Trop c'est trop
Au début, on peut être tenté d'emporter une caisse à outils, c'est rassurant mais c'est trop lourd et trop encombrant. Au fil du temps, comme pour le reste, on élague. Mes voyages sont modestes, et je sais pouvoir compter sur des outils plus gros ou plus spécialisés des vélocistes, des mécaniciens de voiture et des braves gens sur le bord de la route. Ne le répétez pas, mais il m'est arrivé de quémander dans un bar une pince coupante et une scie à métaux pour sectionner l'antivol dont j'avais perdu la clé. Je ne parle pas de ceux qui ne prennent rien ou presque pour se dépanner parce que c'est lourd, il est question ici de disposer du nécessaire au bord de la route et non de recherche de performance qui consiste souvent à appeler maman quand on est en panne.
Dans ma trousse
- clés alènes (ou Allen, pour vis à six pans creux, clé mâle six pans, BTR, imbus ou HC), j'ai besoin des 2,5 3 4 et 5, peu d'outils multifonctions proposent la 2,5
- clés plates 8, 9, 10, fines, ou le tout petit multifonctions Park Tool MT-1 (ci-dessous à droite) qui fait bien des choses pour un poids et un encombrement faibles ; les patriotes peuvent aller voir chez VAR s'ils trouvent leur bonheur, j'ajoute aussi parfois un outil multifonctions disposant des principales clés alène et des tournevis, robuste et qu'on a bien en main (encore Park Tool, là à gauche)
- tournevis cruciforme et plat, un couteau suisse permet aussi d'avoir ces outils ou leur équivalent en se servant d'une lame ou l'autre
- une chambre à air, ou deux mais pas plus, parce que c'est le plus lourd et le plus encombrant de la trousse, parce que j'ai rarement eu besoin de plus, une seule fois en fait, et j'en ai trouvé une autre au supermarché du coin ; mais si on utilise des tailles moins courantes (tricycles avec roues de 20 pouces), il faudra emporter plus de rechange...
- petite pince multiprise, jolie, chromée, avec des branches de 10 cm, pas facile à trouver mais pratique pour tirer un câble ou maintenir pendant qu'on visse l'autre partie avec la clé, la mienne est une Facom,
- boite vis et boulons, avec les vis et boulons effectivement utiles sur le vélo, et quelques rondelles plates et crantées, pour quelques grammes dans une vieille boite de pellicule photo ou un tout petit sachet à fermeture type Ziploc, j'emporte aussi un écrou M10 pour Dual Drive car j'ai lissé un filetage en serrant et que ce type d'écrou est introuvable chez des vélocistes qui ne vendent pas de ce type de boite de vitesse dans le moyeu associé à un dérailleur externe, soit la très grande majorité,
- ruban collant, qui sert pour réparer la guidoline en cas de frottement ou déchirement, augmenter le diamètre d'un porte-bagage pour ajuster l'accrochage des sacoches, rafistoler un porte-carte, etc., on peut aussi en trouver au supermarché du coin si on ne traverse pas un désert
- clé alène de 5, déjà présente sur le MT-1, mais une plus longue est nécessaire sur mon vélo pour atteindre la tête de la vis de l'expandeur de direction
- clé plate de 15, à cause que la roue arrière avec Dual Drive tient à l'ancienne, et j'ajoute la clé à cône de 17 qui peut s'avérer utile au remontage correct de la roue arrière,
- clés plates de 8 et 10, tailles les plus utiles, venant d'un kit de réparation, sur le même bout de ferraille vraiment tout petit et léger,
- minutes (souvent appelées "démonte-pneu"), j'ai une préférence pour les Michelin jaune,
- rustines et colle, avec des chambres fines (700x23), les patchs autocollants Park Tool ou d'une autre marque me conviennent, avec des chambres plus larges (700x45) la bonne vieille boite de Rustines, ou Zéfal ou d'une autre marque, et son petit tube de colle sont plus adaptés, les boites de rustine sont assez larges pour contenir aussi des petits choses (écrou Dual Drive, clé alène de 2,5...)
- dérive chaîne, qui jusqu'à présent m'a servi à dépanner les autres, mais bon, on ne sait jamais
- éventuellement, un (ou des) rayon(s) de rechange de la bonne longueur peut s'accrocher avec du ruban collant le long d'un montant d'un porte-bagage, et pour ne pas trimbaler le démonte roue-libre, on peut aussi emporter un rayon souple de secours type Fiberfix Spoke en kevlar
- un câble de dérailleur arrière, mieux vaut trop long que pas assez ; je n'emporte plus de câble de frein, car mon vélo a des durites pour les freins hydrauliques
- quelques liens souples type Serflex de longueurs et diamètres divers complètent la panoplie.
