables, se présentent, on fait avec. C'est tout.
Le premier jour.
La carte de l'étape de Nantes à Clisson : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=nqjhoajfmxaftnpw
Les données du parcours (relevées sur le compteur, qui peuvent donc différer des données GPSies du lien ci-dessus) : distance 36.5 km, dénivelé positif 300 mètres (soit 821 mètres pour 100 km), 7.6 km en montée, pente moyenne 3%, pente maximale 6%.
Les données météo : 11 à 26°, rafales max 26 km/h, précipitations 0 mm, 11 h d'ensoleillement.
Sous le radieux soleil de septembre, nous partîmes joyeux de la place Royale. Pour la première fois depuis des dizaines d'années, j'effectuais une non-rentrée, qui fut une superbe réussite. La retraite, je conseille.
Nous avons évité Pont-Caffino après Château-Thébaud. Nos lourds chargements ne nous inclinent pas vers les montées. Je me doutais bien que nous franchirions quelques autres difficultés, mais chaque chose en son temps.
Les drogués au café, admettons qu'il existe pire comme addiction, se sont arrêtés au bar près de la Chaussée des Moines à Vertou pendant que les autres profitaient du site au bord de la Sèvre.
L'aire de repos à la sortie de Maisdon-sur-Sèvre fut l'occasion du pique-nique et d'un temps de calme à l'ombre. Dire qu'en ce temps-là nous recherchions l'ombre...
Le camping de Clisson se cache dans la zone commerciale, ce qui n'entame en rien l'agrément d'y séjourner. Accueil aimable et de qualité, emplacements délimités par des haies ou petites barrières, salle commune confortable avec wifi et télévision, sanitaires propres, tables et bancs à proximité, ce terrain est un bonheur pour les cyclocampeurs.
Premier jour, première lessive et premier séchage. Le voyageur à vélo prend ses précautions en lavant et séchant quand c'est possible afin d'avoir un maximum d'affaires propres.
Profiter d'une soirée de beau temps à l'extérieur est bon pour le moral et signe la rupture avec la vie quotidienne.
Le deuxième jour.
La carte de l'étape de Clisson à Saint-Laurent-sur-Sèvre : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=zrkdpeycwfgivyib
Les données du parcours : distance 53.4 km, dénivelé positif 736 mètres (soit 1378 mètres pour 100 km), 15.3 km en montée, pente moyenne 4%, pente maximale 11%. Globalement, ça montait, voici le profil de cette étape :
Les données météo : 12 à 24°, rafales max 33 km/h, précipitations 0.2 mm, 4.4 h d'ensoleillement.
Nous n'avons pas visité Clisson, que nous connaissons. Cette charmante petite ville vaut le détour. http://www.levignobledenantes-tourisme.com/ti-amo/patrimoine/clisson-paysage-ditalie
Les halles datent du XVème et sont toujours en activité. C'était marché ce jour-là.
Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Au sortir de Clisson, nous rejoignîmes les parcours de la Vendée à vélo dans le Haut Bocage. Des panneaux ponctuent régulièrement le parcours. La grande carte permet de se situer, une plus petite en bas à gauche zoome sur l'endroit où on est. Le fond de carte est d'autant plus foncé que l'altitude est élevée. http://vendeevelo.vendee.fr/ Les voies sont très bien entretenues. Plus de 1000 km de "sentiers cyclables de Vendée" sont proposés, en véloroute (petites routes peu circulées) ou voie verte (cheminements en voie propre pour piétons, cyclistes et cavaliers). Cette qualité de réalisation et d'entretien devrait servir d'exemple à bien d'autres départements.
