Où l'on est content d'une promenade du dimanche qui avait bien commencé.
Nous partîmes joyeux par ce dimanche hivernal, à huit sous un très léger crachin par vent quasi nul et température douce pour le SO56_Port-St-Père_D303_Beau Vent de Mer_bac Indret. Un premier compagnon nous quitta avant Saint-Léger sans crier "gare". Il n'y avait pas de train, juste de l'eau dans la vallée de l'Acheneau et il faisait bien plus gris que sur cette photographie datant d'une autre sortie.
Vers midi au soleil, le crachin avait cessé. Profitant lâchement de l'absence de notre grand spécialiste du GPS, nous nous sommes détournés de la trace, pour aller déjeuner aux étangs de Briord, près du château du même nom. Un autre de nos spécialistes, en ZAG (zones à grenouilles), crapoducs et autres habitats et habitudes d'oiseaux en tous genres, se rapprocha de naturalistes photographes qui prospectaient dans le coin.
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La période est propice à l'observation des animaux à cause de l'absence de feuillage. C'est ce qu'on m'a dit. Je n'y avais jamais pensé.
On peut aussi apercevoir le château (ou une maison près du château?), d'habitude masqué(e) par les feuillages (photo prise à l'occasion d'une autre sortie, plus lumineuse).
La collation achevée, on tira d'une grosse sacoche une cafetière crachotante, qui, comme les opinions de son propriétaire, est personnelle et portative.
La température était décidément douce, nous ne fîmes pas pour autant la sieste et reprîmes notre cheminement. Après le moulin Lacroix, nous aperçûmes le Moulin Rotard (à l'allumage) au Surchaud. Les habitants du lieu-dit ont fini par obtenir des écluses pour ralentir les automobiles. Les malheureux mettaient de pauvres panneaux en carton depuis des années pour demander aux automobilistes de respecter leurs enfants et d'aller moins vite, sans beaucoup de succès. Les zones 30, et les écluses ou chicanes aménagées avec des by-pass, sont aussi fort utiles à la sécurité des cyclistes.
A l'approche du bac, au carrefour du Chat qui Guette, une descente propice à la prise de vitesse d'un vélo poids lourd comme le mien me donna l'occasion d'une courte halte d'attente près du restaurant-café qui porte le nom du carrefour, à moins que ce soit le carrefour qui porte le nom de l'établissement.Levant la tête, j'aperçus un avion perché sur une tourelle juchée à flanc de rocher en contrebas du bourg de La Montagne. Est-il là depuis longtemps ? Est-ce un contrepoint à l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Un hommage aux constructeurs des Airbus à Nantes ? Mystère... La tourelle d'observation faisant face au chat qui guette est un clin d'oeil. Ce "phare du bout de la Montagne" renvoie peut-être au roman Le phare du bout du monde de Jules Verne (né à Nantes), au film éponyme, au vrai phare à La Rochelle, au Faro del fin del mundo en Patagonie, et j'en oublie certainement. L'extension bois leur donne un point de vue imprenable sur le rond-point, et est sûrement un agréable salon d'hiver avec lumière naturelle l'après-midi.
On a (presque) vu du soleil sur Indre depuis Indret. La Loire était haute. Avec les perturbations climatiques, ces bourgs pourraient bien redevenir des îles.
Nous attendons Lola.Sans être sûrs qu'elle vienne.Ouf ! La voilà...
Pourquoi le bac s'appelle-t-il Lola ? A cause de Jacques Demy qui tourna son film à Nantes. C'est culturel. Le sister ship (ou navire-jumeau pour les francophones) de ce bac, celui entre Le Pellerin et Couëron se nomme l'Île Dumet, c'est écolo-géographique.
Sur le bac, ça se confirme. Il y en a qui ne voient pas bien. Ce n'est pas là, jeune homme, c'est à côté, près de la beurouette, qu'il est autorisé de s'empoisonner.
Où la misère nous tomba dessus face à Miséry (comme la chtouille sur le bas clergé breton)
Face à l'ancienne
carrière de Miséry, dans ce qui fut le quartier industrieux et ouvrier du Bas-Chantenay où l'on trouvait les immigrés Bas Bretons bretonnants, comme nous étions en avance par rapport à l'horaire que personne n'avait prédit, je fis un petit détour, d'abord par la rue pavée de l'ancien port de Chantenay, puis derrière l'affreux parking, dernière zad où l'on sniffe. Et là, patatras, les rails furent fatals. Je me suis lamentablement étalé au sol après dérobade incontrolée de la roue avant sur les rails humides ! Le danger des rails est pourtant bien connu des cyclistes, et a été étudié par de forts sérieux universitaires britanniques, voir
cet article.
