Noirmoutier à la carte
SAMEDI
Il est où le tricycle, il est où ? Les cloches s'étaient mises à sonner à l'église de Port-Saint-Père sur le chemin de Noirmoutier. Nous croyions que le guetteur en haut du clocher avait aperçu le drapeau du trike au sortir de Saint-Léger-les-Vignes sur l'autre rive de l'Acheneau et avait transmis au sonneur qui faisait voler campana, nola et tintinabulla en l'honneur de son arrivée. Ah, le voilà, petite chose fragile que les voitures évitaient.
L'équipe était reconstituée et allait pouvoir reprendre son cheminement vers Noirmoutier, en passant par là pour éviter autant que faire se pouvait les automobiles en grand nombre, bruyantes, puantes et parfois méchantes. Les routes sont belles et propices à la conversation, quand elles sont désertes. Pour aller quelque part, il faut trouver le trajet le moins pire. Le GPS est une abomination, il fait passer les voitures là où nous étions tranquilles auparavant. Alors, nous prenons une route secondaire, voire tertiaire, tant que nous le pouvons. La contrepartie est une relative complexité des parcours. Il y a trente ans, nous empruntions les départementales entre des gros clochers, et c'était bien plus simple (et accessoirement plus rapide car plus roulant).
Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
On peut voir le trajet, et le télécharger, en suivant ce lien. Noirm1-79K-Nantes>LaBarredeMonts Pour les détails, une fois sur le site de GPSies ("nomades" en angliche), cliquer sur "mode plein écran" en haut et à droite de la carte, puis zoomer avec la molette de la souris ou avec les boutons + et - en haut à gauche de la carte.
Les cloches sonnaient en ce samedi pour appeler à la messe de mariage d'un couple dont nous ne saurons jamais rien. Dans le respect de la tradition, les invités sont entrés d'abord et la mariée en dernier, très probablement au bras de son père, pour remonter la nef jusque devant l'autel en tant que reine d'un jour avec sa robe de princesse. Les traditions font partie du paysage, comme les clochers. Le même jour, dans un autre pays, un prince britannique et une actrice américaine se mariaient, avec force faste et spectateurs. Nous avons eu droit à notre mariage à Port-Saint-Père, modeste commune de Loire-Atlantique, sur un parvis dégoulinant de soleil.
Le départ avait subi du retard. Heureusement le vent nous portait. Nous pûmes donc déjeuner comme de coutume à Saint-Même sur l'aire de pique-nique au bord du Tenu. Oui, "saint" et non "sainte". Même est un prénom masculin, comme le prouvent tous les Même de ma connaissance. Quelques uns d'entre nous sont intoxiqués, à des degrés et des substances diverses. Les adeptes du café se sont arrêtés au PMU de Machecoul, ancienne capitale du duché de Retz (Machecoul, pas le PMU). On en a vu s'écraser dans de confortables chaises en tenant des propos révolutionnaires pendant que d'autres restaient debout. Les privilèges ont la vie dure.
Nous avions passé la frontière entre la Bretagne historique et le duché du Poitou sans encombre entre Machecoul et Bois-de-Céné, en franchissant sans le voir un petit ruisseau, où la départementale 295 de la Loire-Atlantique devient la départementale 28 de la Vendée. Chacun pouvait rouler à son allure, à condition de connaître le parcours. En prenant la véloroute dans Châteauneuf vers le Petit Moulin, nous quittions le bitume pour un bout de chemin très carrossable où les plus avancés attendaient les autres en consultant les dernières communications.
Et comment qu'on sait par où qu'on passe ? Les modernistes utilisent des GPS ou des applis sur smartphone, en récupérant la trace préparée dans GPSies ou un autre site de parcours. Les traditionnalistes, peu nombreux dans ce groupe, se servent de cartes routières affichées sous leurs yeux en permanence dans les lecteurs imperméables de leur sacoche de guidon. Il y en a même qui cumulent. La majorité suit. Je demeure surpris par celles et ceux qui vont sans savoir où ni par où. Ils se reposent.
Pendant presque un siècle et demi, les cyclotouristes se servaient de descriptifs papier que l'un d'entre eux préparait avant la tournée et qu'il avaient soit dans la poche, soit sur la sacoche devant eux. Ils parvenaient très bien à se diriger ainsi. Ils étaient attentifs. C'était une autre époque où les appareils électroniques (GPS, réfrigérateur, four à micro-ondes, etc.) ne nous rappelaient pas à l'ordre. Les humains se servaient encore de leur cerveau. Sur ce parcours, un descriptif aurait aurait donné ça : 
Descriptif nantes la barre de monts (64.78 Ko). En voici un extrait.
