Une bonne position est un préalable au confort et au rendement, même sans rechercher la performance. Suivent quelques vieux trucs, qui datent des années 1970, donc du millénaire précédent, et qui demeurent d'actualité, le vélo étant une machine pragmatique. Je n'invente rien et paraphrase des auteurs connus de l'époque (Daniel Rebour par exemple). J'ajoute quelques petits crobards. Ces conseils ne sont évidemment valides que pour les vélos droits, classiques.
Il existe trois types de positions principales sur un vélo droit : sport, voyage (ou trekking) et ville. Elles sont présentées au point 2 de la page choisir un vélo de voyage
Les réglages, à faire de préférence dans l'ordre indiqué.
Horizontalité de la selle.
- Vérifier que la selle est horizontale.
- Un niveau à bulle peut être nécessaire ; il permet aussi de vérifier que le sol est lui-même plat.
- Positionner le vélo le long d'un mur, le guidon posant sur le mur pour que le vélo soit en équilibre vertical et repose sur ses roues sans l'assistance d'une autre personne.
- Si l'on ne dispose pas de niveau à bulle, une planche posée en équilibre sur la selle permet de jauger « à l'œil » , en se reculant un peu au besoin, que la planche est bien parallèle au sol, et donc la selle horizontale. Il est aussi possible de se confectionner l'équivalent d'un niveau à bulle avec un verre à base relativement large, un peu d'eau, un élastique étant disposé à hauteur du niveau d'eau (ou le niveau d'eau ajusté à hauteur de l'élastique) pour vérifier l'inclinaison (attention à ne pas faire tomber le verre...). Le verre est à poser sur une petite planche (on peut emprunter la planche à découper dans la cuisine si on a rien d'autre) reposant elle-même sur la selle.
- Pour une femme, la pointe de la selle peut être très légèrement inclinée vers l'avant et le bas. Pour un homme, la pointe peut être légèrement inclinée vers le haut, surtout si on a l'impression de glisser vers l'avant de la selle en essayant le vélo. Ce deuxième essai est à faire dans un second temps, après tous les autres, les selles étant fréquemment un peu creuses en leur milieu, ou se creusant sous le poids du cycliste, donc conçues pour être positionnées à l'horizontale quand personne n'est assis dessus.
Hauteur de selle (HS)
- Enfourcher le vélo. On peut être en équilibre contre un mur, le vélo n'a pas à bouger pour un premier réglage approximatif de la hauteur de selle.
- Poser les talons (et non l'avant du pied) sur les pédales, avec des chaussures à semelle pas trop épaisses.
- Tourner les pédales en arrière (et non en avant).
- Les jambes doivent être à peine tendues, et il ne doit y avoir aucun déhanchement (le bassin doit rester fixe pendant le mouvement et ne pas du tout basculer).
- La hauteur par rapport au sol n'a rien à y voir. Un engin à deux roues où on peut poser les pieds au sol en restant assis sur la selle est une draisienne. Elle constitue un très bon préalable à l'apprentissage de la bicyclette pour les enfants de quatre ans et moins.
Recul de selle (R)
- Enfourcher le vélo.
- Poser les pieds tels qu'en situation de pédalage, c'est à dire que l'articulation du gros orteil est à l'aplomb de l'axe de la pédale (beaucoup de cyclistes perdent de l'énergie en appuyant du milieu du pied).
- Positionner une cuisse à l'horizontale (parallèle au sol).
- Positionner la manivelle du pédalier à l'horizontale (parallèle au sol).
- Un fil à plomb (ou un bout de ficelle à rôti avec un gros boulon ou n'importe quoi d'autre de lourd et peu encombrant attaché au bout) doit passer verticalement du creux interne de la rotule à l'avant de l'axe de la pédale.
- Reculer ou avancer la selle pour obtenir cette position moyenne, qui pourra être affinée par la suite.
Le réglage du recul de selle se fait à partir du corps. C'est assez approximatif. Pour mesurer sur le vélo (sans la pédaleuse ou le pédaleur), c'est plus coton. Il existe des sortes de grandes équerres spéciales. Je n'en ai pas. Je pose une planche large au sol dont le bord passe par à peu de choses près par l'axe du pédalier, puis j'utilise une équerre de menuisier pour mesurer ce recul de selle, qui est la distance entre le bord de la planche et la pointe de la selle, entre la ligne imaginaire partant du sol et passant par le milieu de l'axe de pédalier et la pointe de la selle. Capiche ? L'important là aussi est de mesurer toujours à partir des mêmes points, et de ne pas oublier d'intégrer si besoin l'épaisseur des planches par exemple dans les mesures (ou bien utiliser toujours la même planche). Ne croyez pas les tableaux conçus pour les jeunes coureurs. Ils sont jeunes. Ils croient à la magie des chiffres.
Hauteur selle-cintre (D)
- Avec la même planche que pour vérifier l'horizontalité de la selle, ou n'importe quoi de rigide, droit et de suffisamment long, que l'on pose à plat sur la selle, vérifier que la selle est à la même hauteur que le dessus du cintre (= le guidon) à proximité immédiate de la potence.
- A défaut d'avoir une planche à disposition, et pour autant que le sol soit plat, on peut mesurer la hauteur du dessus de la selle et du dessus du cintre par rapport au sol.