Bilan :
- deux roues desserrées qui frottent sur les patins de freins, rapidement remises en place, avec l'aide bienvenue de mes petites et petits camarades,
- compteur tombé, et ramassé,
- mousse du guidon arrachée sur quelques centimètres,
- rétroviseur explosé,
- moteur qui ne repart pas. Ennuyeux. Heureusement, l'une d'entre nous, en technicienne experte, vit que la prise du câble entre le moteur près du pédalier et la console au centre du guidon était débranchée. Il a suffit de remettre les deux flèches l'une en face de l'autre et voilà. Il y a des flèches sur les prises des kits d'électrification des bicyclettes, on ne peut pas en dire autant du cycliste passé sur le rail.
- GPS tombé, et ramassé, support introuvable, et pourtant, tels des experts en criminologie, on n'a jamais assez de spécialistes et d'experts avec soi, nous avons soigneusement ratissé le goudron autour du lieu de l'incident, mais en vain.
Le quartier du Bouffay nous attendait pour un petit café réparateur en terrasse. Oui, oui, prendre un café en terrasse à Nantes en janvier, c'est commun.
Je tire le GPS de ma poche, constate son apparent bon fonctionnement, le retourne..., et voit le support qui était resté solidaire du GPS... Nous aurions pu continuer à décrire des cercles longtemps en scrutant le bitume pour tenter de retrouver le petit disque en plastique noir. Il m'est déjà arrivé de chercher mes lunettes qui étaient sur ma tête. Ce n'est pas moins bête de chercher un support demeuré solidaire de son objet supporté. Et quand je dis demeuré, suivez mon regard qui se tourne vers ceux qui au bout de 50 ans de vélo ne sont pas fichus de prendre des rails correctement, ou alors ont eu un coup de moins bien (voir 200 mots et expressions cyclistes)...
Où les réparations auraient du permettre un nouveau départ.
De retour au bercail, qui fait aussi atelier (voire râtelier quand j'y mange), je m'active à réparer ce qui est réparable. Le support de GPS est réinstallé avec ses petits élastiques.Le GPS a retrouvé sa place sur le tableau de bord.Le Tressorex est appelé à la rescousse et la mousse du cintre promtement pansée.Le tournevis est tiré de sa trousse, et le rétroviseur aussitôt remplacé.Le serrage des roues a été vérifié, je regarderai les rayons et les jantes de plus près. La prise du câble de liaison entre moteur et commandes semble bien tenir. Tout paraît prêt à repartir.
C'eut été dommage, un vélo qui n'a pas encore atteint les 13000 km...
Aucun vêtement n'a été déchiré. Le Gore-Tex quasi neuf a juste été sali à la manche gauche, et nettoyé derechef.
Le bonhomme ne semble pas aller trop mal. La paume de la main gauche conserve la trace du trauma. Le poignet gauche bouge de plus en plus difficilement au fur et à mesure que les muscles refroidissent. On verra ce soir ou demain...
Où le lendemain déchante.
Au petit matin, le poignet est plus douloureux que la veille. Une fracture ou une entorse peuvent donc être soupçonnés. Il faut savoir s'écouter, jouer la prudence et ne pas se prendre pour un héros stupide. J'ai passé l'âge de ces conneries. Je vais devoir appeler le 15, et patienter. J'étais pourtant bien informé des dangers du rail, surtout humide, surtout pris sous un angle inférieur à 60°. Exceptionnellement, je n'avais pas de gants de cycliste rembourrés aux paumes, dont la vertu majeure est précisément de protéger en cas de chute sur la paume, fort fréquente en vélo, mais aussi à moto ou en rollers. Le plus ennuyeux est, outre les séquelles éventuelles, l'immobilisation qui s'ensuivra probablement, de quelques jours à quelques semaines. Grrrrrrr !
Ce ne fut pas si long aux urgences. Peut-être que le lundi matin n'est pas une heure de pointe. On ne choisit pas vraiment. D'après le jeune médecin qui m'a reçu, a examiné les radios, et m'a fait faire toutes sortes de mouvements du poignet, dont les petites marionnettes ainsi font font font, ce n'est pas bien grave. J'ai une entorse bénigne (j'aime bien ce mot) du poignet gauche. Je revois mon médecin traitant dans dix jours, au cas où quelque trait sur le scaphoïde n'aurait pas été décelé ou si une autre douleur s'éveille ou persiste. Pendant quinze jours, la présence à mes côtés de Mademoiselle Orthèse est requise. Nous devrions faire bon ménage. Elle porte une robe noire à parements bleu pâle, très moulante et même franchement serrée, par de puissants velcros. Le descriptif peut paraître alléchant, mais son habit n'est en fait pas si seyant. Voyez vous-même.
Miss Dafalgan-Codéine est aussi de la partie, pour cinq jours maxi. Sa conversation est assez limitée. Vous ne lui répèterez pas, elle serait vexée, mais je la trouve soporifique.
Mon petit-fils de quatre ans est déjà à la tête d'une écurie d'engins roulants à propulsion musculaire (les miens sont à propulsion musculaire et nucléaire). Il a une draisienne, une trottinette à trois roues, un vélo à deux roues et une trottinette à deux roues aussi. De temps en temps, il fait le mariole et se paye des pelles. Normal. Privilège de l'âge, il n'a pas d'entorse au moindre choc sur une paume. Lui.