Il faudrait en sus disposer du "sens de l'orientation", sorte de don mystérieux, peut-être spontané (comme la génération des mouches avant Pasteur), qui serait inégalement distribué parmi les humains et préalable à la capacité à voyager. Le processus de l'orientation est sans nul doute complexe, mettant en jeu la représentation de l'espace, la capacité à se situer, avec ou sans support (carte, écran...), la possibilité de s'orienter (direction à suivre en fonction des objectifs et/ou des points cardinaux), la mémoire visuelle (points de repère) et celle des noms de lieux...
Les hommes et les femmes en sont également pourvus. Mon expérience de touriste à vélo, et de distribution variable des rôles dans les couples, me l'ont démontré bien mieux que les études scientifiques). Le développement en est possible à tout âge. Plus on l'utilise et plus on le perfectionne. Et réciproquement.
Les types de mémoire varient probablement selon les expériences des individus. Mes mémoires toponymique et topographique sont très bonnes. Ma mémoire chronologique est déplorable. Ne me demandez pas les dates de naissance de mes proches, je n'en ai aucune idée, et je vis très bien sans. Mon petit-fils de quatre ans et demi est bien meilleur que moi à ce jeu-là. Mon GPS interne, celui du dedans de ma tête, est de bonne qualité. Mes camarades les plus anciens à mon club de cyclotourisme ont développé les mêmes aptitudes, et leur manière d'improviser un parcours est semblable à la mienne. A croire qu'il existe un mode de fonctionnement de l'orientation des cyclistes.
Les études scientifiques facilement accessibles sur le sujet me paraissent légères, avec des échantillons bien minces. Feraient mieux d'étudier les randonneurs pédestres ou pédaleurs avant leur disparition définitive pour cause de GPS ou Galileo, sinon, on ne comprendra jamais comment l'humain a fait pour conquérir la planète et s'y déplacer pendant des milliers de générations.
Le petit moulin de Châteauneuf, dont au sujet duquel il était question avant. Ce pays d'eau et de vent comprenait des moulins. Celui-ci est visitable par les touristes et est un vrai moulin avec un meunier dedans. C'est aussi un point de repère pour les voyageurs. Je présume que nos ancêtres lointains se répéraient sur le creux entre deux montagnes, le lac au pied de la forêt, la clairière du grand chêne, etc., et les étoiles et la course du soleil. Ils pouvaient ainsi voyager sur des milliers de kilomètres. La boussole et la carte ont été des progrès fabuleux. Le GPS aide ceux qui ont des espaces structurés dans leur tête, et contribue à diminuer plus encore les capacités des autres qui suivent un trait sur un écran en étant Généralement Perdus Systématiquement.
Nous avions quitté les petites routes de campagne en entrant dans Saint-Urbain (qui est un prénom masculin, comme le prouvent tous les Urbain de ma connaissance) dont l'intérêt principal (pour nous) est une colonie de nains de jardins où nous nous arrêtons à chaque fois que nous passons par là en allant vers Noirmoutier. Il y a longtemps que nous faisons ce trajet et nous commençons à craindre qu'un jour les occupants très soigneux de cette maison disparaissent, et leur colonie avec eux. Ce serait dommage. Je n'ai pas de nains de ce genre chez moi mais je les trouve amusants chez les autres. Le Front de libération des nains de jardin n'a visiblement toujours pas frappé en bordure du marais Breton Vendéen.
Plutôt que de continuer sur la départementale 103 comme les années précédentes, cette voie étant devenue trop fréquentée par les automobiles (vade retro GPS), nous avons bifurqué vers le Daviaud, musée départemental, qui présente notamment les bourrines. Ces habitats traditionnels du marais étaient fabriqués par les habitants eux-mêmes avec les matériaux disponibles sur place : argile, sable, paille, roseaux, bois de récupération.... Ce musée a de plus l'intérêt d'être atteignable par une véloroute tranquille, qui est une petite portion de l'Eurovélo route 1 dite "Véloroute de l'Atlantique", dite "Vélodyssée" en France, dite "Vélocéan" en Loire-Atlantique et portant des numéros divers dans "Vendée à vélo".