Pour faire court (ce qui n'est pas ma spécialité), la Vendée comprend trois parties plus particulièrement cyclables : le littoral à l'ouest, qui accueille la majorité des cinq millions de touristes annuels, le marais au sud et le bocage au nord. Nous avions choisi de visiter le bocage, et plus spécialement le Haut Bocage dont la carte est présentée ci-dessus. Ce département ne se porte pas trop mal sur le plan économique au regard des autres départements de la région et de l'ensemble de la France, le chômage y est un peu moins élevé qu'ailleurs, même s'il existe des disparités et des niveaux de salaires peu élevés. Les férus de données pourront utilement consulter celles de l'Insee : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18123#carte1
Revenons à nos pédales. Les voies cyclables sont très bien balisées. Des panneaux indiquent régulièrement les distances jusqu'aux agglomérations suivantes. Entre ces panneaux, des flèches avec le logo font qu'ils est impossible de se perdre. Dans les bourgs, les panneaux sont remplacés par une signalisation au sol de couleur verte. Néanmoins, dans ce Haut Bocage, quelques passages ne se prêtent pas vraiment au cyclotourisme en famille et au cyclocamping.
On en a vu s'accrocher aux panneaux. Un GPS en panne peut-être ?
Le plus souvent, les chemins sont relativement larges et fort carrossables, ou plutôt praticales en vélo tout chemin (VTC). Occasionnellement, ils deviennent sentes où garder l'équilibre, d'autant plus avec un vélo chargé, requiert l'attention et sont un peu étroits pour des vélos non standards. Le parcours campagnard, à l'écart des choses à moteurs bruyants et puants, par lequel nous avons pénétré en Vendée, était des plus plaisants.
Parmi les monuments les plus répandus en Vendée, figurent les U, supermarchés, hypermarchés, magasins... L'équipe de vélo la plus célèbre du coin est évidemment Vendée U. Pratiquant les courses quotidiennes, nous avons donc assidûment fréquenté les U en Uendée, à commencer par celui de La Bruffière.
Sur la Loire à Vélo, les "obstacles" stupides qui empêchent les vélos de passer sur les voies cyclables ont disparu, sans dommage apparent pour la sécurité des cyclistes. Sur la Vendée à vélo, la plupart des entrées et sorties de segments spécifiques sont accessibles aux tandems, tricycles et remorques. De temps en temps, le passage est impossible, faute de disposer de la largeur suffisante pour un vélo avec sacoches ou remorque.
Il nous faut une largeur d'environ 70 cm, 80 est plus sûr, avec de plus l'espace nécessaire aux manoeuvres, ce qui est souvent oublié. Ici, il y en a à peine 30 cm et un gros caillou, il faudrait s'y mettre au moins à deux pour soulever les engins après démontage des sacoches et carriole. Alors, nous avons pris la route faute de pouvoir utiliser la voie vélo avec nos vélos... Les concepteurs de voies cyclables ont une idée parfois (souvent) étroite des vélos. Ce n'est pas une spécialité vendéenne, on trouve ces obstacles agaçants un peu partout en France.
Nous avons repris la piste un peu plus loin. Le GPS est bien utile pour broder autour de l'itinéraire, ou alors il faut disposer d'une carte suffisamment détaillée (genre IGN Top100). D'autres cyclistes rejoignirent le même lieu de pause en contrebas de Tiffauges un peu après.
Les adhérents de ce club FFCT faisaient un tour de la Uendée. Leurs vélos pèsent moins lourd qu'une seule de nos sacoches. Hihihi. Ils faisaient de 100 à 150 km par jour. Deux dames leurs apportaient collation et boisson à l'arrêt, qu'elles transportaient dans une camionnette, louée chez U bien sûr. Ce n'est pas le même voyage que le nôtre. Le leur suppose d'avoir une assistance motorisée quand nous sommes autonomes. Ils font ce qui leur plait, et ne passent pas par les Sentiers cyclables.
A Tiffauges, le panneau sur le château entretient la confusion entre Barbe Bleue, l'ogre du conte de Perrault et Gilles de Rais (Retz), maréchal de France et compagnon de Jeanne d'Arc, mais aussi pédophile et assassin d'enfants. Certes, la confusion existe dans l'imaginaire populaire. Certes, Gilles s'est retiré à Tiffauges après son épopée avec Jeanne. On pourrait cependant attendre un peu plus de rigueur historique de la part de collectivités territoriales, qui pourraient ne pas se contenter de chercher à attirer le touriste à coups d'arguments de com'.
