Nantes Dinard et retour

Je ne suis pas Charlie. Enfin, si, je suis Charlie. Je ne me nomme pas Charlie pour autant. Je suis pourtant parti avec cinq femmes pour ce voyage itinérant en cyclo-camping de Nantes à Dinard et retour. Elles ne sont pas spécialement drôles. Enfin, si, elles ont de l'humour. Elles ne sont pas des drôles de dames pour autant. Et alors ? La misogynie n'est pas plus mon fait au retour qu'au départ. Je n'ai pas constaté de différence entre ce groupe et un groupe plus paritaire.

Ce départ était prévu de longue date. Nous nous réunissons en hiver pour proposer et décider des voyages et séjours de la saison qui s'annonce. Le planificateur de chaque périple lance les invitations, répond qui veut parmi les sollicités. Nous partîmes en juillet de Nantes, à six, deux autres nous rejoignant à Taden, près de Dinan, pour la boucle Taden-Dinard-Dinan-Taden. Quelques uns d'entre nous avaient déjà fait une partie de ce parcours l'année dernière 3,75 Dinard

Avant le départ, je me prépare.

J'ai monté ma nouvelle tente, une Hubba Hubba NX de MSR, dans la grande pièce. Elle est autoportante, elle tient toute seule sans sardines. Elle est plus grande que ma précédente, 500 grammes plus lourde aussi (1.7 kg contre 1.2 kg). Les tissus m'ont semblé plus fragiles, et moins protecteurs en cas de fraîcheur. J'en recauserai. Je l'ai montée avant parce que je ne tiens pas à m'interroger sous une pluie éventuelle lors du premier montage en extérieur en fin d'étape et en plein vent.

Dès la veille au soir, tout était dans l'ordre et dans les sacoches.

JOUR 1 VIR1 de Nantes à Blain

Les images peuvent être agrandies en cliquant dessus. Sauf les profils.

Le lien vers la carte : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=wifalyaoeulrmwjr Il est possible de zoomer sur la carte au bout du lien sur GPSies, en cliquant sur "plein écran" en haut à droite de cette carte puis par le bouton "+" en haut à gauche ou avec la molette de la souris.

Le drapeau vert indique le point de départ, le rouge celui d'arrivée. On voit que nous avons cheminé vers le nord puis vers l'ouest.

Je prépare mes parcours sur le site GPSies, que je télécharge ensuite dans mon GPS. Je procède ainsi : Un site pour les parcours GPSies J'avais intitulé ce voyage "Vilaine Ille et Rance" VIR en abrégé. Les étapes sont donc numérotées VIR1, VIR2, VIR3, etc.

Le profil du parcours. Pour éviter de se faire abuser par le profil, il faut regarder l'échelle à gauche, qui va de 5 à 40 mètres seulement. Le dénivelé positif est de 300 mètres pour 55 km, soit 545 mètres pour 100 km, ce qui est peu. La distance effectivement accomplie aura été de 60,3 km. On fait toujours un peu plus que ce qui est prévu, à cause des détours pour trouver le troquet ou la boulangerie, le supermarché ou la chapelle du XVème.

Le GPS est un outil très pratique qui libère l'esprit de la lecture de la carte et de la recherche des indications d'itinéraires, ce qui est d'autant plus important quand on fait le choix des petites routes tranquilles, ou même de parcours prévus pour le vélo, où les aménageurs ont "oublié" les indications, ce qui est fréquent. S'il en était ainsi pour les voitures, ce serait un sacré bazar. Les cyclistes sans doute ont un sens inné de l'orientation, comme les pigeons et les cigognes, c'est du moins ce que semblent croire les aménageurs. En pour de vrai, celui qui n'a jamais pesté à un carrefour jettera la première boussole.

Le GPS peut tomber en panne et laisser choir au milieu d'un voyage celui qui lui a fait confiance. Ce n'est pas qu'une formule, ça m'est arrivé. La carte et la boussole fonctionnent toujours. Je prépare donc également le parcours "à l'ancienne". Je surligne mon parcours sur une carte, en inscrivant le numéro et la situation du camping de chaque étape. J'affiche cette carte sur le lecteur de ma sacoche de guidon. Je dispose ainsi d'une vue large sur la carte et d'une vue précise sur l'écran du GPS, qui contient la carte IGN au 25/1000ème dite "carte d'état major".

La bonne échelle de carte pour le voyage à vélo me semble être l'IGN au 100000ème où 1 cm représente 1 km. Les cartes Michelin 200000ème ou versions agrandies plus récentes au 150000ème ou 175000ème ne sont pas assez détaillées pour faire figurer les routes vicinales que j'affectionne, même si elles sont bien conçues, avec des points de repère pertinents et l'indication des voies vertes. Les cartes au 25000ème ont une échelle trop petite, adaptée à la marche et non au vélo de route. Il en faudrait des caisses pour un périple d'une dizaine de jours, et tourner la carte tous les 3 km environ pour un voyage sud-nord-sud comme celui-ci, quand on change de pli tous les 12 à 15 km avec une carte IGN 100000ème. Je complète par un descriptif sous forme de tableau pour que chacun dispose des informations lui permettant de se situer Descriptif vilaine ille rance (84.29 Ko)

La météo du jour fut assez clémente, avec des températures de 18 à 25°, une absence de précipitations et un vent favorable. Mais gris.

Nantes brille toujours par des indications très lacunaires sur cet itinéraire (et quelques autres), qui fait pourtant partie des Eurovéloroutes européennes. J'en ai déjà causé là : NANTES toujours indigente pour les voyageurs à vélo Depuis cet article, la situation s'est bien améliorée, du moins quand on sort de la commune de Nantes qui reste à la traine. Revenons à notre plaisant voyage vers Dinard. 

Tout le monde sont prêtes au jour dit, au lieu et à l'heure convenus. Le départ est imminent.

