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sélectionner le vélo, les pneus, la selle
vélo de course, VTT, VTC, randonneuse, trekking, VAE ?
Le vélo de course n'est pas possible. Trop violent, trop inconfortable, tout nu, il permet de faire le zigoto le dimanche matin, ainsi que l'écrit Jean Bobet dans Cyclisme de plaisance, mais est inadapté au voyage. Ses pneus étroits gonflés très fort associés à des roues les plus raides possibles montrent qu'il est tout entier tourné vers le rendement, et donc vraiment pas vers le confort.
<- il n'est pas si vilain mais je les mets où mes sacoches ? (ont-ils élargis les cadres et les jantes pour des raisons techniques ou pour pouvoir écrire les marques en gros ?)
Le VTT (Vélo Tout Terrain) ne trouve guère plus de grâce à mes yeux. Il partage nombre des défauts de son compère de course sur route : absence de protection, de lumière, de porte-bagages... Ses pneus à ventouses sont conçus pour la gadoue et la caillasse. Ils collent le cycliste au tarmac. Le VTT, pour un voyage sur goudron, ça me semble aussi incongru qu'une voiture 4 x 4 en ville (même si certains y trouvent des avantages, comme franchir les trottoirs sans encombre). En civilisant un VTT, c'est-à-dire en ajoutant des garde-boue et des porte-bagages, et en changeant les pneus pour des modèles mieux adaptés à la route, on peut en faire à peu de frais supplémentaires un vélo de voyage très acceptable, pour autant qu'on s'adapte à la position sur le vélo qui n'est pas conçue pour être tenue longuement..
Le VTC (Vélo Tout Chemins) est parfait pour aller acheter son pain, mener les vaches aux champs, ou se rendre au bureau. Ses larges pneus sont confortables, mais souvent lourds. Le plus petit développement qu'il propose est suffisamment petit pour envisager d'arriver en haut des côtes même avec vingt kilos de charge le soir du troisième jour. Son rendement peut être médiocre, et surtout ses composants sont fréquemment de qualité insuffisante pour se lancer dans un périple avec du poids sur plusieurs centaines de kilomètres sans risquer de gros soucis liés à la fiabilité de la mécanique, la solidité des roues, etc. Quant à la position... À moins d'être un hollandais de deux mètres pour cent kilos avec des cuisses comme des chênes centenaires, la lutte contre le vent relève de l'utopie. On y est trop assis sur la selle, ce qui peut provoquer des douleurs de fond à la longue fort désagréables.
La randonneuse du cyclo touriste est confortable, fiable, parfaitement équipée, relativement légère, polyvalente, et a régné sur l'univers des voyageurs à vélo notamment français jusque dans les années 1980. Elle a semblé être en voie de disparition et semble renaître à présent. Il demeure possible de s'en faire faire chez un artisan, ou d'en rénover une, mais cela réclame des moyens financiers et techniques qui peuvent ne pas être à la portée du débutant. De belles choses sont faites par des artisans comme par exemple les vélos de Patrick. Il existe plusieurs sortes de randonneuses, un article forum Tonton Vélo fait un bon point sur le sujet. Si le montage complet d'un vélo est à votre portée, ou si vous avez dans vos relations des personnes susceptibles de vous accompagner pour cette tâche exaltante, vous pouvez aller voir du côté de nos amis anglais qui proposent des cadres acier de bonne facture pour un prix raisonnable. Voyez par exemple les cadres acier Surly. Ce revendeur français propose aussi un montage personnalisé.
En déjà tout fait, toujours d'allure traditionnelle, et pour un prix relativement raisonnable, voici par exemple une randonneuse acier allemande VSF Fahrradmanufaktur TX-Randonneur et une britannique Rigeback Voyage 2017 (photo ci-dessus, cadre Reynolds 520, 1000€).
