Ce dimanche, huitième jour du mois d'un printemps introuvable, nous étions huit au départ, et autant à l'arrivée. Pas du genre à abandonner les compagnons en route, ni à faire fondre le poloton, malgré la flotte omniprésente. La météo était si capricieuse que nous avions envisagé deux options de parcours selon le sens du vent, afin de rentrer si possible vent dans le dos. Nous voilà en route pour une cinquantaine de kilomètres vers le sud-est, en prenant le moins de chemins possible car la dernière fois on en avait soupé de la gadoue.
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Le lien vers le parcours téléchargeable et pour le voir en détail (cliquer sur "mode plein écran" une fois sur le site et zoomer avec la souris) : SE53 le Pont de l'Ouen_la Chapelle-Heulin_la Haie Fouassière
Quelques uns ce même dimanche s'apprêtaient à défendre leur zone humide et leurs cabanes bric-et-broc contre des robocops bleu marine qui eux défendaient eux la légalité. Le dimanche d'avant le précédent (l'avant-dernier quoi...) nous espérions visiter la Route des Chicanes avant démantèlement définitif. Las, trois grands chiens agressifs nous en ont empêché. Zaiment pas les viziteurs les zadistes. Cette D281, qui relie La Paquelais à Notre-Dame-des-Landes demeurant interdite à la circulation par la force malgré la réfection entreprise par les services du Conseil Départemental, nous sommes passés à côté. Les quelques forcenés encore présents vont se faire dégager. Dans quelques années, il restera peut-être une trace de cette bagarre, comme la grande éolienne du Carnet témoigne de manière paradoxale de la mobilisation de la population contre le projet d'implantation d'une centrale nucléaire dans l'estuaire de la Loire.
Revenons à notre dimanche humide vers le sud-est. Notre premier objectif aura été le Pont de l'Ouen, passage au centre du papillon des Marais de Goulaine, La Maison Bleue et le petit abri en bois où nous savions pouvoir déjeuner au sec et assis. La pluie fine avait cessé quand nous l'avons atteint, mais les oiseaux migrateurs colorés avaient l'air un peu fatigués à cause des 1,8 mm d'eau tombés sur leur tête pour arriver là. Les Marais de Goulaine, comme les autres zones très humides de Loire-Atlantique qui en regorge, sont un paradis pour les oiseaux.
Histoire et légendes sur le Pont de l'Ouen, repiqué sur le site de la Mairie de Haute-Goulaine "Bâti en 1860 puis reconstruit suite aux inondations de 1910, le Pont de l’Ouen traverse en son centre le Marais de Goulaine. Seul point de passage terrestre entre Haute-Goulaine et le Loroux-Bottereau, il était protégé à sa création au XIe siècle par des fortifications désormais disparues. La légende veut que le pont original ait été érigé par Saint Martin de Vertou, destructeur de plusieurs lieux de culte païens au Loroux-Bottereau. Le diable aurait aidé le saint dans cette entreprise à la condition que celui-ci lui offre l’âme du 1er être à le franchir. Un chat aurait alors été sacrifié." Pauvre bête !
L'environnement demeure agréable, même si une grosse tête bouche en partie la vue.Les nez étaient dans les gamelles et la lumière absente du ciel.Un demi-tour de marais plus tard, nous arrivons à Montru, port de, où les eaux demeurent très hautes pour la saison. Le panneau explicatif explique. Montru est en bas à droite.
Bon, ok, ce n'est la première fois que je recycle cette photo. C'est pas ma faute à moi si elle permet de comprendre. Le Pont de l'Ouen est au milieu des ailes du papillon. De là, nous avons tourné à droite sur la D407, à droite sur la D7 et à droite rue des Sports à La Chapelle-Heulin pour aller vers le Port de Montru à l'extrémité sud-est des marais. Les départementales étaient curieusement désertes alors que des voitures s'agglutinaient autour de presque chaque maison. A croire qu'ils étaient tous en train de s'arsouiller en commentant Paris-Roubaix face au grand écran plat du salon. On ne va pas de plaindre d'être tranquilles sur les routes dans un département aussi densément peuplé.
En arrivant au port, le chaland contemple les chalands (hommage à Franck Bauer, dernier speaker français de Radio Londres, "les français parlent aux français", qui vient de décéder).Le Port de Montru, et ses cabanes en planches noirâtres que les gendarmes mobiles ont épargnées, est un refuge potentiel en cas de pluie onze ou douze luviennes. L'aménagement rustique et suffisant permet d'y déjeuner. Les toilettes sont souvent fermées et probablement ouvertes seulement pour les fêtes organisées en ce lieu. Il serait sans doute coûteux pour la commune de les entretenir régulièrement. J'imagine que l'abri sert aussi aux ados pour boire et fumer à l'écart.Ce port fut plus particulièrement actif dans la première moitié du XIXème siècle. Voyez son histoire sur le site de la mairie de La Chapelle-Heulin. On pourrait prendre le four à chaux face au port pour les restes d'un moulin si ce n'était l'arche et la pente.L'arrivée du canal où débarquaient les matériaux.Pour éviter que l'on s'enfonce dans la vase à la saison humide (qui peut durer 364 jours par an dans la région), les chemins d'accès ont été comblés avec un granulat de petits galets colorés curieusement plein de coquillages. J'croyais qu'on avait pas le droit de dégarnir les plages pour réaliser des comblements.
Il semblerait qu'ils aient oublié de combler la zone barbecue qui ressemble davantage à un bain de boue.Nous avons repris le cheminement par les petites routes, en coupant droit vers le sud pour éviter la D756. Les départementales à gros numéro (700,900) sont fréquemment des routes récentes, droites, larges, conçues pour les camions à pétrole emblématiques de notre civilisation, où les véhicules à moteur à explosion vont beaucoup trop vite et où les conducteurs sont encore plus agressifs que des grands chiens stupides et mal élevés. Ces routes sont déprimantes et dangereuses pour les cyclistes.
Quelques encâblures plus loin, en l'approche de la N249-E62, que l'on entend de loin, une jolie maison ancienne avec deux yeux de bœufs.
Comme il ne pleut plus depuis midi, le groupe attend gentiment le photographe en papotant.
Vous êtes chûrs qui che chont pas trompés en écrivant le panneau, c'est bien le château de Cassemichère datant du début dixchètième ?
Le visiteur est le bienvenu. Pas de chien méchant à craindre à Cassemichère. Nous en avons encore croisé deux en liberté sur la voie publique un peu avant, qui nous ont poursuivi, sans heureusement réussir à mordre ni faire chuter l'un d'entre nous. Il est incompréhensible que dans notre monde si policé (sauf dans certaines zones) on en trouve encore, qui plus est en plein bourg, route du Petit Bois à la limite entre les communes du Pallet, de La Chapelle-Heulin et la Haie-Fouassière, pour ne dénoncer personne.
On a bien pensé à s'armer de bombes au gel de poivre, mais leur portée étant limitée et leur utilisation acrobatique depuis un vélo, nous ne sommes pas convaincus que ce soit la solution. Je vais peut-être me fendre d'un courrier aux maires des communes potentiellement concernés puisque la loi leur confie la responsabilité de mettre fin à ce danger, ce qui peut servir à d'autres, aux piétons du quartier, aux enfants qui vont à l'école... Dommage quand même de se faire courser par des chiens divagant sur un parcours cyclable créé par les communes pour mettre en valeur leur territoire qui le vaut bien.
Reste que la sortie a été agréable malgré un printemps maussade et un ciel plombé et grâce à une ambiance ensoleillée, des lieux de promenade aménagés et des routes tranquilles en ce dimanche.