Les élus locaux ou moins locaux flattent leur ego et croient flatter celui de leurs électeurs en demandant à leurs services com' d'inventer des termes qui se veulent valorisants mais n'ont aucun sens pour le voyageur. Que peut vouloir dire "vélodyssée" ou "vélocéan" pour un norvégien ?. Ils vivent en Europe et continuent de s'administrer le nombril. Comment s'étonner que ces voyageurs préfèrent s'en remettre aux abstractions mathématiques que sont les traces GPS sur fonds de cartes vectorielles plutôt qu'à cet incompréhensible capharnaüm localo-électoraliste ? Un cycliste canadien m'avait fait bien rire en remarquant que le "ouest" était mis à toutes les sauces, accolé à "océan" et "atlantique". Bande de nases, nous sommes à l'est de l'atlantique, et non à l'ouest. L'ouest atlantique, c'est l'Amérique !
Bourrine d'époque avec volatiles domestiques.
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Une silhouette figure un habitant du marais franchissant un étier avec une longue perche.
A force de finasser, parfois on se plante. Le parcours qui se voulait amélioré par rapport aux années précédentes empruntait pour finir des passages brefs mais bien pentus dans les dunes de la forêt de Monts, à l'écart des voitures certes, mais pénibles au bout de 80 kilomètres de vélo chargé.
J'aurais du garder cette photo par-devers moi, pour faire chanter le quidam en le menaçant de montrer à ses copains de pub qu'il avait accepté de consommer de l'eau gazeuse aromatisée.
Nous serions à peine surpris de le voir un jour arriver avec quelques copains sur ce genre d'engin.
On n'a pas consommé que des bulles. Nous nous sommes gavés à l'apéro de délicieuses et abondantes préparations d'une nouvelle dans le groupe qui a vraiment très bien fait de venir. Nous avons apprécié ces mets et boissons apportés par ceux qui sont venus en voiture, chacun venant comme il l'entend et s'hébergeant à sa guise : camping en tente, maison mobile, chambre à l'hôtel. On grogne un peu contre ces machines à pétrole, mais elles sont quand même pratiques.
Le quartier général aura été la terrasse du mobile-home. Les sardines fraîches ont été vidées, poivrées et grillées à la plancha électrique. 
Certains breuvages seraient remboursés par la sécurité sociale. Il pourrait s'agir d'une rumeur.
La température était douce et le lieu agréable. Nous avions faim. Les moustiques aussi. Leurs attaques étaient fructueuses. L'un d'entre eux n'a pas survécu à la DCMDPDLM (défense contre moustiques du plat de la main). Etait-ce un moustique tigre, éventuellement porteur de maladies bien embêtantes aux noms exotiques ? Si j'en crois le portail moustique tigre (site de particuliers, non officiel) "le moustique tigre est reconnaissable à ses rayures noires et blanches sur tout le corps ainsi que sur les pattes." Bien que la Vendée soit envahie, et bien que ce cadavre présentât des rayures sur l'abdomen, il n'en avait pas sur les pattes.
Dimanche
Deux vélos à petit moteur d'appoint sont venus de Nantes. Celui-ci est de conception française, par Neomouv, une boite de la Sarthe, et dispose d'un discret moteur moyeu dans la roue arrière commandé par une assistance non proportionnelle à détection de pélalage avec, au choix, des batteries de 480 à 700 Wh. Selon les données constructeur, il consomme environ 6 watts-heures par kilomètre. La consommation des bagnoles à pétrole s'exprime en litres de carburant aux cent kilomètres, celle des VAE en watts-heures par kilomètre. 6 Wh/km paraissent tout à fait plausibles. Il doit avoir une belle autonomie. Les pneus et l'éclairage sont de marques françaises, pour le reste, c'est moins sûr. Les batteries sont conçues avec des cellules asiatiques de qualité (Samsung ou Sony). Il pourrait bien être assemblé en France. A peu près tous les "constructeurs" sont des assembleurs qui font avec les mêmes catalogues de composants.
Le flambant Neomouv est vaillamment venu de Nantes sans aucun problème. Il restera au repos ce dimanche, pendant que cinq autres pédaleurs "secs" (sans électrons) se sont ajoutés à ceux d'hier. Toutes les formules étaient possibles, tous les vélos sont bienvenus. Nous laissons les débats idéologiques binaires (avec ou sans petit moteur, sacoche de guidon, garde-boue...) à ceux qui préfèrent stériliser leur énergie en vaines querelles et nous promenons joyeusement tous ensemble avec qui peut-veut.