Dans son acception contemporaine, le vélo de randonnée ou de voyage, parfois appelé de trekking n'est pas issu de la tradition française, mais peu importe. De bien meilleure qualité que le VTC "de base", il est prévu pour être équipé pour le voyage, et peut servir en ville. Avec des roues de 26 pouces ou de 28 pouces, il est souvent livré avec des développements de VTT, un guidon papillon multi-positions (20 à 25€ s'il n'en pas déjà), une selle acceptable, des garde-boue couvrants, de la lumière permanente sur dynamo et des vrais porte-bagages permettant d'envisager des voyages ou au moins les filetages permettant de les boulonner solidement sur le cadre. Il est pour le grand public la randonneuse cyclo-camping de l'époque car il est proposé par un bon nombre de constructeurs sérieux disposant de services après-vente corrects. Son rapport qualité-prix est souvent attractif. Il est également polyvalent. Avec un très bon antivol, on peut s'en servir en ville.
Nos amis teutons proposent des trekkings polyvalents à cadre acier dans les 800€, par exemple chez Fahrradmanufaktur (littéralement : la manufacture de bicyclette) T100 Alivio 27G. Il en existe des fabriqués en France, avec de belles couleurs et des niveaux d'équipement au choix. Voir par exemple le modèle Anatole de chez Develannes, que l'on trouve chez un vélociste pas loin de chez moi, comme le Marius, et qui existe aussi en Mathilda, ou du côté de Besançon et surtout sur Internet Cyclo-Randonnée Deore, ou encore chez Amsterdamer (photo ci-dessous, où il y a des options qui font vite monter le prix). On espèrerait en voir sortir de la Manufacture Française Du Cycle, sise à Machecoul en Loire-Atlantique et récemment rachetée par Intersport, mais, pour l'instant, on ne voit que la route qui poudroie... Le vélo de voyage ne semble pas être leur créneau.
Une nouvelle catégorie de vélos émerge, le gravel, mélange de cyclo-cross, route et VTT. Des engins pour voyage rapide avec bagages légers. Des randonneuses de course ! Le concept est assez étranger à ma pratique, mais les pratiquants ont l'air de fous fort sympathiques à l'état d'esprit proche des voyageurs à vélo, la course en plus.
A cause d'un souci de santé provisoire ou plus durable, ou pour accompagner des plus rapides, ou encore parce que se fatiguer n'est pas l'objectif, on peut choisir pour voyager un vélo à pédalage assisté dit "VAE". Tous les critères de choix d'un vélo sont valables pour un vélo à pédalage assisté, qui est un vélo, auxquels s'ajoutent ceux propres au système d'assistance. J'en propose là VAE c'est quoi, pour qui, pour quoi faire ? et ici VAE critères et encore là VAE, moteur roue ou moteur pédalier La contrainte principale du VAE est la recharge de la batterie. Le bivouac "discret" (version politiquement correcte de "sauvage") devient fort compliqué. Avec des hébergements civilisés, et pour autant que les prises et le courant soient compatibles, le VAE est un vélo de voyage comme les autres.
Ceux qui ont des sous et souhaitent une belle machine personnalisée pourront s'adresser aux artisans et constructeurs qui se multiplient de nouveau, dont Pech Tregon Cycles, J. P. Weigle, Vagadonde Cycles, Larix, Grand Bois, Andouard, Arko, Atelier des vélos, Gilles Berthoud, Brevet, Chemins.cc, Edelbikes, Fée du Vélo, Grade 9, Jolie Rouge Cycles, LaFraise, Martignac, Menhir, Nomad Cycles, Pierre Perrin, Patrick Tegnér, Petrus, Victoire, Histoire, Cyfac... En cherchant un peu, il y a peut-être un bon artisan près de chez vous.
Je n'en parle pas, mais il va de soi que d'autres sortes de vélos sont utilisables en voyage : couchés, pliants, à trois roues, etc. Le vélo est l'instrument, le cycliste le musicien et le voyage la musique. Une même partition peut être transcrite pour plusieurs instruments.
