Mars était là. Les jonquilles sont en fleur, et ont l'air très contentes d'être là. On les comprend. Enfin un peu de lumière et de douceur après des semaines de grisaille et de froidure. Un presque printemps qui fait bien du bien.Nous en étions déjà à l'arrêt café, presque à mi-chemin de notre circuit du jour qui partait ce jeudi du sud du pont de Pirmil. Faire un pause café en route est une institution fort bénéfique pour la convivialité. Nous ne devrions peut-être pas dire que nous sommes des copains, mot qui vient de cum panem signifiant "avec le pain" (ceux qui mangent ensemble), mais des cocafés. Et là, en bas à droite du circuit, à La Chapelle-Heulin, dans le restaurant-bar d'ouvriers tout près de l'église, la convivialité est économique, 1,20€ pour être précis. Voilà qui nous change de la place Graslin, où nous ne nous arrêtons d'ailleurs jamais. Pour voir en grand notre parcours, cliquer sur ce lien SE50_Pirmil>la Haie Fouassière>la Chapelle-Heulin>le Montru, puis cliquer sur "mode plein écran" en haut à droite de la carte, et zoomer avec la molette de la souris pour en apprécier les détails. Voici la capture d'écran de ce parcours.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.
Après avoir bénéficié de jolis dégagements sur le vignoble et ses villages du haut des petites collines franchies pour en arriver là, nous avons plongé vers les marais de Goulaine et plus spécialement le port du Montru. Tout est expliqué sur le panneau à l'entrée du port.
Un petit zoom permet de mieux y voir.
Les marais de Goulaine ont, grosso modo, la forme des ailes d'un papillon. Au centre, dans le rond rouge, se trouve le pont de l'Ouen, tout près de la Maison bleue qui n'est donc pas située sur une colline, contrairement à ce que prétend la chanson et nous y venons non pas à pied mais bien à vélo. Dissipons les mensonges ! Halte au fake news ! Nous sommes au Port du Montru ("vous êtes ici") au bout du trait rouge, tout au fond des marais de Goulaine. Un autre port, devenu aujourd'hui une installation sportive pour canoës, est celui du Millau, commune du Landreau. Il est dans le carré rouge. Là encore, malgré ce que prétend une certaine propagande, nul viaduc n'y a été construit. On y accède par Bas Briacé en prenant la route de l'Île Verdon. Cette photo, comme toutes les autres, peut être agrandie en cliquant dessus. Puisqu'on vous le dit et vous le répète !
Ce qui reste du port vaut bien une petite pause, surtout sous les rayons de l'orée du printemps.Les observateurs attentifs se seront demandés ce qui est écrit sur la pancarte perchée presqu'en haut de l'arbre. Je tente de satisfaire leur légitime curiosité d'un bon gros coup de zoom malgré la faible définition de mon petit vieil appareil photo numérique, un Kodak datant de 2006.Mis à part quelques organisations festives locales et l'arrimage de deux ou trois bateaux traditionnels, le port du Montru n'a plus d'activité. Il a pourtant été florissant dans la première moitié du 19ème siècle, comme le narre ce texte proposé par la mairie de La Chapelle-Heulin.
"En 1825, c'est le début de l'édification du four à chaux. Celui-ci commence à fonctionner dès 1830 pour cesser en 1850.
Le choix du Montru est dû à la grande activité du port, et à sa facilité d'accès par voie d'eau depuis les lieux d'extraction. Cette chaux vive servait au chaulage des cultures et à faire du mortier. En effet, le Vignoble valletais, ruiné par la révolution, se rénovait.
Le transport maritime, plus économique et plus rapide, a pris le dessus sur la voirie terrestre. Les péniches qui venaient de Liré, Bouzillé, près d'Ancenis, amenaient la pierre à chaux par la Loire, puis par la Goulaine, et empruntaient enfin le canal artificiel du Montru. Certaines amenaient depuis Nantes du charbon, importé d'Angleterre. Au retour, les péniches emmenaient du muscadet, du bois, de la rouche... [ndr : rouche = roseau]
Pendant la période des grandes eaux, le charbon et la pierre à chaux étaient stockés sur le port. Au printemps on rallumait le four et il ne cessait de fonctionner pendant 6 mois. A dos d'âne ou bien à la brouette, on déversait successivement une couche de charbon et une couche de pierre à chaux, par le haut. La chaux vive produite était stockée sous la rampe, ou livrée directement par des tombereaux.