Tout le monde sontaient là à l'heure et même un peu avant. La distance prévue était raisonnable, la météo très favorable, 10h avaient paru bien suffisants pour sonner le clairon. En heure solaire, il n'était pas guère plus de 7h45 (GMT+2 et 2°15 ouest), ce que montrent les ombres très allongées.
Nous n'en étions pas surpris car prévenus, la piste cyclable sur le pont était bouchée pour cause de travaux.
Alors, nous sommes passés par l'étroite voie piétonne entre deux barrières, sur les plaques de béton non jointives, et en sécurité.
Pourquoi venir à Noirmoutier ? "Les gens heureux n'ont pas d'histoire. Ils s'en inventent" (Claude Roy). Je ne vais pas disserter là-dessus pendant quatre heures. Nous venons à Noirmoutier parce que l'Île est belle, à portée de vélo en une journée pour y venir et en faire le tour, mais aussi parce que d'autres le faisaient avant nous. Noirmoutier tradition sans mimosas Nous avons créé notre propre histoire en continuant celle des autres.
A propos d'histoire, celle des noms de lieux intrigue parfois le cycliste. Pourquoi "Noirmoutier" ? A cause des moines noirs est une explication répandue. Une autre tient au nom d'origine de l'île, Her (que l'on retrouve dans Herbaudière). Le monastère de l'île d'Her aurait évolué en Nermoster puis Noirmoutier. Pour ceux qui s'y intéressent, l'article de Wikipedia consacré à l'Île de Noirmoutier semble assez complet sur la toponymie, l'histoire et la géographie du lieu. Pour l'anecdote, il existe au moins une autre île de la côte atlantique française accessible à marée basse par un passage submersible nommé Passe aux Boeufs, l'Île Madame en Charente Maritime, bien plus petite et également visitable à pied ou à vélo (pas EN vélo, car on n'est pas dedans, sauf les vélomobiles).
On peut aller EN vélomobile, mais on va À vélo.
Arrivée à vélo sur l'Île Madame au sortir de la Passe aux Boeufs. Crédit photo Patrice B.
Donc, aujourd'hui tour de l'île, ou plutôt un tour dans l'île car faire le tour complet à vélo est impossible, faute de voie cyclable à l'ouest.
En cliquant sur la photo, vous la verrez en plus grand.
La première halte après le pont était pour le U de Barbâtre, moins encombré que les supermarchés de Noirmoutier-en-l'Île.
La régionale de l'étape en a profité pour s'entourer d'une marmaille de petites-nièces et petits-neveux qu'elle a eu la surprise et le plaisir de trouver là, avec leurs parents.
Une fois ne sera pas coutume. Nous avons grogné après les cyclistes (d'occasion). Le bourg central de l'île est si fréquenté par cette engeance que c'est autant le bazar qu'à l'Île de Ré. Ils ne prennent le vélo qu'une fois par an, quand c'est tout plat et qu'il fait beau. Le vélo est pour eux un engin de loisirs pour lequel aucune règle ne s'applique. Il ne regardent pas où ils mettent les roues, se mettent à six de front sur les pistes cyclables en papotant comme s'ils prenaient le thé ou en baillant aux corneilles, et ouvrent des yeux ronds comme des petits enfants, ou deviennent agressifs comme les automobilistes qu'ils sont, quand on leur demande de tenir leur droite ou même juste de regarder en face d'eux.
Or, une piste cyclable est aussi une route. Le code s'y applique. Les règles ne sont pas faites pour faire ch... le monde, mais pour garantir la liberté de circuler de chacun en sécurité. Les crétins sans cervelle ni civisme ni empathie, quel que soit leur moyen de déplacement, sont des crétins. C'est dit. Que fait la police ? Elle s'occupe par ici des cambrioleurs, des pickpockets et des ivrognes, elle ne peut être partout. Ces cyclistes ont des excuses et le vrai dangereux demeure l'automobiliste irascible, même à Ré ou à Noirmoutier.
Les capitaines de ces rafiots n'avaient pas respecté les règles de circulation dans le chenal le long de la jetée Jacobsen qui délimite le polder Müllembourg (curieux ces toponymes nordico-teutoniques sur la côte atlantique). Ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient.
Pâté Hénaff, galettes Saint-Michel, crèmes dessert Malo, le pique-nique fleurait bon la Bretagne. Les moustiques aussi se sont régalés, de nos mollets. Le groupe a éclaté pour le(s) café(s). Ceux qui étaient derrière ont couru derrière ceux qu'ils croyaient être devant alors qu'ils étaient derrière parce qu'ils s'étaient arrêtés en cachant leurs vélos pour que ceux qui étaient derrière croient qu'ils étaient devant, tout en échangeant des communications téléphoniques de portable sur le thème "allo, t'es où ?" mais sans réponse faute de repérage des noms des lieux traversés. Les gags habituels dans certains groupes de cyclistes.