Les trois critères de choix essentiels
La fiabilité, le confort et le rendement sont les trois critères essentiels du choix de la machine pour le voyage à vélo. La fiabilité est malheureusement souvent affaire de prix, en restant raisonnable. Le très cher est souvent plus léger mais ne dure pas forcément plus longtemps que le cher. On aura remarqué que la légèreté ne fait pas partie des critères.
Dans un premier temps, on peut tenter le VTC, malgré ses défauts, en changeant le guidon (le guidon de course ou le cintre papillon permet de varier la posture), la selle (après en avoir testé plusieurs sur des distances progressivement allongées) et en y ajoutant des porte-bagages avant surbaissés. Le VTT avec une petite cure de civilisation (voir ci-dessus) peut aussi faire l'affaire. Une autre possibilité peu coûteuse est d'acquérir à peu de frais une bonne machine routière des années 70 ou 80 dans une revente d'occasions (Peugeot, Motobécane, Gitane...), et d'y adapter un guidon trekking. Le changement de guidon peut contraindre au changement de manettes/leviers et constitue le plus gros morceau de la modification. Les freins seront d'une efficacité totale, si l'on veut envisager d'arrêter un engin de plus de cent kilos lancé à 60 kilomètres à l'heure dans une descente avec un peu de pente. Au moins autant que le système de freinage, le réglage des freins, la qualité des patins et leur parfaite compatibilité avec les jantes ont une influence déterminante. Des associations de cyclistes, en ville surtout, peuvent aider pour les réglages et accompagner pour savoir soi-même faire le minimum qui permet de partir l'esprit plus tranquille. Si le virus perdure, on acquerra un vélo spécifiquement conçu pour le voyage, trekking ou randonneuse.
La largeur et le gonflage des pneus
Le confort est d'abord affaire de largeur de pneus. Les pneus de course, très étroits, et donc gonflés très dur, ne peuvent faire l'affaire que si on a des fesses en acier. Les coureurs passent d'ailleurs beaucoup de temps en danseuse et utilisent des cuissards très performants et amortissants, et très coûteux. Le compromis est à trouver entre la légèreté, on a intérêt à ce que tout ce qui tourne soit le plus léger possible, le confort et la résistance aux crevaisons. Pour les VTT avec des routes de 26 ou 27.5 ou 29 pouces de diamètre, on trouve des pneus étudiés pour un usage route un peu partout. 30 mm de large (1 pouce 1/4) est le minimum pour avoir du confort sur route. Pour des escapades sur chemin, une largeur de 35 à 40 mm (1 pouce 1/2) est préférable, pour ménager l'arrière-train et les lombaires. Les suspensions sont lourdes et compliquées, la meilleure suspension c'est le bon pneu correctement gonflé.
Traditionnellement, les voyageurs à vélo utilisent le 650 B. Des pneus de 700 ou de 26 pouces pour voyager, c'est très bien aussi. La technologie de ces pneus français de 650 est la même que celle des modèles course avec un confort sans commune mesure. On trouve ce diamètre de pneus en Allemagne (Schwalbe), en Italie... et dans les Centre Leclerc par exemple. Ces derniers ne sont pas de la qualité des hauts de gamme mais offrent un dépannage provisoire, en sus des bandes autocollantes (patchs autocollants du fabricant d'excellents outils pour vélo, l'américain Park Tool), à emporter dans les sacoches, et qui permettent de parer à la première urgence en cas de déchirure. On en trouve aussi chez les vélocistes, car le 650B fait très exactement le diamètre du "moderne" 27,5 pouces. Faites-moi rire avec les nouveautés qui existent depuis plus d'un siècle.