Deux mariages ce samedi à La Chapelle-sur-Erdre, premier clocher sur la Vélodyssée vers le nord en partant de Nantes, dont un de camionneur si j'en juge par la présence bruyante d'un tracteur de semi-remorque au klaxon aussi sonore que celui de mon vélo, un Airzound http://www.cyclable.com/46-klaxon-velo-airzound.html

Nous étions bien plus intéressés par les bars autour de l'église.Après avoir longé la départementale 69 par un aménagement cyclable sécurisant, ou avons rejoint la quiétude du chemin de halage.D'autres voyageurs circulent à vélo sur le chemin de halage qui est ici un chemin blanc bien roulant.

Le canal est un système hydraulique complet et remarquablement ingénieux. Il est alimenté en eau par des réservoirs conçus lors de la construction, comme le grand réservoir de Vioreau. Des déversoirs sont prévus pour les hautes eaux, tel celui-ci. Nous approchons de Blain, où nous avons fait étape au camping municipal situé près du château de la Groulaie.

VIR2 de Blain à Guipry

Le parcours du jour. http://www.gpsies.com/map.do?fileId=kgfbhfteunnvhwkg 55,7 km prévus pour 59 km accomplis, et un dénivelé de 423 mètres, soit 760 mètres aux 100 km. Le dénivelé est plus important qu'hier. Le choix a été fait de ne pas suivre le canal de Nantes à Brest (morceau de l'Eurovéloroute 1 dite "Vélodyssée" en France) en passant par Redon mais de couper par la campagne pour rejoindre la Vilaine à Beslé où la V2 nous emmenera jusqu'à Dinard. Les véloroutes et voies vertes ont des numéros, comme les routes à bagnoles. Sans être montagnarde (très loin s'en faut, vraiment très loin), cette étape comprenait le franchissement de quelques collines moins plates que les chemins de halage.

On voit sur ce profil que nous avons monté par paliers successifs d'une altitude de 15 mètres à 90 mètres, avant de dégringoler puis remonter et redescendre un peu jusqu'à retrouver un chemin plat à partir du km 35.Nettoyage de tente au moment du pliage. Je ne fais jamais ça, sauf si un volatile y fait tomber sa fiente. "Chacun fait fait fait c'qui lui plait plait plait" est le refrain du premier rap français, un des meilleurs à mon avis. La chanson du groupe Chagrin d'amour en 1981 débutait ainsi : "Cinq heures du mat' j'ai des frissons / Je claque des dents et je monte le son / Seul sur le lit / Dans mes draps bleus froissés / C'est l'insomnie / Sommeil cassé (...)." Drôle de dame faisant des étirements au pied des marches sur le parvis de l'église de Blain. Je n'ai pas entendu les commentaires ruraux des consommateurs du café-tabac-journaux d'à côté. Le granit peut soulager un mal de dos naissant. CQFD et en toute sérénité.

Le peloton va son petit train au travers la forêt du Gâvre.

La descente dans les bois vers Guéméné-Penfao par la D125.

Collation près du rond-point à Guéméné.

Ce soir, en exclusivité cantonale, la retransmission de la finale de l'Euro sur écran géant dans la salle des fêtes avec bar, restauration, viande saoule et beuglements (pas plus qu'ailleurs, mais probablement pas moins). Je passe.

Beslé, arrivée sur la V2, chemin de halage le long de la Vilaine et du canal d'Ille-et-Rance. L'heure était venue de la pause méridienne.Vue de l'autre rive.

De nombreux ouvrages d'art ponctuent le parcours. La véloroute est tantôt (très) poussiéreuse, tantôt goudronnée, et tantôt un peu frustre avec terre cahoteuse et cailloux proéminents. Je préfère l'asphalte, ou un revêtement un peu écolo et tout aussi doux et roulant, comme le Végécol. Trop cher sans doute pour les vélos, mais quand on voit les sommes mises pour les bagnoles, on se dit qu'il demeure une forme de mépris à l'égard des cyclistes. C'est ben bon pour qui qu'c'est, comme on disait chez maï. J'abuse de cette expression locale, qui est à l'origine une formule de politesse en réponse à une remarque sur la simplicité de la présentation (d'un mets par exemple) et signifie "nous sommes entre gens simples, ne nous encombrons pas de manières de bourgeois". Là, le bourgeois bureaucrate se fout un peu de la tronche du prolétaire cycliste aux lourdes sacoches qui finit par être lassé de se taper le fion sur les cailloux et d'attraper des crampes aux mains en essayant d'aller droit sur un chemin dégradé.

On m'objecterait éventuellement que le caractère de voie verte, dont l'usage par les piétons (et les ânes), et la préservation du milieu, ont abouti au choix d'un revêtement "naturel". Alors, faites au moins du chemin blanc correctement damé qui ne se désagrège pas ni ne se transforme en boue à la première averse, sans caillasses qui nous secouent comme des pruniers, sans planche de 10 cm en haut de la butte couverte de gros graviers pour franchir la route où circulent des voitures roulant à 90 km/h. Le cycliste en VTC ne demande pas un anneau de vitesse pour boyaux siffleurs. Que les aménageurs cessent d'opposer des prétextes fallacieux freinant le tourisme à vélo, tout en prétendant par ailleurs le favoriser, lui et la manne financière pour les commerces de proximité, en assurant le minimum décent de sécurité et de confort aux cyclistes de plaisance. Le cheminement le long d'un cours d'eau est facile à suivre. Tant mieux, car les indications sont rares sur certains tronçons. Les promeneurs de chiens sont très majoritairement civils, tiennent leurs animaux au passage des cyclistes et répondent aux bonjours que nous leur adressons.

Petit café bienvenu au bord de la Vilaine.Au soir du deuxième jour, à Guipry, la température était plutôt fraîche. Le vent aigrelet imposait le port de l'anorak ou de la laine polaire.

