Le casque
J'ai fait partie des premiers cyclistes à adopter le casque en polystyrène. On s'est beaucoup moqué de ma cocotte-minute, de mon régime de bananes et autres ironies que Toinou croit être bretonnes, quand elles sont seulement connes. Le temps a fait son office, et la très grande majorité des pratiquants par exemple à la semaine fédérale de la fédération de cyclotourisme, a aujourd'hui la tête protégée par une casserole. C'est moche, ça tient chaud, et ça décoiffe, mais c'est vachement efficace si on fait un grand soleil au-dessus du guidon. Plusieurs de mes amis pourraient ne plus être là pour en parler s'ils ne l'avaient pas eue. Avec une visière, ça évite d'avoir le nez pelé par le soleil et de se faire fouetter les yeux par la pluie. Il existe même des modèles avec un rétroviseur intégré, genre périscope inversé, pour voir venir par derrière. Mon modèle de ville a des petits clignotants intégrés à l'arrière. On aurait plus que grand tort de se priver de cet accessoire multi-usages.
J'entends bien que les statistiques démontrent que par rang de soumission au danger, il faudrait prioritairement pourvoir d'un casque les passagers et conducteurs des véhicules à moteur à quatre roues et les piétons à deux chaussures. Les cyclocouchistes, raseurs de bitume, en voient moins l'intérêt, parce qu'ils ont le sentiment d'avoir à tomber de moins haut, et aussi car ce couvre-chef pourrait les gêner pour reposer l'arrière de leur tête sur le haut de leur fauteuil. Les associations de cyclistes n'ont pas tort de résister au port obligatoire du casque qui revient dans l'actualité comme les châtaignes à l'automne, d'autant que les pays d'obligation ont vu la pratique du vélo diminuer. Pour ma part, je ne m'en sépare pas dès que je suis en selle. Je m'en sers comme d'un couvre-chef usuel, comme l'agriculteur de sa casquette. L'argument selon lequel le casque créerait un sentiment de protection propice à se mettre en danger me parait tellement présumer que le cycliste est un pur imbécile que je me refuse à en discuter. À vélo ? Jamais sans mon casque !
selon nos statistiques, un cyclo campeur sur deux porte un casque, et rares sont les adeptes du cuissard
Les chaussures et pédales
Les pédales sont indissociables des chaussures, du moins les modèles dits « automatiques ». La semelle de la pompe cycliste doit être rigide, pour un pédalage efficace et s'abstraire de troubles musculo-squelettiques à ce niveau. L'orientation de la cale est plus importante que l'engagement du pied. Une cale mal orientée implique pour moi un gonflement des genoux (les chevilles, ça va). Je n'ai guère d'autre d'autre truc que mes sensations pour régler cette orientation, assorti d'un report des cotes des cales antérieures, et des indications fournies par le fabricant, quand il daigne y consentir.
Le pied a besoin de respirer, pour ne point souffrir d'échauffements. La liaison chaussure/pédale sera aussi parfaite que possible pour faire passer toute la force des muscles à la propulsion, ou pour économiser la dite force, c'est-à-dire rechercher l'efficience comme y disent les manadjeures. La chaussure et la pédale répondants à ces critères sont la chaussure cycliste et la pédale automatique.
Le modèle traditionnel, avec cale-pied et courroie, a encore quelques adeptes. Je n'ai jamais réussi à m'en arranger. Ça tient sans doute à mon style de coup de pédale. Je souffrais le martyre au niveau des gros orteils, surtout à gauche. Avec la pédale automatique, la chaussure s'accroche en appuyant sur la pédale, et se décroche très facilement par un simple mouvement latéral de la cheville, comme avec les skis, dont ces pédales se sont inspirées. Ça devient naturel après quelques minutes. À l'origine, ces modèles étaient appelés « de sécurité », par opposition au système à cale-pied où il fallait d'abord desserrer la courroie avant de décrocher les pieds. Acrobatique, périlleux, et même franchement casse-gueule ! Ces modèles traditionnels peuvent aussi être utilisés sans courroie ni cales sous les chaussures, ou avec les courroies très peu serrées et sans cales, ce qui autorise un meilleur positionnement du pied sans se le coincer.
J'utilise donc des pédales automatiques, avec des chaussures de bonne qualité, qui sont très loin d'être les plus chères. Elles sont fermées par des lacets, et aussi des sangles à velcro commodément réglables même en route. Les micro-cales, issues du VTT, sont intégrées dans l'épaisseur de la semelle, autorisant une marche normale et le montage de la tente. Les chaussures de VTT ou « polyvalentes » avec micro-cales sont les mieux adaptées. Je règle la tension du ressort des pédales au minimum, ce qui est bien suffisant pour la force que je déploie, et pour accroître la sécurité. Pour encore plus de confort à l'étape, j'enlève la semelle des chaussures. J'augmente ipso facto la place dévolue aux petons à qui un peu d'air fait du bien, et les semelles peuvent sécher pendant ce temps.
