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La pompe à emporter
La mode est aux mini-pompes. Mes limites physiques ne me permettent pas d'appuyer comme un âne sur une mini-pompe pour obtenir le minimum de pression requis pour repartir en sécurité. J'ai tendance à penser qu'une mini-pompe permet un mini-gonflage, mais pas plus. Je ne suis pas loin de croire comme quelques acteurs du forum Brompton que bon nombre des pompes vendues dans le commerce sont de la daube. Ne partez jamais avec une pompe que vous n'avez pas essayée. Ce conseil est valable pour beaucoup de matériels (mais ne l'est pas pour les allumettes, hihihi).
Quand j'ai un vélo neuf, ce qui m'arrive de temps en temps, je commence par lui démonter les deux roues, enlever au moins une chambre à air et remonter le tout. Ainsi, en cas de problème, la demi-heure que j'ai passée en prenant mon temps me permet de connaître déjà toutes les particularités du vélo pour réparer sans m'affoler afin d'écarter les patins de freins, dévisser la roue, l'enlever, et tout refaire à l'inverse. La dernière fois, mon vélo neuf a crevé pour la première fois au bout de 15000 km. Je me souvenais comment monter et démonter.
Je n'ai pas la prétention de présenter tous les modèles de pompe existants. Il y en a des centaines. Je fais voir quelques exemples de pompe que j'ai eu l'occasion de tester, parfois longuement.
Il n'est pas indispensable de savoir comment fonctionne une pompe. Mais quand même, ça peut aider à comprendre deux ou trois trucs pratiques. Rien de théorique là-dedans, juste la curiosité de dévisser ce qui se dévisse pour voir à quoi ressemble l'intérieur et faire un peu tourner les méninges.
Voici ci-dessous une Lapize d'origine. Louis Octave Lapize était un grand coureur cycliste professionnel qui devint pilote et formateur de pilotes d'avions pendant la première guerre mondiale, il fut un des premiers à vendre des accessoires cyclistes sous son nom. Cette authentique Lapize fait 50 cm de long (environ 48 resserrée entre pointes), 97 g de poids avec embout. Ses avantages sont sa légèreté, sa robustesse, sa longévité, et que toutes les pièces étaient remplaçables. L'inconvénient est sa faible puissance, due notamment à la perte de pression aux jonctions entre la pompe et l'embout (tuyau), et entre l'embout et la valve, même en vissant bien. On pompait beaucoup, ça chauffait le corps de la pompe, mais ça gonflait peu, d'autant que nos petits bras d'enfants n'avaient guère de force.
Un enfant de dix ans peut très bien réparer une crevaison. Heureusement pour nous, sinon, on ne serait jamais revenus à la maison, avec les chemins pourris (gros cailloux, clous de fer à cheval...), que nous empruntions et nos pneus de qualité assez relative (des Michelin 650B demi-ballons pourtant) on crevait régulièrement... A cette époque, les enfants n'étaient pas des paquets de gras-double que l'on trimballe sur la banquette arrière du monospace ou du SUV mais des humains autonomes, aventureux et astucieux, des humains quoi.Cette pompe, comme quasiment toutes les pompes, est pourvue d'une bague qui se dévisse là où la tige s'enfonce dans le corps, ici en noir.On dévisse, à la main (c'est pas du gros métal), et on voit l'intérieur et donc la constitution très simple de la pompe. La pièce essentielle est le piston conique, qui sert à empêcher l'air de remonter vers le manche, comme un clapet, et qui compresse l'air quand on appuie sur le manche. L'air comprimé ne peut s'échapper que par le petit trou en bas, d'où il se dirige vers la chambre à air. On obtient grâce à cet ingénieuse technologie une pression d'air supérieure à la pression atmosphérique (4 à 6 fois sont nécessaires pour un vélo de ville ou de voyage, moins pour un VTT, plus pour un vélo de course), indispensable pour disposer d'un véhicule confortable et à la tenue de route correcte. Le ressort est utile pour que la pompe reste coincée entre les deux pointes du cadre, mais a pour inconvénient d'empêcher que l'on appuie à fond sur le piston, et est donc une gêne supplémentaire pour obtenir une bonne pression.Zefal, un constructeur d'articles pour vélo français dont le siège et l'usine sont situés à Jargeau près de la Loire, propose toujours une pompe de type Lapize, en aluminium, avec des améliorations, et un adaptateur pour valves Schrader. Cet accessoiriste existe depuis 1880. Ils ont inventé par exemple la valve Presta. Cette pompe vaut environ 12€. Le nom Zefal date de 1920. Il a beaucoup à voir avec les pompes. "Zef" vient de l'argot "vent" et "al" de "alumininium". Zéfal veut donc dire à peu près du vent dans l'aluminium.