Il est un peu abusif de se proclamer "LE château", alors que Gilles de Retz et les autres seigneurs qui se sont succédés avec ce titre avaient des châteaux un peu partout dans la région. Les armoiries de Retz, et celles personnelles du Gilou, sont en revanche exactes. Selon Wikipédia, et bien que la liste soit signalée comme incomplète : Gilles de Montmorency-Laval porte les titres de baron de Retz, seigneur de Machecoul, de La Bénate, du Coutumier, de Bourgneuf-en-Retz, de Bouin, de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, de Pornic, de Princé, de Vue, etc. (villages et châtellenies qui constituent à son époque la baronnie de Retz), ainsi que de Tiffauges, de Pouzauges, de Champtocé-sur-Loire et d'Ingrandes, seigneuries acquises par héritage et mariage
Entre Tiffauges et Saint-Aubin-des-Ormeaux, du côté de la Roche, nous nous engageâmes dans une voie sans issue (pour les voitures) où le degré annoncé de la pente nous a amené à rebrousser chemin et choisir de suivre la départementale 111 qui est, elle, praticable par des vélos comme les nôtres.
Je ne sais si c'est toujours le cas (l'évolution a pu être positive depuis), mais j'ai le souvenir d'être passé là il y a quelques années. Au milieu de la remontée, dans un champ où paissaient de paisibles bovidés, il m'avait fallu tenir mon vélo d'une main, dans une pente caillouteuse à 15%, tout en maintenant ouverte une barrière que de puissants ressorts poussaient fort pour qu'elle se ferme. Je ne tenais pas à renouveler cette expérience, que je serais maintenant incapable de réussir.
Ce coin de Vendée semble vouer (ou avoir voué) un culte particulier à Marie. Les niches à statue sont courantes. Il est remarquable qu'elles ne soient pas abîmées. Je suis vendéen, tendance Clémenceau, mais je respecte.
Nous crûmes d'abord que les habitants de Saint-Aubin-des-Ormeaux avait été victimes d'une épidémie foudroyante. Ensuite, le bourg s'est réveillé progressivement. Nous étions arrivés à l'heure de la sieste, ou au moins de la pause méridienne, et les commerces étaient fermés. Tant pis pour le café.
Nous continuâmes notre route vers Mortagne et Saint-Laurent-sur-Sèvre en restant plus ou moins sur la D 111. Dans la dernière portion, à l'approche du camping, les automobilistes étaient énervés et agressifs en cette fin de journée d'une fin de semaine. Plusieurs nous ont dépassés sans visibilité, au risque de heurter un véhicule arrivant en face, ou de trop près, au risque de nous transformer en charpie sur le goudron. Ceux qui faisaient preuve d'une prudence élémentaire en attendant d'y voir un peu et en nous dépassant à la distance prévue par le code de la route (1,50 m hors agglomération) n'étaient pas en reste pour faire ronfler leurs moteurs afin de bien montrer combien nous encombrions la route avec nos lentes machines qui, de leur point de vue, ne devraient pas être là. Les vendéens sont des automobilistes comme les autres... La voiture facilite l'éloignement entre domicile et travail, augmente les temps de trajet et ne rend vraiment pas intelligent.
Le camping de Saint-Laurent-sur-Sèvre offre des prestations satisfaisantes pour un prix contenu. Il est financièrement bien plus intéressant d'être en groupe que seul, d'autant plus avec le système des forfaits. Nous avons été surpris du nombre de campeurs à cette période, avant de prendre conscience en parlant avec eux que nous étions dans les derniers jours de l'année pour la Cinescénie du Puy du Fou tout proche, ce qui attirait le chaland. Nous avons aussi été surpris par la goujaterie de voisins qui ont fait tapage et agapes jusqu'à pas d'heure, bien que nous leur ayons poliment fait remarquer que nous nous levions tôt. Il suffit d'un abruti aviné pour gâcher une soirée, et celle des voisins, dans un lieu où l'humain est entassé.
