La Bretagne s'éloigne. Ma santé ne me permettra pas cette année d'effectuer ce voyage. Le projet demeure. Le drapeau de ma ville a un petit air breton quand même.
Mes voyages sont le plus souvent modestes, trois à quinze jours, 50 à 60 km par jour. Je ne ressens pas le besoin de destinations exotiques. J'ai également du plaisir à tailler une bavette en partageant le pain ou le café avec un compagnon de rencontre qui fait 100 km et parfois bien plus chaque jour avec le même lourd chargement que le mien tout en rentrant du Guatémala ou du Laos. À chacun son voyage selon ses moyens.
Mon intendance en est simplifiée. Laisser la voiture quelque part après une approche, en garage mort ou au parking, est source de risques, de vol, mais aussi d'oublis à cause du double fourbi, celui pour le voyage à vélo et celui pour le voyage en auto. Mes limites physiques ne m'inclinent vraiment pas à l'usage des transports en commun, hélas, car ils sont le plus souvent inaccessibles. Il m'est impossible d'accrocher ma pesante machine au plafond d'un wagon de chemin de fer, de transporter mes sacoches dans un escalier ou de monter des pentes en poussant mon vélo chargé.
Je me méfie aussi de la fatigue. Elle entame la nécessaire lucidité. Le cyclo-camping est une activité compliquée où chaque action a son importance. La fatigue perturbe, fait perdre ses affaires voire sa route, et peut troubler la bonne entente du groupe.
Un voyage un peu plus long qu'à l'accoutumée peut néanmoins être tentant. Le voyage est une heureuse parenthèse, l'agrandir est une promesse de prolongation du contentement. J'ai déjà fait plusieurs voyages en me disant que c'était peut-être le dernier. Il pourrait encore être temps de faire une nouvelle tournée d'adieu. En conservant la même longueur aux étapes, en se ménageant la possibilité de jours de repos, il pourrait être possible d'allonger la durée.
Alors, quand Michel a suggéré de faire le tour de la Bretagne, l'idée m'a semble séduisante. Nous avons déjà fait des tours en Bretagne, mais jamais le tour complet ou presque. La V45, les routes pour vélos ont des numéros comme les routes à bagnoles, malgré quelques interruptions comme la traversée de Lorient, offre l'opportunité d'être le plus souvent relativement tranquille. En longeant plus ou moins la côte, l'échelonnement des campings et des possibilités de ravitaillements dans ces contrées touristiques permet a priori de programmer des étapes convenables, qui pourront être adaptées aux conditions et aux envies du moment.
Ergo, nous avons fait le voyage une première fois sur l'écran de l'ordinateur, en nous partageant la composition des étapes sur GPSies, en repérant les campings, ceux des étapes et ceux d'à côté, en ménageant d'éventuelles variantes, en doublonnant la préparation numérique pour les GPS avec une préparation sur cartes et liste. On n'est à l'abri ni d'une panne d'électronique, ni d'un camping complet ou fermé, ni d'une envie de raccourcir ou de faire une boucle supplémentaire.
On pourra voir ici les étapes Bretagne 2017 avec les cartes et les téléchargements possibles pour GPS. De plus belles cartes sont visibles sur le site de Michel
Voilà un extrait de la carte de la V45 en sortant de Brest par le sud-ouest, visible sur GPSies avec le fond de carte Sigma Cycle :
Le descriptif papier (incomplet, en cours de finalisation) : Bretagne2016 descriptif copie (105.7 Ko) En voilà un extrait :
Un extrait de carte IGN (qu'on peut agrandir en cliquant dessus) l'itinéraire à peu près certain est surligné en vert, l'itinéraire sur des voies non indiquées sur la carte est indiqué en pointillés verts, les campings sont des points rouges ajoutés :
Nous pourrions partir de Nantes le jour de la saint Fernand, fin juin 2017, pour rentrer début août après 1700 km et une trentaine d'étapes, soit, avec les jours de repos, plus ou moins quarante jours et quarante nuits. Cette date est un clin d'oeil en hommage à Monsieur Fernand Juvin qui fait partie des anciens de mon club de vélo, la section cyclotourisme de l'Union cycliste nantaise atlantique. Ce cyclotouriste a un palmarès impressionnant, sans aucune compétition à ma connaissance. Il a mis en pratique le principe, que j'appelle « principe de Fernand » selon lequel « on avance et on voit ». Ainsi, si la météo est abomifreuse, on avance de chez soi jusqu'au point de ralliement et on voit si on continue. De là, on avance jusqu'au café et on voit. Etc. Prudence et témérité associées permettent de faire des choses que l'on croit impossibles, tant qu'on ne les a pas faites. A condition toutefois de se connaître, donc de ne pas se lancer dans de "grandes" aventures sans en avoir vécues récemment des petites puis des moyennes
Nous ferons le tour non seulement de la PBAA (petite Bretagne administrative amputée)...
...mais aussi des USA (United States of Armorica) puisque partant de Nantes nous incluerons le territoire des Namnètes dans notre tournée, et même un petit bout de celui des Pictons sur la rive gauche de la Loire. Je ne sais pas trop si les bretons actuels descendents des gaulois, des celtes ou des bretons. Sans doute, comme partout, d'un mélange de différentes vagues d'immigration. Ils ont pas mal émigré aussi, on trouve des bretons quasiment dans le monde entier. Tous les habitants de Gourin ont un oncle d'Amérique. Nous allons voir la Bretagne et les bretons d'aujourd'hui, tout en gardant un oeil sur ceux d'hier qui ont laissé des traces dans la toponymie, ou ti est la maison, ker aussi d'ailleurs, arvor est le littoral, mor la mer, kemper un confluent, plou une paroisse, menez une montagne, faou des hêtres, bihan veut dire petit, gwen blanc, nevez nouveau, ces quelques traductions pouvant servir à se repérer.
Profitant de l'hiver et donc de moindres doses de vélo qui nous tient hors de la maison, nous avons procédé à quelques tests. Mon GPS admet d'être chargé d'une trentaine de parcours sans être surchargé. L'ordinateur portable que Michel emporte dans ses sacoches peut servir à le ravitailler en parcours au cas où il bugue et doit être remis à zéro. Ce n'est pas un cas d'école.
Avant le départ, disons un petit mois au moins pour être sûr que tout marche, je veillerai à changer les pneus, le câble de dérailleur, la chaîne, la cassette et les patins de freins. Je devrais ainsi éviter la majorité des problèmes mécaniques potentiels. 1700 bornes au moins dans des conditions météo variables par des voies dont certaines peuvent être approximatives avec un vélo lourdement chargé, ça commence à faire une trotte et des possibilités d'usure et de rupture. Autant éviter de désagréables surprises.