Cette bécane acquise il y a quarante ans n'avait déjà plus de Lapize (ni sa selle en cuir d'origine) mais encore une pompe de cadre. Ces vélos étaient vendus avec la trousse à outils Mafac, que j'ai encore.
Des petites pompes à emporter
Les sportifs portent la pompe légère et courte, facile à glisser dans la poche. Le sportif n'a pas de sacoches. Le sportif ne met pas de pompe sur son cadre. Le sportif appelle maman pour qu'elle vienne le chercher avec un véhicule produisant des gaz à effet de serre et dispersant des particules nocives dans l'air quand il a un problème. J'en connais qui n'emportent pas de pompe qu'ils jugent trop lourde, trop encombrante, trop peu favorable à la "performance" (ce qui fait bien rire les coureurs de D1 qui appartiennent au même club que moi). Nous sommes dans un site de grandes personnes et non de sportifs du dimanche qui ont des vélos du dimanche. Le sportif, même s'il répare parfois au bord de la route, utilise des petites cartouches de CO2 sous pression, bien plus lègères et de taille réduite. Je me méfie, comme ce sportif grand garçon et honnête (les sportifs sont très majoritairement des gens biens, je rigole) : les aléas du gonflage au CO2.
Une mini-pompe peut être utile en voyage, ou pour aller au travail. Elle se range facilement dans une sacoche, à l'abri du regard plein de convoitise des voleurs qui rodent toujours à l'affût d'une pompe à vélo dont la cote chez les receleurs est particulièrement élevée car il existe un marché parallèle florissant de la pompe à vélo (ou pas).
Le gros inconvénient de la mini pompe est sa petite taille. Son cylindre de taille réduite en diamètre et longueur est un obstacle pour envoyer de l'air en quantité suffisante et à une pression suffisamment élevée dans la chambre à air. Alors, d'ingénieux inventeurs ont tenté de trouver des solutions pour pallier à cette petite taille.
Zefal a choisi, pour ce modèle Duo 520 de 24 cm et 143 g, le double piston, qui permet d'envoyer une quantité d'air plus importante qu'avec un piston simple. Le levier permet de bien coincer la pompe sur la valve et évite les pertes d'air. Elle me semble plutôt destinée aux grands volumes (VTT) qu'aux hautes pressions (course sur route). Elle n'est plus fabriquée, mais il existe des équivalents.
Cette mini pompe peut être utilisée pour les valves Presta et Schrader, comme à peu près toutes les pompes. Il faut dévisser la bague au bout de la pompe. Le cyclindre en caoutchouc, qui est un joint réversible, a deux diamètres possibles, un petit à un bout pour les valves Presta et un gros à l'autre bout pour les valves Schrader. Pour retourner ce petit cylindre de caoutchouc, on peut utiliser n'importe quoi de non tranchant et d'un diamètre inférieur au plus petit trou : clé alène, tournevis, morceau de fil de fer... Les singes parviennent à attraper du miel dans un trou avec une longue brindille. Soyons aussi intelligents qu'eux (mais ils sont plus rapides que nous pour certaines tâches qui demandent réflexion).Ce modèle en plastique m'a été utile deux ou trois fois en une douzaine d'années. Elle ne gonflait pas beaucoup non plus en pression maxi, mais sa faible longueur taille et sa légèreté se faisaient oublier au fond de ma sacoche de bureau. Elle me permettait de regonfler pour rentrer à la maison où la pompe d'atelier faisait son office.