Le troisième jour.
La carte de l'étape de Saint-Laurent-sur-Sèvre à Pouzauges et dans Pouzauges : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=jztpjzjpxemiwyiw
Les relevés du parcours : distance 47.2 km, dénivelé positif 763 mètres (soit 1616 mètres pour 100 km), 14.5 km en montée, pente moyenne 5%, pente maximale 13%. Le profil montagnes russes ascendantes de cette étape :
Les données météo : 10 à 20°, rafales max 35 km/h, précipitations 1.4 mm, 7.2 h d'ensoleillement.
Ces données météo relevées sur Météociel me semblent sujettes à caution, notamment pour le niveau des précipitations. Il tombait des cordes, et même des câbles de marine juste après Saint-Laurent-sur-Sèvre-les-clochers dite également "ville sainte de la Vendée", à cause notamment de M. Grignion de Montfort.
Au sortir de St-Laurent donc, grimpettes et grimpettes se succédèrent. Jusqu'aux alentours du site du Poupet, où nous croisâmes des paquets de marcheurs, ils étaient mille parait-il. Il fallut jouer de la sonnette, car beaucoup d'entre eux avançaient sous les capuches de leurs capes en regardant leurs pieds comme des petits enfants.
Le panneau exagère un peu, ce n'est pas du 15 mais du 13%. Toutefois, dans la caillasse et le sable mouillé par les câbles tombés, nous étions un peu au-delà de la limite du possible pour le franchissement de ce genre d'obstacle avec des vélos de cyclocampeurs. Le tricycliste du groupe a du dételer et monter à pied d'abord la remorque puis le vélo. Le VAE de 48 kg TVA comprise est passé on ne sait trop comment, le cycliste étant incapable de le pousser, et moins encore dans une pente aussi ardue et fangeuse. Les vélos plutôt chargés à l'arrière voulaient absolument redescendre tout seuls en faisant des saltos arrières. Comment feraient les familles avec les petits enfants dans des remorques que l'on voit en grand nombre le long de la Loire à Vélo ?
Descente de vélo conseillée ? Ou bien il n'est pas conseillé de venir en vélo ? Ce sentier n'est pas cyclable, du moins en VTC.
Il n'est pas rare que je case un laïus, voire plusieurs, quelque part dans un reportage. Voici celui de la Vendée.
Les puissances nécessaires pour franchir les pentes ont été évaluées avec la calculette du site Sportech Online. C'est une approche, car il manque sûrement des paramètres (que je ne sais pas calculer), comme les coefficients de frottement par exemple, à cause des pneus et de l'état du sol. Soit un cycliste de 75 kg avec un VTC de 16 kg et 21 kg de bagages. Pour avancer sur le plat sans vent à 15 km/h, 52 Watts de puissance lui sont nécessaires. C'est très raisonnable. Dans une pente à 7% en roulant à 8 km/h, il a besoin de 170 Watts, ce qui devient conséquent. Dans une pente à 15% à 6 km/h, il devra fournir 326 Watts. Ce n'est pas à la portée de tous, très loin s'en faut. Quant on ajoute la pluie, un terrain glissant, des roues équipées de pneus de route, ça devient impossible, et dangereux.
Les sentiers cyclables de Vendée semblent très majoritairement conçus pour la promenade familiale en VTC. Les passages à 15% dans la caillasse et le sable trempé sont à réserver à de jeunes sportifs entrainés juchés sur des VTT légers équipés de gros pneus à reliefs prononcés. La rupture avec le concept de base, la promenade familiale, est une forme de piège, qui devrait au moins être annoncée, pour conseiller aux promeneurs et aux voyageurs de sortir de ces portions de la Vendée à vélo. Le piège est annoncé par les panneaux me dira-t-on. Un peu tard rétorquerai-je. Dès lors qu'on est bien avancé dans une voie, comme au Poupet, et qu'on a pas prévu la déviation, on se sent quelque peu enfermé dans le labyrinthe... Peut-être que le site Vendée vélo signale que le segment du parcours est à trois étoiles au lieu d'une ou deux, ce qui n'a pas grand sens en l'absence de définition limpide de l'échelle de difficulté et ne nous dit pas exactement où sont les pentes infranchissables, à condition de plus d'avoir consulté le site avant de venir.