VIR3 de Guipry à Rennes

La carte du parcours : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=rokdvtziiyeayomg  55 km prévus, 61 km faits.

347 mètres de dénivelé positif (630 mètres aux 100 km). Le principal du dénivelé était dans la ville de Rennes pour rejoindre le camping municipal depuis le canal.Je suis monté à la place de l'église de Guipry, pour boire un café et acheter le journal. Je n'ai pas trouvé une boulangerie ouverte ce lundi. J'appris que l'équipe représentant la France avait perdu la finale de l'Euro de football. Bof. Nous nous donnons rendez-vous à une heure et dans un lieu décidés en commun la veille. Chacun se lève à l'heure de son choix et plie à son rythme. Visite d'un lieu emblématique des chefs-lieux de canton de l'ouest de la France : le Super U. La carte IGN 100000ème présente aussi l'avantage d'indiquer ces chefs-lieux et le nombre d'habitants du bourg, informations utiles pour trouver le ravitaillement. Le plein de victuailles effectué, notamment fraîches, nous n'aurons pas à chasser les commerces.Petit matin frais d'été breton et minoterie de Guipry transformée en restaurant. Nous sommes partis avant l'heure prévue, étant tous passés par le supermarché où nous nous sommes retrouvés alors que le ralliement était prévu face à la minoterie.La collation de onze heures (moins risquée que le bouillon éponyme ; le bouillon de onze heures serait du soir selon Claude Duneton, cette collation est du matin). Le temps est demeuré couvert toute la journée, avec des températures allant de 14 à 23° C. Le groupe semble hésiter sur la tenue : débardeur ou doudoune.Une chaussée et une passerelle permettent de rejoindre le troquet au pied de Bourg-des-Comptes de l'autre côté du canal. Nous en profitons pour le camping où s'effectuera notre huitième bivouac.

Comme le long de la Mayenne, des écluses et moulins balisent la Vilaine. Ce moulin est en cours de rénovation.

La roue à aubes ne semble pas complète.Pourquoi cet oiseau ? Peut-être un aigle pour rappeler que Napoléon 1er n'est pas étranger au canal d'Ille-et-Rance, mais la Vilaine où nous sommes a été aménagée avant.Ecluse, péniche, pêcheur, moulin fort ancien et ciel toujours gris.

Un redoutable ralentisseur, contraignant le cycliste à mettre pied à terre, car le gendarme couché a une grosse bedaine et est enchassé dans une chicane trop étroite pour permettre le passage d'un vélo chargé de sacoches. Le panneau "attention ralentisseur" est de plus situé... après le ralentisseur. Crétin, parfaitement inutile, vraiment pénible à passer, et c'est un obstacle rédhibitoire avec un tandem, une remorque, un tricycle ou un vélo-cargo. Pour voyager en vélo-cargo, on se munira d'une barre à mine, d'une tronçonneuse et d'une disqueuse pour se forger un passage manu militari dans ce tas de conneries. C'est une image bien sûr. Nous sommes pacifiques et demeurons calmes et inodores, quoique légèrement grognons de temps à autre. Ouaf.

On voudrait tuer dans l'oeuf le tourisme à vélo ou la promenade en famille qu'on ne s'y prendrait pas autrement. C'est souvent ainsi : des aménagements cyclables sont financés avec de l'argent public et "on" s'ingénie à créer des systèmes idiots pour empêcher les vélos d'y accéder : chicanes, poteaux, barrières, etc. trop rapprochés pour permettre le passage d'un vélo autre qu'un VTT sans sacoches. La logique m'échappe. Ou bien l'aménageur a une vision trop étroite, comme les entrées qu'il réalise. Ou alors, le bureau 126 bis en charge de la sécurité des marguerites a des prérogatives que le bureau 238 ter en charge des aménagements cyclables n'a pas. M'énervent !

Heureusement, la providence prit la forme d'un jeune cabri aux bras musclés, qui, constatant notre désarroi, posa son vélo, franchit d'un bond les barrières et souleva obligeammant nos montures pour qu'elles franchissent l'obstacle imbécile. Il a trouvé mon vélo lourd. Je n'ai pas osé lui dire qu'il affiche plus de 45 kg sur la balance. Quinze secondes d'agacement et le cheminement benaise reprend.

L'arrivée à Rennes est marquée par un stade de football.

D'inattendues sculptures émaillent les objets urbains. Qu'est-ce donc ? Qui est/sont le/les auteur/s ? Je n'ai pas trouvé.

Le camping municipal de Rennes est de qualité. Les lapins y sont nombreux. L'emplacement est plat, herbeux et amplement assez vaste pour nos six tentes. Les sanitaires sont proches, mais envahis par les enfants d'une colonie où ils apprennent la vie en commun. Il y en a d'autres, des sanitaires. Les douches sont propres et larges, mais trop chaudes. Les gestionnaires nous ont interrogé sur nos campings précédents, pour conseiller leurs clients cyclo-campeurs. Nous avons recommandé Blain et Guipry. 

On s'étale un peu partout. On range ensuite.

VIR4 de Rennes à Tinténiac

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=gmugbqdqtgnvgruq 46,5 km prévus pour 53.5 effectués. 284 mètres de dénivelé positif (610 mètres aux 100 km). De nouveau cap au nord puis vers l'ouest.Au matin (titre d'un joli mouvement de la suite Peer Gynt d'Edvar Grieg, hélas rabâché et remâché par la publicité), le rangement fait rage. Nos voisins d'en face, et leur gros chien dans la remorque, sont déjà sur le départ.Divine surprise que celle de l'exposition de sculptures de Guy Lorgerat "Pensée nomade" à Betton, 80 femmes embarquées sur neuf pirogues sur l'étang. Le gars exalte la sororité, ou bien fait écho à "ceux qui sont loin de chez eux et qui ont dans les yeux quelque chose qui fait mal, qui fait mal" (on aura reconnu les paroles d'une chanson de Michel Berger consacrée aux migrants), ou encore célèbre les beautés de l'Afrique. Cette oeuvre est incongrue et en parfait accord avec son environnement. C'est très beau et ça interroge. Cet art-là ne m'exclut pas. Des fois, ça m'échappe.

