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une demi-journée vers Jasson
Les voyages lointains, et les plus proches, prennent du temps, qu'il faut avoir, comme la forme physique ou une météo favorable. Alors que faire une sortie juste pour une demi-journée est à la portée de beaucoup. Une fenêtre météo favorable suffit. Les prévisions, notamment de court terme, se sont bien améliorées. Les radars de pluie fonctionnent plutôt bien. En automne, sous un climat océanique, ce sont des avantages. La technologie peut avoir du bon.
Selon l'heure de départ, je choisi mon itinéraire. Je peux aussi, dans une certaine mesure, faire l'inverse. En me levant un peu plus tôt, je mange plus tôt le midi s'il semble que l'après-midi pourrait voir un ciel plus clément, et suis paré au départ pour avoir un peu de marge avant le coucher du soleil au coeur de l'hiver. J'ai souvent besoin d'un objectif plus ou moins touristique. Rouler pour rouler, sauf si on est un sportif, attiré d'abord par son plan d'entrainement ou une allure ou un niveau d'effort, n'est pas plus aujourd'hui et sans doute bien moins dans mes préférences que voici vingt ans. Le touristique peut être modeste. Un calvaire vu voici des années et dont je souhaite vérifier un détail, un moulin qui était en rénovation la fois précédente, un trou d'eau, un toponyme (nom de lieu) particulier..., le prétexte est parfois mince. Souvent, voire très souvent, je choisis de partir vent dans le nez, pour rentrer plus confortablement vent dans le dos, sans avoir à forcer et en gardant mieux ma chaleur qui se disperse vent de face.
Ce jour-là ce fut Jasson. Jasson avait attiré mon attention en labourant le territoire dans tous les sens car plusieurs lieux-dits regroupés comprenaient ce "Jasson" : les Vignes de Jasson, les Landes de Jasson, la Chapelle de Jasson, le Moulin de Jasson, Jasson tout court et j'en oublie. Je m'étais donc renseigné. Jasson, qui devint Jasson-et-Malnoë, fit partie des seigneuries pourvues d'une motte féodale au bord de l'Acheneau entre Cheix-en-Retz et Brains. Acheneau qui pourrait bien aussi être le Tenu, les deux ayant une partie commune, ce qui n'est pas commun pour des rivières. L'Acheneau est le déversoir du Lac de Grand-Lieu vers la Loire ; de temps en temps, l'eau de la Loire peut remonter en sens inverse). Des pillards venant du grand Nord empruntaient cette rivière vers le neuvième ou dixième siècle, d'où les mottes défensives surmontées de donjons. Il ne reste rien du château. Juste les toponymes et des traces micro-patrimoniales qui sont là à titre de souvenir. Les chroniques et articles des Historiens du Pays de Retz m'ont offert cette page sur Cheix-en-Retz, Brains et sa châtellenie Jasson-et-Malnoë. Merci à eux. On peut pédaler idiot (et pourquoi pas d'ailleurs ?) mais on n'est pas obligé, surtout à l'ère d'internet et de ses ressources offertes au plus grand nombre. Pour en savoir plus sur l'Acheneau.
Je m'étais composé un plan sur Ride with GPS (RWGPS pour les intimes), c'est un site pour composer des parcours. Je trouve l'algorithme de traçage pour le mode "cyclotourisme" plutôt correct. Je me sers d'autres sites. Aucun n'est parfait. Voili la trace prévue : OSO44 BRAINS LandesJasson PièceAudrain
Depuis, le monde a changé (voir à la fin de cette page) et l'itinéraire s'est adouci pour les cyclistes.
Sur ordinateur, cliquez sur la photo pour l'agrandir, ou suivez le lien ci-dessus et zoomez pour voir les détails.
Faut connaître un tant soit peu. Au bord immédiat du grand fleuve, c'est facile. Les parcours pour les cyclistes sont balisés et identifiés "Loire à vélo". Pour aller dans la pampa, il faut trouver par où sortir sans se faire trop embêter par les véhicules à moteur, très nombreux aux abords d'une agglomération importante et dont le flot incessant est un obstacle effrayant sur certains ronds-points périphériques. Avec le temps, ou à l'aide des traces proposées par des personnes du cru, on trouve son chemin de sortie et de rentrée, et des itinéraires selon ses souhaits en terme de relief ou d'exposition au vent. Les côtes par ici sont courtes, rarement pentues, mais l'obstacle à maitriser, c'est le vent. Il peut déstabiliser en latéral, surtout un vélo de sacochard, et use les meilleures volontés. J'ai vu des montagnard épuisés faute de trouver l'allure, le développement et la cadence adaptés à ce malin qui tournoie plus que les routes, surprend au coin de la haie et peut vous dégoûter si vous ne l'apprivoisez pas. Ajoutez de temps en temps une averse glaciale, et revenez me dire que le vélo en plaine, c'est vraiment facile. Je sens que je vais rire.
