Le principe de Fernand ? Kezaco ? Monsieur Fernand J. est un éminent cyclotouriste, sociétaire à l'Union Cycliste Nantaise Atlantique (UCNA), avec qui j'ai eu le plaisir de rouler voici quelques années, et qui m'avait raconté un début de récit de voyage à vélo dont j'ai tiré un principe.
Voici bien des années, Fernand avait rendez-vous avec Jacques Faizant, autre cyclotouriste, par ailleurs dessinateur de presse bien connu et auteur notamment d'Albina et la bicyclette. Ce rendez-vous avait été pris de longue date, pour le départ d'une diagonale depuis Dunkerque. Au moment de partir de chez lui, le dos de Fernand le faisait beaucoup souffrir. Malgré sa douleur, il prit le train avec son vélo et son bagage pour rejoindre Dunkerque, où il arriva non sans mal, les secousses du voyage n'ayant pas arrangé les choses. Il fit part de son problème à son compagnon de voyage. Ils résolurent de tenter l'aventure prévue, quitte à devoir l'interrompre si la douleur lombalgique se faisait insupportable. Au fil des kilomètres, la diagonale devait en faire dans les 1000, la douleur s'estompa et Fernand arriva en meilleur état qu'il était parti, peut-être à cause de la position penchée qui permettait d'ouvrir légèrement les vertèbres coinçant le nerf responsable de la douleur.
Depuis ce jour, et avant probablement, Fernand fut un des plus fidèles au départ quelle que soit la météo. Il se disait qu'il irait jusqu'au point de rendez-vous et qu'on verrait. De là, si les conditions le permettaient, il se rendait jusqu'au bistrot de l'arrêt prévu. A la sortie du café, on pouvait décider de finir la boucle prévue, ou de rentrer au plus court. A plusieurs reprises, notamment pour la première sortie de l'année qui avait lieu le 1er janvier jour de frimas fréquent, je me suis retrouvé seul avec Fernand, et nous appliquions le principe "on avance et on voit".
La veille de ce dimanche d'octobre, les météos convergeaient pour nous annoncer des précipitations en masse, du matin au soir, du vent à l'avenant et une fraicheur d'accompagnement. Elles divergeaient sur la quantité de piuie, 0.5 mm à l'heure n'est pas du tout la même chose que 3 ou 5 mm. Elles ne s'accordaient pas non plus sur le sens du vent. Certaines le prédisaient du nord, d'autres à l'ouest et les dernières au sud, sans oublier celles qui le voyaient tournoyer d'un point cardinal à l'autre au cours de la journée. Que proposer alors, pour nous qui avons l'habitude de partir vent dans le nez pour rentrer autant que faire se peut vent dans le dos ?
Toutes les météos s'accordaient ? Pas tout à fait. Tel un village gaulois et un autre norvégien, deux d'entre elles, Meteociel et Yr.no, dès la veille et en le répétant le matin du départ annonçaient qu'il ne pleuvrait pas et que le vent viendrait du sud sans tourner. Nous avions quand même de gros doutes, tant la campagne médiatique tous canaux confondus déroulait son tapis de mauvaises nouvelles sans discontinuer. Alors, nous avons choisi d'appliquer le principe de Fernand. On s'attendait à un genre de temps qui ravit les porteurs de lunettes.A l'heure prévue, il n'en fut rien. Pas une goutte à l'horizon, et du plaisir à se retrouver, et surtout à revoir JSC sur un vélo après son accident.Elle nous présenta son nouveau vélo, bien moins original que son habituel Brompton amélioré d'un Schlumpf (un pédalier planétaire) avec lequel elle a parcouru au moins trois continents si ce n'est davantage, mais qui a son utilité en ville.Le vent venait nettement du sud, nous sommes partis vers le sud. Une heure plus tard, la faim ayant fait son office, l'arrêt s'imposa, avec découpage et partage du premier gâteau du jour sur une nappe constituée d'un demi-poncho taille 8 ans.Presque deux heures après le départ nous atteignions La Chevrolière par de petites routes à l'écart de la D65 devenue périlleuse à cause de la multiplication des véhicules roulant trop vite. Arrivés là, et le ciel pour être gris n'en étant pas moins sec, nous avons poussé jusqu'à Passay au bord de Grandlieu. Passay est un des rares endroits où l'on peut apercevoir le lac, pourvu en sus d'un restaurant, d'un observatoire, de quelques panneaux d'information pour les marcheurs, et de tables de pique-nique. Il faisait tiède, presque chaud.Au passage, nous avons compris l'expression "être dans le coaltar". Son allure débonnaire ne doit pas tromper, le lac peut à l'occasion être un peu capricieux. Normalement, avec la régulation par les vannes sur le déversoir vers la Loire qu'est l'Acheneau et son prolongement du canal de Buzay, il devrait avoir fini ses fantaisies. On ne peut jamais être complètement sûr avec les éléments, d'autant plus par les temps de réchauffement qui courrent. Il suffirait que la hauteur des eaux de la Loire empêche de vider le trop-plein et on se retouverait avec les bancs dans l'eau.