L'écluse n°9, les Cours. "Mesdames, les Cours !". Les grands bras s'actionnent à la force musculaire des bonshommes. Ces dames moulinent sur le chemin de halage, les mollets gonflés à la pression nominale.

Les maisons d'éclusiers sont souvent pimpantes.

Une énooooorme table de pique-nique. Un adulte normal y a le nez à hauteur de son assiette. Le gars qui l'a construite devait mesurer au moins 2,50 mètres. C'est rigolo. On se prend pour Boucle d'Or chez les Trois Ours. Un couple de marseillais avec leurs deux filles nous y a rejoint. Le vélo est convivial. Les chemins le long des canaux se prêtent bien au tourisme familial à vélo, sauf obstacle stupide.Une partie de l'enfilade des écluses à Dédé. Les onze écluses d'Hédé-Bazouges permettent aux bateaux de franchir un dénivelé de 27 mètres. L'objectif du jour, Tinténiac, est proche. L'année dernière au printemps, il y régnait un froid glacial, 3° au thermomètre et un vent à décorner les cocus. Cette année, nous avons mangé dans les toilettes car il pleuvait, avec la famille marseillaise qui nous avait rattrapé. Il doit y avoir un micro-climat. Ce camping municipal (vive les campings municipaux !) situé tout près du canal offre de beaux emplacements, des sanitaires de qualité amplement suffisante, un environnement calme, pour un prix contenu. Le bourg est commerçant. Il y a même un Super U. Tout le nécessaire pour le cyclo-campeur tranquille est là.

VIR5 de Tinténiac à Taden

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=kmmxbiontrhzsoxo 37,5 km prévus pour 41 effectués. 40 bornes seulement, car des visites sont prévues. 318 mètres de dénivelé (775 mètres aux 100 km). Cap nord puis ouest puis nord.

Pas guère de bosses, et même on descend plutôt vers la mer, sauf en arrivant au camping.Tinténiac au matin. Café, boulangerie, et même un marché. Nous y fûmes interviouvés et photographiés par le correspondant local de Ouest-France. Avons-nous eu notre photo dans le journal ? Peut-être. Ou pas.

L'écluse du Gué Noëllan. A dominante orange.

Pas encore de la chaleur, mais du soleil. Du soleil ! Du beau, du vrai, de la lumière. Nous en avons oublié les jours précédents de grisaille avec les petites bruines et quelques averses juste pour faire couleur locale. L'effet est le même à chaque voyage à vélo. Au bout de très peu de temps, deux ou trois jours, j'ai l'impression d'être en route depuis beaucoup plus longtemps. Non que je m'ennuie, au contraire, mais la lenteur du déplacement et le dépaysement me donnent le sentiment d'être ailleurs depuis des semaines.

Et quel calme.Et des cerises.Et l'église de Trévérien.

Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Et à Evran, vlan ! Une information stupéfiante. Le canal peut s'assécher. On nous rebat les oreilles avec la crue de 1910. Qui se souvient de la sécheresse de 1921 ?

L'église d'Evran se reflète dans l'eau du canal. Avec ce qui est tombé du ciel ce printemps et au début de l'été, on ne risque pas l'assèchement d'il y a 95 ans.La rosée du matin avait été abondante. On sécha comme on put sur les jeux d'enfants.

Couleurs bretonnes.

D'autres scuptures, métalliques cette fois.

Nous voilà à peu près au partage des eaux entre l'Ille et la Rance. La maison affiche un drapeau tricolore ostentatoire. Un breton rebelle, ou bien une survivance de l'exaltation pré-finale de l'Euro de football.

Hihihi. Un peu de second degré ne peut nuire.

Humour breton, toujours à l'écluse de Pont Perrin.Les crues aussi existent.L'abbaye Saint-Magloire de Lehon, un joyau de granit encore méconnu, vampirisé sans doute par sa proximité avec Dinan.

Le jardin jacquaire présente des plantes destinées à soigner les principales causes des maux du pèlerin se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle : le mental, la marche et les fragilités personnelles. Elles ne sont pas si éloignées de celles qui guettent le voyageur à vélo.

On n'a pas envie d'attraper les cochonneries évoquées par les écriteaux.

Les puissant d'alors se trucidaient joyeusement. Deux bons coups de hache sur la cafetière, et hop !, on l'oubliera le Jean. Que nenni ! 633 ans plus tard, l'instigateur du crime, un certain Pierre de T. et les exécuteurs des basses oeuvres, Rolland M. et Geoffroi R., sont encore dénoncés par ce panneau, quand le Jean bénéficie d'un beau gisant dans une belle abbatiale.

Elle serait pas un peu de traviole leur église ?

Ah oui. De face aussi. Pour être sûr, il m'aurait fallu un pied avec un niveau à bulle sans lequel la photo d'architecture demeure approximative. Un objectif à bascule et décentrement serait également bienvenu pour contrôler les effets de perspective indésirables. Bien sûr. Et le petit déjeuner dans la tente tant qu'à faire ? On est en cyclo-camping, pas en camping-car ! La sobriété est de mise.

Vue du port de Dinan depuis le sud.

En levant la tête au même endroit, on voit l'aqueduc.

Foin des vieux cailloux. Sur le port, voici un VAE flat bar, à très gros pneus, mais moins gros que la bedaine de celui qui le chevauche. Le flat bar est bien adapté aux plages de sable, un peu moins aux estacades. Le moteur est un Bosh. On est envahi.