Je connais bien mes abords, à force tourner en rond dans le jardin. Je n'hésite pas pour autant à user d'un GPS de vélo, et aussi d'un smartphone avec des applis dédiées. Avant, j'avais une carte et une boussole sur la sacoche de guidon. Je pédale et je regarde, je ne me prends pas le chou pour trouver ma route et je préfère prendre le temps pour faire une photo que de pester à un carrefour en me demandant si je vais par ci ou par ailleurs.
Pleuvra ? Pleuvra pas sur ce rond-point surdimensionné où les voitures, heureusement peu nombreuses à cette heure, vont très vite ? A l'heure des pendulaires agressifs en rangs serrés, s'engager sur l'anneau à vélo frôle le suicide. La piste cyclable est bien cachée, mais présente derrière les arbres à gauche. La quatre voies tout droit est interdite aux cycles, à juste raison.Ouf. Me voilà à peu près sauvé des voitures. Le vent est bien présent sur ces pièces (de terre) vouées à la culture mécanisée, mais la route étroite ne dessert que des petits villages. Tranquille. Le clocher de Brains est en vue à l'horizon.Le point de vue contrechamp du précédent. Un vélo pas de course en confortable acier et gros pneus, avec des garde-boue, des sacoches et de la lumière, est préférable sur ces petites routes souvent cahoteuses et gravilloneuses. Et puis, de toutes façons, vue la vitesse à laquelle on n'avance pas, les pneus étroits sont surtout bons pour les crevaisons et les cadres en composite pour avoir mal au c... Chacun trouve son plaisir comme bon lui semble. Le château d'eau à gauche est à Basse-Lande. Il y a des dizaines d'années, un énorme poste de TSF permettait de transmettre des messages captables depuis l'entrée du port de New York. Il reste une ruine.
J'ai continué mon tout petit train par les routes détournées, passant Brains et son clocher et en m'efforçant de rester sur les faîtes des petites collines. Le point de vue du haut de cet ancien moulin doit être superbe. Il m'annonce l'arrivée sur les terres de Jasson. Le lieu-dit les Landes de Jasson est tangent. On voit une dépendance des Landes derrière une haie.
Quelques dizaines de mètres plus loin, on arrive à La Chapelle de Jasson. La chapelle Saint-Julien a disparu. Un calvaire Saint-Marc rafistolé subsiste, datant du 19ème et érigé en mémoire de l'ancienne chapelle du domaine. Une petite statue, peut-être du saint, a disparu de la niche votive.
Je sens qu'on va me dire que je fais dans la mignonnerie. Et alors, j'ai bien le droit d'apprécier les ânes ! Ces petits équidés sont doux et sociables. Ils ont souvent un air mélancolique qui les rend encore plus charmants. Comme les vaches et les chevaux, quand on s'arrête à proximité, ils viennent à la rencontre du visiteur. Je les soupçonne de s'ennuyer. Ils sont le regard très attentif quand on leur parle et leurs oreilles tournent comme des radars à sons. Je ne cherche pas à créer la mode des ânes après celles des chats, mais ils font partie des braves bêtes à qui on a plaisir à faire coucou en passant. Pas comme les moutons, qui n'ont rien à faire de la présence d'un humain et continuent leur boulot de brouteurs. Les ânes les protègent des prédateurs car ils peuvent donner de bonnes ruades. L'âne a de la ressource.
Ayant atteint l'objectif, il me restait à rentrer. Le retour ne présente pas d'intérêt majeur. Lors de moultes promenades dans ce coin toutefois, et notamment au retour sur la route en contrebas de la départementale D723 arrivant de Pornic, plate et roulante surtout par vent d'ouest, j'avais remarqué le calvaire minimaliste en haut de son cylindre de cailloux. Un panneau a été ajouté plus récemment. J'avais le temps, je me suis arrêté.
Je fais partie de ceux qui s'arrêtent pour lire. Et donc, il y en a qui fabriquent les panneaux à lire et qui retapent les monuments, même petits, et maintiennent ainsi la mémoire et les traces de notre passé. L'objectif de l'érection du monument était politique sous la restauration. La procession est probablement bien plus ancienne. Des millénaires peut-être. A la Saint-Marc, le même que le calvaire de Jasson, aux jours des rogations, peu avant l'ascension, des processions étaient organisées pour s'attirer les faveurs divines pour les moissons, comme les fêtes de fécondité depuis le néolithique. Une société rurale millénaire subsiste dans ce drôle de cylindre de pierre surmonté d'un bout de ferraille. Je doute parfois que notre monde européen de l'ouest ait jamais été vraiment chrétien malgré les éléments de décoration à l'apparence éventuellement trompeuse car superficielle.
sur ordino, on peut agrandir les photos en cliquant dessus
La colonne est constituée de pierres apportées par chacun des villageois de la contrée pour l'ériger. Ce petit monument est donc commun à plusieurs paroisses. Ils y tiennent, et l'ont retapé en 2019. Les historiens ont relayé les paroissiens, qui étaient encore à l'oeuvre en 1970. La colonne de pierre a été nettoyée, la croix de fer a changé.