Pour l'heure, l'échelle montrait que tout était normal. Les cols-verts, les poules d'eau, un martin-pêcheur et les pique-niqueurs vaquaient à leurs occupations.Les vaguelettes indiquaient que le vent se maintenait au sud, et qu'il allait nous permettre de rentrer confortablement sur un des parcours les plus plats de l'année.Quand les feuilles ont le c.. blanc, c'est que ça souffle.Immanquablement, ils font des réserves de pain pour ça dans leurs sacoches, F & J ont nourri des chevaux au bord de la route du retour à l'approche de Pont-Saint-Martin.
L'un d'eux était vorace, et avait le museau verdi par l'herbe, dont il imprégna la laine polaire blanche posée sur la sacoche de sa nourrisseuse improvisée. Il parait que ça se lave facilement. Profitant de l'arrêt, nous sommes passés cent fois devant sans le voir, nous avons jeté un oeil au château du Plessis.Un encâblure plus loin, c'est le cas de le dire, nous avons fait le (petit) détour pour aller voir le quai des romains, ancien port de Pont-Saint-Martin, dont il ne reste à peu près rien de visible. Qu'est-ce donc que le "fumier de ville" ? Un voyou de bas quartier, un grand bourgeois qui exploitait ses contemporains, ou bien le produit de la défécation des chevaux que ma grand-mère ramassait pour enrichir la terre de ses rosiers ?Le retour ayant été accompli fissa et sans beaucoup d'effort grâce à un Eole compatissant, il était encore tôt, et il ne pleuvait toujours pas. Nous sommes passés par un bout de chemin le long du ruisseau de la Jaguère qui contourne Rezé par l'ouest. Cette promenade a un nom assez mystérieux "Dundalk", et voilà pourquoi "Dundalk (Irlandais: Dún Dealgan) est la ville du comté de Comté Louth dans L'Irlande, situé près de la frontière avec L'Irlande du Nord. Il prend son nom de Dún Dealgan, Dalga fort à la maison étroitement lié au guerrier mythique célèbre Cúchulainn et a été accordé sa charte en 1189.Depuis 1990,elle est jumelée avec la ville de Rezé en France." (source Geocaching de Nathy78).
JC nous a emmené au Mekano voir la Loko, un bar éphémère où on pratique aussi le coworking et des expos, quelque chose de résolument contemporain donc, probablement fréquenté par des jeunes gens qui exercent des métiers incompréhensibles en passant leur vie à faire des clics sur la souris de l'ordinateur dont ils ne se détachent que pour aller et venir dehors en causant à leur portable les yeux dans le vide. Le K est un signe de furieuse modernité.Le chat d'en face s'en battait l'oeil, qu'il avait quand même un peu méfiant.Le groupe diminuait à mesure qu'il s'approchait du centre-ville, et des grues grise et jaune, parce que les uns et les autres prenaient au plus court vers leurs pénates respectives. Les deux derniers sur les Brompton n'en sont pas et causaient une langue proche de celle parlée à Dún Dealgan.Short et t-shirt pour finir une soi-disant journée de pluie continue, pas mal... Près du grand éléphant et du carrousel des mondes marins, nous avons trouvé une table libre pour achever la dégustation du fort bon gâteau confectionné et apporté le matin par JSC. La manifestation s'est terminée sans encombre par la dispersion finale et tranquille. Le mot de la fin est venu de Z : "Je ne peux résister au plaisir de féliciter Fernand pour sa grande sagesse, Elle nous a permis de profiter d’une journée sans une seule goutte de pluie mais qui plus est étonnante de chaleur (humaine et Celsius)".
Nous sommes passés par là S53_53km_réel_La Chevrolière_Passay_Pont-Saint-Martin