Je promène encore la pas tout à fait mini pompe ci-dessous. Une allemande avec un corps surdimensionné pour envoyer plus d'air, un manche en T pour augmenter la force d'appui, un levier qui resserre le joint pour minimiser les pertes d'air et un manomètre pour savoir combien de bars ou de PSI on envoie dans la chambre. Elle m'a servi à bien des reprises, a fait des dizaines de milliers de kilomètres dans les sacoches. Elle est en alu, mesure 32 cm de long, pour un diamètre de 27 mm et pèse 180 g mais fait plutôt bien le boulot sans qu'il soit nécessaire d'être Hulk en colère pour arriver à ses fins. Elle coûte environ 13€, hors frais de port.J'ai acquis sa petite soeur récemment. Elle reprend des ingrédients pour une part semblables : corps en aluminium, manomètre, mais diffère par sa technologie. Au lieu d'un gros piston, la pompe est "double effet", elle envoie de l'air dans la chambre en tirant et en poussant sur la poignée (et la poignée a une petite protubérance qui permet de bien l'accrocher avec le pouce). Et ça marche. Autre particularité : elle s'adapte toute seule aux deux types de valve sans qu'il soit besoin de dévisser quoique ce soit. Elle pèse 175 g (quand même...) et mesure 24 cm. Ce n'est pas de l'ultra léger pour sportif, mais a l'air solide, c'est une pompe qui gonfle, en tirant et poussant avec énergie quand même. Elle coûte 11€ sans le port et est garantie 5 ans. On la trouve chez Rose VPC.Des cécéïstes, ce qui s'écrit plus couramment CCIstes, c'est à dire des adhérents de Cyclo camping international, qui sont souvent des gens d'expérience, recommandent un autre modèle ligérien, la Zéfal Profil Mini RG01, mini-pompe à pied, utilisable avec Presta et Schrader, manche en T, corps en alu, semelle repliable en acier, et raccord long avec manomètre intégré. Elle pèse 215 g et mesure 34,5 cm de long et coûte dans les 25 à 30€. Certains préfèrent le raccord souple au levier. Chacun son truc. Faut tester pour choisir. J'ai acquis cette Zefal, et constaté qu'elle fait bien le boulot sans qu'il soit nécessaire d'être un Hercule.
Pour 70-80€, vous aurez une pompe à pied de 35 cm de long pour 320g, une Topeak Turbo Morph qui gonfle bien bien selon d'autres CCIstes.Toutes ces mini pompes ont en commun de n'être pas si mini en longueur et/ou en poids. C'est la contrepartie d'une certaine efficacité. A 10 ou 80€, l'essentiel est de les avoir testées en conditions réelles pour savoir si vous vous en débrouillerez tout-e seul-e au bord de la route, un jour de grand froid sous la pluie. Essayez donc celles de vos ami-e-s. Essayez vraiment, ne vous contentez pas de regarder les autres faire.
La pompe de cadre, utile même aux prolétaires.
Le titre, c'est pour le jeu de mots. Les prolétaires utilisent les mêmes pompes que les cadres. Quoique. Les cadres ont tendance à croire au progrès. Ils font même profession de professer le changement. Alors, ils ont des petites pompes, qui parfois ne pompent pas grand chose. Les travailleurs manuels ne croient que ce qu'ils touchent, alors ils ont des pompes efficaces. Il y a aussi des cadres intelligents et des prolétaires stupides. Mais c'est rare.
La grande pompe présente l'avantage insigne, ce qui veut dire qu'elle porte les signes de la royauté, d'avoir un long corps mince. Elle pourrait donc être embauchée comme mannequin. Surtout, cette forme l'autorise à pousser fort une bonne quantité d'air. Elle est donc efficace sans ruse technique supplémentaire. Comme elle est grande, elle ne rentre pas dans la sacoche. Elle a donc un trou au bout pour qu'une pointe soudée dans le cadre, ou une pointe ajoutée sur le cadre (Klickfix en fabrique et en vend toujours) permette de la fixer sans coup férir grâce à son ressort.
Zéfal, encore eux, a inventé une grande pompe dont le ressort peut se neutraliser quand on pompe. Ainsi, le ressort sert à faire tenir la pompe sur le cadre, et est neutralisé pendant le pompage, permettant ainsi d'obtenir une plus haute pression. Et c'est bien.