Quelques touristes sur le port. Pas étonnant que le quai ait l'air de pencher à droite.

Le couple d'amis nous ayant rejoint comme prévu, nous nous vîmes à huit en arrivant au port. Nous avons campé à Taden, le seul camping que j'avais réservé, craignant l'affluence dans ce secteur à forte pression touristique à la mi-juillet.

VIR6 Taden Dinan Dinard Taden

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=waviujqaxpfloesa 59 km prévus, 66 km accomplis. 

501 mètres de D+ (850 mètres aux 100 km) l'étape la plus bosselée, heureusement sans le lourd chargement resté au camping de Taden.

Une des églises de Dinan, où nous sommes arrivés en serpentant dans les zones d'activités, tout en restant en haut, et pour éviter les départementales et la nationale où les automobilistes, du cru comme les estivants, sont particulièrement agressifs sur les voies dont ils estiment être les propriétaires exclusifs, bien disposés à nous trucider d'un coup de pare-choc. Ils ne supportent pas que des véhicules lents comme les nôtres viennent leur faire perde la moindre seconde, alors que nous arrivons aux feux avant eux. La ville de Dinan est une réserve d'indiens pour touristes à pied, et un boulevard pour bagnoles hors la vieille ville. Rien n'étant prévu pour les vélos, la mentalité est demeurée la même que dans les années 1960 : vroum vroum testostéroné, surtout erroné. Une bande de dangereux nuisibles respectant peu la vie humaine, stressés par les embouteillages, immatures comme les politiques "responsables" des aménagements de la circulation.

Le maire est UDI, ce qui ne signifie pas forcément grand chose. Sur le site de la mairie, on peut lire "En 2008, la municipalité de Dinan a officiellement souhaité faire du développement durable une priorité pour son." (sic ! La phrase s'arrête là). Ce site est aussi indigent que le plan de circulation, on y lit rien de rien, que du creux et du vague, pas un objectif, ni une description d'action, ni un plan à moyen terme. Ils ne se relisent même pas. La consultation des procès-verbaux et délibérations n'apprend pas grand chose non plus sur les projets, et laisse un sentiment de gestion à la petite semaine, sérieuse peut-être, mais apparemment dénuée de vision.

Paul et Mick (polémique) sont mes deuxième et troisième prénoms. Soyons honnêtes, aucun ville française ne peut atteindre l'indigence de la politique urbaine de Marseille. Il n'empêche, comme beaucoup de grosses bourgades rurales, notamment celles où un pont fait entonnoir, la route principale est conçue comme un tuyau où il faut faire passer le plus possible de véhicules individuels à moteur le plus vite possible. En ville, certains boulevards urbains accueillent autant de véhicules dans une journée avec un traitement bien plus favorable aux poussettes, aux personnes à mobilité réduite, aux piétons, et aux cyclistes dans une ambiance plus apaisée, plus conviviale, plus douce. A la campagne, la brutalité automobile coutumière fait que la fabrication du NOx demeure un privilège inaliénable au détriment de la liberté de circuler de tous ceux qui ne sont ni lourds ni rapides. Des bourgs modestes ont fait le choix de l'humanité et de la convivialité en adaptant les voies : zones 30, zones de rencontre, etc., en suivant les recommandations du Pama 2015 qui permet des adaptations peu coûteuses, et en se rapprochant de services comme le Cerema, ou de cabinets spécialisés, pour le plus grand bénéfice de la vie en commun. L'idée n'est pas de chasser l'automobile individuelle, mais de ne plus la privilégier systématiquement sans réfléchir, en donnant toute leur place au covoiturage, aux transports en commun, aux piétons, aux cyclistes, etc. 

Achevons là le quart d'heure ronchon et admirons la belle vieille ville du secteur sauvegardé dont la prospérité fut assurée par sa situation aux confins de la Bretagne et la Normandie, ses défenses militaires, son port à 75 mètres en contrebas de la ville, ses commerçants et artisans et dont les belles maisons et monuments religieux témoignent.

Quelques kilomètres de voie verte plus loin : tada ! Saint-Malo vu de Dinard. J'ai quasiment fait le voyage pour prendre cette photo.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

Premières vues sur les villas.Pique-nique sur l'estacade, ou les vélos sont interdits. Chenapans.L'oeil aussi agressif que celui d'un automobiliste dinandien, le bestiau a l'air fort intéressé par nos agapes amicales.

Nous ne sommes pas les seuls voyous à braver l'interdit avec nos dangereuses bicyclettes responsables de tant de morts sur les routes et les ports. Pourquoi, plutôt qu'une interdiction aussi générale ne pas autoriser les vélos tenus à la main, ou même la circulation à la vitesse du pas d'un homme, comme je le fais presque tous les jours au sein une foule relativement dense dans une zone de rencontre ? Le pouvoir réglementaire manque fréquemment passablement de nuances. C'est interdit et puis c'est tout ! Ne circulez pas même si vous voulez voir !

Les bus de mer assurent la liaison entre Saint-Malo et Dinard.Encore une petite de Saint-Malo. Je ne m'en lasse pas.Autre villa puis autres villas, et la plage et tout ça. Je n'ai pas trafiqué les couleurs. La Bretagne est vraiment ainsi.La statue d'Hitchock se fait ch... dessus par les piafs toute la journée... Vengeance ?Dinard demeure très anglaise. http://www.dinardtourisme.com/destination/cote-ville/histoire/Retour à Taden en fin de journée par une rue au nom délicieux.Le manoir n'est pas mal non plus.

VIR7 de Taden à Saint-Médard-sur-Ille

Pour voir la carte en détail, suivre ce lien : http://www.gpsies.com/map.do?fileId=njdzfygpdzokgzhq Nous avons maintenant adopté un cap sud-est. 57 km étaient prévus, 62,8 ont été faits.