Rénové au moins en partie avec les crédits européens consacrés aux véloroutes, le chemin de la Pièce Audrain, qui permet une jonction confortable entre la zone commerciale de La Montagne et la piste cyclable de l'ancienne route de Paimboeuf est surtout fréquentée par les promeneurs de chiens locaux, des marcheurs, joggeurs, promeneurs et des voyageurs à vélo en été. Rien à voir avec un désert.
Bonne moisson de Jasson pour une après-midi grise, avec une pincée de Croix de Pierre des Grès, en passant entre les grains. Il pleut bien moins qu'on le croit quand on fait du vélo, même en climat humide.
La pluie ne menaçant plus, rien n'obligeait à se presser. J'eus l'idée de sortir du parcours prévu dans les échangeurs pour descendre vers port Lavigne, rejoindre la rue de l'île Sainte-Hélène qui aboutit à celle de l'île Chupin. En principe, les vélos sont interdits sur cette voie non publique appartenant au port autonome. Les poids lourds vont vite mais voient le cycliste de très loin et la voie est large. Si on sent un hésitation de la part d'un conducteur, on peut s'arrêter sur le large bas-côté pour ne pas déranger, en faisant signe de passer et en remerciant pour la prudence.
Ce jour-là, ce n'était pas une bonne idée. Cette route s'achève par un portail électrique, normalement ouvert aux heures ouvrables. En en approchant, une anormale file de camions attendait. Et j'ai vu que des caravanes de gens du voyage, un rassemblement évangélique peut-être, cherchaient à entrer dans le territoire du port autonome. Il est arrivé que le port prête un terrain pour les grandes migrations. La négociation n'avait peut-être pas eu lieu, ou n'avait pas abouti cette fois, à moins que la crainte d'un cluster l'ait emportée. Les gardiens empêchaient le passage, une camionnette de la gendarmerie venait d'arriver.
Tout était bloqué. J'ai attendu un peu, puis fini par faire demi-tour vers le km6 de la carte ci-dessous, sans chercher à palabrer à mon tour. L'oiseux eut été de sortie je crois, d'autant que j'arrivais d'une route interdite à la circulation des bicyclettes et que je n'ai pas l'allure du gars qui passe par là par hasard. J'ai donc refait la grande ligne droite passant sous le pont de Cheviré coté sud, puis me suis tapé le chemin des Canotiers le long de l'étier qui borde la butte où a été construit le bourg de Bouguenais (prononcé bouguenaï, en gallo, par les anciens), via l'étroit sentier agréable par temps sec et plutôt stable mais un peu boueux à cause des pluies des jours précédents et quelques petits ponts de bois, qui tiennent bien mais sont glissants. J'ai dû terminer par les échangeurs que je cherchais à éviter. On n'est pas gagnant à chaque fois...
photo d'archive datant du beau temps
Depuis, le monde a changé. Une piste cyclable a été ajoutée sous le pont de Cheviré au sud, et il n'est plus besoin de chercher la piste en arrivant au rond-point redoutable, qu'on évite, ni de subir les automobiles et camions en zigzagant dans les échangeurs. Voilà des années que c'était dans les tuyaux. C'est fait. Les cyclistes peuvent rejoindre le bas du bourg de Bouguenais, dont le chemin des Canotiers et le chemin de halage par la rue de l'île Sainte-Hélène en se glissant sous le grand pont routier par une piste confortable sans se mélanger avec les camions ni risquer d'être coincé par un conflit à la porte du Grand Port. C'est mieux, c'est bien.
Le nouveau trajet recommandé pour cette même promenade vers Jasson et les ânes est donc celui-ci (aucune garantie de voir les ânes cependant) se voit ici https://edp-parcours.com/mon_parcours.php?code_parcours=123731 le GPX peut se charger ici Oso44 brains landesjasson pieceaudrai (85.5 Ko)
La piste cyclable séparée des poids lourds sous le pont de Cheviré au sud Loire pour arriver au bourg de Bouguenais :
Au retour, ou à l'alller, moyennant un léger détour, on peut faire un coucou à l'éléphant de Nantes :
Ce serait une autre promenade, mais on peut aussi voir le pont de Cheviré depuis l'autre rive, côté nord, ici à Roche Maurice :
La photo enjolive. En réalité, la rive droite ressemble plutôt à ça. Rive droite comme rive gauche, Nantes est aussi un port. Mais la piste cyclable est également bien sécurisée.
47 km, ça commence à faire pour une demi-journée à un train-train de vieux sénateur. Alors, on peut y aller en pique-niquant à midi. Je conseille les bancs derrière la bibliothèque du bourg de Brains, ou si on est peu nombreux, les marches autour du calvaire de Jasson.