- Les réglages sont variables selon l'âge et le type de pratique.
- Au-delà de 50 à 60 ans, et pour une pratique de ville ou de promenade, et pour une femme, la selle est à peu près à la hauteur du cintre, voire un tout petit peu plus bas (le cintre ou guidon étant un peu plus haut que la selle).
- Au-delà de 60 ans, et avant si on ne recherche pas l'aérodynamisme ou qu'on peut difficilement plier le dos de quelques degrés, le cintre peut être plus haut que la selle. La posture hollandaise, de curé de campagne, est typique des cyclistes d'occasion et fréquente chez les urbains. Elle peut faire mal au derrière et/ou aux vertèbres lombaires car tout le poids du cycliste y est concentré et il prend tous les chocs. Elle rend également le vélo difficile à contrôler, la direction étant bien trop légère. Avec un vélo chargé à l'arrière, on accentue encore ce problème de tenue de route.
- Si l'on est plus jeune, ou plus souple, ou un homme, le cintre sera plus bas que la selle de 1 à 2 cm, soit de l'épaisseur d'un doigt à la largeur d'un doigt. Les coureurs mettent leur cintre beaucoup plus bas que la selle, parce qu'ils pédalent davantage penchés pour être aérodynamiques, moins prendre le vent. Nous autres promeneurs, vu les vitesses atteintes et le format de nos sacoches, l'aérodynamisme, on s'en badigeonne le coquillard avec le pinceau de l'indifférence. On préfère le confort.
Distance selle-cintre (S)
- La distance selle-cintre se mesure entre la pointe à l'avant de la selle et le cintre(= guidon) à proximité immédiate de la potence pour un cintre de course, ou au bord du cintre pour un cintre de ville. Peu importe où on prend la mesure, l'important étant de la prendre toujours de la même manière.
- La longueur moyenne de base est la coudée. La longueur des selles étant variable, ce n'est qu'une valeur approximative de base.
- La coudée est la longueur entre la pointe du coude et la pointe du majeur.
- La distance selle-cintre est variable selon l'angle du dos et le type de pratique (et donc aussi l'âge du capitaine et sa souplesse) :
- elle est plus faible pour une pratique de ville et/ou après 50-60 ans, avec un dos entre 60 et 90° par rapport à l'horizontale,
- elle est à peu près d'une coudée (distance entre la pointe du coude et celle du majeur, la main étant tendue) pour une pratique de cyclotourisme, avec un dos entre 45 et 60°,
- elle est plus importante pour un coureur, avec un dos entre 0 et 45°, voire inférieur à 0°, et l'on a alors vraiment le nez dans le guidon, ce qui n'est pas recommandé sur route ouverte à la circulation et ne permet pas de profiter du paysage.
Ces cinq réglages constituent la base d'une position correcte et normalement sans risque pour les articulations. On peut les affiner par tâtonnements successifs. Je m'étonne que les marchands de vélo ne les mettent pas systématiquement en pratique. Plus exactement, je fais semblant de m'étonner. Les marchands de vélo conseillent pour orienter vers ce qu'ils sont à vendre. Si on veut léger, il proposent du vélo de course. Si on veut confortable, ils proposent du VTC. Mais le vélo plutôt léger, confortable, qui permet de faire de longues distances, celui que j'apprécie, il n'y en a pas chez les industriels. Alors, ils se préoccupent peu des réglages. Mais ne persiflons pas, comme dans tous les commerces, il y a des bons techniciens de bon conseil et qui savent prendre le temps nécessaire pour régler correctement les machines en fonction de l'âge, des problèmes physique éventuels et du type de pratique de chaque client.
Pour approfondir, si on veut, voici un doc que je trouve d'une grande clarté, dont l'auteur est Philippe Masson que je remercie : reglages-velos.pdf
Les outils nécessaires à la réalisation de ces réglages sont peu nombreux. Sur un vélo de conception récente, trois clés Alènes (clés pour vis à six pans creux) de 4, 5 et 6 mm suffisent. Avec un vélo de conception un peu antérieure, des clés plates pour vis six pans de 10 à 13 mm peuvent être utiles. Certaines potences articulées de vélos de ville actuels se règlent en hauteur et inclinaison, donc aussi en distance par rapport à la selle, sans outils.
Pour réaliser ces réglages, si on est peu versé a priori dans la mécanique, on pourra utilement consulter http://velo-reparation.fr/entretien/fiches_techniques.php ou ce site pour VTT, mais un VTT c'est un vélo : http://www.webtt.com/atelier-vtt
De lecture aisée et même plaisante, détaillées et riches d'enseignements, les pages de François Piednoir sont la meilleure référence, pour la position on regardera notamment dans Aptitudes et manière le chapitre 15 "se mettre en bonne position", on pourra lire avant et après avec le plus grand profit : http://www.piednoir.com/index.html
Un instrument de mesure, genre mètre-ruban, peut aussi être utile. On peut noter les différentes mesures : hauteur de selle (de l'axe du pédalier au centre de la selle), distance selle-cintre, hauteur selle-cintre, soit pour les reporter sur un autre vélo quand on en change, soit pour revenir aux réglages de base quand on en teste d'autres.