Le dénivelé positif prévu est de 456 mètres, soit 800 mètres aux 100 km.

Troisième passage, avec halte, au port de Dinan, sous un soleil estival. Nous allons prendre le chemin du retour.

Lehon ensoleillée.Les abords du canal à Evran se prêtent décidément bien au pique-nique et au séchage. Le soleil tape.Dans quelques années, j'organiserai peut-être des sorties avec les copains de la maison de retraite, si la tête fonctionne encore un peu.

Je l'ai identifié tout de suite car une maman qui apprenait à ses enfants à garer leurs petits vélos aux emplacements prévus à cet effet m'en avait parlé près du bureau de poste où je déposais un courrier. Le vélo est un moyen de communication sans pareil. Même seul, on est jamais seul. Dans les écluses à Dédé, nous avons croisé le radeau utopique. Ce radeau est ainsi nommé en référence à Thomas More, et son île d'Utopie, ou, plus exactement au Libellus vere aureus nec minus salutaris quam festivo de optimo statu rei publicae deque nova insula Utopia (frime wikipédiesque, j'ai perdu mon latin depuis longtemps). L'idée était de construire des radeaux, de descendre le canal d'Ille-et-Rance pour arriver à l'océan et d'y partir à la recherche de l'île d'Utopie. Ils auront au moins passé un été agréable sur un radeau de fortune. Pour le reste, je n'ai pas suivi le fil.

La nouvelle tente Hubba Hubba s'avère aussi pratique qu'attendu. L'espace intérieur, du fait de la verticalité des parois et de la hauteur sous toit, est bien plus important que dans d'autres guitounes de sa catégorie. Les deux ouvertures, une de chaque côté, sont très pratiques, éventuellement pour sortir et entrer si on y dort à deux sans déranger l'autre dormeur. Les grandes absides permettent d'abriter toutes les sacoches.

Le camping de Saint-Médard-sur-Ille est une aire naturelle. Il est ouvert au maximum six mois par an. Le nombre d'emplacements est limité, ils ne sont pas délimités. Le fauchage et le traitement respectent les plantes autant que faire se peut. Il offre les éléments de confort. Les abris sécurisés pour les vélos sont assez hauts pour y passer un grand vélo avec rétroviseur comme le mien. Les prises de courant permettent de recharger la batterie. Les sanitaires sont neufs. Du fait de la simplicité du terrain, l'ambiance est conviviale. Le gardiennage est réduit. Je suis allé déposer un chèque dans la boite aux lettres de la mairie le matin, en leur indiquant qu'en cas d'erreur de ma part mon adresse était sur le chèque. Quelques jours plus tard, je recevais un courrier de la mairie, avec un chèque vierge, que j'avais mis dans la boite aux lettres avec le chèque complété, avec un petit mot d'accompagnement. Oups !

Evidemment, après le camping quatre étoiles de Taden, avec terrain de tennis, mini-golf, piscine, salle de télévision et baby-foot, sans oulier les cabines de douche avec flexible et température réglable plus grandes que la salle de bains de mon appartement, c'est un peu le choc culturel. Tout l'indispensable est pourtant présent à Saint-Médard, le reste est superflu. L'évier en inox pour laver le linge est bien pratique et à la bonne hauteur. Je n'hésite pas à sacrifier au plaisir de l'oxymore en qualifiant cette aire naturelle de rusticité confortable. Je pense y repasser dans un mois lors d'un voyage en solo.

Il est même prévu quelques bûches. Ce que ne dit pas la photo, c'est le bruit de la moissonneuse-batteuse et du tracteur dans le champ d'à côté, ainsi que celui des TGV de la ligne de chemin de fer toute proche et celui des engins à pétrole de la route qui longe le terrain. La récolte s'est arrêtée, les voitures aussi, et je n'ai pas entendu les TGV dans la nuit. Je ne suis pas bon juge, j'ai des boules quiès intégrées. Quand je dors je n'entends rien. On ne peut pas avoir tous les problèmes, les autres doivent en prendre leur part.

VIR8 de Saint-Médard-sur-Ille à Bourg-des-Comptes

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=yhebosumphpvhvme 57 km prévus, 62 accomplis. Nous traverserons cette fois Rennes d'un trait. Le cap est sud-sud-est.

Chouette, ça descend. Ce n'était pas si évident sur le terrain, à cause de toutes les petites "re"(montées).Coucou aux passagères des pirogues. L'une d'entre nous a retrouvé son casque à l'accueil du Carrefour où elle l'avait oublié lors de notre premier passage. Le service est de qualité et le breton honnête, que ce soit pour les chèques ou les casques. Dans leur grande majorité, les gens sont braves, ce qui rend la vie en société possible.Les graff (faut-il y mettre un "s"  au pluriel ?) signalent l'entrée de la cité aussi sûrement qu'autrefois le bureau de l'octroi.Nous retrouvons nos drôles de petits bonshommes perchés, et quelques chiches indications le long de la Vilaine.

Le pique-nique sera ombragé. La chaleur cogne. Les silhouettes dorées dans les herbes sèches m'évoquent Lucy.

Lucy court au bal. Elle parait porter des talons hauts. Je vous laisse imaginer la suite de cette histoire, ou une autre, en incluant le bonhomme scrutant l'horizon depuis le tas de gravats. Vous avez dix minutes. Il s'agit peut-être non pas de Lucy mais de la belle Hélène et de son père qui ne voulait pas qu'elle aille danser, comme dans la chanson de Guy Béart "su'l'pont de Nantes". Elle se nommait Adèle dans la version chanson de marin http://www.chansonsdemarins.com/index.php?param1=M100/M141.phpJ'ai demandé aux jeunes gens le but de la montée de ce tronc d'arbre dans cette tour. Les seules réponses que j'obtins furent "la connerie humaine" de la part d'un gars, et un sourire énigmatique d'une jeune femme. Je ne saurai jamais. L'univers contient une part d'inconnu.