Il existe très probablement de nombreuses contraintes pour réaliser ces véloroutes et voies vertes : juridiques, environnementales, financières, voire de rapports avec les autorités locales. Pour autant, il ne devrait pas être complètement impossible, si l'on ne souhaite pas piéger le promeneur, de réaliser, par exemple au Poupet, un zig et un zag en Végécol de quelques dizaines de mètres au lieu de monter tout droit. Le degré de pente serait diminué de moitié, et les pneus de route ne patineraient pas. L'épreuve de force brute ou de descente périlleuse redeviendrait promenade, comme dans la très grande majorité des Sentiers cyclables de Vendée. Il pourrait peut-être en être de même dans d'autres passages difficultueux. Dans ces pentes équivalentes à ce que l'on trouve en montagne, une route à lacets avec revêtement civilisé me semblerait devoir logiquement s'imposer.
La chapelle Notre-Dame de la colonne aux Epesses a été construite après la proclamation du dogme de l'immaculée conception au milieu du XIXème et voulue telle par les habitants. Je respecte, mais je trouve quand même cette chimère architecturale entre colonne à statue et chapelle plutôt moche. C'est une curiosité.
Les collines de Vendée et le haut bocage sont très beaux et les petites routes du parcours Vendée à vélo qui nous y emmenèrent fort agréables. Le soleil était parfois de retour et nous réchauffait agréablement.
Nous voilà en vue du point culminant de la Vendée, Saint-Michel-Mont-Mercure, 290 mètres.
Où est le nôtre de Michel ?
Le voilà !
L'église est surmontée d'une statue dorée de Saint-Michel terrassant le dragon, ou quelque chose comme ça. Je me souviens de la repose de cette statue par un hélicoptère, le premier que j'ai vu, au début des années 1960. Cette commune doit être une des rares à avoir conservé dans son nom la trace des cultes païens antérieurs au christianisme qui les a intégrés.
Après Saint-Michel-Mont-Mercure, nous avons continué de suivre la Vendée à vélo dans le Haut Bocage jusqu'à La Flocellière, où nous avons piqué au sud par la D9A et la D2752, départementales tranquilles, pour arriver plus rapidement à Pouzauges où nous avions rendez-vous.
A l'entrée de Pouzauges, cette statue nous salue la main sur le coeur, ou en faisant un bras d'honneur... Mécréant!
Nous retrouvâmes nos amis près du camping de l'Etang, où ils durent nous attendre plus que prévu à cause des obstacles que nous avions rencontrés. Heureusement, le beau temps était de nouveau de la partie.
Il est possible d'agrandir les photos en cliquant dessus.
Première étape de la visite de Pouzauges : le château qui surplombe la ville.
Pour accéder au point de vue, il faut monter. Encore. Il se confirme que le franchissement des pentes est plus facile avec un VTT léger.
Malgré les outrages du temps et des évènements, le donjon demeure impressionnant.
Une bosse (montée) plus tard, et nous arrivâmes au Bois de la Folie. J'avais le souvenir, lointain, de chemins creux pour y parvenir et de nature presque vierge. Sommet de la commune, on y découvre un large point de vue, mais aussi un parcours de santé, une aire de pique-nique et un parking pour voitures, qui n'ont pas dénaturé le site.
Après les épreuves du matin,la petite pause était bienvenue.
En dégringolant vers la ville, nous visitâmes l'église Saint-Jacques, dont l'origine remonte au XIème siècle, juste après la construction du château, et qui est un mélange de styles roman et gothique.