Les bateaux de plaisance sont devenus aussi voire plus nombreux que ceux de pêche au port de l'Herbaudière.
A Noirmout', le vendéen est progressiste. Un bateau se nomme "les misérables" et celui de la SNSM, reconnaissable à ses couleurs, est un hommage à un grand républicain vendéen, Georges Clémenceau. Je suis vendéen, canal Clémenceau.
Zont gardé la bâtisse et ses peintures, mais je doute que cette société de sauvetage existe encore.
Un cycliste a trouvé ombrage dans un environnement favorable.
Nous étions à la pointe nord, et nous avons frôlé les marais salants, autre richesse de l'Île. Il y a bien un millier d'années que l'on récolte le sel de cette manière, en augmentant progressivement la teneur en sel de l'eau de mer décantée par évaporation. Même quand il ne fait pas très chaud sur l'Île, le gosier du cycliste s'assèche vite à cause du vent, et les chemins sont très poussiéreux. L'arrosage des pommes de terre n'est pas superflu.
Saulniers au travail dans les oeillets.
Les cyclistes continuent de rechercher l'ombre, et de faire les zouaves.
Le groupe s'est ensuite scindé. Quelques uns sont rentrés comme ils étaient venus, sur le bitume [tracé rouge], quand le reste de la bande a pris des voies proches et parallèles par les digues plus sauvages aux passages plus cahoteux de la côte est [tracé bleu] pour rejoindre le pont situé au sud.
Cette côte est-sud-est est bien moins marquée par la présence humaine et offre des vues sur de plus grands espaces...
...et quelques drôles d'oiseaux.
Le retour par le pont s'est fait pour les uns par la voie des automobiles, largement assez large pour ne pas se faire tasser à droite et où la circulation dense ralentissait les voitures, pour les autres par le passage piétons, où ils ont eu la chance de ne pas avoir à croiser un autre groupe de cyclistes. Cette dichotomie ne recouvrait pas celles des polders versus bitume. A la carte on vous dit. Tout le monde est bien rentré sur le continent. Le programme du soir a été sensiblement le même que la veille, avec peut-être plus de modération dans l'ensemble.
Lundi
Nous étions un peu moins assurés de la météo pour ce lundi, le risque d'orage demeurant très faible. L'aller ayant été globalement satisfaisant, il n'y avait pas de raison de révolutionner ce même trajet au retour. Nous avons cependant évité les dunes (tracé orange) pour rejoindre l'église de La Barre-de-Monts et la boulangerie (tracé bleu) pour reprendre la route du Daviaud dans le marais.
Les images peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Nous avons failli avoir du mal à nous entendre sur le lieu de rendez-vous pour le départ. Des voyageurs sans carte ne différenciaient pas la chapelle de Fromentine (lieu-dit de la commune de La Barre-de-Monts, entouré en rouge ci-dessous) et l'église de La Barre-de-Monts (entourée en bleu), quand ceux avec carte ne savaient pas qu'il y avait une chapelle à Fromentine, et d'autres, ou les mêmes, croyant avoir entendu que le rendez-vous était à Saint-Jean-de-Monts, soit une douzaine de kilomètres plus au sud ! Les anti-zad pensaient que le préfet aurait du faire un communiqué officiel pour mettre bon ordre et discipline dans les rangs, et les zadistes qu'une assemblée générale avec vote de motions aurait permis l'expression des différentes tendances et réglé au moins provisoirement la question de manière anti-autoritaire. On a fini par se retrouver au bon endroit à la bonne heure, tous prêts à partir, du camping (entouré en vert). La vie en société, c'est pas si facile.
Le vent n'avait pas bougé depuis trois jours. Il soufflait toujours du nord-est. Il nous avait poussé à l'aller, dans le dos. Il nous pousserait donc au retour, dans le nez et nos bagages ventrus. Pendant 80 bornes. Grandeur et misère du cycliste voyageur, qui doit avancer vers son objectif sans faire trop de grimaces de bourgeois à cause de la météo. Noirm3-80K-LaBarredeMonts>Nantes En début de saison, le troisième jour de chaleur de suite avec des distances un peu conséquentes (qui, à notre allure, représentent 5 à 8 heures sur le vélo dans la même journée selon les conditions), on peut ressentir de la fatigue. Alors, on gère, en roulant le plus régulièrement possible, en buvant de l'eau et en mangeant, sans faire de trop longues pauses où l'organisme se refroidit. Les commandements de Velocio demeurent valables.