Les rennais profitent d'une belle journée d'été au bord de l'étang.

Signe de chaleur, on se laisse tenter par une glace sous le parasol.

Le camping municipal de Bourg-des-Comptes est plus traditionnel, et bien tranquille, nul train, ni bruit de voiture, ni redoutable animation. Bientôt chaque emplacement bénéficiera d'une prise électrique, déjà opérationnelle mais sans boitier pour l'heure. La chaleur est aussi fatigante que la pluie.On s'adonne à de calmes occupations.Le dîner est pris en commun, chacun avec ses victuailles, les régimes étant différents, l'un se contentant de réchauffer une conserve, l'autre se composant une salade de saison. La gestionnaire a eu la bonne idée de proposer tables et chaises en plastique léger, facilement modulables en fonction du nombre de convives, et facilement déplaçables en fonction des ardeurs du soleil même couchant. Pertinent.

VIR9 de Bourg-des-Comptes à Guéméné-Penfao

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=xrtwtqnohnbavavu 55 km prévus, 56 accomplis. La plus petite différence du voyage. Nous gardons notre cap sud-sud-est.

On peut cliquer sur la photo pour l'agrandir.

370 mètres de D+, soit 672 mètres aux 100 km.Hélas, au sortir du camping de Bourg-des-Comptes, "ICI", c'est fermé. Tout le monde a le droit de se reposer.

Panneaux indicateurs typiques des aménagements cyclables. On indique des liaisons de circuits et des numéros incompréhensibles. Tous les cyclistes ne tournent pas en rond sur 15 km autour du cul de leur bagnole. Il y manque les informations vraiment utiles : le gros bled à 15 ou 20 bornes où l'on pourra se ravitailler et boire un coup, le petit bourg d'à côté, les monuments dignes d'intérêt, avec leur distance exprimée en kilomètres. Comme pour les voitures. C'est ça. Quant à l'entretien, je vous laisse juges...Les bateliers sont mieux soignés. Encore qu'il faille entrer dans la cabane pour voir le panneau. Les cyclistes ? Quels cyclistes ? Fin XIXème, ils étaient les premiers touristes. Ils demandaient leur chemin aux habitants. On en est toujours là.Dans la cabane de Beslé, où nous sortons du chemin de halage le long de la Vilaine, nous avons trouvé ce panneau, pu prendre un repas assis à l'ombre, et de l'eau fraîche. Et ce fut bien.Le haut du camping de Guéméné-Penfao (Guéméné = montagne blanche en breton) a des allures de bord de mer. Il se mérite car quelques petites côtes au pourcentage affirmé sont à franchir pour y parvenir. Patience et petit développement font plus que force ni que rage. Nos étapes, longueur et difficulté, sont adaptées à nos possibilités. Il faut accepter d'être ce qu'on est, pédaler avec mesure en fonction de son âge et sa forme physique. Cyclo-campeur est un métier à temps plein, de sept heures du matin à dix heures du soir, où on case le petit déjeuner, le pliage, le pédalage, les courses, les repas, l'installation, la douche, la lessive, les photographies, les échanges avec ses contemporains, etc. etc. Le tout à allure débonnaire pour en tirer agrément. Rien à voir avec l'exploit sportif, d'ailleurs j'aime pas le sport

VIR10 de Guéméné-Penfao à Savenay

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=uqjagwhzqwhvivep 53 km prévus pour 61 effectués. Encore sud-sud-est

378 mètres de dénivelé positif, 713 mètres aux 100 km. Pas complètement plat malgré le tronçon de halage le long du canal de Nantes à Brest.Des bornes Michelin de Loire-Inférieure reconverties en jardinières. Je regrette leur précision. Les PK (points kilométriques) en tôle que l'on voit le long des routes de nos jours ne sont utiles qu'aux gestionnaires des voies. En Bretagne, les bornes kilométriques, en granit, sont disposées tous les kilomètres le long du canal d'Ille et Rance et le long de la Vilaine, le kilométrage étant indiqué depuis Rennes. Sur le bout de canal de Nantes à Brest, le kilométrage était indiqué depuis Nantes.Il fait déjà chaud. La pause à l'ombre et l'hydratation permettent de se prémunir du malaise. Le cyclo-campeur ne s'arrête pas quand les conditions deviennent difficiles (jusqu'à un certain point quand même, demeurons raisonnables, dit celui qui continue sa route à vélo même par alerte orange vent et pluie diluvienne...).

Le corps humain peut s'adapter aux grosses chaleurs (et au froid), grâce à quoi l'homo sapiens a conquis la planète. Nous disposons de trois moyens de refroidissement : la sueur, la respiration et le sang qui va vers la surface. L'habitude de l'exercice aidant, la respiration (moins dans mon cas) et la circulation sanguine dans les capillaires fonctionnent correctement. La sueur peut ne pas suffire. Il ne faut pas alors hésiter à s'arroser, à se mettre un linge mouillé autour du casque ou à tremper son couvre-chef. La chaleur nécessaire à l'évaporation de l'eau étant extraite de l'air, celui-ci se refroidit. Quand le linge est sec, on le remouille. Le bidon accroché sur le cadre sert à boire fréquemment et à s'arroser itou. Paul de Vivie dit Vélocio, inventeur du mot "cyclotourisme" entre autres choses, recommandait de boire avant d'avoir soif. Il avait absolument raison. Quand on a soif, on est déjà déshydraté.

L'évacuation de la chaleur varie selon les individus. Mieux vaut avoir une grande surface de peau (donc une plus grand taille du radiateur) par rapport à son poids et une couche de graisse moins épaisse. Les peuplades des pays très chauds et secs sont minces, comme les éthiopiens, ceux des régions très froides sont plus petits et ronds, comme les Inuits. L'âge venant, le système de refroidissement fonctionne moins bien, avec une moindre sensation de soif et une sueur moins abondante. On veillera d'autant plus à boire avant d'avoir soif, à s'arroser et à faire des pauses dans des lieux ombragés et ventilés.

