Foucré ! Des Notre-Dame.

Notre-Dame-des-Landes, et plus spécialement le moulin de Foucré, était l'objectif, en passant par là NO53-var61km-ORVAULT_La Paquelais_NDDLandes_les DonsNous aurions pu prendre, ou juste emprunter, l'ancienne route des chicanes, haut lieu d'affrontements entre habitants et soutiens de la zone à défendre d'un côté et forces de l'ordre de l'autre autour des cabanes bric-et-broc installées du temps du projet d'aéroport. Les habitats précaires de l'époque ont disparu. Il ne subsiste sur les cartes qu'une toponymie incompréhensible sans référence à ces événements : Bison Futé, le Fort, Cent Noms, No Name, la Noue Non Plus, les Vraies Rouges, Lama Fâché, Bollywood, Gourbi, Pimkie, la Boite Noire, la Dalle, Youpi Youpi, Far Ouest..., et des bois, des prés et des landes.

Cette route de plus est une longue ligne droite en beau bitume tout neuf, l'ancien ayant été ravagé par des années d'occupation par les chicanes et abris temporaires. Bien qu'elle soit limitée à 70 km/h, un jeune inconscient s'y est fait prendre par la maréchaussée locale à plus de 150 récemment. Son permis a été supprimé et sa voiture confisquée. Et toc. La dernière fois que nous avons tenté d'y passer, de grands méchants chiens, moches en plus, nous ont barré le passage et poursuivis. Evidemment, la police n'était pas là. C'est trop. Alors, cette route a été effacée de notre parcours. Et re-toc.

Nous sommes partis par le cheminement cyclable proposé et balisé pour rejoindre Orvault depuis Nantes centre. La première halte goûter fut pour Notre-Dame-des-Anges. (Crédit photos de la chapelle : Zac http://zac.over-blog.fr/)

L'intérieur en est joliment décoré, comme l'étaient les bâtiments cultuels voici longtemps. Crédit photo Zac.Un étrange personnage à lunettes multiples y rôde quelquefois, tout habillé de bleu / à la mode des / vous m'entendez / tout habillé de bleu / à la mode des... Notre-Dame. Crédit photo Zac.

En avançant à notre allure, après cette halte au nord d'Orvault, nous sommes arrivés comme prévu à Notre-Dame-des-Landes. Le bourg était tranquille. Nous avons préféré manger au soleil plutôt qu'à l'ombre, car le réchauffement se faisait attendre. Le plus jeune d'entre nous a sorti son garçon gras (canapé gonflable Fatboy) sous l’œil d'un petit Jésus faisant la hola dans les bras de sa maman, Notre-Dame.Le conseil municipal ayant lieu un autre jour, nous n'avons pu y assister.Ici, et ailleurs dans le bourg, il reste des traces de revendications caduques.Le bourg de La Paquelais nous a paru vide, voire mort. Celui de Notre-Dame-des-Landes est un poil moins mort, avec ses quelques commerces ouverts, sa boucherie orange et son église.Mon téléphone ayant un système d'exploitation Androïd, de chez Gogole, donc américain, Gogole me renvoie de temps en temps une photo après transformation à son goût d'anglo-saxon d'amérique. Il a choisi celle-ci, et me renvoie ça, la même encore plus contrastée et plus saturée. Je préfère les photos de mon appareil Fuji, que je n'avais pas emporté ce jour-là, surtout avec le réglage "classic chrome", proche des vieux films positifs type Kodachrome (pourtant américain) et Agfachrome (allemand). Là, ça pique les yeux, du moins sur ordino. Sur l'écran du smart, la différence est peu sensible, je trouve les deux photos criardes. L'un des deux écrans a été contaminé par le goût américain. Y'a du réglage dans l'air, pépère.

Sitôt le jeunot éloigné, old lady à lunettes, décidément partout, a joué les coucous. Joli camaïeu. Même la voiture derrière est raccord, ainsi que le vélo à droite, d'un superbe bleu Gitane d'origine. Crédit photo Zac.Comme prévu, nous nous sommes rendus à l'heure de la sieste au chevet du typique moulin de Foucré, un des deux de Notre-Dame-des-Landes, le plus ancien, et récemment rénové par une association. Nous n'avons pu l'approcher car on l'a mis en cage comme un animal de zoo derrière un haut grillage. Non mais j'vous jure m'sieur, c'est pas nous qu'on va l'abîmer ton moulin.