La création de la levée de la Loire entre 1847 et 1856 a abouti à une baisse du niveau des eaux entrainant l'arrêt du fonctionnement du four.
Mis à part le four à chaux, il y avait aussi au port du Montru, une minoterie et un café, liés à l'activité principale.
Voilà ce qui reste du four à chaux, que l'on pourrait prendre pour un moulin un peu bizarre avec sa rampe pour accéder au sommet.
Le capitaine du jour est rarement en manque d'un bout d'itinéraire un peu inattendu, y compris par des chemins privés au milieu des vignes où nous n'avons dérangé personne bien que l'on s'affaira encore à la taille. Alors, nous avons mangé du caillou, et ce qui devait arriver arriva.
Une première fois.
Puis une deuxième. Certes, personne n'est jamais à l'abri d'une crevaison. Une crevaison sur des pneus étroits (de "course") dans un chemin en effet un peu caillouteux mais loin d'être impraticable, on peut cependant envisager un manque de pression dans la chambre à air. Il est habituel de recommander de gonfler les pneus étroits au dixième du poids du cycliste. Ainsi, un cycliste de 70 kg devra gonfler à 7 bars. Schwalbe résume bien les préconisations en la matière et fournit un petit tableau que je reproduis. Ce n'est pas spécialement de la pub pour cette marque, je suis chaussé en Continental, des cousins germains de l'autre avec une meilleure tenue sur le mouillé. Ces conseils ne valent que pour un vélo non chargé. Ils sont inadaptés pour un cyclo campeur qui promène 20 kg de bagages, surtout s'il est électrifié, ce qui augmente le poids total en charge d'encore 7 bons kilogrammes en sus des kilogrammes du cycliste et de ceux du vélo.
"Les recommandations de pression ci-contre donnent des indications très générales pour des cyclistes avec 3 poids différents.Quelle est la bonne pression pour vos pneus ?
D’une façon générale, il est très difficile de recommander une pression type pour un vélo ou un pneu. La pression « correcte » dépend de manière déterminante de la charge supportée par le pneu. Celle-ci est fonction du poids du cycliste ainsi que des bagages transportés. Contrairement à l’automobile, le poids du vélo n’a que peu d’influence sur le poids total en charge. De plus, les préférences de chacun en matière de résistance au roulement et de confort peuvent être très différentes.
Les pressions autorisées sont indiquées sur les flancs. Plus la pression est élevée, plus la résistance au roulement, l’usure et les risques de crevaison sont réduits. Plus la pression est faible, meilleurs sont le confort de suspension et l’adhérence du pneu.
Plus le pneu est étroit et la charge totale élevée, plus la pression doit être élevée. Sur des pneus de petit diamètre (vélo couché, vélo pliant), la pression requise est également plus élevée. Par contre, vous ne devez en aucun cas gonfler un pneu au-delà des limites mini ou maxi préconisées."
J'ai concocté un tableau en fonction du poids total en charge pour les "gros" pneus (largeur supérieure à 28 mm) sans être des fats : Pression pneus selon poids 1 (10.5 Ko) à partir de ce fichier PDF vraiment complet qui vous dira à peu près tout ce que vous voulez savoir sur les pneus de vélo et même apportera des réponses à des questions que vous ne vous êtes jamais posées : fichier technique pneu Schwalbe.
Le premier endroit (non choisi) pour la crevaison était plutôt bucolique. Le second, le long de la nationale 249, route de Cholet, n'était pas plus choisi et franchement moins campagnard. La liaison entre le bourg de Haute Goulaine et la piste cyclable de Basse Goulaine pour rejoindre les Pas Enchantés est plus agréable et sécurisée que par les départementales 115 et 119, surtout un jour de semaine en fin d'après-midi. Mais là, y'avait travaux. Une pancarte annonçait "passage interdit, danger". Nous sommes passés quand même. Les travailleurs que nous avons dérangés nous ont aimablement salués et ont fait attention à nous. Les autres cocafés ont tranquillement attendu que la réparation se termine. Aimable patience et impeccable solidarité.
N'ayant pas entendu dire que l'un ou l'une des cocafés a eu une crevaison en rentrant, j'en déduis que le proverbe que l'on répétait à l'envie dans les soirées des chaumières (les rézossossios de l'époque) "jamais deux sans trois" est un fake.