La marque des pneus ? Heu, y'a pas que Schwalbe. Continental, Michelin, et d'autres en font qui roulent. Chez Schwalbe, prenez plutôt les Marathon que les Marathon Plus. Ces derniers sont lourds, très lourds, et très difficiles à monter. Les Schwalbe sont des savonnettes raides, glissants sous la pluie et peu confortables par rapport aux Continental de mêmes dimensions. A moins de faire du chemin à-peu-près, les pneus lisses sont préférables aux pneus à reliefs. Lisez-donc ces avis, un peu péremptoires parfois mais très souvent pertinents du Patrick les bons pneus pour la ville et le cyclotourisme, dont cette phrase que je fais bien volontiers mienne : le meilleur moyen de ne pas avoir peur des crevaisons, c'est de savoir les réparer. De manière générale, ne croyez pas que la technologie pallie l'absence de savoir-faire. La ou le cycliste doit avoir quelques bagages, des connaissances, pour voyager sereinement. Allez apprendre le minimum dans un des ateliers participatifs.
La pression de gonflage des pneus doit être juste pour réaliser le meilleur compromis entre confort, tenue de route et rendement. Les pressions minimales et maximales sont, en principe, indiquées sur le flanc du pneu (allez-y voir, il y a de fortes chances que ce soit écrit). A partir d'un document de Schwalbe, j'ai calculé ce que doit être la pression "idéale" en fonction du poids du cycliste (75, 70 et 90 kg) et du poids des bagages (ici 22kg), pour des pneus à partir d'une largeur (section) de 28 mm, en dessous on n'est pas dans la catégorie "vélo de voyage". Le tableau est là Pression pneus (5.19 Ko) Si le poids total cycliste+bagages n'est pas identique ou très proche de ce qui précède, on peut calculer soi-même avec cette feuille de calcul : Pression pneus selon poids (17.5 Ko)
La selle
La selle joue aussi son rôle dans l'affaire. Certains ne jurent que par la selle en cuir, qui se moule au derrière de son utilisateur, d'autres, dont je suis parfois, préfèrent la mousse recouverte de cuir fin, voire de plastique avec un cuissard correct pour ne point souffrir d'échauffements. Je trouve le gel trop « flou » pour la conduite à cause de sa mollesse, et des points durs se font sentir au fil du temps. D'autres que moi s'en arrangent avec bonheur. L'essentiel est de ne pas partir sans avoir testé longuement l'objet. Ceux qui ont des soucis auront intérêt à associer la selle à un cuissard confortable, dont le fond conçu pour la longue distance sera en mousse de bonne qualité ou en gel.
Méfions-nous des modes et des pseudo-inventions récentes : ce magnifique engin avec cadre slooping, wishbone à l'arrière, demi-selle avec creux dans la partie médiane, date de...1905.
Parmi les trucs utiles pour la selle, on peut se tartiner l'arrière-train de Cetavlon, crème bien pratique et en vente dans toutes les pharmacies, qui ne tâche pas les vêtements et se présente dans un tube plastique suffisamment solide pour que son contenu ne se répande pas dans la sacoche aux premiers cahots. On se tartine d'autant plus souvent et abondamment que la température est élevée. Pour les cas plus graves, la Biafine soulage la douleur déjà installée, mais la Biafine tâche les vêtements. Les deux crèmes peuvent servir pour les écorchures, les brûlures et les piqûres d'insecte. Paraphrasant la parodie du manuel du soldat, on peut demander : « de quoi est l'arrière-train ? », et répondre : « l'arrière-train est l'objet de soins constants. » L'hygiène de l'endroit (ou de l'envers ?) sera suivie avec une toute particulière attention. On peut ne pas se raser, mais ne pas se laver le cul, c'est hors de question.
Gilles Berthoud, artisan-fabricant à Pont de Vaux dans l'Ain, fabrique des selles en cuir magnifiques ->
Je n'ai jamais vraiment complètement résolu mes problèmes de selle, assez probablement parce que mon squelette n'est pas symétrique (ischions à des hauteurs différentes, patte plus courte que l'autre). J'utilise ce qui me convient le moins mal. Il se trouve que le moins pire est aussi parmi le plus économique. Les selles recouvertes de cuir ou de plastique, avec de la mousse, destinées à une pratique touristique un peu sportive mais pas trop, font à peu près mon affaire et sont nettement moins coûteuses que les engins de torture pour coureurs ou les objets traditionnels tout en cuir des cyclo-touristes, que j'utilise aussi en alternance dans ma recherche permanente du moindre mal. Les adeptes du vélo couché trouveront dans ces lignes matière à sourire. Les vélos couchés ont aussi leurs inconvénients.