Le deuxième point "petit patrimoine" était pour le calvaire de mission à la sortie sud du bourg. Son côté calvaire de mission est banal. Ce sont les derniers calvaires érigés dans la contrée, jusque dans les années 1950-60. Celui-ci a deux particularités.

Il est construit avec deux types de pierres différents, l'un arrivant d'une carrière et l'autre d'une autre. Les unes sont plus claires que les autres.

A l'arrière de ce monument, une croix bien plus ancienne a été incluse dans le mur du calvaire. On la cherche.

On la trouve. Crédit photo Françoise B.

J'ai tripatouillé façon Gogole, sans saturation, en accentuant le contraste pour mieux percevoir la différence entre les deux types de pierre utilisés dans cette refonte de calvaires. Cette deuxième, ou plutôt première croix à double barre horizontale, comme une croix de Lorraine est aussi dite aussi croix d'Anjou ou à double traverse, si on veut jouer au wikipédia à pédales. La croix ancienne, donc, est restée là où elle était, et le calvaire de mission construit autour.

Au seizième siècle, des habitants avaient découvert le cadavre d'un chevalier. Sur le conseil du curé de Fay, Notre-Dame-des-Landes n'était pas encore une paroisse, ils ont enterré le chevalier sur place et érigé une croix. Il s'est avéré plus tard que le chevalier était un huguenot, occupant alors Le Croisic et guerroyant fin 16ème ou début 17ème aux alentours, d'où le nom de "croix huguenote". Je tiens ça d'un article bien documenté du Breizh Journal. Notre pays est pétri d'histoire à chaque carrefours, et au dos des calvaires, il y a encore d'autres histoires plus anciennes. Les ronds-points, c'est moins sûr. Heureusement, les Jacques s'y mettent.

Et après, vent dans le dos, avec une température qui s'élevait, on a encore descendu et monté, monté et descendu. Nous avons fait un petit arrêt à Chambouin, près de Mauvais Tour, qui fait partie des nœuds de parcours dans ce secteur.Ceci n'est pas une manif de gilets jaunes à Chambouin (avec ou sans u), juste une pause cycliste. Avec nos voix sonores de personnes habituées à parler dans le vent, nous avons saturé le paysage sonore du petit carrefour habituellement sans activité notable à l'heure de la sieste du dimanche.

La pause ne se fait pas là totalement par hasard. Déjà, ça fait un certain temps qu'on pédale sans avoir pris de goûter. Et puis il fait soif, un certain nombre d'entre nous n'ayant pas de bidon à portée de la main, ou ne parvenant pas à boire en pédalant. On fait ça qu'on peut. Et puis, ça monte et ça descend. Ce n'est pas l'Alpe d'Huez, certes. Le bocage n'est pas les bords de Loire non plus. Les bords de Loire, c'est bien, mais pas à chaque fois. A Chambouin, on devait être aux alentours du km 45 et nous venions de grimper (à notre échelle) une côte à deux coups pour nous extirper de la vallée du Gesvres. Tiens, voilà du profil.

Emportés par notre élan, nous n'avons pas pris le temps de chercher la chapelle Notre-Dame-des-Dons et son if remarquable, que Marie-Annick a situé précisément. Je cite : "Pour se rendre à la Chapelle ND des Dons, rue de Dons : prendre la D26 que nous avons traversée, direction La Ménardais et la rue des Dons est sur notre gauche. Je te mets le site lié à l'if qui ne manque pas d'intérêt. http://www.tafdt.org/treillieres/patrimoine/lif-multiseculaire/" Quel âge à l'if ? On ne sait. Plusieurs centaines d'années certainement. Il serait donc plus âgé que le moulin de Foucré et le calvaire huguenot. Elle est là la Notre-Dame, celle des Dons, tout près de notre trace.

Crédit photo SNH

On pourra voir d'autres arbres remarquables de la région de Treillières et Nozay sur le site de la Société Nantaise d'Horticulture.

En s'y mettant à plusieurs, on trouve bien plus de choses à voir que seul. Chacun a sa spécialité. L'histoire, les arbres, les oiseaux, les fleurs, la mécanique, les GPS et la cartographie, etc., sans oublier les bêtises, la patisserie, le café ou le thé, et l'humour... La tribu au complet est plutôt redoutable. 

Le groupe s'est progressivement étiolé en arrivant dans la cité, chacun rejoignant ses pénates. Il s'en est trouvé deux-trois pour faire un peu de mécanique, un porte-bagage à ajuster, avant d'aller manger une glace pas très loin du Bouffay, tradition oblige.