La corniche nous rappelle vaguement les têtes de nègre en réglisse de notre enfance.
Une des peintures du chemin de croix.
Les vitraux racontaient l'histoire sainte aux populations peu alphabétisées.
Encore plus bas, la belle église du Vieux-Pouzauges. Il est dommage qu'elle n'ait pas bénéficié d'une restauration plus approfondie. Certains murs intérieurs sont vraiment abîmés.
De retour au camping, le dîner convivial pour reprendre des forces. La température chutait rapidement avec le coucher du soleil.
Le quatrième jour.
La carte de l'étape de Pouzauges à Saint-Georges-de-Montaigu : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=qzkqfjtjiwllgjnq
Les données du parcours : distance 56 km, dénivelé positif 475 mètres (soit 848 mètres pour 100 km), 11.2 km en montée, pente moyenne 3%, pente maximale 10%.
Les données météo : 10 à 17°, rafales max 36 km/h, précipitations 37.4 mm, 0.2 h d'ensoleillement.
Le relief est devenu plus doux au sortir du Haut Bocage, nous offrant plus de descentes que de montées. Deux bosses à 8% au petit matin nous ont cependant réveillés. Nous subîmes des précipitations abondantes en cette journée, plus de 35 mm d'eau en 24 heures, ce qui eut des conséquences...
Le profil général (ouf ! ça descend...) de cette étape :
Certaines vaches sont plus curieuses que d'autres. Cette jeune représentante de l'espèce fut visiblement intriguée par notre passage.
Il est possible de voir les photos en plus grand en cliquant dessus.
La ligne des collines de Vendée que nous quittions était bien visible à notre droite.
Le ciel menaçait, et mit ses menaces à exécution à plusieurs reprises.
Heureuse surprise que celle de Mesnard-la-Barotière. La belle église romane du XIème bien restaurée offre des fresques, une muséographie et un système audio se déclenche à l'entrée des visiteurs pour expliquer l'histoire de mille ans de fresques en Vendée. J'ironise de temps en temps, mais force est de reconnaître que le département travaille bien pour les touristes, que mes cousins du marais appelaient "estivants".
A proximité de cette église, une confortable aire de pique-nique nous permit à la faveur d'une éclaircie de sécher les tentes et les vêtements lavés la veille. Nous transformons, très provisoirement, n'importe quel endroit en camp de romanichels. De vastes toilettes bien propres, avec savon et papier, ajoutent à l'intérêt de l'endroit pour des voyageurs.
Une des spécialités locales est le veau sous la mère. Les vaches peuvent ainsi mener leur vie de vache dans de grandes prairies herbeuses.
Un paysage typique de ce secteur, des platitudes découvertes (et reposantes après les deux jours précédents, même si tout plat tout le temps, c'est lassant), des vaches par ci par là, et le fléchage impeccable de la Vendée à vélo sur des petites routes tranquilles. Un réel plaisir.
Le lac de la Bultière semblait manquer d'eau. Il en eut.
Nous avions prévu d'aller jusqu'à Boufféré. Les averses aidant, si l'on peut dire, il nous parut plus raisonnable de faire étape au camping de Saint-Georges-de-Montaigu, situé sur le parcours. Les tentes plantées, nous nous réfugiâmes dans les vastes sanitaires pour y dîner pendant que des trombes s'abattaient, après avoir transporté des chaises depuis l'entrée du camping sur nos vélos et avec l'aimable autorisation du propriétaire.
Quelques temps plus tard, alors que plusieurs d'entre nous devisions gaiement bien à l'abri sous le préau, le couche-tôt de la fine équipe arriva chargé de ses sacoches et nous déclara : "fini de rire, allez voir vos tentes". Le ton étant inhabituellement impératif, nous exécutâmes ce conseil. Deux de nos tentes baignaient dans une mare. Ce terrain est plat, si plat que la succession des grosses averses orageuses avait créé un petit bassin dans un tout petit creux auquel nous n'avions pas prêté attention. Nous démontâmes, transportâmes tentes trempées, sacoches et équipement à l'abri et dormîmes dans les sanitaires, l'un dans son hamac, l'autre sur son matelas entre les lavabos. Rien d'essentiel n'était trempé. Sauf ma petite radio, qui s'en est remise.