Une bonne page pour choisir une selle et l'ajuster.
La position
Pour la position du cycliste sur sa machine, de nombreux manuels existent. Surtout pour les coureurs. On peut s'inspirer des cotes qu'ils proposent, en ayant à l'esprit qu'il s'agit de cotes maximales que peu de voyageurs à vélo, qui ne sont pas des sportifs de haut niveau, peuvent adopter. On peut éventuellement s'en inspirer, avec circonspection.
Après avoir regardé et testé, j'en suis revenu aux habitudes anciennes. La hauteur de selle se détermine en étant juste suffisante pour pouvoir pédaler en arrière, les talons posés sur la pédale et les jambes à peine tendues. Le recul de selle se calcule à peu près en ayant le fémur à angle droit du tibia, en faisant passer un fil à plomb du creux interne de la rotule à l'avant de l'axe de la pédale. La distance selle-cintre (entre la pointe de la selle et le bord du guidon près de la potence) qui me convient est égale à une coudée, soit la distance entre la pointe du coude et celle du majeur, main tendue. Ces bases-là sont sans risque de se démantibuler, ni de choper des tendinites partout, ni de s'arracher les muscles. Après on affine, on adapte à ses sensations, en se gardant de suivre aveuglément les "règles", qui peuvent être utiles en première approche.
Pour régler simplement son vélo sans faire de pseudo-science, voir la page pragmatique régler la position. Même en reportant au millimètre les cotes d'un vélo sur un autre, on peut ne pas être à l'aise, parce que le cadre est différent et qu'on adopte une autre position. Mesurer est quand même très utile pour voir l'évolution et ne pas commettre d'erreur grossière.
Pour affiner, il faut écouter son corps et réfléchir. Si on a mal aux trapèzes, à la nuque, c'est peut-être parce que le cou est toujours tendu pour relever la tête. Il faut alors relever le guidon. Si on ressent des douleurs au quadriceps (muscle sur le dessus des cuisses), c'est soit qu'on a utilisé un braquet trop gros, soit qu'on a fait trop de distance, soit que la selle est trop basse. Si les paumes des mains sont douloureuses, on peut se mettre des gants de cycliste avec du gel dans la paume, qui protègent aussi en cas de chute, et/ou remonter un peu la hauteur du guidon par rapport à celle de la selle. Si les mains fourmillent, contraignant à les secouer pour retrouver des sensations normales, c'est sans doute parce qu'on pose ses mains sur le guidon en faisant un angle inversé par rapport au pliage naturel du poignet, coupant ainsi le sang et comprimant les nerfs. Etc. Le cerveau est un muscle comme les autres, qu'il faut utiliser pour qu'il ne s'atrophie pas, et qu'il faut mettre au service de tout le corps, à vélo, et ailleurs d'ailleurs.
La randonneuse traditionnelle fut mon choix (en ce temps là).
J'avais donc choisi une traditionnelle randonneuse, vélo spécifique du touriste à vélo, avec des composants très contemporains issus tantôt de la course, tantôt du VTT, tantôt de l'activité spécialisée qu'est le voyage cycliste. La randonneuse n'est ni un vélo de course, ni un VTT, ni un VTC, et est proche de ce qu'on appelait le « demi-course », ou le « routier » pour donner une idée au plus chenus. Je l'ai prise en 650 B. Voici à peu près ce que j'écrivais lors de mon adhésion à la Confrérie des 650 B :
Cher confrère,
Me voici donc membre de la Confrérie des 650 B, adhérent n° 952. Vous me félicitez pour le choix du 650 B. Je m'en félicite aussi.
Le 650... Il me rappelle mes toutes jeunes années. Celles où on roule sans y penser, et dans les traces de nos aînés. Des trois fils de mon père, j'étais à l'évidence le plus concerné par l'engin de promenade à pédales. Je le suis demeuré.