J'emballe le tout dans un petit sac étanche à enroulement, facilement transmissible d'une sacoche à l'autre. J'accroche entre eux les outils par des élastiques et j'ajoute quelques petits chiffons, pour éviter les bruits intempestifs. Surtout quand on roule seul, le rossignol (bruit provenant de quelque part sur le vélo) peut devenir énervant. Ce sac étanche sert aussi pour poser dessus les outils pendant l'usage, et à ce qu'ils ne soient pas mouillés dans l'herbe humide.
Hors de la trousse, mais outils quand même
- le couteau suisse, le modèle Camper Ecoline me semble un bon compromis prix praticité
- la petite loupe de poche, avec l'âge, il peut n'être pas aisé de repérer finement l'épine à enlever dans l'épaisseur du pneu grâce à la pince à épiler du couteau suisse, et pour lire les détails de la carte c'est bien aussi
- dans mon portefeuille, grands comme une carte de crédit, j'emporte des patchs TB2 Park Tool qui permettent de colmater un pneu ; j'ai pu finir les 500 derniers kilomètres d'un voyage avec ce patch malgré un pneu coupé sur 5 ou 6 cm, ce patch remplace les emplâtres disposés entre pneu et chambre que les anciens se confectionnaient pour pas un rond avec un morceau de vieux pneu et en éminçant les bords, on peut aussi prendre les deux,
- la pompe (compatible Schrader et Presta, on ne peut être sûr de la chambre supplémentaire qu'on trouvera en route au besoin), que l'on choisira en fonction de la taille des chambres, pour privilégier la pression (sections étroites) ou le volume (sections plus larges), en y ajoutant une ou deux cartouches de CO2 si on n'est pas sûr d'avoir la force de gonfler jusqu'à la pression nominale ; ne pas mégoter quelques (dizaines) de grammes pour ces accessoires, penser aussi à nettoyer périodiquement l'intérieur de la pompe et à y mettre une goutte d'huile ; les patriotes achèteront Var ou Zefal, dont la HPX très efficace, mais je ne sais pas où elles sont fabriquées
- une burette d'huile, pour lubrifier la chaîne après un lessivage de pluie prolongée, quelques centilitres suffisent, je la mets dans un sachet à fermeture étanche type Ziploc ; on peut s'en passer et emprunter de l'huile comestible au voisin de camping en attendant le petit supermarché pour trouver de la 3 en 1, ça vaut mieux que de faire tourner un chaîne rouillée
- les ciseaux à ongles que j'ai choisis pliants servent à couper ce qui se coupe en général : ruban collant, colliers souples... mais aussi pour les messieurs soigneux à se tailler proprement la moustache sans qu'il soit interdit d'emporter aussi des ciseaux de coiffeur (on mettra au bout un morceau de bouchon de liège pour ne pas faire de trous dans la sacoche),
- les ficelles pour l'étendage du linge peuvent aussi raccrocher un truc avec un machin qui veut se faire la malle, en complément des colliers souples.
Tout cousu ou fait maison ?
On aura compris que cette boite à outils, comme le reste, résulte de l'observation patiente et progressive de ce qui est strictement nécessaire. Elle suppose de bien connaître son vélo et d'avoir déterminé quelles clés, quels boulons, quelles vis, quels rayons, etc. sont indispensables.
Le composé maison par observations successives peut s'avérer plus économique, mieux adapté, voire moins lourd. Le cheminement raisonnable, en cette matière et quelques autres, est de définir précisément son besoin. S'il s'avère qu'un outil tout fait, léger et pas cher répond à ce cahier des charges, on acquiert. Sinon, on compose soi-même, dans mon cas avec une majorité d'outils qui trainaient au fond de boites diverses et ne m'ont rien coûté de plus. Je suis un mauvais exemple car j'ai déjà plein de "ça peut" (ça peut servir) dans des tas de boites.
Un peu Mac Gyver
Être un peu Mac Gyver fait partie du jeu. L'objet de rencontre du bord de route est un outil potentiel. Le cycliste n'est pas moins intelligent qu'un chimpanzé qui veut déguster du miel logé dans un creux et se fabrique l'outil adapté avec ce qu'il a à portée de main.
Un câble sectionné peut être provisoirement rabouté en aplatissant et perçant aux extrémités une boite de boisson en alu. Une pédale cassée ou bloquée peut être remplacée par un morceau de bois enfoncé en force dans la manivelle, d'où l'intérêt d'avoir le modèle de couteau suisse comprenant une petite lame de scie pour tailler la branche ; une lame lisse standard le fait aussi, plus lentement et en abîmant le tranchant. Un montant de porte-bagage sectionné a été consolidé jusque chez le vélociste du chef-lieu de canton suivant avec un bout de fer à béton récupéré sur un chantier et manchonné avec un fil de fer trouvé à une barrière d'entrée de champ*. Etc. Etc.
* Bien sûr, je n'ai pris qu'un morceau qui dépassait. Il est inenvisageable de laisser une barrière ouverte ou juste mal fermée.