La nuit fut un peu plus courte qu'à l'habitude. Les deux autres occupants des tentes décidèrent d'y dormir malgré tout, non sans vérifier régulièrement si le niveau de l'eau risquait de les atteindre. Au petit matin, la terre avait absorbé l'eau et il ne restait plus rien de la petite mare. Ainsi va la vie du cyclocampeur.
Le cinquième jour.
La carte de l'étape de Saint-Georges-de-Montaigu à Maché : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=xgfwhqyeopcsherg
Les relevés du parcours : distance 57.9 km, dénivelé positif 438 mètres (soit 756 mètres pour 100 km), 9.3 km en montée, pente moyenne 3%, pente maximale 12% (où? ce devait être court).
Les données météo : 11 à 17°, rafales max 65 km/h, précipitations 17.6 mm, 6.3 h d'ensoleillement.
Pendant que certains faisent des courses, d'autres en profitèrent pour commencer à sécher leur tente, au milieu de la route et avec l'aide d'Eole.
Les averses orageuses n'avaient pas dit leur dernier mot. La succession de gros nuages noirs et de modestes éclaircies nous gratifia de belles lumières du Nord et de quelques arcs-en-ciel.
Du vent, du soleil, une aire de pique-nique, fréquentée par des camionneurs et VRP à proximité de la grosse D763, un lieu propice au repas et au séchage juste avant de passer à proximité du logis de la Chabotterie où fut arrêté le général Charette, François Athanase Charette de La Contrie de son nom complet, qui fut ensuite fusillé place Viarme à Nantes alors place des Agriculteurs.
Ce jour-là, le site n'accueillait que des groupes scolaires.
Quelques averses plus tard, nous trouvâmes une éclaircie et un café ouvert aux Lucs-sur-Boulogne. Nous n'avons pas visité. Les Lucs est un lieu emblématique de la destruction systématique de la population à la fin de la guerre de Vendée par les colonnes infernales du général républicain Turreau. Plus de 500 personnes ont été massacrées dans cette ville dont 110 enfants de moins de sept ans.
L'arrivée sur le lac d'Apremont, 8 km de long, alimentée par la Vie, la Petite Boulogne et le Noiron. Il est aménagé pour la pêche et la baignade. Cette photo illustre le tout début du lac, où les oiseaux sont bien plus nombreux que les estivants. Ses alentours n'offrent pas moins de six campings. Nous avons choisi celui du Val de Vie. Bon choix. Les gestionnaires sont charmants, les installations impeccables. Malgré les averses encore abondantes, nous n'avons eu à déplorer aucune inondation. Cherry on the cake, un sèche-cheveux tronait dans les sanitaires. Avec cet appareil, je séchais du mieux possible ma radio inondée à Saint-Georges, et au lieu de produire des crachouillis lamentables, elle se remit à fonctionner normalement.
Nous avons planté les tentes avec des canonnades d'orage en fond sonore lointain.
Le dîner, et le petit déjeuner, furent pris sous l'auvent, dans les fauteuils, et à l'abri du vent frais.
J'ai acquis récemment une popote en inox, en remplacement de celle en alu recouverte de PTFE. Plus saine, plus facile à nettoyer, gardant mieux la chaleur, cette popote inox me paraissait présenter bien des avantages. Et un défaut. Le couvercle était insaisissable lorsqu'il était chaud. Alors, non sans difficultés, j'ai percé un trou dans ce dur inox fin pour y poser un petit morceau de bois qui me permettait de saisir le couvercle sans me brûler.