L'année de mon certificat d'études, mon père et moi commandâmes la même machine. Une randonneuse 650 B Hirondelle Saint-Étienne. Ce fut ma première bicyclette neuve : quatre pignons et deux plateaux, porte-bagages avant et arrière, éclairage à dynamo, gardes-boue martelés, etc. Mon père m'avait interrogé sur ma couleur préférée. Je lui avais répondu « n'importe laquelle, sauf blanc ». Le fabricant nous fit livrer les randonneuses dans un délai anormalement long, la bleue de mon père, et, pour moi, la seule couleur qui fut disponible... le blanc. C'était en mai 68.
Toute blanche qu'elle fut, cette bicyclette en vécut des vertes, des pas mûres et d'autres encore, depuis le dérapage sur gravier, ou terre humide, folles courses poursuites dans les chemins boueux et pierreux, jusqu'aux échappées au bord de la mer, outil fidèle et jouet de prédilection dans la conquête de la liberté. Des années passèrent. Je passais au 700. Pourquoi ? Je n'en ai pas le souvenir. Peut-être qu'il n'y avait déjà que ça chez le marchand. Je rencontrais alors des cyclotouristes, c'est ainsi qu'ils se nommaient entre eux. Depuis plus de trente ans, je faisais la même chose qu'eux, et n'en savais rien. J'ai été heureux avec eux. Avec mon 700.Vint le cyclo-camping. Un second 700 rejoignit le premier. Je l'avais surnommé « la mule ». Au vu de ce qu'il transportait, de la couleur grise de sa robe et de l'allure à laquelle il montait les côtes, ça lui convenait. J'avais deux 700. Un fin quoique cyclo et sacochard (pléonasme ?). Et une mule confortable. Si mes bicyclettes sont devenues sombres, mes cheveux ont blanchi. Je me suis lassé de suivre des flèches et de respecter des délais sur des parcours imposés.
Une nouvelle bouffée d'oxygène s'imposait. Il me fallait une bicyclette nouvelle. Pas blanche. Toujours pas blanche. Ça doit être psy, ou salissant. Et pas noir ou gris, juste pour changer. Positivons. Elle devait pouvoir passer partout, ou presque. J'apprécie assez de naviguer à la boussole. Ce n'est pas parce qu'un chemin n'est pas sur la carte qu'il mène nulle part. Elle devait pouvoir porter les six sacoches chargées de mon indispensable bimbeloterie de cyclo-campeur. Elle devait être confortable, douce pour mon dos, mon arrière-dos, mes mains et ma nuque. Elle ne devait pas pour autant me rappeler trop durement ma médiocrité d'escaladeur. Elle devait pouvoir être utile la semaine ou le dimanche, avec ou sans sacoches, en période de travail ou de congés, sous le soleil ou sous la pluie, un VTC (Vélo Toutes Circonstances) en quelque sorte. Alors, j'ai réfléchi, regardé, soupesé, interrogé, consulté, lu, discuté, échangé, laissé passer du temps pour décanter. Puis j'ai décidé : ce sera une 650B, elle sera rouge. C'était une évidence, la quintessence de mes critères d'excellence. Je l'ai commandée chez un vélociste local. Un vélociste sérieux, qui fait aussi la tondeuse à gazon et le scooter. C'était la première randonneuse 650B qu'il montait. Il m'a dit, après, qu'il était plutôt satisfait du résultat. Ça tombe bien, moi aussi.