J'ai promené ce genre de pompe sur le cadre de ma randonneuse légère qui était équipée en pneus de 22 mm de large gonflés à 7 bars pendant des centaines de milliers de kilomètres. Je crevais deux ou trois fois par an, quatre ou cinq fois les mauvaises années. Les petits pneus sont légers, roulants, aérodynamiques, peu confortables et fragiles. On ne peut tout avoir en même temps.
Voilà donc une Zéfal fpX (fp pour forte pression ?) de taille 4 s'adaptant à un cadre de 55 cm. On réparait en quelques minutes, grâce à l'entraide du groupe. L'un démontait, l'autre vérifiait l'intérieur du pneu et le fond de jante, un troisième regonflait la vieille chambre pour tenter de trouver le trou, le premier commençait à gonfler la chambre de rechange et à la remettre dans le pneu vérifié, on s'y mettait à deux ou trois si nécessaire pour remettre le pneu autour de la jante, ce qui réclame de la force et plusieurs mains valent mieux que de risquer de pincer la chambre avec un démonte-pneu, il ne restait plus qu'à remonter la roue et refaire la pression. Nous avions tous des bonnes pompes et le savoir-faire. En cinq à dix minutes grand maximum c'était plié. Entrainement, qualité du matériel, savoir-faire, solidarité et organisation. Rien à voir avec les petits-bourgeois individualistes qui regardent une pompe comme si c'était un objet extra-terrestre.Ce type de pompe autofixable légère et efficiente a hélas disparu du catalogue. Julien Alexandre explique bien tout sur le site de sa boutique Cyclo Randonnée.
On aperçoit la casquette sous le casque à grande visière de Monsieur Fernand, auteur du principe du même nom, qui prêtait main forte et experte lors d'une sortie où un président chuta.J'ai adopté une hpX (hp pour haute pression ?) avec corps en alu et levier pour éviter les fuites entre la pompe et la valve, à peine plus lourde (208 g) que ma grande fpX4 (185 g) mais tout aussi efficace bien que moins longue.
Je la pose derrière le tube de selle en position ressort actif. La plus petite taille permet de la mettre dans une grande sacoche, si on craint le gang des voleurs de pompe à vélo.Faute d'avoir une pointe ou de pouvoir en mettre une sur le hauban ou le tube, j'ai fabriqué un bracelet velcro qui la coince, avec du fil, une aiguille à chat et du velcro acheté au mètre au supermarché. L'aiguille à chat est une fantastique invention technologique des Solutréens vers -20000 et/ou des Denisoviens vers -45000 qui a révolutionné le sort de l'humanité en permettant d'assembler des vêtements efficaces contre le froid ou la pluie. Je suis incapable de de tailler les pierres ou faire du feu avec des silex, et vous en savez maintenant autant que moi sur les pompes à emporter sur le vélo.
La cartouche de CO2 utile en dernier ressort
Quand on arrive à manquer de force, même avec une pompe de bonne qualité, on doit se résoudre à être aussi fainéant qu'un sportif adepte de la légèreté à tout prix et d'un encombrement minimal. Un gonfleur à cartouches de gaz carbonique peut alors être utile. En voici un modèle, il en existe d'autres. Celui-ci peut être utilisé sur tous les types de valves sans adaptateur et admet les cartouches à visser de toutes les marques.
S'en servir n'est pas sorcier. Même si on ne comprend rien à l'anglais, on voit de quoi ce beau jeune homme nous parle (avec une voix assez désagréable) : https://www.youtube.com/watch?v=yhKEV7Tebh4
Une cartouche de 16 grammes permet de gonfler un peu de 35-622 à 3.5 bars. Pour gonfler correctement un pneu de randonnée, d'autant plus avec un vélo chargé, utilisez des cartouches de 25 grammes.
Enfin, ces cartouches contiennent du gaz sous haute pression. On veillera à respecter scrupuleusement les consignes de sécurité lors de l'utilisation. Lisez les modes d'emploi, nom d'un petit bonhomme de bois !