Ce soir-là, une collègue en bicyclette de voyage mit par inadvertance son couvercle à l'envers. Euréka ! Elle se rendit compte que le couvercle faisait la taille de la casserole, et, ainsi disposé, pouvait être facilement saisi même brûlant avec la pince ad hoc. De marque et matériau différents, ma popote et son couvercle présentent les mêmes caractéristiques. Je me suis donc embêté pour rien à faire un trou dans l'inox. J'en tire les conclusions qui suivent.
- On ne peut décidément pas être malin tous les jours.
- Il va me falloir scier la vis au plus court et bien serrer l'écrou pour boucher le trou inutile.
- L'humain est plus intelligent en groupe que seul. Baïte à tcharge ! (Bête à charge en parlange du marais breton-vendéen = animal de bât = bougre d'âne en français central)
- Un, deux, trois, j'enlève le bout de bois.
- Le couvercle va pouvoir me servir de poêle, comme indiqué dans le descriptif.
Le sixième jour.
La carte de l'étape de Maché (Vendée) à Machecoul (Loire-Atlantique) : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=lsktdfenfcodagmg
Les relevés du parcours : distance 62.2 km, dénivelé positif 309 mètres (soit 493 mètres pour 100 km), 7.7 km en montée, pente moyenne 2%, pente maximale 8%.
Les données météo : 12 à 17°, rafales max 50 km/h, précipitations 7.2 mm, 1.4 h d'ensoleillement.
Au matin, le ciel avait la même couleur que la veille au soir.
Nous avions prévu de faire étape à Bois-de-Céné, à la limite entre Vendée et Loire-Atlantique, dont voici le calvaire. Le vent étant favorable, le terrain facile, et pour nous rapprocher, nous avons décidé de pousser jusqu'à Machecoul, fief des seigneurs de Retz, et son confortable terrain municipal. Après des courses au Super U, comme d'hab', nous avons passé une nuit entrecoupée de réveils. Le vent soufflait par moments en fortes bourrasques. Une des sardines d'une tente a été arrachée du sol. Son occupante a du chercher le petit piquet en pleine nuit, à la lampe frontale. La bâche de la terrasse du chalet voisin inoccupé où la gestionnaire nous avait autorisée à prendre nos repas ployait dangeureusement sous la charge de l'eau. Le bois du sol était fort glissant à cause de l'humidité. Sans conséquences.
Le septième jour.
La carte de l'étape de Machecoul à Nantes : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=dgmngsqzzkayqbzd
Les données du parcours : distance 43 km, dénivelé positif 274 mètres (soit 637 mètres pour 100 km), 6.5 km en montée, pente moyenne 2%, pente maximale 9%.
Les données météo : 16 à 19°, rafales max 94 km/h (surtout la nuit), précipitations 16.6 mm, 2.5 h d'ensoleillement.
Au-dessus de Grandlieu, le ciel présentait la même teinte sombre que les jours précédents.
A l'approche de la grosse agglomération, nous avons préféré éviter la D64 après Saint-Mars-de-Coutais (où les loire-atlantiquais sont aussi fins au volant que les vendéens sur leur D111) et passer par Port-Saint-Père et Saint-Léger-les-Vignes pour rejoindre la piste cyclable vers Bouaye puis celle le long de l'ancienne route de Paimboeuf vers Bouguenais par la Borne Seize. C'est à peine plus long et lègèrement plus pentu mais bien plus sûr à vélo. De l'avantage de bien connaître...
Instruits par les jours précédents, et même sous une petite éclaircie, nous avons préféré assurer et manger notre pique-nique sous protection face à l'église de Saint-Léger.
En arrivant à Nantes par Trentemoult, et avant que chacun rentre chez soi, nous avons constaté que rien n'avait bougé depuis notre départ : les grues jaune et grise, la tour Bretagne, l'embarcadère du Navibus et les quais de la Loire.
Il ne restait plus qu'à se dire au-revoir et à la prochaine, sécher, ranger et laver. Bien modestes cyclistes que nous sommes, il faut avouer quand même que nous étions un peu fiérots d'avoir bouclé la boucle prévue dans des conditions pas très faciles, même si le froid nous fut épargné.