Un cadre vraiment sur mesure, c'est utile aux grenouilles qui ont le défaut d'avoir des pattes plutôt plus grandes que les bras, en Columbus Neuron, finition bijou je vous prie, fait chez Cyfac à Tours. Le groupe est presque tout Campa Centaur, léger, bien fini (Ah ! Les jolis moyeux chromés !) et d'un fonctionnement sans reproche. Le pédalier est de chez Stronglight avec des plateaux TA de 42, 34 et 20. Si, si, ça existe ! Et ça marche très bien. Vingt devant, 23 derrière, voilà un développement royal d'un mètre soixante-douze, bien accordé à mes qualités naturelles qui s'accentuent avec l'âge. Je propose un nouveau critère « morphologique » pour le développement minimal : sensiblement égal à la taille du cycliste. Les jantes sont des Rigida étudiées avec la Confrérie. Merci la Confrérie. Sans elle, aurais-je trouvé jantes et pneus ? Les freins sont des cantilevers. Le reste est adapté à mes besoins : dynamo derrière le pédalier et béquille (mazette !), gardes-boue inox, selle Italia X-plorer, qui n'est, hélas plus fabriquée, mais que mon vélociste a trouvé quand même. La pompe se met le long du hauban arrière gauche, seul endroit où elle ne gêne pas. Le guidon s'appelle Morphée, et il est relevé vers les extrémités comme sur ma randonneuse de 1968. Il y a des œillets filetés là, et là, et là aussi, pour accrocher solidement et élégamment tout l'indispensable qu'il faut, dont de robustes porte-bagages surbaissés en acier d'outre-Rhin, aisément démontables et réglables. L'engin a des bases suffisamment longues pour être confortable, tout en restant maniable à petite vitesse. Un bon vélo doit aussi pouvoir aller très sûrement à grande allure dans les descentes où une certaine facilité nous incline. Confort, maniabilité, sécurité, c'est du 650 B.
Mon beau 650 B, avec mon nom écrit dessus, de la couleur que je voulais, avec trois pneus Michelin Axial ne m'aura pas coûté (trop) cher. 2 270 € pour être plus précis - environ quinze mille nouveaux francs, c'est un prix honnête en regard du niveau des prestations. Je l'ai fait monter chez un vélociste de proximité La commande proprement dite nous a bien pris dans les deux heures, et ce n'était pas notre premier échange à ce sujet. Il me paraît important de faire travailler les artisans et vélocistes de proximité. Ou alors il faut cesser de se plaindre de leur disparition. Il faut aussi prévoir chez soi un petit stock. D'où le troisième pneu. Ce n'est pas un tricycle. Un tricycle en 650 B, cela eut été original !
Recevez, cher confrère, mes amitiés sincères.
Et depuis, l'âge augmentant, j'étais passé en 20/28, soit un développement d'un mètre quarante. A 50 tours de pédalier à la minute, je montais les côtes à 4 km/h. Même pas peur. Les marcheurs s'excusent quand il me rattrapent. Je me marre et on entame la conversation. A 3,5 je commence à avoir des soucis d'équilibre.
Et pourquoi pas ?
Depuis, j'ai recommencé à rouler en 700, ou peut-être un jour en autre chose, avec des roues de 20 pouces sur un tricycle couché assisté électriquement par exemple. Pour l'électrique, c'est déjà fait, et je vais même pas plus vite.
Vélo acier Fahrradmanufaktur T-300 avec kit moteur pédalier Bafang, cintre papillon XLC et porte-bagages surbaissés Tubus et Zefal. Si j'aurais su ce que je sais, peut-être j'aurais greffé un kit sur ma randonneuse 650 rouge ferrari. Mais noir, c'est joli aussi. De toutes façons, je ne vois pas mon vélo quand je pédale.
Pour le tricycle, c'est peut-être à venir.
vélodroitistes solistes intrigués par une monture de vélocouchistes tandémistes tricyclistes
Pas (trop) cher et très très.
Les prix des vélos d'une qualité suffisante pour faire des voyages sont souvent assez élevés. On peut aussi en trouver à moins cher que les plus chers chez des fabricants connus (Fahrradmanufaktur, Rigeback...). Et pour rêver, un vélo de grand couturier, quelque peu "pour les américains", à 6600 € ou plus peut-être (quand même !) : randonneuse cyclo camping 650B Alex Singer (pour l'effet waouh ! cliquer sur les petites photos du site de Singer).