Le badigeonnage à la crème solaire 50+ toutes les deux heures complète les précautions à prendre, sauf si on a la chance d'avoir une peau déjà pigmentée.

Trois bateaux à l'écluse. Embouteillage.

Sur les routes, les voitures sont prioritaires. Elles ne le sont pas en droit, mais le sont de fait, la force primant. Au bord du canal, ce sont les piétons. Et les cyclistes ? Jamais ! On fait avec, en maugréant un peu à l'occasion, ça réveille.

Encore "mieux" qu'au bord de l'Ille, la Rance ou la Vilaine, au bord du canal de Nantes à Brest en Loire-Atlantique, le département a répandu une sorte de latérite rouge abondamment parsemée de gros cailloux qui rendent le cheminement pénible et la trajectoire des vélos chargés aléatoire. Les indications sont là aussi destinées aux bateliers. Le monde est mal fait, heureusement qu'il est joli.

Au moins, il y a quelques panneaux sur le milieu environnant.Comme ailleurs, c'est beau. La France est un beau pays. Pourquoi aller narguer les pauvres chez eux ?

Savenay, son Hyper U, sa zone d'activité, ses ronds-points effrayants remplis de gros camions. Un petit séjour au rayon frais permet à l'organisme un temps de repos. Les personnes à l'accueil nous ont regardé bizarrement. Avec cette chaleur, à pédaler dans un four, nous devions avoir l'air bien explosés.

La moitié du groupe a monté la tente...... l'autre moitié a dormi à la belle étoile. La température n'est pas descendue sous les 20° C. Elle était montée à plus de 35° à l'ombre, où nous n'étions pas souvent. 

Une crevaison a été réparée avant d'arriver. Savoir se débrouiller calmement face à ce petit incident est le minimum. Il existe des associations pour ça. Nous faisons tous partie de la même, mais tous-toutes ne fréquentent pas l'atelier. Une petite heure suffit pour partir l'esprit tranquille.

VIR11 de Savenay à Nantes

http://www.gpsies.com/map.do?fileId=rpjrjcprwjbplbak 45 km prévus, 47 faits.

D+ 245 mètres, 546 mètres aux 100 km.Une des cheminées de la centrale thermique de Cordemais domine les toits du bourg. Si nous ne la connaissions pas déjà, nous aurions pu faire le détour par la maison sur la cheminée, une des oeuvres d'Estuaire qui parsèment ce secteur de part et d'autre de la Loire.

Le comportement des conducteurs de gros poids-lourds sur la D93 venus se charger au dépôt Leclerc de Saint-Etienne-de-Montluc est parfois dangereux à l'égard des petites choses fragiles et lentes que sont les cyclistes assez nombreux sur cette voie. La faute à des obligations de rendement sans doute, et à une absence de réglementation adaptée. Pourquoi ne pas les dévier dès que possible vers la D17, ou ne pas leur imposer une vitesse limite largement inférieure au maximum possible sur cette voie relativement étroite et sinueuse qui n'a pas été conçue pour un usage intensif par ces gros machins ?

Le petit groupe retrouve la sérénité dans les superbes marais Audubon et leur platitude vaguement ombragée. Les protections anti-solaires sont activées.

Petit coin d'ombre herbeux avant de sortir du marais et de se retrouver en plain cagnard pour le dernier pique-nique du voyage.

La chasse à l'eau est ouverte. Le remplissage fréquent des bidons s'impose.

La preuve qu'il fait chaud, les palmiers prospèrent.

Coucou nous revoilou chez nous ! Pour fêter ça, une grosse glace au yaourt avec force garnitures complètement pas diététiques : oursons en gélatine, framboises avec leur coulis, chocolat liquide, tranches de bananes dans leur sirop... 3000 Kcal au kilo au moins, payée par le reste du groupe pour remercier de l'organisation du voyage.

Merci de l'agréable compagnie, et au plaisir de rouler à nouveau ensemble.

L'été breton se sera transformé en bon gros été tout court, avec deux jours vraiment chauds, bref mais pesant. Dans l'ensemble, la météo fut très correcte. Quelques goutelettes au départ, un soir venteux, deux ou trois matins vaguement frais, et pas mal de journées très agréables. 

Et après ?

Nous étions plutôt contents de nous et notre traversée de la Haute-Bretagne du début de l'estuaire de la Loire à la Manche et retour. Juste pour les stats, qui ne sont pas l'essentiel, nous avons fait environ 630 km en onze jours, soit à peu près 57 km par jour en moyenne, avec des vélos lourds et beaucoup sur des chemins plus ou moins carrossables. Notre vitesse "commerciale", calculée entre la sortie du camping du matin et l'arrivée au camping du soir, en y incluant les temps d'arrêt, est légèrement inférieure à 8 km/h. Nous avons passé sept heures par jour à circuler, temps de pauses diverses et variées comprises, et le reste à s'adonner aux indispensables autres activités.

Le voyage itinérant à vélo est une façon de renouer avec les us de nos très lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs. Certes, notre rusticité est confortable et même technologiquement avancée ("nous vivons une époque moderne" et "le progrès fait rage" comme disait Philippe Meyer dans le poste), cependant, comme eux, nous démontons nos abris le matin, nous nous orientons dans la journée, nous nous déplaçons en petits groupes, nous chassons la nourriture, nous remontons notre abri le soir...

L'après-voyage nous attendait. Il fait partie du voyage, et de la préparation du suivant. J'ai "résumé" ça là (le résumé n'est pas ma tasse de thé, on l'aura compris) : Le nettoyage du vélo et le rangement du bazar