Signalé par une camarade, voilà une affiche placardée sur la devanture de la boulangerie en face de l'église de La Barre-de-Monts, qui ne manque pas d'humour pour signaler des disparitions. On espère que leur propriétaire a retrouvé Benito et Haya. Quoique, le nom du premier rappelle quelques souvenirs sinistres. S'il avait adopté un berger allemand, il l'aurait appelé Adolf ?
La façade néo-classique de l'église de La Barre.
Passé le Daviaud et les nains de Saint-Urbain, un premier arrêt au café de Châteauneuf s'imposait. 
L'arrêt suivant eut lieu, comme à l'aller, à Saint-Même-le-Tenu, à l'aire de pique-nique décidément agréable, et à mi-chemin de l'objectif du jour.
Les schismes se succédaient. L'une avait fait demi-tour dès Châteauneuf pour rejoindre la forêt de Monts avant de reprendre sa voiture à La Barre. Une autre camarade est montée dans sa voiture-balai personnelle à Saint-Même. Les mencheviks (majoritaires) ont décidé de faire une grosse pause là pendant qu'un groupuscule bolchevik (minoritaire) continuait sans plus attendre. Un dernier, qui devint donc premier, rejoignait Nantes fissa pour préparer son cartable pour le lendemain. A la carte.
Rien ne nous y oblige, et moins encore à cet endroit où de larges espaces sont disponibles, mais les cyclistes que nous sommes (les motards et les collectionneurs de 2CV ou de 4L le font aussi) alignent leurs machines comme à la parade.
Sur cette photo, 50% des vélos sont électrifiés. Ce ne sont pas pour autant des formule 1 à pneus de 10 mm de large raides comme la justice et fragiles comme de la soie mais plutôt de confortables engins de voyage qui avancent sûrement.
2 CV de collection alignées au Migron, comme des vélos, également électrifiés à 50%.
Les quatre rescapés eurent l'heureuse surprise de trouver un café ouvert à Saint-Mars-de-Coutais. Etions-nous vraiment un jour férié ? Raffarin, en rétablissant le travail sans salaire comme au moyen-âge, nous a mis un souk invraisemblable. On ne sait plus comment s'appelle ce lundi, sauf si on fait partie des professions libérales qui s'en foutent puisque ne participant pas à l'effort national (qui a dit : "c'est leur nature" ?).
Les préceptes diététiques sont plus ou moins suivis. Par certains encore moins, si l'on en juge par les impressionnantes réserves de cochonneries sucrées et colorées trimbalées dans les sacoches. Ah ! Jeunesse...
Pour finir ce week-end de soleil et de convivialité rigolarde, je vous propose un petit problème d'arithmétique (dont ma maman disait qu'elle donne la colique à tous les catholiques, mal aux dents à tous les protestants, et mal au ventre à tous ceux qui veulent l'apprendre) :
Tricycle avec remorque. Un pédaleur, cinq roues.
Diminution secondaire moteur pédalier du Fahrradfang avant nettoyage et graissage annuel.
- nous étions 24 roues, dont 1 trike avec une remorque biroues, 1 vélo classique avec remorque monoroue et 2 petits moteurs d'appoint pour aller de Nantes au pied du pont de Noirmoutier
- 14 cyclistes à faire le tour de l'Île le dimanche,
- un nombre variable selon les portions sur le chemin du retour vers Nantes,
- les plus assidus, mencheviks, ont fait 220 km de vélo en trois jours, quelques uns 20 de plus pour venir au point de rendez-vous et rejoindre leurs pénates, avec des vélos pesant, toutes charges comprises, de 90 à 140 kg,
- il est tombé 0 mm d'eau en trois jours, la température minimale aura été de 9°, la maximale de 25,1, les rafales maximales provenant du nord-est atteignaient 46 km/h et l'ensoleillement fut de 39,8 heures en trois jours,
- quel est l'âge du capitaine ?
Le problème a été rédigé pour la première fois par un certain Gustave Flaubert, en 1841 : « Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : Un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux. Il fait voile vers le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d’avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle N.-E.-E., l’horloge marque 3 heures un quart d’après-midi, on est au mois de mai… On demande l’âge du capitaine ? ». Elle est où la réponse, elle est où ? Zut, j'ai pas l'appli.