La polyvalence de ces chaussures fait qu'une seule paire suffit. Pas besoin de rechange. Les fabricants proposent des modèles suffisamment sobres pour qu'on ne confonde pas le voyageur à vélo, dopé au sandwich jambon-beurre, avec le gladiateur médiatique nourri aux hormones.
Les pompes de vélo idéales à la saison chaude sont les sandales, avec micro-cales intégrées et semelle rigide légèrement cambrée, elle m'ont permis de résoudre définitivement mes problèmes de peau : érythème, champignons... Voyez par exemple le site de Rando Boutique http://www.rando-boutique.com/boutique/ Quand il pleut, je mets des chaussettes imperméables.
J'en vois qui se servent de tennis pendant leurs voyages, et s'en trouvent très bien. Les traditionalistes sont contents de leurs élégantes chaussures en cuir avec des trous pour l'aération, la plupart avec de fines socquettes, et d'autres nu pied. C'est le choix qui leur convient, à moi pas du tout.
Les gants (et le mouchoir et le bonnet)
Je ne quitte guère non plus les gants sur mon vélo. L'été, ils m'évitent de me faire cramer le dessus des mains, ce qui peut devenir une préoccupation quand les tâches de vieillesse commencent à apparaître, mais il est alors trop tard pour prévenir. Comme ils absorbent la sueur, ils m'évitent d'avoir un guidon glissant. L'espace entre le dessus du pouce et celui de l'index est souvent recouvert de tissu éponge qui sert à s'essuyer le front, évitant ainsi d'avoir les yeux désagréablement irrités de sécrétion salée. À l'intérieur des paumes, de petits coussinets remplis de gel amortissent les chocs, ce qui est profitable au fil des heures et des jours.
L'hiver, les gants longs protègent du froid. Les extrémités sont plus difficiles à maintenir à température que le reste du corps. La nature faisant bien les choses, et les vêtements de qualité étant efficaces, on a rarement froid au buste. Les jambes bougent, le sang y afflue et contribue à leur réchauffement. Les mains et les pieds bougent peu à vélo. Les mains moins encore. Le nez est aussi une extrémité qui ne bouge pas beaucoup et se prend le vent. À part le mouchoir, je n'ai pas de solution pour cet appendice. Pour les oreilles, des bonnets de sous-casque sont efficaces. Il en existe de sobres, quoique de forme rigolote qui me rappelle irrésistiblement ceux que l'on voit sur les peintures datant de la Renaissance.
Certains modèles de gants protègent de la pluie. Relativement. Quand il pleut vraiment, l'eau finit par couler dedans, ce qui demeure supportable tant que le froid n'est pas trop vif.
A la mi-saison, des gants en fine laine polaire, une taille au-dessus de l'habituelle pour les superposer aux gants cyclistes, protègent de la fraicheur matinale et ne prennent pas de place roulés au fond d'une poche. Fragiles des mimimes, emportez de petits gants en polaire.
Pour l'été, les gants cyclistes, sans protection des doigts, sont les mieux adaptés. Si la bourse le permet, les modèles de marque, en général mieux conçus, sont à préférer. Pour l'hiver, on peut préférer des gants de ski, de fond en particulier, en veillant à avoir une bonne préhension et une accroche satisfaisante pour freiner, changer les vitesses, et attraper le bidon. Les gants cyclistes hivernaux sont confortables et bien adaptés, mais ne se donnent pas. Le voyageur cycliste se moquant de la mode comme de la chemise de son premier voyage, il pourra utiliser avec profit les périodes de solde, d'autant que les gants ne sont pas des accessoires qui durent bien longtemps.
Je n'ai rien dit sur le supplément de sécurité apporté par les gants. Le danger principal, ce sont les véhicules à moteur. Le deuxième, ce sont les autres cyclistes quand on roule en paquet. La philosophie du voyageur n'impliquant pas de coller au cul de celui qui précède, pour autant que quelqu'un précède, le risque de chute est minime. Les maladroits, les distraits et tous ceux qui n'anticipent pas suffisamment, peuvent aussi mettre des gants pour le cas où ils iraient râper le vernis de leurs paumes sur le goudron. Ça m'arrivait souvent quand j'étais enfant. Depuis que je mets des gants, je ne tombe plus.